Oui je sais, l’instant norvégien ça n’est pas la Suède. Sous nos latitudes, où le soleil se couche tous les soirs de l’année, on a tendance à confondre les deux. Il n’est pourtant pas compliqué de faire le distinguo quand on est bassiste : les Suédois ont EBS, donc les Suédois aiment la basse. Un peuple qui aime groover ne peut pas être si froid que ce qu’on en dit. Gageons que la chose est culturelle : les Russes luttent contre le froid avec de la vodka, tandis que les Suédois se chauffent à l’infra basse.
Livré monté
Depuis sa création en 1988, suite à l’association de deux bassistes ambitieux, la compagnie a fait bien du chemin. Bien implantée sur le secteur du haut de gamme, avec des amplis monstres comme la Fafner et une série de pédales d’effets qui n’a pas pris une ride, cette société s’ouvre depuis 2012 aux budgets plus modestes avec la série Classic Session.
Le Classic Session 120 est un combo équipé d’un douze pouces et d’un tweeter, bien compact (c’est un quasi-cube dont les cotés ne dépassent pas 50cm) et délivrant cent vingt watts, pour à peine plus de vingt kilos. Conçu en Suède et fabriqué en Chine, il propose un tableau de bord discret, mais bien équipé : un égaliseur à trois bandes, un contour, un canal auxiliaire en RCA avec un volume intégré en façade, une sortie casque, une sortie directe et une entrée instrument. Ce combo est inclinable, il est possible de le poser droit ou en bain de pied. Il est conçu pour assurer en répétition, sur les petites scènes et accessoirement comme enceinte de retour sur les plus grosses. Son prix, en-dessous des 500 €, fait de lui un client parfait pour notre comparatif actuel, mettant en compétition cinq combos de marques confondues. Attention à la concurrence, la Suède est dans la course et la Suède est funky !
Même son design cadre avec l’image d’une marque un poil trop sobre quand il s’agit d’habiller ses produits, avec une petite pointe de rétro pas fantaisiste pour un sou.
Une poignée unique permet les opérations de manutention et la grille se démonte facilement grâce à une fixation velcro à l’ancienne. Le tweeter n’est pas débrayable sur ce combo, la section préampli ne l’est pas non plus en sortie directe. La finition est propre, il y a un ou deux plis de tolex qui jurent un peu, mais rien de grave. Les potards ont l’air solide et fiable quand on les manipule. L’ensemble donne une première impression assez positive, autant pour ses qualités d’encombrement minimum que pour le sérieux de sa fabrication.
En piste Olof !
Comme pour tous les tests de ce comparatif, je vais utiliser une série de samples de ma Jazz Bass Standard via ma pédale BOSS RC20. L’idée étant d’avoir un même référent pour tous les amplis testés. Évidemment, avant de passer aux enregistrements, j’ai pris le temps de tester l’ampli pendant un bon moment pour me familiariser un peu et l’entendre réagir à mon jeu. J’ai pu apprécier d’emblée le son caractéristique de la marque, que l’on retrouve à n’en point douter sur cette version. Avec ce coté un peu Hi-Fi que l’on pouvait entendre sur la série Drome, que fut un temps j’ai bien connu et qui aujourd’hui n’existe plus. Un rendu très propre, mais pas aseptisé, avec un traitement de la dynamique qui a de la niaque et des aigus cristallins. En fait, je pense que l’analogie du Drome est parfaite pour résumer la chose : le Classic Session 120 est en fait un Drome 12 à moitié prix ! Et la fabrication asiatique de cet ampli ne doit pas y être pour rien.
L’égaliseur est vraiment réactif et simple d’utilisation, les trois bandes avec le sélecteur de plage de fréquences pour celle des médiums est la configuration la plus facile à utiliser pour moi. Les repères sont sobres, mais efficaces, il faut juste prévoir de poser l’ampli au sol et pas en hauteur pour faciliter l’accès à son tableau de bord. Voilà une série d’extraits qui présentent les corrections apportées par l’égaliseur. Sur le premier extrait, les médiums sont à 150 Hz, puis à 500 Hz et enfin à 3,3 kHz :
- Exemple 3 DI 00:27
- Exemple 3 Micro 00:27
- Exemple 3 Mix 00:27
- Exemple 4 DI 00:26
- Exemple 4 Micro 00:26
- Exemple 4 Mix 00:26
- Exemple 5 DI 00:26
- Exemple 5 Micro 00:26
- Exemple 5 Mix 00:26
En plus de l’égaliseur, l’utilisateur dispose d’un contour qui filtre rapidement les médiums pour creuser le son et faciliter les percussions. Simple interrupteur, la correction de ce dernier, quand on l’active, est assez discrète, mais se révèle tout de même à l’écoute. Si on peut regretter l’absence de contrôle supplémentaire permettant de faire varier la courbe, on appréciera néanmoins son action subtile.
J’ai souvent l’impression que les circuits de contour proposés sur nos amplis sont excessifs, ça n’est pas le cas de ce combo. Écoutez cette série d’enregistrements : le premier est pris avec un égaliseur neutre, le second avec le contour activé. Même chose avec les extraits en Slap : d’abord une version avec l’égaliseur creusé dans les médiums et ensuite l’égaliseur à plat et le contour activé. Vous pouvez vous rendre compte que la correction du contour est moins marquée que celle opérée manuellement. Voilà pourquoi je trouve ce filtre subtil et c’est pour moi un bon point.
- Exemple 1 DI 00:23
- Exemple 1 Micro 00:23
- Exemple 1 Mix 00:23
- Exemple 2 DI 00:22
- Exemple 2 Micro 00:22
- Exemple 2 Mix 00:22
- Exemple 7 DI 00:27
- Exemple 7 Micro 00:27
- Exemple 7 Mix 00:27
- Exemple 8 DI 00:27
- Exemple 8 Micro 00:27
- Exemple 8 Mix 00:27
Et un peu de médiator pour finir, avec pas mal de low bottom, de la brillance et des hauts médiums pour pousser le growl. Comme le rendu naturel des EBS est très précis, je trouve que le jeu au plectre y est sublimé, ça n’est pas Carlos Benavent qui me contredira.
- Exemple 9 DI 00:43
- Exemple 9 Micro 00:43
- Exemple 9 Mix 00:43
Concernant les 120 watts de puissance, même si le format du 12 pouces et son petit caisson ne permettent pas forcément de pousser l’ampli dans des retranchements extrêmes, on dispose largement de quoi s’amuser et on peut pousser le volume assez fort pour couvrir une formation moyenne. À vous les joies des répétitions, petites scènes et du repiquage si plus grand. J’en arrive à la seule zone d’ombre au tableau puisqu’il nous a été difficile de correctement exploiter la sortie directe. Le signal obtenu de cette dernière étant un poil trop brillant et pas vraiment séducteur. La chose devait être dite, c’est donc fait et cela n’enlève rien aux qualités de ce combo qui se prévoit plus pour les petites scènes.
Plutôt que de traîner chez Ikea un samedi…
Allez donc faire un tour dans un bon magasin de musique pour me tester ça. J’ai été personnellement très agréablement surpris par cette nouvelle entrée de gamme chez cette marque. Et contrairement à la concurrence, le passage par la case délocalisation de la production ne se fait absolument pas sentir, que ce soit sur la qualité de fabrication ou le rendu sonore. Il y a bien un ou deux défauts au système, mais à ce prix là, le Classic Session 120 joue dans la cour des champions. Merci la Suède !