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le grave, c’est la vie
7/10
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Lancé comme remplaçant du Sennheiser HD 380 PRO, casque assez classique de monitoring professionnel, le HD 300 Pro est arrivé entre nos mains pour un test. Visant un public de professionnels du son, et appartenant au haut de gamme Sennheiser (199 € sur le site du constructeur), le casque frappe par son aspect robuste et sans fioriture. Ses performances sonores seront-t-elles à la hauteur ?

Test du casque Sennheiser HD-300 Pro : le grave, c’est la vie

Débal­lage

On note immé­dia­te­ment le carac­tère assez banal de l’em­bal­lage, une boîte en carton sans fiori­ture, comme c’est aussi le cas pour le célèbre HD 25 ou le HD 280, tous les deux moins chers, chez le même construc­teur. Côté acces­soires, là aussi c’est assez léger : un adap­ta­teur jack 3,5 mm > 6,3 mm… et c’est tout ! Le casque est repliable, mais aucun sac n’est donné pour le ranger. Ha si ! Il y a une petite bande velcro fixée sur le câble pour pouvoir l’at­ta­cher une fois roulé. 

HD_300_PRO-Sennheiser-02Parlons juste­ment du câble: il fait 1,5 m de long, est droit avec une mini-torsade juste sous l’oreille, et n’est reti­rable qu’à l’aide d’une clef ou d’un tour­ne­vis Torx (vis étoile). Le point posi­tif c’est donc qu’il est remplaçable en cas de panne, et ce n’est pas en tirant fort dessus qu’on risque de casser son système d’at­tache. Malgré cela, on pense que le construc­teur aurait pu trou­ver un compro­mis plus aisé pour un usage quoti­dien, ou au moins un format de vis plus courant.

Senn­hei­ser annonce un produit conçu pour des utili­sa­teurs profes­sion­nels (c’est dans le nom du casque) et pensé, entre autres, pour le moni­to­ring live (il est écrit sur la boîte : « cuts through the loudest envi­ron­ments »). De ce point de vue, les chiffres annon­cés sont plutôt enga­geants, avec une bande de fréquences très éten­due, de 6 Hz à 25 kHz, et une très bonne isola­tion sonore une fois le casque sur nos oreilles (en plus de cous­si­nets circu­mau­ri­cu­laires très confor­tables).

L’im­pé­dance assez peu élevée – 64 Ohms – et le niveau de pres­sion acous­tique de 108 dB SPL en font un casque assez adapté à une écoute nomade, dans la rue ou les trans­ports en commun. Atten­tion, toute­fois, le casque est un peu lourd (297 g) et, malgré un arceau bien rembourré avec une mousse reti­rable, le HD 300 PRO peut géné­rer une certaine fatigue physique à la longue.

Du point de vue de sa construc­tion, Senn­hei­ser s’en tient, comme dans des casques de gamme plus moyenne, à du plas­tique, mais il convient de noter qu’il est très épais, et a l’air vrai­ment robuste. En revanche, nous devons signa­ler que le casque que nous avons reçu pour le test présen­tait un écou­teur bloqué dans l’ar­ceau, impos­sible à régler. Cela ne laisse pas augu­rer un excellent contrôle qualité.

Bench­mark

Si vous êtes un habi­tué de ces tests, vous le savez déjà : nous avons mis en place un proto­cole de mesures objec­tives, afin de complé­ter l’écoute compa­ra­tive subjec­tive. Avec l’aide précieuse de notre parte­naire Sonar­works, nous avons le plai­sir de pouvoir vous four­nir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distor­sion harmo­nique (THD), réali­sées à l’aide d’une tête arti­fi­cielle et de maté­riel de mesure de labo­ra­toire.

HD300AFROn est presque sur un profil en V ! Ici, on sent le construc­teur qui cher­cher à suivre la mode « post- Beats » des grosses basses très présentes (très proba­ble­ment augmen­tées par la tech­no­lo­gie fermée). Au moins, on peut s’at­tendre à un bon casque pour juger du mixage des basses, kicks et tubas. Après un plateau de 50 Hz à 100 Hz, on amorce une descente progres­sive qui donne vrai­ment la part belle au bas-médium. On finit par une chute dans le haut-médium (avec quand même 12 dB de diffé­rence entre 50 Hz et 5 kHz), ce qui va donner néces­sai­re­ment un casque orienté vers le bas, avec des voix très profondes, et ne manquant pas de coffre. À 5 kHz, le spectre fait une remon­tée pour abou­tir à une seconde série de bosses, moins affir­mées que celle des basses. Il tient la route jusqu’à 15 kHz, avec une dévia­tion des voies impor­tantes après ce point.

HD300THDLe construc­teur annonce une distor­sion infé­rieure à 0,1% à 1 kHz. Les mesures effec­tuées par Sonar­works ne sont pas loin des chiffres annon­cées, même si le niveau de THD mesuré est un peu plus élevé. On remarquera le peu de distor­sion dans l’aigu, malgré la bosse remarquée ci-dessus. On s’at­tend donc à des aigus très précis. Dans le grave, la distor­sion est plus présente comme c’est souvent le cas, mais reste dans des propor­tions tout à fait normales.

Écoute

HD_300_PRO-Sennheiser-03Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­lo­ve’s Gutter)

Une ballade acous­tique, avec beau­coup de réverbe et une diffé­rence de dyna­mique impor­tante entre la voix et la guitare. On entend bien le profil descen­dant que révé­laient les mesures : beau­coup de grave et de bas médium. Résul­tat, la voix du croo­ner de Shef­field est très timbrée, avec une belle puis­sance sonore. En revanche, sur la guitare, les bas médiums noient un peu les coups de média­tor et le haut du spectre. De la même façon, sur le chant, l’ar­ti­cu­la­tion est un peu étouf­fée, et la réverbe est moins mise en avant. Une fois que la contre­basse est entrée, une certaine impres­sion de lour­deur trai­nante se fait sentir dans le bas du spectre. 

Sun Kil Moon – Butch Lulla­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­niques médiums ajou­tés par la distor­sion, l’at­taque légè­re­ment piquée des notes, tout en sépa­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Là aussi, à l’écoute le grave est un peu trop présent : les harmo­niques aigus sur les notes basses, les attaques… Tous ces détails ne sont pas mis en valeur, même si on remarquera que le casque descend jusque dans l’in­fra­basse sans fléchir. L’at­taque du kick se retrouve un peu noyée dans tout ce grave. En revanche, la voix est bien timbrée, avec une bonne clarté de l’ar­ti­cu­la­tion, à peine écour­tée dans l’aigu, tout comme le shaker qui ressort bien du mix.

Massive Attack – Tear­drop (sur Mezza­nine)

Un titre avec beau­coup d’ex­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. L’in­fra­basse du kick est vrai­ment là, mais encore une fois l’équi­libre du casque joue en faveur du grave, et noie un peu la lisi­bi­lité du reste. La bosse au dessus de 5 kHz ne suffit pas à appor­ter la préci­sion néces­saire pour bien entendre les arti­cu­la­tions du phrasé vocal. Le résul­tat très punchy, avec plein de basses ronflantes, est un peu trop flat­teur à l’oreille si l’on voulait juger de l’équi­libre du mix.

HD_300_PRO-Sennheiser-04Char­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­coup de souf­flants jouant dans des tessi­tures simi­laires : c’est très touffu et le but est d’es­sayer de discer­ner les timbres. Ici encore, le grave surli­gné du casque nuit à la lisi­bi­lité dans les parties les plus touf­fues : le trom­bone contre­basse mange le sax bary­ton et surtout, la contre­basse elle-même devient diffi­cile à suivre sur les passages les plus foison­nants. C’est typique­ment le genre de morceau sur lequel un casque avec un grave un peu plus coupé fait des merveilles, le HD 300 Pro est à l’op­posé complet de ce genre d’es­thé­tique.

Edgar Varèse – Ioni­sa­tion (New York Phil­har­mo­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle, qui joue sur l’im­pres­sion d’es­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 mins. La courbe assez spéci­fique du casque donne de très beaux timbres à toutes les percus­sions réson­nant dans les médiums (tam-tam et gong par exemple). On trouve quand même que la puis­sance des fréquences basses noie un peu la réver­bé­ra­tion de la salle. Bon point : rien à redire sur l’image stéréo des instru­ments, mais le manque de défi­ni­tion du son de la salle fait perdre certains détails dyna­miques.

Conclu­sion

En conclu­sion, même si l’on peut se réjouir de voir Senn­hei­ser propo­ser un casque que les carac­té­ris­tiques physiques (robus­tesse, isola­tion phonique) et élec­tro­niques (impé­dance, sensi­bi­lité) prédis­posent à l’uti­li­sa­tion dans des envi­ron­ne­ments divers (prise en studio, moni­to­ring sur plateau), il n’est pas moins déce­vant de lui décou­vrir une signa­ture sonore un peu brouillonne, avec une réponse en fréquences qui nous a paru trop déséqui­li­brée pour une écoute analy­tique, lors d’un mixage par exemple.

Prix moyen : 179 €

  • HD_300_PRO-Sennheiser-03
  • HD_300_PRO-Sennheiser-01
  • HD_300_PRO-Sennheiser-02
  • HD_300_PRO-Sennheiser-04
  • HD300AFR
  • HD300THD

 

7/10
Points forts
  • Robustesse
  • Excellente isolation phonique
  • Impédance basse
  • Bon niveau de pression acoustique
  • Beaux timbres bas-médiums = belles voix masculines
Points faibles
  • Casque un peu lourd
  • Graves trop présents
  • Manque de hauts-médiums = voix féminines en retrait
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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