Il y a un peu plus d’un an, la marque française Focal, connue pour ses enceintes, avait sorti son premier casque, le Spirit One, plutôt sympathique, orienté nomade, mais pas vraiment adapté pour une utilisation en home studio. Heureusement, les Stéphanois reviennent avec un modèle arborant fièrement le suffixe « Professional » et promettant cette fois-ci un son neutre idéal pour le mixage. Qu’en est-il à l’utilisation ?
Au premier coup d’œil, on reconnait tout de suite l’affiliation avec le Spirit One, le Spirit Professional reprenant fidèlement les courbes de son grand frère.
Cependant, quelques détails attirent notre attention : la taille des oreillettes a en réalité changé, celles du Professional étant un peu plus grandes. Cela permettrait, d’après le constructeur, d’avoir un bas du spectre plus linéaire et descendant plus bas que sur le One, même si la taille des transducteurs, elle, ne change pas (40 mm en Mylar/Titane). Les mousses sont aussi désormais à mémoire de forme, ce qui permet une meilleure adaptation à la morphologie de l’utilisateur et une plus grande isolation. Dans la pratique, nous avons apprécié ces mousses, très confortables (un peu moins avec des lunettes) mais malheureusement pas remplaçables. De plus, le casque ne serre pas trop la tête, ce qui, pour un modèle professionnel destiné à être porté des heures durant, est un gros plus. Le revêtement a lui aussi changé et si nous émettons quelques réserves sur le côté esthétique de la finition « effet mouillé », il faut avouer que la coque reste totalement insensible aux rayures et promet de vieillir plutôt bien. De plus, sa couleur noire lui permettra de passer assez inaperçu.
On a en revanche perdu au niveau de l’articulation des oreillettes, l’angle étant passé de presque 120 degrés sur le One, à quelques dizaines de degrés sur le Pro. Cela permettait au One de prendre moins de place dans son étui, ce qui est important pour un nomade, moins pour un casque Pro plus sédentaire. L’étui compact a d’ailleurs laissé sa place à une grosse boite noire, jolie, mais qui trouvera difficilement sa place dans une valise. Côté câbles, c’est plutôt sympa : Focal fournit deux modèles détachables (et un adaptateur jack 6,35 mm vissable), un spiralé de 4 mètres que l’on utilisera en home studio, et un câble droit de 1,4 mètre pour une utilisation plus nomade. Ce dernier possède d’ailleurs une télécommande/micro qui permettra de prendre des appels sur son smartphone, un bon point. On a en revanche perdu les deux boutons de volume qu’il y avait sur le One, dommage.
Côté impédance, nous sommes à 32 ohms, ce qui permettra de l’utiliser sans problème avec un baladeur ou un smartphone. Son poids de 280 grammes est honnête, même si à l’usage on sent la différence avec l’AKG K 702 (235 g) pourtant plus volumineux.
Il est temps de chausser le casque…
Écoute
Pour tester ce casque, je l’ai comparé à mon modèle préféré dans cette tranche de prix : l’AKG K 702. Leur prix est à peu près équivalent, mais leur conception est différente : l’AKG est un casque ouvert, impossible de faire des prises voix avec, et son utilisation dans les transports semble compromise (en plus, il est volumineux et ne se plie pas…). Donc, si le caractère nomade est déterminant pour vous, sachez que le casque Focal a cet avantage, car il reste plus compact. Tout comme le One, il isole très bien du monde extérieur, il possède une impédance assez basse et son câble droit de 1,4 mètre avec micro sera le meilleur compagnon de votre smartphone.
Mais penchons-nous maintenant sur l’aspect purement audio du Spirit Professional. Nous avons branché les casques sur notre interface ULN-8 de Metric Halo afin d’écouter des morceaux lossless, et certains en 96 kHz / 24 bit.
Melody Gardot — Mira
Dès la première écoute, on se rend compte qu’on est loin du Spirit One, et que cette version estampillée Pro tient ses promesses. Le bas du spectre sait rester à sa place tout en restant bien précis et articulé, et n’est pas disproportionné comme sur les casques nomades que nous avons testés. La voix a une bonne présence et la dynamique du morceau est respectée. En revanche, on reste un cran en dessous au niveau de la spatialité et du détachement des instruments par rapport au K 702 d’AKG. Au niveau des plus hautes fréquences du spectre, donnant l’air et l’espace du morceau, le Focal est aussi légèrement en retrait par rapport à l’AKG. Les différentes percussions sont légèrement moins brillantes, certains préfèreront, mais je penche personnellement vers le K 702 qui fait parfois oublier que l’on a un casque sur les oreilles (sa conception ouverte, son confort et son poids plume jouent aussi…). Sur le Focal, de par sa conception fermée, on est forcément plus coupé du monde extérieur, ce qui dans certains cas peut être un gros atout, à vous de voir en fonction de vos besoins.
Metallica – Enter sandman
Le Spirit Pro a définitivement une écoute analytique, avec cependant un son plus boxy et moins ouvert que l’AKG. Ceci est principalement dû aux hautes fréquences plus en retrait. Les basses fréquences sont lisibles, les différentes couches de guitares se détachent bien et la voix est intelligible. Les cymbales sont du coup un peu différentes, moins brillantes sur le Focal, qui mise tout sur les moyennes fréquences. Un caractère que l’on peut d’ailleurs retrouver sur les enceintes de la marque. La réverbe que l’on peut entendre sur les toms de l’intro se fait moins entendre sur le Focal que sur l’AKG, il faudra donc faire attention lorsque l’on dosera la réverbe pendant le mixage, à vous de bien connaître votre casque !
Strauss — Ainsi parlait
Sur cet enregistrement, l’AKG a l’avantage de mieux restituer l’espace, les trompettes sont moins brillantes sur le Focal, et la différence dans le haut du spectre se fait un peu plus sentir. Le son est légèrement plus étouffé sur le Spirit Pro, et les instruments se détachent mieux sur le K 702. Ce dernier garde un avantage sur ce titre.
Pour résumer, le Focal Spirit Professional est assez différent du Spirit One que nous avions essayé l’année dernière, avec un bas du spectre beaucoup plus fidèle, une meilleure dynamique et des médiums bien présents pour un son assez analytique. Par rapport au K 702 d’AKG, les hautes fréquences sont plus en retrait, ce qui a pour conséquence un son plus boxy, un peu moins d’air, des espaces plus confinés et parfois des instruments qui se détachent moins.
Conclusion
Focal, avec son Spirit Professional, nous présente ni plus ni moins que son premier véritable casque de monitoring. Ne vous fiez pas aux apparences, le son délivré par ce modèle « Pro » est très différent de celui du Spirit One que nous avions testé il y a un an, avec un bas bien plus défini et fidèle, et des médiums permettant de travailler correctement. La différence avec le K 702 se fait principalement dans le haut du spectre, avec un peu moins d’air et de réverbe dans les mixes. Sa conception fermée peut être un avantage dans certaines situations où le bruit extérieur est gênant ou la repisse est un problème. Si ses mousses restent confortables, le Spirit Pro ne se fait pas pour autant oublier lorsqu’il est posé sur la tête, sûrement le prix à payer pour une si bonne isolation… À essayer si vous cherchez un vrai casque de monitoring fermé et que vous avez environ 260 € sur votre compte en banque.