Si la marque ne fait pas rêver tous les bassistes de cette planète, on peut toutefois lui reconnaître une chose : on a tous eu l’occasion au moins une fois dans une vie de musicien, d’utiliser le matériel qu’elle produit.
La raison de la présence de la marque américaine à tous les rayons (aussi bien la sono, les amplis, les instruments et les accessoires) : elle fut une des premières à se spécialiser dans l’entrée de gamme, pour accompagner sa clientèle dès le début de son apprentissage.
Alors évidemment, après 48 ans de présence sur un créneau, le marché a eu le temps de changer et de nouveaux acteurs d’apparaître. La marque américaine est-elle encore dans la course ? La petite série de tests de combos en dessous des 400 € va nous permettre d’estimer le placement du nouveau Max 115, sorti un peu avant cet été.
Accessible
Jeune, Hartley Peavey voulait être une Rock star. À la fin des années 50, il fabrique dans le sous-sol de ses parents un premier ampli. Puis en 1965, il fonde sa compagnie qui subit un court stade larvaire dans la cave familiale. Car quelques décennies plus tard, après avoir vu son entreprise se métamorphoser en un acteur principal du secteur, Hartley Peavey dut se résoudre à ne jamais devenir un artiste, pour rester le patron de plus de deux mille salariés !
J’ai eu beau glaner des infos ici et là, je n’ai pas su trouver d’anecdotes historiques croustillantes à vous donner à lire : que des chiffres, des gros chiffres et encore des chiffres. Je vais donc parler des quelques produits qui ont marqué ma jeunesse. Car la marque a aussi œuvré pour les guitaristes très particuliers que nous sommes. Pour commencer, Peavey nous a apporté des solutions d’amplification bon marché, à une époque où la plupart des fabricants de combos ou de deux corps pour basse restaient sur le segment du moyen et du haut de gamme. Que ce soit les TKO ou TNT pour les versions combo, ou la légendaire TMAX et son 410TX en éléments séparés, la marque a su tenir le marché, en proposant un rapport qualité/prix attractif. J’affirmerai même qu’une tête TMAX valait toutes les AMPEG hybrides du monde. Et que les basses Cirrus, fabriquées dans un petit atelier américain, n’avaient rien à envier à la grosse lutherie. Oui, si Peavey tenait le marché du débutant au creux de la main, la compagnie savait aussi s’adresser à un public de connaisseurs.
Trois cents watts ?
Je pose la question parce sur le papier, ces chiffres peuvent surprendre : un ampli de vingt kilos, pas plus gros que ça (48×60×36cm), qui enverrait 300 watts RMS sous 8 Ohms sans enceinte supplémentaire… On ne serait pas un poil prétentieux chez Peavey ? Je trancherai en conclusion, comptez sur moi ! Pour le reste, je vous livre pêle-mêle mes premières constatations : la diffusion passe par un HP de 15 pouces et un tweeter, on dispose de deux entrées (une active et une passive). La sortie directe est en façade, ce qui est bien commode, le gain d’entrée est agrémenté d’un pousse gain et enfin, trois bandes permettent d’égaliser en proposant des filtres intégrés (Punch, MidShift et Bright). Le volume général trône sur un interrupteur qui permet de pousser les harmoniques des fréquences les plus extrêmes, pour compenser les défauts naturels de l’oreille humaine.
Chez Peavey, on qualifie la chose de « Psycho acoustics Effect ». Moi j’appelle juste ça un enhancer ! Le format est compact, facilement déplaçable et propose un idéal logistique certain. Les corrections disponibles à portée de main semblent complètes. On regrettera la disparition du circuit vintage, présent sur la série précédente et l’absence d’embrayage de tweeter. On félicitera, pour compenser, la présence d’un accordeur chromatique intégré qui se révélera fort pratique en répétition ou avant un concert, car il est possible d’opérer en sourdine (un mute est intégré).
Ajoutez à cette liste, une entrée auxiliaire et une sortie casque et nous pouvons boucler ce tour du propriétaire pour passer au test à proprement parler. Pour conclure ces premières impressions, je jugerai les finitions de cet ampli tout à fait correctes, mais la qualité des potards est à revoir, car ils semblent bien fragiles à la manipulation.
À propos du neuf
Au rayon des nouveautés, nous avons à juger du TTBoost (le pousse gain) et de la technologie dite « Psychoacoustique ». Pour commencer mal, je dois vous avouer que l’interrupteur permettant d’activer cette dernière s’avéra défectueux au moment de l’éprouver : m’obligeant à garder le doigt appuyé sur le push-push pour apprécier son fameux effet sur le signal. Je fus donc vite lassé par cette option qui, si elle résulte d’une chic attention de la part des constructeurs, s’avère bien peu pratique pour jouer d’un instrument qui s’emploie à deux mains. Je vous laisserai donc juger de la chose par vous même si vous êtes amenés à tester ce matériel.
Pour ce qui est du Boost, agrémentant le gain, je dois avouer que s’il est commode de pouvoir pousser ce dernier en pressant simplement un interrupteur, il est dommage de voir certaines fréquences comme les haut-médiums accompagner obligatoirement le mouvement et ce, quoiqu’en soit votre égalisation. J’ai testé le combo avec deux basses, naturellement opposées et cette incidence acoustique m’a interpellé dans les deux cas.
Parlons bien, parlons son
Ce banc d’essai fait partie du comparatif des combos de répétitions à moins de 400 €. J’emploierai donc la même base de samples pour ces enregistrements. Je vous ai mis huit extraits, pour tester à la fois l’égaliseur et les filtres rapportés. Les trois premiers vous donnent un référent neutre, une égalisation avec une légère bosse sur les médiums et une dernière avec un creux sur ces derniers. Le dernier tiercé essaye de mettre en valeur le Punch (extrait 5) et le Bright (extrait 6).
Pour commencer, je trouve que le grain d’origine de la marque sort un peu du standard auquel elle nous a habitués pour aller vers une teinte naturelle plus vintage, avec un low-bottom bien présent et une belle dose de médiums chatoyants. Ça, « c’est bueno », comme disait Miguel mon voisin de palier, tout à fait latino et parfaitement travesti. Par contre, la dynamique de cet ampli est assez médiocre, on a beau pousser les potards, avoir recours au Bright et au Punch, rien à faire. Le Max 115 fera le minimum syndical pour assurer une belle brillance ou un creux extrême. On comprend mieux pourquoi le tweeter n’est pas débrayable sur cette machine. Alors un paquet de collègues s’en moqueront peut-être, mais moi je dis qu’un bassiste a aussi droit à un joli rendu des aigus et à une réserve de dynamique. On jugera cependant le rendu du Max 115 tout à fait exploitable pour faire honorablement le travail sur un jeu standard aux doigts ou raillant au médiator. J’invite les slappeurs fous à aller voir ailleurs si Victor y est.
- Neutre00:24
- Bosse médium00:24
- Creux00:24
- Son neutre00:12
- Boost00:12
- Bright00:12
- Slap00:23
- Mediator00:31
Pépère
Cet ampli est un peu la force tranquille de ce comparatif (mes conclusions sont pour très bientôt).
À moins de 400 €, il propose une puissance efficace un peu moins ample que ce qui est annoncé par le constructeur (c’est pour moi un deux cents watts, pas plus), ce qui est déjà une bonne base sonore pour commencer à jouer en groupe, en répétition ou sur de petites scènes. Si le grain proposé par la marque est tout à fait standard et ne proposera pas de fantaisie aux plus décalés d’entre nous, il parviendra néanmoins à satisfaire le commun des bassistes. Peavey est donc encore dans la course de l’ampli de répétition même si les temps se feront de plus en plus durs pour la compagnie. À l’heure où la concurrence n’a jamais été aussi présente, sur une tranche de prix où elle était quasiment la seule à briller, il va lui falloir se montrer de plus en plus agressive si elle veut garder ses parts de ce marché où rien n’est acquis.
Les autres combos aux alentours de 400€ testés dans ce comparatif : Ibanez Promethean P3115, EBS Classic Session 120