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Test du casque HD-660 PRO de Superlux - Super ? Luxe ?

4/10

Recette : Copiez un casque allemand, puis copiez le nom d'un autre casque allemand (mais d'une autre marque). Mélangez les deux. Usinez-le tout en RPC. Laissez refroidir quelques années et dégustez ce test, que vous pouvez accompagner de ce que vous voulez...

Test du casque HD-660 PRO de Superlux : Super ? Luxe ?

Loin de moi l’idée de me moquer faci­le­ment d’un site écrit en anglais par des non-natifs-anglo­phones. Après tout, pourquoi est-ce que tout le monde devrait, globa­le­ment, parler et écrire l’an­glais correc­te­ment ? N’y a-t-il plus de place pour la diver­sité linguis­tique ? Ou tout simple­ment pour l’igno­rance ?

Cela dit, je dois bien souli­gner que le site Inter­net de la marque Super­lux, dans la rubrique « About Super­lux », pose trois ques­tions majeures, qui glissent subrep­ti­ce­ment de l’on­to­lo­gique au méta­phy­sique, et accom­pagne nos propres réflexions : « Who is Super­lux? », « Where is Super­lux? » et, plus impor­tant, « Why Super­lux? ». Why, indeed? Lorsque l’on voit ce casque, c’est bien la première ques­tion que l’on se pose : pourquoi ?

En fait, non, je ne suis pas si naïf. Je sais très bien pourquoi. Pour le brou­zouf.

Voilà donc un casque concur­ren­tiel, c’est le moins qu’on puisse dire de lui. Un faux DT 770 Pro (jusque dans les moindres détails), avec un nom de casque Senn­hei­ser. C’est la réuni­fi­ca­tion alle­mande ! (je plai­sante, les deux construc­teurs susmen­tion­nés sont bien entendu tous les deux d’an­cienne Alle­magne de l’Ouest). Et le tout pour 38 euros.

Allez, on ne va pas être bégueule. C’est l’heure du test.

Présen­ta­tion

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le HD-660 PRO est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique. La taille du trans­­duc­­teur est de 40 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 32 ohms (il existe aussi une version 150 ohms)

réponse en fréquence : 10 Hz – 30 kHz

Le HD660 PRO est fourni avec un seul câble, non déta­chable, de 2 mètres, avec une termi­nai­son jack TRS 3,5 mm et son adap­ta­teur 6,35 mm.

Toute la fini­tion est cheap : le fini des fourches, par exemple, est rugueux, avec des angles mal ébar­bés. Le métal est tordable à la main, sans forcer (je l’ai fait !) et peut être ensuite remis en place (mais pas sans créer quelque dégât, bien sûr). C’est d’au­tant plus domma­geable que le casque n’est pas pliable, ce qui fait craindre pour sa dura­bi­lité.

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Les cous­si­nets sont en « velours », au fini très brillant, un peu bling. Ils sont doux, mais tiennent chaud, mais pas plus que ceux du casque qu’ils copient par ailleurs.

La mousse de l’ar­ceau souffre elle aussi des mêmes défauts de fini­tion, en parti­cu­lier des coutures qui s’ouvrent aux extré­mi­tés.

Démon­­table ?

Partiel­le­ment.

C’est tout comme le DT-770, mais avec des conces­sions très parlantes. J’ex­plique…

On enlève les mousses :

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Là on découvre que le pour­tour de l’écou­teur n’a pas l’en­coche typique des Beyer­dy­na­mics, encoche qui sert à réins­tal­ler plus faci­le­ment le cous­si­net sur l’écou­teur. Premier élément manquant donc…

On enlève l’an­neau qui main­tient en place la mousse de protec­tion : 

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Puis on fait bascu­ler la plaque de main­tien du haut-parleur en le penchant en avant : 

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Regar­dez atten­ti­ve­ment : les câbles arrivent au HP et sont soudés sur un petit circuit imprimé. Les deux soudures sont bombées, pâteuses. On sent un fer mal réglé… Au moins, c’est fait à la main. Mais dans quelles condi­tions ?

Comment se fait le main­tien des câbles à l’in­té­rieur ?

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Nœuds et torsions au rendez-vous ! Le nœud est parti­cu­liè­re­ment peu conseillé comme système de blocage d’un câble. Bref, toute la construc­tion sent l’éco­no­mie. Et pour finir, le trans­duc­teur est collé ! Avec de gros pâtés de colle qui débordent par l’avant : 

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Confort

Correct.

Sans plus. Les cous­si­nets sont confor­tables, mais le casque sert un peu trop, tout parti­cu­liè­re­ment au-dessus des oreilles (voire ci-dessous, la partie isola­tion), ce qui est assez fati­gant à la longue. L’ar­ceau n’est pas trop lourd, le rembour­rage fait bien son travail.

Isola­­tion

Moyenne.

Le casque ne s’adapte pas bien à la forme du crâne, et bâille en dessous des oreilles, lais­sant passer en partie les sons exté­rieurs.

Trans­­port

Le casque est fourni avec une pochette de trans­port de qualité moyenne : 

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Mais le gros problème c’est surtout, comme dit précé­dem­ment, que le casque se tord faci­le­ment, alors même qu’il ne se plie pas. Mieux vaudra ne pas trop lui appliquer de pres­sion sous peine de perdre sa forme.

Bench­­mark

Voici donc le nouveau proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

SUPERLUX HD660 RF

On remarque :

  • Un profil linéaire de 20 Hz à 4 kHz
  • avec une accen­tua­tion à 100 Hz
  • une accen­tua­tion des aigus au-dessus de 5 kHz, et cela jusqu’à 18 kHz
  • presque aucun vrai creux

Les trans­duc­teurs sont très bien appa­riés, rien à redire à ce niveau !

Distor­­sion :

SUPERLUX HD660 DIST

La distor­­sion mesu­­rée est infé­rieure à 0,2 % entre 150 Hz et 1,2 kHz, puis à nouveau au-dessus de 3 kHz. Elle est supé­rieure ou égale à 1 % de 32 Hz à 70 Hz, donc on peut craindre un grave assez brouillon. Pire : les harmo­niques impaires sont en avant sur presque tout le spectre.

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. Ça imite pas mal de DT770, il n’y a pas à dire. Un résul­tat très aéré, dans lequel l’aigu prend le dessus, et donne un effet très arti­culé, très détaillé, avec en avant toutes les consonnes, les respi­ra­tions, et les queues de réverbe facile à suivre. Le reste du spectre n’est pas incroyable : le grave est présent, c’est sûr, mais sans trop de nuances, avec un son qui manque de préci­sion. Le médium est bien, plutôt détaillé, nuancé, pas trop en avant.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. On retrouve les mêmes impres­sions : des aigus très en avant (la caisse claire claque fort dans l’aigu, manque un peu d’as­sise, les shakers sont très en avant). Le grave est présent (même s’il n’est pas d’am­pli­tude égale sur toutes les notes), mais pas très nuancé. Le casque se révèle vrai­ment inté­res­sant pour recher­cher des défauts, où suivre un programme sonore dans une ambiance bruyante (les attaques très en avant permettent de bien suivre).

Massive Attack – Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. L’im­pres­sion se confirme : préci­sion des attaques, des détails, mais un côté « pataud ». La basse est énorme, elle mange le centre du mix, comme si elle luttait contre le piano. L’aigu accen­tué n’évite pas toujours la sibi­lance, certains « S » sont un peu désa­gréables à écou­ter parfois.

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. On commence à avoir fait le tour de ce casque, et les résul­tats ne réservent plus beau­coup de surprises : ici encore, pleins de détails, mais les cymbales sont égale­ment très en avant, avec une réso­nance vers 8–9 kHz assez désa­gréable, les instru­ments médiums sont bien repré­sen­tés, le grave est présent, mais sans nuance et même parfois si brouillon que l’on ne comprend pas trop ce qui se passe dans cette zone du spectre.

Edgar Varèse – Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. L’acous­tique de la salle est bien rendue, on a une vraie impres­sion de largeur, percep­tible selon les nuances des attaques. Sur les parties ffff, certaines percus­sions aiguës deviennent carré­ment agres­sives. Ce n’est pas surpre­nant avec un casque de ce genre-là. De l’autre côté du spectre, les timbales sont très présentes, un peu lour­de­ment, et chacune de leurs attaques « mange » un peu d’autres instru­ments, plus situés dans le médium. Bref, on perçoit bien les quali­tés et défauts du casque : préci­sion due à des aigus très accen­tués, parfois presque à l’ex­cès, et des médiums qui se font parfois masquer par une grosse basse, bien présente, mais aux dépens de la préci­sion.

Conclu­­sion

Nous ne passons presque jamais sous 5 sur 10. Mais quand il le faut…

Le vrai problème de ce casque, ce n’est pas les reproches que l’on peut lui faire quant à sa sono­rité. Il a des défauts à ce niveau-là, c’est vrai, mais comme casque de prise, ou casque « loupe », pourquoi pas ? Au moins, avec autant d’ai­gus, vous n’au­rez pas de diffi­culté à perce­voir les attaques, à bien saisir les struc­tures de morceaux même dans des envi­ron­ne­ments bruyants, ou à recher­cher des défauts. Et certes les basses sont gros­sières, plus que sur le DT770 qu’il copie, mais dans l’en­semble le rendu sonore n’est pas si loin­tain. Manque juste la défi­ni­tion… C’est déjà beau­coup malheu­reu­se­ment.

Non le vrai soucis, à mon sens, c’est cette construc­tion au rabais. Rien ne va. Même les soudures sont dégueu ! On peut tordre le casque si l’on veut… Plus faci­le­ment qu’une petite cuillère !

Comment envi­sa­ger travailler sur le long terme avec un tel appa­reil ? À moins qu’il ne quitte jamais le home-studio, passe de son stand à la tête de l’uti­li­sa­teur et rien de plus… C’est un casque qui, de façon évidente, va poser des problèmes à long terme.

Notre avis : 4/10

  • Son assez proche du DT770 (il faut le reconnaître)
  • Transducteurs bien appairés
  • Linéarité des médiums
  • Aigus accentués
  • Casque "effet loupe"
  • Mauvaises finitions
  • Mal soudé (!)
  • Métal tordable à la main
  • Isolation moyenne
  • THD élevée
  • Aigus parfois agressifs
  • Basses imprécises
Pays de fabrication : Chine

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