Cette semaine, on teste le nouveau casque d’Audio Technica : l’ATH-M60x. À l’époque, on s’était montré très positif sur le ATH-M50x, c’est peu vous dire qu’on attendait celui-ci au tournant. L’ATH-M60x reprend les mêmes bases que son prédécesseur, mais offre aussi des variations, aussi bien au niveau sonore que mécanique.
Déballage
En sortant le casque de sa boîte, on y découvre aussi trois câbles détachables : un en spirale de 1,2 m (3 m maximum lorsqu’il est étiré), un câble droit de 3,0 m et un câble droit de 1,2 m. Ils sont tous enfichables grâce à une connectique jack 3,5 mm à baïonnette. Les deux câbles les plus longs se terminent par un jack 3,5 mm à vis, pour recevoir un adaptateur 6,3 mm. Le câble le plus court se termine lui par un jack 3,5 mm serti, tout plastique, sans vis pour l’adaptateur, qui semble plus avoir été pensé pour une écoute quotidienne et nomade, depuis une source numérique.
Première chose remarquable, le casque bénéficie de parties métalliques, vraiment solides. De plus, la présence de vis, assez bien dissimulées, mais permettant de petites interventions de réparations, est une bonne nouvelle. Malgré cela le poids du casque reste correct : 200 grammes, sans le câble. On note que les coussinets des écouteurs sont assez épais, avec une technologie « mémoire de forme », et le petit coussin d’amortissement de l’arceau est confortable : résultat, le casque est agréable à porter sur des séances d’écoute longues. Un autre bon point : les mousses très épaisses prennent bien la forme du pavillon de l’oreille (en tout cas de mon oreille… chacun a les siennes) et le casque n’a pas besoin de beaucoup serrer pour isoler des sons extérieurs. En conclusion, l’ATH-M60x se porte facilement. Un bon point, pour finir : tous les coussinets (écouteur et arceau) sont retirables et remplaçables.
Comparé avec l’ATH-M50x, dont nous avions dit beaucoup de bien, le M60x offre beaucoup de similarités : mêmes haut-parleurs de 45 mm, avec aimant néodyme et bobine en aluminium cuivré, même plage de fréquences annoncée par le constructeur (15 Hz à 28 kHz), même impédance basse (38 ohms). Les accessoires sont également les mêmes (3 câbles, une sacoche et un adaptateur jack 3,5 mm <> 6,3 mm). On peut donc raisonnablement envisager le M60x comme une variation du M50x, avec les changements suivants : technologie supra-auriculaire, sensibilité supérieure (102 contre 99 dB), et poids allégé.
On sent donc que le constructeur essaie d’utiliser la formule (plutôt à succès, il faut l’avouer) du M50x, pour concocter un casque qui pourrait venir concurrencer, entre autres, l’increvable Sennheiser HD 25.
Attention toutefois, si on le met en compète avec le HD 25 (ou avec le M50x d’ailleurs), il faut remarquer que le M60x n’est pas du tout pliable : on ne peut ni le replier pour le transporter, ni de relever un écouteur pour découvrir une oreille. On a l’impression qu’Audio Technica a fait le choix entre robustesse et maniabilité : on a donc un casque solide mais assez peu modulable.
Au point de vue de l’ergonomie, en revanche, rien à dire. Même si la mobilité des écouteurs sur les axes verticaux et latéraux est assez réduite (par rapport à ce que l’on peut généralement trouver sur le marché), je n’ai pas trouvé de problème d’isolation, ou de fatigue au niveau des oreilles. La technologie supra-auriculaire, associée à des coques fermées, permet une bonne isolation des sons extérieurs.
Passons aux mesures !
Benchmark
Si vous êtes un habitué de ces tests, vous le savez déjà : nous avons mis en place un protocole de mesures objectives, afin de compléter l’écoute comparative subjective. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks, nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distorsion harmonique (THD), réalisées à l’aide d’une tête artificielle et de matériel de mesure de laboratoire.
Un début plutôt discret dans le grave « sub » (je ne m’attends pas à beaucoup d’extrême grave à l’écoute), moins marqué que pour le M50x, puis on entre dans une zone bien linéaire à partir de 50 Hz et jusqu’à 300 Hz. En revanche, on constate ensuite un creux assez marqué entre 300 et 600 Hz, c’est-à-dire au passage entre les bas médiums et les médiums. Les hauts médiums, au contraire, sont bien présents, avec une bosse de 700 Hz à 3 kHz, qui culmine vers 1,5 kHz. En constatant cela, je me dis que ça devrait donner plutôt de belles voix, bien en avant… On verra à l’écoute.
À partir de 4 kHz, comme sur beaucoup de casques, on voit à nouveau une bosse, qui vient mettre en valeur les aigus. Il y a une sorte de « zone de turbulences » (ce qui est souvent le cas, de façon plus ou moins poussée) qui met, de façon sélective, certaines fréquences aiguës en avant, d’autres plus en retrait : rien d’inhabituel ici, ni de dramatique, et d’ailleurs on remarque que le casque traduit bien les fréquences jusqu’à l’extrême limite de l’audition.
En revanche, on soulignera d’assez nombreuses déviations d’une voie à l’autre, et ce sur toutes les plages de fréquences.
C’est simple : rien à redire, les mesures de THD sont excellentes, proche de 0,1 % la plupart du temps et plutôt basse sous 100 Hz, ce qui n’est pas toujours au rendez-vous. Cela augure un casque plutôt précis dans sa transmission du grave.
Il est temps de passer à l’écoute et de voir ce que le M60x a dans le ventre !
Écoute
Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur Truelove’s Gutter)
Une ballade acoustique, avec beaucoup de réverbe et une différence de dynamique importante entre la voix et la guitare. Tout de suite, je suis frappé par le sentiment d’une écoute très agréable. C’est vraiment le mot qui me vient : équilibrée, dynamique, précise, pas fatigante. On remarque en particulier un bel équilibre entre les notes chantées dans la tessiture baryton et celles proches de la tessiture ténor. La guitare, quant à elle, est bien définie dans son registre médium, mais également équilibrée avec l’aigu. La contrebasse est assez précise, probablement à cause de la bosse dans le grave, mais aussi du coup-bas en dessous de 50 Hz, qui la « dégraisse » un peu. On remarque aussi un très bon suivi sur la réverbe de la voix.
Sun Kil Moon – Butch Lullabye (sur Common As Light And Love…)
Sur l’intro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmoniques médiums ajoutés par la distorsion, l’attaque légèrement piquée des notes, tout en séparant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Le résultat est très convaincant : on remarque en particulier un kick bien sec, bien défini dans le mix. Sur la voix parlée, pas de sifflantes, c’est équilibré entre le coffre et les nasales, et l’articulation est bien rendue. Je trouve que, sur ce morceau, le casque brille particulièrement par son image stéréo. Il y a deux percussions (un shaker et une caisse claire) ajoutées en overdub, qui doivent apparaître bien à gauche et à droite. Sur ce point, le M60x s’en tire très bien.
Massive Attack – Teardrop (sur Mezzanine)
Voilà un titre avec beaucoup d’extrême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Sur le premier couplet, quand la basse s’interrompt, on perçoit une résonance infrabasse sur la grosse caisse. Certains casques n’arrivent pas à la retranscrire. Là, étonnamment, ça passe tout juste, malgré le profil plutôt modeste du casque sous 50 Hz : certes, dès que son volume baisse légèrement elle disparaît, mais on arrive à la percevoir à l’écoute. Pas de difficulté pour transmettre les notes de la basse, sans « bouffer » la voix, qui est transmise avec beaucoup de précision. Tant qu’on est sur la voix, on notera peu de sifflantes sur la phrase avec tous les « S » (1:17 min). Sur la partie finale, très touffue, l’image stéréo des percussions est, encore une fois, excellente.
Charlie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)
Voilà un morceau avec beaucoup de soufflants jouant dans des tessitures similaires : c’est très touffu et le but est d’essayer de discerner les timbres. Le M60x s’en sort plutôt bien. La contrebasse est parfois un peu noyée. Le trombone contrebasse, ultra grave, est présent dans l’harmonie, même si c’est de façon un peu vague (il apparaît et disparaît). En revanche, je retrouve de très beaux timbres dans les médiums, un piano bien lisible, et de façon générale une bonne retranscription des dynamiques et de l’harmonie.
Edgar Varèse – Ionisation (New York Philharmonic, dir. Pierre Boulez)
Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réverbération naturelle de la salle, qui joue sur l’impression d’espace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. C’est excellent : très bonne définition des percussions les unes par rapport aux autres, chaque timbre, chaque dynamique est bien retranscrite. Le M60x n’arrive pas à faire entendre l’infrabasse de la grosse caisse, mais il se révèle très précis sur la dynamique de la résonance naturelle de la salle, et sur l’image stéréo.
Conclusion
Bien sûr, l’appréciation d’un casque est toujours très subjective. Selon l’usage que l’on veut en faire, les conditions d’écoute, ce qu’on cherche à entendre, les oreilles de chacun… Les conclusions peuvent varier. Malgré tout, en constatant les mesures plutôt très correctes, et surtout après une séance d’écoute, on a trouvé que l’ATH-M60x était un casque très convaincant : avec un son plutôt bien équilibré, de la précision sur les timbres hauts médiums (en particulier de très belles voix), un grave qui n’est pas en reste et une image stéréo remarquable. Objectivement, même s’il n’offre pas autant de possibilités de maniements que certains de ses concurrents, le casque allie un rendu sonore très satisfaisant, une fabrication qui respire la solidité, le confort d’usage, et une offre généreuse d’accessoires.