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Test du Monster Beats Pro - Le son du look

4/10

Associé au fameux Dr Dre, le Beats Pro de Monster est un vrai succès populaire : Phénomène de mode ou nouvelle référence ? C’est là la question…

Qu’un fabri­cant de câbles audio et hi-fi commer­cia­lise une gamme de casques n’a rien d’éton­nant en soi : c’est ce qu’on appelle diver­si­fier ses acti­vi­tés. Mais que le plus cher des casques de la marque soit endorsé par le célèbre produc­teur hip-hop Dr Dre et que, malgré ses 400 €, il devienne un vrai phéno­mène de mode, c’est déjà plus éton­nant. En quelques mois, le Beats Pro, tout comme ses petits frères moins onéreux, est en effet devenu une réfé­rence popu­laire, qu’on trouve sur quan­ti­tés de têtes dans la rue, malgré son prix et son label ‘Pro’. Il faut dire que le Beats a quelque chose que les autres n’ont pas : un look. En vis-à-vis des desi­gns old-school 80’s qu’on voit ici et là chez AKG, Senn­hei­ser ou encore Beyer­Dy­na­mic, Mons­ter a en effet essayé de faire un casque à l’ap­pa­rence diffé­rente, dispo en blanc comme en noir, avec un petit B rouge design sur chaque écou­teur, et des maté­riau qui, de l’alu brossé de l’ar­ceau au cuir des oreillettes, respire la qualité.

Une belle bête dans un bel écrin

Monster Beats Pro

Mons­ter a aussi visi­ble­ment tiré des leçons du marke­ting façon Apple : le Beats arrive dans une belle boîte bien lourde, avec un condi­tion­ne­ment parfai­te­ment étudié et son lot d’ac­ces­soires. Outre les petites notices qui vont bien, on trouve ainsi dans la boîte un étui souple de trans­port, et même un petit chif­fon anti­bac­té­rien pour essuyer le casque. Ce sens du détail dans le packa­ging comme dans les acces­soires se retrouve évidem­ment aussi sur le casque lui-même. Parmi les bonnes idées, on notera le fait que le cordon rouge puisse se bran­cher soit sur l’écou­teur droit, soit sur l’écou­teur gauche, via un minijack avec loquet de sécu­rité. De l’autre côté du cordon, après une petite partie en spirale, on trouve un minijack coudé et même une petite attache en caou­tchouc à laquelle est fixée l’adap­ta­teur vers Jack 6,35. C’est bien vu, car c’est toujours le genre d’ac­ces­soire qu’on cherche sans savoir où on l’a mis…

Méfiez-vous des contre­façons

Phéno­mène de mode, le Beats serait selon Mons­ter le casque le plus contre­fait de l’his­toire. Voilà peut-être qui explique qu’on le voit partout malgré son prix qui ne le met pas à portée de toutes les bourses. Le construc­teur est en tout cas très clair sur le fait que le seul moyen d’ob­te­nir un authen­tique Beats est de l’ache­ter chez un reven­deur agréé, et met en garde notam­ment sur les casques vendus sur eBay qui seraient à 99 % des contre­façons.

Le casque lui-même est rela­ti­ve­ment lourd, ce qui plaira à certains et déplaira à d’autres, mais confor­table de mon point de vue, et surtout, il respire la soli­dité avec ses épaisses parties en alu brossé. Chaque écou­teur peut être replié, ce qui sera pratique pour le trans­port ou pour une écoute façon DJ, et le réglage de l’ar­ceau comme le jeu des écou­teurs permettent de l’ajus­ter effi­ca­ce­ment à n’im­porte quelle tête.

Bref, c’est beau, bien construit, bien pensé et bien emballé dans un bel embal­lage, comme un produit Apple. Seul reproche toute­fois, Mons­ter n’a pas jugé néces­saire de four­nir des oreillettes de rechange, sans doute parce que celles du Beats Pro sont lessi­va­bles… À voir sur la longueur donc si ce choix est judi­cieux.

 

L’écoute qui coûte

Monster Beats Pro

Passé le plumage, voyons le ramage, car si Mons­ter a rendu une très bonne copie sur le plan du design de produit et du condi­tion­ne­ment, il s’agit de voir comment le fabri­cant de câbles s’en est tiré concer­nant l’es­sen­tiel : la qualité audio. Comme d’ha­bi­tude sur Audio­Fan­zine, l’écoute se fera à partir de morceaux de réfé­rence, en compa­rai­son avec un autre casque, en l’oc­cur­rence un Ultra­sone Pro 900, fermé lui aussi et vendu au même tarif que le Beats. 

Lou Reed – Walk on the wild side

Les basses sont énormes et cela ne concerne pas que la contre­basse qui doit faire 12 mètres de haut : les balais, les guitares, la char­ley ou les voix de Lou Reed comme de ses choristes gagnent en épais­seur dans le bas, par rapport au rendu du Pro 900, qui n’a pour­tant pas la répu­ta­tion d’être anémique sur cette partie du spectre. Le problème, c’est que dans le même temps, les aigus sont rela­ti­ve­ment ternes : ça manque d’air et c’est assez préju­di­ciable pour entendre certaines attaques ou certaines queues de réverbes. L’écoute n’est pas désa­gréable pour autant, car les aigus, tout comme le haut médium, ne sont pas agres­sifs pour un sou et que le grave flatte l’oreille. Reste que ce gros bas occupe un peu trop de place pour ne pas être préju­di­ciable au reste. 

Monster Beats Pro

The Racon­teurs – Conso­ler of the lonely

À côté du Beats, l’Ul­tra­sone a l’air d’un MDR-7506 qui n’épargne aucun détail doulou­reux dans le haut de ce morceau mixé dans le rouge. Certes, c’est plus agréable dans le Beats, notam­ment sur les voix satu­rées qui sont assu­ré­ment moins agres­sives, mais au prix de quelle perte de détail ! Le tambou­rin présent sur le pont dispa­rait quasi­ment du mix, ce qui n’est pas admis­sible pour un casque à 400 € qui se veut pro. Les réverbes trinquent encore, ce qui est mani­feste sur le manque de relief des voix qui discutent en intro de la chan­son, qui sont apla­ties pour le coup. Bref, le Beats, s’il contient le côté agres­sif de la chan­son n’ap­porte pas grand-chose avec sa grosse voix, et masque même pas mal de choses… 

Pink Floyd – Time

Si avec le Pro 900, les sonne­ries du début sont une vraie souf­france, le passage passe mieux avec le Beats, assu­ré­ment moins agres­sif. On retrouve les mêmes choses obser­vées sur les autres morceaux : un bas telle­ment en avant que les roto­toms deviennent des gros totoms et qu’ils masquent des aspects du morceau. Ici, c’est l’orgue de l’in­tro qui en fait les frais et peine vrai­ment à se faire entendre alors qu’il est parfai­te­ment distinct sur le Pro 900. Et les aigus ? C’est encore la même chose, en retrait de sorte que le relief du morceau en prend un coup : les instru­ments sont moins distincts les uns des autres et forment un magma sonore dont il est dur de tirer quelque chose. 

Monster Beats Pro

Gorillaz – Feel Good Inc.

Ce serait mentir de dire que sur ce type de chan­son, la grande gueule du Beats dans le bas n’est pas agréable : c’est comme écou­ter un bon vieux Cypress Hill sur l’au­to­ra­dio d’un Hummer, avec les boomers qui sautent sur la plage arrière. Sauf qu’à bien y regar­der, on perd là encore du détail sur le reste du spectre : les 'chapa­ta’ de Damon Albarn sur le riff d’ou­ver­ture perdent à l’oc­ca­sion certaines de leurs syllabes, tandis que les guitares acous­tiques du break sont moins distinctes elles aussi, notam­ment au niveau des attaques. Globa­le­ment, tout ça manque d’air… Seul avan­tage de la chose, les sifflantes qui ne pardonnent pas sur l’Ultra­sone Pro 900 ne sont en rien gênantes ici. C’est un confort pour l’écoute mais certai­ne­ment pas pour faire du tracking ou du mixa­ge…

Richard Strauss – Also sprach Zara­thus­tra

Pas de problème pour tenir la note basse de l’orgue en intro du morceau, mais tout se gâte lorsqu’ar­rive le reste de l’or­chestre : entre les aigus ternes et les basses proémi­nentes, les instru­ments sont ramas­sés les uns sur les autres, moins distincts, façon Glou­bi­boulga planqué derrière les timbales qui prennent plus que jamais le pouvoir. Et qu’est-ce que ça manque d’air !

Conclu­sion

Monster Beats Pro

Le Beats a le look, c’est indé­niable et, même si le petit côté Bling Bling de son cuir blanc ne plaira pas à tout le monde (encore qu’il existe un modèle noir), la qualité des maté­riaux employés, le confort du casque et les acces­soires four­nis comme le packa­ging sont là pour justi­fier qu’il soit vendu 400 €. Après, du côté son, c’est plus embar­ras­sant… Entre un bas hyper­tro­phié et des aigus à la ramasse, ce Beats n’est certes pas une torture pour les oreilles mais n’est pas loin d’être une aber­ra­tion au niveau du porte-monnaie, du moins pour un travail en studio. De fait, il n’a pas grand-chose à faire valoir face aux produits concur­rents qu’on trouve chez AKG, Beyer­dy­na­mic ou encore Ultra­sone, si ce n’est d’avoir béné­fi­cié d’un marke­ting inno­vant réus­sis­sant à faire passer le casque audio dans le domaine des acces­soires de mode tout en soute­nant, grâce à un endor­se­ment malin, que c’est bien parce que c’est cher…

À ce sujet, Dr Dre est sans l’ombre d’un doute l’un des plus grands produc­teurs hip-hop que la terre ait jamais porté mais j’ai beau avoir un immense respect pour l’homme comme pour son oeuvre, je serais curieux de savoir dans quel contexte il utilise ce casque ‘pro­fes­sion­nel’ qui gomme tant de nuances, de détails, juste pour faire boom boom en bas de façon dérai­son­nable. Toute­fois – et c’est toute la beauté du Marke­ting – on imagine bien que Bon Jovi n’a jamais conduit la Volks­wa­gen Golf qui porte son nom…

Notre avis : 4/10

  • Look qui change de la concurrence
  • Un casque bien pensé et bien construit
  • Accessoires
  • Rapport qualité audio/prix délirant
  • Basses super-ultra-hypertrophiées
  • Aigus en berne

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