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Test du NDH 20 de Neumann - Nouveau casque pour un Nouvel Homme ?

8/10

Cinq ans après sa sortie, le premier casque proposé par Neumann trouve enfin sa place dans notre banc d'essai. Un casque fermé, robuste et élégant, et qui en impose au premier abord : mais, car il y a toujours un "mais", son apparence vaut-elle sa sonorité ?

Test du NDH 20 de Neumann : Nouveau casque pour un Nouvel Homme ?

On vous en avait parlé à l’heure de sa sortie, et puis on était un peu passé à côté fina­le­ment : alors le voici, le premier casque de Neumann (depuis, il a été rejoint par le NDH 30), présenté lors du NAMM 2019, et qui est en fait une version retra­vaillée du Senn­hei­ser HD 630VB (même maison mère).

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Alors certes, on a pris notre temps, mais on vous four­nit enfin un test de ce beau (et lourd !) casque de la célèbre marque alle­man­de…

Spéci­­fi­­ca­­tions

IMG 20240207 161306Le NDH 20 est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique. La taille du trans­­duc­­teur est de 38 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 150 ohms
réponse en fréquences : 5 Hz – 30 kHz

Le casque est, avant tout, très gros et robuste : construc­tion prin­ci­pa­le­ment en métal, ou en plas­tique épais, grosses vis en métal, arceau bien rembourré, cous­si­nets épais et résis­tants… On sent qu’on n’est pas là pour rigo­ler, et la construc­tion vaut bien le prix élevé du casque.

Il est accom­pa­gné de deux câbles déta­chables, un droit (3 m) et un à spirales (1,5 m, exten­sible jusqu’à 3), chacun avec son adap­ta­teur jack TRS 6,35 mm. La connexion au casque se fait par fiche jack 3,5 mm, à baïon­nette.

Petite rareté : le câble se connecte sur l’oreillette de droite ! Ce n’est ni bien ni mal, l’in­té­rêt d’un câble à gauche ou à droite est entiè­re­ment dépen­dant de la pratique de chacun.

Démon­­table ?

Diffi­ci­le­ment,

Eh oui, je ne m’at­ten­dais pas à écrire cela, mais, bien que le casque soit démon­table, cela ne sera pas facile pour celui qui n’est pas armé de patience, de dexté­rité et d’ou­tils adap­tés.

Expli­ca­tion : d’abord on enlève les cous­si­nets, ça, ce n’est pas diffi­cile : 

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Et là, on tombe sur un grand cache en mousse qui est collé sur tout le pour­tour, avec une sorte de scotch double face bien puis­sant. Je n’ignore pas (merci les tuto­riels sur YouTube) qu’il peut être décollé avec une lame fine, et que l’on accède derrière à des vis, puis au câblage et à un trans­duc­teur collé au sili­cone, mais…

…quand j’ai essayé, dans des condi­tions domes­tiques (car je tiens à essayer de faire ces démon­tages dans des condi­tions non opti­males, pour m’ap­pro­cher de l’en­vi­ron­ne­ment de brico­lage de la plupart des poten­tiels acqué­reurs), j’ai très rapi­de­ment manqué de déchi­rer la mousse. Pas glop ! Surtout sur un casque qui m’est prêté.

Confort

Bon.

Le casque ne serre pas trop lors de l’écoute, en revanche il a tendance à peser un peu trop sur le haut du crâne (n’ou­blions pas qu’il fait 388 gr, tout de même). Autre petite critique : ses écou­teurs, ou ses cous­si­nets, sont un peu « petits » – dans le sens qu’il ne laisse pas beau­coup de place à l’oreille au milieu du cous­si­net. Il vaut mieux ne pas avoir de trop grandes oreilles, sous peine de perdre un peu d’iso­la­tion. Et pour finir, on n’a pas ressenti de chaleur exces­sive lors de l’écoute.

Isola­­tion

Très bonne,

IMG 20240207 161118La réjec­tion des sons externes est très effi­cace, sans pour autant avoir l’im­pres­sion d’être très serré au niveau des oreilles. C’est un vrai plus.

Trans­­port

Facile,

Neumann a fait le pari d’un casque vendu dans une boîte en carton très solide, qui fait presque office de mallette (cela peut être pratique pour un démé­na­ge­ment, ou pour mettre le casque dans une valise sans risquer de l’abî­mer). Ils accom­pagnent aussi l’objet d’un sac de protec­tion, plus adéquat pour un trans­port occa­sion­nel. À noter toute­fois : la boîte en carton contient des petits compar­ti­ments pour chaque acces­soire, ce qui est certes utile, mais demande par ailleurs une certaine méti­cu­lo­sité, et présup­pose que l’usage (des câbles en parti­cu­lier) ne déforme pas trop les éléments si jamais vous voulez pouvoir les ranger plus tard.

Bench­­mark

Voici donc le nouveau proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

NDH20 RF

On remarque :

  • Une longue montée de 20 à 300 Hz, avec une bosse forte à 300 Hz. On note une diffé­rence de 22 dB entre ces deux fréquences !
  • Une redes­cente jusqu’à un creux, d’abord à 1,5 kHz, puis encore plus marqué à 3 kHz (là aussi, l’écart est de 20 dB entre les fréquences)
  • Une accen­tua­tion impor­tante à 4 kHz (égale à celle à 300 Hz)
  • Un nouveau creux à 6 kHz
  • une accen­tua­tion des fréquences au-dessus de 6 kHz

On remarque aussi des trans­­duc­­teurs bien appa­­riés, à moins de 1 dB sur presque tout le spectre.

Distor­­sion :

NDH20 DIST

La distor­­sion mesu­­rée est basse, infé­rieure à 0,2 % de 60 Hz à 20 kHz (à part un léger dépas­se­ment à 4 kHz), et à 0,05 % sur toute la plage des médiums. Les harmo­niques impaires sont un peu moins en retrait qu’on pour­rait l’es­pé­rer, mais à ce niveau de distor­sion, la diffé­rence ne sera pas audible.

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. La première chose qui me vient à l’es­prit, c’est que ce n’est vrai­ment pas commun comme écoute : surpre­nant, car très détaillé, doux, agréable (tout de suite, je me dis « j’ai­me­rais bien travailler avec cela, ça ne doit pas fati­guer »), précis, l’image stéréo est superbe, mais il y a une « courbe » spéci­fique qui n’est pas discrète. Cette guitare acous­tique, que j’ai si souvent écou­tée pour vous, chers AFiennes et AFiens, je la redé­couvre un peu chan­gée, comme si on lui avait fait un petit trai­te­ment d’éga­li­sa­tion que je ne lui connais­sais pas. La voix pareille : plus de souffle, un peu moins de coffre, et nette­ment moins de « nez » surtout. Et la basse, dont je dis souvent qu’elle peut être pâteuse si on la souligne trop, est ici bien tenue, avec une place un peu en retrait qui la rend fina­le­ment plus lisible. Première impres­sion très inté­res­san­te…

IMG 20240207 161319Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Pareil : par exemple, sur le clavier-basse, les harmo­niques et les attaques ressortent bien, l’ex­trême grave est main­tenu en retrait, mais, c’est inté­res­sant, n’est pas absent. La voix est beau­coup moins nasale que sur beau­coup de casques. Mais le plus surpre­nant, c’est la batte­rie, avec une sono­rité géné­rale plus orien­tée vers le médium que sur beau­coup d’autres casques. Les parties acous­tiques sont superbes, avec une image stéréo très précise, et une voix sans effet de proxi­mité (que je note parfois).

Massive Attack – Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Une impres­sion se confirme : ici la basse n’est clai­re­ment pas « surjouée », présente, bien tenue et précise, mais mise un peu (trop ?) en arrière ce qui permet d’ob­te­nir une impres­sion d’en­semble plus précise, mais qui s’éloigne de l’équi­libre auquel on est habi­tué : en parti­cu­lier, par effet de rela­tion, on perçoit beau­coup plus le piano que d’ha­bi­tude.

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Typique­ment le genre d’en­semble instru­men­tal sur lesquels ce genre de « profil » de casque fonc­tionne bien : des médiums rendus avec une préci­sion diabo­lique, la contre­basse devient très lisible grâce à un grave en retrait, l’image stéréo paraît très large, avec des groupes instru­men­taux placés de façon très précise. C’est excellent, rien à redire.

Edgar Varèse – Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0 h 30 et 1 h 15 min. Là aussi, la caisse claire paraît plus médium que d’ha­bi­tude, cela est dû à la préémi­nence de cette plage de fréquence dans la courbe déve­lop­pée par Neumann. Mais ça ne revient pas à dire qu’on observe ailleurs des manques si impor­tants que ça, car dans l’aigu, ou même dans le grave (pour­tant très en retrait) le NDH 20 s’en sort très bien, sans cher­cher à en mettre plein la vue. Les écarts dyna­miques semblent énormes, et sont rendus avec beau­coup de puis­sance. La réso­nance natu­relle de la salle est très bien retrans­crite sur tout l’en­re­gis­tre­ment, que ce soit dans les parties piano ou les triples forte.

Conclu­­sion

La première chose qui nous vient en tête concer­nant ce casque, c’est qu’il ne consti­tue pas ce que l’on appelle un appa­reil « plug and play ».

IMG 20240207 161216Certes, tous les casques ont leurs parti­cu­la­ri­tés, et tous demandent un temps d’adap­ta­tion de l’oreille, mais nous n’avions pour l’ins­tant que rare­ment rencon­tré un casque qui propose une présen­ta­tion si parti­cu­lière. Ce n’est pas une critique, car notre écoute subjec­tive nous a amenés à des impres­sions très élogieuses. Mais l’on sent que c’est un outil qui deman­dera à être bien connu par son utili­sa­teur pour pouvoir être utilisé au mieux, et sûre­ment d’ailleurs en complé­ment d’autres casques qui souli­gne­ront ce que ce casque a tendance à gommer (nommé­ment, la basse et le haut médium).

Toute­fois, ce qui nous paraît remarquable, au-delà des quali­tés tech­niques que nous avons souli­gnées, c’est que la courbe spéci­fique du NDH 20 ne nous a jamais paru desser­vir le programme musi­cal sélec­tionné : en effet, on a l’im­pres­sion que le casque a été conçu pour mini­mi­ser ce qui aurait tendance d’ha­bi­tude à « gros­sir le trait » sur certains mix (basses énormes, voix très en avant, avec beau­coup de détails surgros­sis…), et qui tend souvent à masquer les nuances d’un ensemble de sono­ri­tés. Nous avons donc plutôt eu l’im­pres­sion de redé­cou­vrir certains morceaux, ce qui, dans le cadre d’une approche pro de la musique, ne peut être qu’un avan­tage.

Notre avis : 8/10

  • Construction très robuste
  • Isolation au top
  • Boîtier coffret + sac de transport
  • Deux câbles détachables
  • Pas de fatigue auditive lors de l'écoute
  • THD basse
  • Image stéréo très précise
  • Restitution précise, subtile mais...
  • ...un équilibre des fréquences assez unique, et qui demandera à être maîtrisé pour bien travailler.
  • Démontage difficile
  • Un peu trop lourd
Pays de fabrication : Chine

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