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Pas de risque de s'en-DT !
8/10
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On ne parle des centenaires que pour s'étonner de leur vitalité : Beyerdynamic ne fait pas exception, qui nous propose en ce début d'année une édition anniversaire de son très classique DT-770 Pro sans pour autant se contenter, comme c'est trop souvent le cas, d'en changer l'habillage...

Test du casque DT-770 Pro X de Beyerdynamic : Pas de risque de s'en-DT !

On vous l’an­nonçait le mois dernier : Beyer­dy­na­mic, pour ses 100 ans, sort une édition limi­tée de son légen­daire (n’ayons pas peur du mot) casque le DT-770 Pro. Quelques diffé­rences sont à noter : prin­ci­pa­le­ment l’in­clu­sion du système de haut-parleurs STEL­­LAR.45, avec leur rende­ment plus élevé pour une impé­dance plutôt basse, mais aussi l’ajout d’un câble déta­chable, et quelques fini­tions un peu diffé­rentes. On note aussi, pour finir, que pour une édition limi­tée, le casque reste rela­ti­ve­ment abor­dable, à 199 euros (contre 139, ce qui fait une hausse de 43 % envi­ron)

Étant donné qu’on a déjà testé le DR-770 Pro il y a un an, ce nouvel article va être l’oc­ca­sion de compa­rer les diffé­rences réelles (s’il y en a) appor­tées par le système STEL­LAR.45. Passons donc immé­dia­te­ment à sa présen­ta­tion…

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le DT-770 Pro X est un casque de type circum-auri­cu­laire, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique.

DT-770 Pro X casqueLes spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 48 ohms

réponse en fréquence : 5 Hz — 40 kHz

Le casque est accom­pa­gné d’un câble de 3 m, lisse et droit avec, à une extré­mité, une prise jack 3,5 mm TRS, plus son adap­ta­teur vers jack 6,35 mm TRS, et à l’autre un mini-XLR 3 points. Car le câble est amovible : c’est une diffé­rence notable avec l’ha­bi­tuel D-770 Pro, et c’est plutôt une diffé­rence bien­ve­nue — elle permet un rempla­ce­ment possible du câble, poten­tiel­le­ment même des modi­fi­ca­tions puisque la connec­tique est tota­le­ment stan­dard.

Le câble est épais, mais souple, facile à réen­rou­ler, et les connec­tiques sont de plutôt bonne qualité, et même si elles ont l’air d’être serties dans la masse, elles sont en vérité complè­te­ment démon­tables, ce qui rendra possible de futures répa­ra­tions, si besoin…

DT-770 Pro X intégralPour le reste, on est prin­ci­pa­le­ment sur le même design à l’ex­cep­tion de quelques éléments précis : par exemple, les pièces plas­tiques aux extré­mi­tés de l’ar­ceau et les char­nières des écou­teurs sont simi­laires à celles du DT-1770 Pro. C’est donc un casque robuste, avec des fini­tions bien réali­sées, peu de métal, mais du plas­tique épais et les quelques pièces en alumi­nium sont très bien usinées.

Démon­­table ?

Tout à fait !

Alors atten­tion, c’est un peu plus diffi­cile à réali­ser que le DT-770 Pro de base. Le début est exac­te­ment simi­laire : 

DT-770 Pro X démontage 1

On retire d’abord le cous­si­net, puis…

DT-770 Pro X démontage 2

Une fois reti­rée la mousse de protec­tion, avec un tour­ne­vis plat ou une fine lame, on vient faire progres­si­ve­ment sauter l’an­neau situé au pour­tour du support de HP. Cela permet ainsi de libé­rer ce support qui, d’ha­bi­tude, glisse dans la paume de la main lorsque l’on retourne l’écou­teur…

D’ha­bi­tude, mais là non.

Il faut donc, très prudem­ment, se saisir de la grille de protec­tion du HP avec une pince adéquate, et tirer lente­ment mais sûre­ment. ATTEN­TION : l’ai­mant du HP est juste en face de votre outil, il peut atti­rer votre pince et risque de percer la fine membrane du trans­duc­teur. Prudence, donc ! 

  • DT-770 Pro X démontage 4
  • DT-770 Pro X démontage 5

 Et voilà pourquoi : l’en­semble support/haut-parleur est main­tenu en place par un connec­teur laté­ral. Les soudures sont bien réali­sées, le câblage, d’un diamètre correct, est propre et bien main­tenu en place. Bref, on est sur une concep­tion de qualité.

DT-770 Pro X démontage 6

Confort

Bon,

DT-770 Pro X coussinetOn connaît le DT-770 sur ce point : pas trop lourd et avec un arceau bien rembourré, on est plutôt confor­ta­ble… Les cous­si­nets en velours sont un plus, on le sait, mais ils ont aussi la consé­quence de pouvoir être un peu trop « chauf­fants » lors de longues sessions de travail ou dans des envi­ron­ne­ments déjà chauds. De plus, le casque serre un peu fort sur les côtés de la tête, rien d’in­sup­por­table, mais c’est notable quand même.

Isola­­tion

Très bonne,

Le casque permet une très bonne réjec­tion des sons externes, c’est la consé­quence posi­tive des deux points souli­gnés au-dessus : cous­si­net épais et serrage impor­tant.

Trans­­port

Moyen,

Le DT-770, quelle que soit l’édi­tion, est un gros casque, abso­lu­ment impos­sible à plier, plutôt léger, mais assez massif, et qui donc n’est proba­ble­ment pas un bon candi­dat si vous cher­chez un casque pour un travail « sur la route ». On notera toute­fois qu’il est accom­pa­gné d’un sac de protec­tion en toile, mais cela ne change pas fonda­men­ta­le­ment la remarque faite précé­dem­ment.

Bench­­mark

Voici donc notre proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

D770ProX RF

On remarque :

  • Une linéa­rité entre 20 et 50 Hz (donc on s’at­tend à un grave en avant)
  • Un léger creux suivi d’une accen­tua­tion à 100 Hz et des pous­sières
  • Un creux marqué à 250 Hz
  • Une linéa­rité entre 400 Hz et 2 kHz, en retrait toute­fois par rapport au grave (Δ 6 dB entre 20 Hz et 1 kHz)
  • Un creux à 3 kHz
  • Une accen­tua­tion géné­rale des aigus, en parti­cu­lier à 8 et 11 kHz

On remarque égale­ment que les trans­­duc­­teurs sont très bien appa­­riés (comme toujours).

Distor­­sion :

DT770ProX DIST

La distor­­sion mesu­­rée est plutôt basse, avec une partie entiè­re­ment sous 0,1 % entre 100 Hz et 3 kHz, mais une montée qui atteint toute­fois 5 % à 20 Hz. La deuxième et troi­sième harmo­niques sont à peu près égale­ment présentes sur l’en­semble du spectre. On remarquera toute­fois que la mesure est dans l’en­semble un peu moins bonne que celle que nous avions faite sur le modèle clas­sique à 250 ohms.

Écoute

Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. On retrouve la signa­ture bien connue du DT-770 : des aigus en avant, très cris­tal­lins, un médium assez précis, mais un peu plus en retrait, et un grave bien suivi, clai­re­ment présent et assez précis. On remarque tout de suite que la basse est très souli­gnée, plus que dans tous nos souve­nirs du DT-770 Pro. L’aigu est très présent, comme toujours : on perçoit chaque plosive, chaque souffle ajouté sur la voix quand elle se fait plus douce. De même le suivi des longueurs de réverbe est très facile. L’image stéréo est précise.

DT-770 Pro X arceauSun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. C’est la première fois depuis long­temps qu’un casque me surprend vrai­ment sur le grave : précis ? clair ? Oui, plutôt, mais surtout tout présent et ce jusqu’au plus grave, avec peu de diffé­rence d’am­pli­tude selon les notes du clavier-basse (la note la plus basse a une fonda­men­tale à 28 Hz !). En revanche, à la première écoute (car l’oreille s’ha­bi­tue à tout) on est frappé par la préémi­nence des aigus et hauts médiums qui rendent la batte­rie (en parti­cu­lier la caisse claire) fine, aigre­lette, manquant un peu d’as­sise. Défor­mée donc, mais facile à suivre : après tout, il s’agit d’un casque réputé pour la prise et le moni­to­ring en direct.

Massive Attack — Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. On conti­nue dans la ligné des remarques précé­dentes : grave maousse, mais assez précis pour rester appré­ciable et ne pas masquer trop le reste, un aigu très aéré (presque trop de sibi­lance sur les S dans la deuxième stance du premier couplet), un médium précis, mais en retrait (ici on perçoit bien combien le piano reste assez discret, et peu coloré, là où d’autres casques lui donnent une préémi­nence et une richesse harmo­nique remarquable).

Char­­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Que de cymbales ! Trop ! La ride prend tout l’es­pace au centre du mix et masque un peu le message. C’est un risque avec ce morceau (et géné­ra­le­ment les enre­gis­tre­ments de jazz de cette période, où la batte­rie est souvent trai­tée avec un grand réalisme acous­tique, et donc avec des cymbales très dyna­miques, très amples). Ce défaut mis à part, le rendu des instru­ments grave est excellent, et on se surprend à vrai­ment bien isoler la contre­basse (entre autres) dans le mael­strom instru­men­tal. 

Edgar Varèse — Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. Si vous voulez de la préci­sion dans les attaques, vous êtes bien tombé. Un peu de fatigue aussi, surtout après l’écoute précé­dente. Dans le grave aussi (immense grosse caisse d’or­chestre) on est bien tombé. L’acous­tique de la salle est égale­ment très bien rendue, avec des longueurs de réver­bé­ra­tion chan­geante selon les nuances de jeu et le place­ment gauche-droite des instru­ments. Les énormes écarts dyna­miques sont bien rendus. Pas grand-chose à redire d’un point de vue sonore, à part qu’on est quand même un peu content d’ôter le casque à la fin de l’écoute : la chaleur, le serrage, les aigus nous ont un peu usés.

Conclu­­sion

Ce qui nous frappe dans cette édition spéciale, c’est que l’on retrouve aisé­ment ce que l’on connaît du DT-770 Pro, ce qui nous plaît (sa robus­tesse, sa qualité de construc­tion, son grave géné­reux, ses aigus précis…) et ce qui nous plaît moins (la fatigue géné­rée à la fois au niveau du serrage et par son rendu sonore).

DT-770 Pro X boîtierDevait-on s’at­tendre à autre chose ? Au final, cette version anni­ver­saire est avant tout un DT-770 Pro, et c’est normal puisqu’il ne serait pas ques­tion de vendre un produit sous cette appel­la­tion qui ne corres­ponde pas à ce que l’on peut en attendre.

Mais alors, apporte-t-elle assez de diffé­rence pour justi­fier son « édition limi­tée » ? De ce point de vue, il nous a au moins semblé que le câble déta­chable de bonne qualité, et l’usage des trans­duc­teurs STEL­LAR.45 avec leur rende­ment élevé pour une impé­dance basse formaient un ensemble d’amé­lio­ra­tions bien­ve­nues, certes, et l’on est satis­fait (au point de l’ins­crire dans nos points posi­tifs) d’un prix qui ne semble pas abusif. Un seul point néga­tif à signa­ler ici, même s’il faut bien comprendre qu’on reste dans le domaine du mesu­rable, mais pas néces­sai­re­ment de l’au­dible : la mesure en THD est un peu plus élevée que sur le modèle 250 Ohms que nous avions eu entre les mains. Rien de révo­lu­tion­naire, donc, mais ce n’est peut-être pas le propos d’un tel objet, puisque les anni­ver­saires sont rare­ment l’oc­ca­sion de renver­ser la table et de jeter le gâteau par la fenêtre.

8/10
Fabrication (?) : Allemagne
Points forts
  • Robuste
  • Câble détachable de bonne qualité
  • Démontable, réparable et modifiable
  • Un grave très présent
  • Un aigus très détaillé
  • Un prix correct pour une "édition limitée"
Points faibles
  • Serre un peu trop fortement
  • Des coussinets qui tiennent chaud
  • Fatigue auditive potentielle
  • Une mesure de THD un peu plus élevée que sur le modèle 250 ohms
Auteur·rice de l’article
Pierre Caron(Pr. Soudure de La Feuille)
Rédacteur / réparateur en électronique

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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