L’Erae 2 poursuit l’exploration d’Embodme autour des surfaces tactiles expressives. Cette nouvelle version offre un contrôle adapté autant aux instruments virtuels qu’aux systèmes modulaires.
Embodme est une jeune entreprise française dont l’ambition est de permettre aux musiciens d’interagir avec des outils musicaux de manière expressive, en explorant de nouvelles façons de contrôler le son. Dès sa création, l’équipe a cherché à concevoir une surface capable de traduire des gestes continus et multidimensionnels, dans l’esprit d’instruments pionniers comme le Continuum de Haken Audio, mais à un prix beaucoup plus abordable (le Continuum se vend à partir de 6700 € dans ses versions standard).
Le premier produit commercialisé par Embodme a été l’Erae Touch. Ce contrôleur, financé en partie via une campagne Kickstarter, introduisait une surface constituée d’un maillage dense de capteurs, capable de détecter pression, glissé, accélération et mouvements simultanés. L’idée était d’offrir une plate-forme configurable où différentes manières de jouer et de contrôler pouvaient coexister.
Avec l’Erae 2, Embodme propose une évolution de sa première approche. Ce nouveau modèle reprend les principes établis par l’Erae Touch, tout en bénéficiant d’une surface tactile optimisée et d’une fabrication améliorée, visant à accroître la fiabilité de l’instrument. Cette version intègre également de nouvelles fonctions internes et une connectique renforcée, permettant une utilisation plus flexible dans différents contextes, que ce soit en compagnie d’instruments numériques ou de synthétiseurs modulaires.
Tour d’horizon de l’Embodme Erae 2 : surface, commandes, écran et connectique

La partie supérieure de l’interface est occupée par les commandes générales. On y trouve d’abord huit boutons, donnant un accès direct à des layouts sauvegardés, puis les boutons de transport du looper. Viennent ensuite six autres commandes dédiées au changement d’octave, au choix d’une gamme, aux réglages MIDI, au tempo et au contrôle de l’arpégiateur. Un bouton permet d’accéder à la configuration générale et un autre est dédié à la fonction d’annulation. Tout à droite, un écran LCD couleur haute résolution est accompagné d’un large encodeur cliquable.
Au dos de l’appareil, on découvre une connectique pour le moins complète. Tout d’abord, 3 ports USB-C. L’un d’eux est destiné à l’alimentation, un autre à la connexion directe à un ordinateur ou à tout autre hôte compatible. À ses côtés, un troisième USB-C (USB Host) sert à connecter des appareils USB-MIDI compatibles, autorisant par exemple le branchement d’un autre contrôleur ou d’un périphérique USB class-compliant.

Enfin, un bloc de 12 mini-jacks accueille les sorties CV, permettant de communiquer directement avec des modules analogiques. Chacune de ces 12 sorties est capable d’envoyer deux signaux, utilisés avec un splitter double, on totalise vingt-quatre sorties, c’est impressionnant, et ce sera suffisant dans la majorité des cas.
Le packaging, soigneusement présenté, accueille le contrôleur Erae 2 et sa surface en tissu, ainsi que divers accessoires. On y trouve un bloc d’alimentation 65 W compatible US/UE/CN/UK/JP avec port USB‑C, une carte SD de 8 Go, deux câbles USB‑C de 2 m et deux adaptateurs mini-jack vers MIDI DIN 5 broches. La documentation complète, disponible sur le site d’Embodme, peut être consultée en français si souhaité.
Surface tactile et expressivité : 16 000 capteurs, multi-touch, MIDI/MPE/CV

Le fonctionnement interne repose sur un microcontrôleur capable de traiter rapidement les données tactiles et de les convertir en messages MIDI, MPE ou CV selon les besoins. Les configurations sont stockées sous forme de layouts, c’est-à-dire des découpages visuels de la surface en zones ou en « instruments » virtuels : clavier, pads de batterie, zones XY, faders…, ou combinaisons de ces différents éléments. Ces layouts sont préparés via le logiciel Erae Lab, qui permet d’organiser les zones, d’affecter leurs paramètres et d’enregistrer l’ensemble sur la mémoire interne ou sur une carte micro-SD. D’ailleurs, on se rend assez vite compte que le logiciel Erae Lab est indispensable pour profiter pleinement de l’Erae 2, du moins pour créer ou configurer ses propres configurations. Et comme il permet énormément de choses, cela peut vite devenir chronophage.
L’Erae 2 intègre également un looper interne. Celui-ci enregistre les gestes et peut les rejouer de manière indépendante, piste par piste. Il permet de superposer des séquences de pression, de glissé ou de modulation sur plusieurs couches. Attention, il s’agit d’un enregistreur de données de contrôle pas d’un enregistreur audio. Associé à l’arpégiateur, on arrive très vite à des résultats très créatifs. L’Erae 2 se présente finalement autant comme un contrôleur qu’un instrument, se situant à la frontière des deux, même si aucun son ne sort directement de lui.
L’ensemble constitue un système tactile qui ne se limite pas à l’envoi de notes MIDI classiques. Il peut contrôler des synthétiseurs logiciels comme des configurations modulaires, analogiques ou des DAW. Cette flexibilité est l’un des points forts de l’Erae 2, mais elle demande un temps d’apprentissage et de configuration pour être pleinement exploitée. Il faut reconnaître qu’au début, un certain temps d’adaptation est nécessaire pour apprivoiser l’instrument et le logiciel Erae Lab.
Ergonomie et prise en main : layouts, réglages de sensibilité, MPE vs MIDI « classique »

La surface tactile est douce et réactive, et l’on perçoit rapidement qu’une légère pression ou un simple glissé produit une variation très sensible. Le revêtement en tissu, agréable au toucher, soulève toutefois quelques interrogations : il attire rapidement poussière et poils, et sa durabilité reste incertaine. Embodme y a pensé et propose également une option « Black Skin », en silicone plus ferme et mieux adaptée aux joueurs utilisant des baguettes.
L’Erae 2 permet de jouer comme un véritable instrument, on peut appuyer pour déclencher des notes, glisser pour produire des portamentos ou des glissandos, moduler via la pression, et plus encore. L’arpégiateur offre des variations intéressantes, selon la pression et la trajectoire du doigt, le motif peut changer de tempo, de direction ou de densité.

En mode MPE, le comportement de la surface se rapproche de celui d’un « instrument continu » : il est possible de glisser entre les notes, de moduler la hauteur ou l’ouverture de filtres en un seul mouvement, ou d’exercer une pression progressive pour modifier un paramètre. Dans un contexte MIDI traditionnel, les zones se comportent de manière plus classique, envoyant des notes fixes et des valeurs de contrôle standard.















