La marque stéphanoise, bien connue de nos lecteurs pour ses enceintes de monitoring, s'est aussi illustrée depuis quelques années dans les domaines de la Hi-Fi et de la sonorisation de voiture. Focal rajoute une corde de plus à son arc en proposant un premier casque, clairement orienté nomade. Cela n'a pas empêché la rédaction d'AudioFanzine de se pencher dessus, les musiciens et les ingénieurs du son étant aussi des consommateurs de musique...
Le musicien/home-studiste est souvent équipé d’un casque pour faire des prises et/ou mixer. Mais ces derniers n’ont pas forcément les qualités requises pour être utilisés avec son baladeur/smartphone dans la rue, en avion, en train ou en pirogue à vapeur. En effet, leurs dimensions sont souvent trop importantes, leur câble est parfois trop long et trop épais, ils ne sont pas toujours pliables, leur impédance peut être trop élevée, ils n’ont pas de télécommande, l’isolation ne permet pas de masquer les bruits extérieurs… Bref, c’est pas le pied. Pour autant, les casques livrés avec les lecteurs nomades sont souvent de mauvaise facture et le musicien/home-studiste attache souvent plus d’importance à la qualité du son qu’un utilisateur lambda. Il convient donc de trouver un casque « nomade », prêt à vous suivre partout afin d’égayer vos déplacements.
Voyage, voyage
Le Focal Spirit One indique clairement ses intentions dès le déballage : housse de transport rigide de très bonne facture, petit sac souple, câble court, adapteur pour l’avion et jack/mini-jack… Comme dirait Desireless : « voyage, voyage » ! Un dernier détail permet de sceller l’avenir du Spirit One : une télécommande est placée sur le câble (détachable et revêtu de tissu) et rend le casque compatible avec les iPod (Classic, Touch, Shuffle), iPhone (3GS et suivants) et iPad. De plus, cette dernière est équipée d’un micro afin de prendre les appels ! Un détail qui séduira forcément les utilisateurs de produits nomades pommés. Trois boutons permettront de régler le volume, mettre la musique en pause, passer au morceau suivant ou précédent et décrocher lorsque quelqu’un tente de vous appeler. Que demander de plus ?
Le look est vraiment réussi, à la fois sobre et classe, noir et chromé, et les oreillettes pivotent sur deux axes, ce qui permet de le ranger dans son étui ou sa housse. Une fois plié, le casque n’est aussi compact que certains de ses concurrents, mais il reste dans la bonne moyenne. Le tout a l’air solide, la structure en aluminium aidant, même si nous ne l’avons pas soumis à des tests extrêmes. Notons aussi que le câble, grâce à sa gaine en tissu, ne sera pas sujet au syndrome du noeud-qui-se-fait-tout-seul-dans-la-poche-et-qu’-on-met-20-minutes-à-défaire. Ouf ! Petit bémol tout de même : on aurait aimé avoir un deuxième câble plus long pour une utilisation sédentaire.
Une fois posé sur la tête, nous sommes surpris par la capacité du Spirit One à isoler du monde extérieur. C’est vraiment pas mal pour un casque démuni de système d’annulation de bruit. Le constructeur annonce une réduction de 20 dB, ce qui est un point très positif. Les coussinets en cuir sont confortables et englobent bien les oreilles (c’est un casque de type circum-aural) et la petite bandelette située sur l’arceau protège le haut du crâne. C’est donc confortable, mais il ne se fait pas oublier pour autant : l’isolation, le poids de 225 grammes et la légère pression exercée sur la tête empêchent l’utilisateur de faire abstraction. C’est sans doute le prix à payer pour une bonne isolation…
Côté spécifications techniques, le casque fermé a une impédance de 32 ohms et une réponse en fréquence allant, d’après le constructeur, de 6 Hz (waouh !) à 22 kHz. Les capsules sont en mylar/titane et font 40 mm de diamètre.
Passons maintenant à l’écoute.
Écoute
Pour tester ce casque, nous avons utilisé un iPhone, des chaussures en cuir retourné et une rue parisienne dotée de voitures arrêtées et en mouvement. Notre démarche est assurée, le style affirmé, et nous sentons les regards charmés des personnes de sexe opposé (mais pas que) croisant notre route. La magie opère.
Étant un utilisateur régulier du casque Audio-Technica ATH-ANC7B, je me suis permis de comparer les deux modèles nomades qui restent assez proches en terme de prix. Le Focal a pour avantage d’avoir une télécommande, tandis que l’ANC7B dispose d’un système d’annulation de bruit actif nécessitant une pile LR6.
Johnny Cash – Hurt
On commence avec la guitare acoustique Martin, avec légèrement moins d’air (10 kHz et plus) sur le Focal. Pour les médiums, c’est très proche et il très difficile de les départager. C’est une écoute qui n’est pas analytique, dans le sens ou les aigus et hauts médiums sont en retrait par rapport à des casques comme l’AKG K702 ou le Beyerdynamic DT880. Mais nous ne sommes pas dans la même gamme, le but n’est pas de mixer, mais de prendre du plaisir à écouter de la musique. Sur cette chanson, il est très difficile de départager les deux casques qui restent agréables et jamais agressifs.
Massive Attack – Angel
Les deux casques descendent assez bas, mais restent un peu flous. C’est souvent le cas sur les casques qui essayent d’en faire trop (mise à part l’Ultrasone Pro 900). Le kick est un peu plus mou sur l’Audio-Technica que sur le Focal, mais ça reste à peu près équivalent. Le bas est présent, il n’est pas très précis, mais ne masque pas le reste du spectre.
Metallica – Enter Sandman
L’Audio-Technica a un haut du spectre un peu plus développé, et peut s’avérer légèrement plus fatiguant, mais ça se joue vraiment à très peu de choses. On sent que les creux et les bosses ne sont pas exactement aux mêmes endroits, mais rien qui ne puisse vraiment les départager.
Michael Jackson – Liberian Girl
Sur cette chanson, il est aussi très difficile de les départager. C’est équilibré à peu près de la même manière. Un bas en avant par rapport aux hauts médiums et aigus. Ils sont relativement agréables pour écouter de la musique, car jamais agressifs. Dans l’ensemble l’Audio-Technica sonne un peu moins sourd, avec un peu moins de bas et un peu plus d’air.
Miles Davis – Seven Steps to Heaven
Le petit surplus d’air apporté par l’Audio-Technica n’est pas déplaisant. Dans le bas c’est kif-kif. Sur cette chanson, je préfère l’Audio-Technica d’une très courte tête.
Pour terminer ce comparatif, notons que l’Audio-Technica ne dispose pas de télécommande, et que son système actif antibruit, s’il est plus efficace dans le bas du spectre (primordial en avion) que l’isolation passive du Focal, ajoute un léger souffle qui pourra gêner à faible niveau d’écoute et nécessite une pile LR6 pour fonctionner. L’Audio-Technica nous semble un peu plus confortable (il serre moins), mais cela reste très personnel. D’un point vu strictement sonore, l’Audio-Technica l’emporte d’une très courte tête grâce à son haut du spectre (10 kHz et plus) légèrement plus prononcé. Côté cosmétique, le Focal nous semble plus réussi et l’aluminium reste plus résistant que le vulgaire plastique.
Conclusion
Entendons-nous bien, le Spirit One n’est pas un casque pour mixer, mais plutôt pour vous accompagner dans la vie de tous les jours et lors de vos déplacements. Son isolation passive est plutôt bonne, ne nécessite pas de pile, mais reste moins efficace dans le bas du spectre que le système actif de certains concurrents, chose à prendre en compte si vous prenez souvent l’avion. Côté accessoire c’est très complet, même si on aurait aimé un deuxième câble plus long pour une utilisation sédentaire. Le son, très proche de l’Audio-Technica ATH-ANC7B, nous semble bon pour un nomade, même si on reste loin de l’esprit des casques de studio que nous avons pu tester lors de nos comparatifs. Les aigus et hauts médiums demeurent en retrait, mais en contrepartie le son n’est jamais agressif. Reste le prix, légèrement élevé pour un modèle passif, mais à part ça, il n’y a pas grand-chose à reprocher au Spirit One !