Le constructeur français Prodipe, spécialisé dans le matériel audio vendu à prix plancher grâce à une production asiatique, présente dans son catalogue depuis maintenant quelques années des micros, des casques, des interfaces audio et des enceintes. C'est la nouvelle série d'enceintes de monitoring qui nous intéresse aujourd'hui, et plus particulièrement la TDC 5.
Si les premières enceintes de monitoring présentées par Prodipe il y a quelques années restaient très classiques (avec cependant une embardée dans le tweeter à ruban), la marque nous a surpris dernièrement en sortant une enceinte dotée de deux tweeters (!), et plus récemment la série TDC qui se démarque en reprenant deux concepts déjà observés chez Dynaudio et Tannoy : un système coaxial plaçant le tweeter au sein du woofer et la possibilité de retourner l’enceinte afin de profiter de l’angle de la caisse et de l’incliner pour la placer sur un bureau, à la manière de la DBM50 de Dynaudio.
La gamme TDC est déclinée en trois modèles, TDC 5, 6 et 8, dotés respectivement de woofers de… 5, 6 et 8 pouces ! Les prix sont, comme toujours avec Prodipe, attractifs : 299, 349 et 399€ TTC la paire.
Avant de l’écouter, faisons le tour de l’enceinte…
L’extérieur de la boîte
Le look de la TDC 5 est assez sobre, oscillant entre le gris clair et le gris foncé (parfait pour écouter du Jean-Jacques Goldman) et donc plutôt passe-partout (combien de clés ?). L’enceinte parait assez solide, avec sa boîte en MDF, son poids de 6 kg, ses dimensions plutôt réduites (274,8 × 181 × 210 mm), et reste assez bien assemblée, même si on regrette quelques détails de finition pas super clean, notamment autour du boomer et du tweeter (voir photos).
À l’avant, à part l’évent bass-reflex et les transducteurs, il n’y a rien : pas de switch ni de LED. On retrouvera les deux à l’arrière de l’enceinte, ce qui est assez étonnant pour la petite loupiote… Franchement, elle sert à quoi à l’arrière ?! Côté connectique, c’est assez complet, avec une entrée XLR, une Jack TRS/TS et une RCA. Pour les réglages, c’est plus spartiate, avec un potard de volume et ajustement (-2 à +1dB) des hautes fréquences. Après avoir contacté le constructeur, nous avons appris que ce réglage agit sur le niveau du tweeter qui prend le relai à 2,7 kHz (fréquence de crossover).
L’intérieur de la boîte
LA TDC 5 renferme deux amplificateurs : un pour le woofer (50 W) et un pour le tweeter (25 W), on a donc droit à une biamplification. Le boomer a un cône en aluminium de 5,25 pouces et le tweeter est un dôme de soie somme toute assez classique. Les deux transducteurs partagent le même axe, à la Tannoy, et cela a des avantages et des inconvénients selon les dires de certains constructeurs.
Côté avantages, on note le fait que les deux transducteurs partagent le même axe et qu’il n’y a donc qu’un seul point d’émission de source sonore, à voir si cela se ressent au niveau de la largeur du sweet spot et de la précision de l’image.
L’inconvénient souvent cité par certains constructeurs est le fait que le woofer ait du coup une influence sur le tweeter logé en son sein et donc sur les hautes fréquences du spectre, pouvant causer de la distorsion d’intermodulation surtout à fort volume. Enfin tout ça, c’est en théorie, on verra bien à l’écoute…
Passons à l’écoute !
L’écoute s’est faite avec des fichiers non compressés écoutés via notre interface audio Metric Halo ULN-8. Nous avons comparé avec les Focal CMS40. Nous avons placé les TDC 5 sur pied et en position non inclinée. Pour commencer, nous avons laissé le réglage des hautes fréquences en position neutre.
Les écoutes révèlent rapidement le caractère de ces petites enceintes, qui se débrouillent plutôt bien dans le bas médium. Dans le bas du spectre, elles chutent à partir de 60 Hz, ce qui est tout à faire normal pour des 5 pouces. De plus, elles n’essaient pas de trop en faire dans les graves, et cela reste assez net. Nous n’avons pas noté d’influence des graves sur les aigus, notamment sur le morceau Angel de Massive attack assez bien pourvu en basses fréquences. Ouf.
Quand on monte dans les hauts médiums, on s’aperçoit que les TDC 5 accentuent assez fortement à partir de 1 kHz, et ce jusqu’à 6 kHz. Cela se traduit par une certaine dureté qui peut être fatigante à la longue. Entre 6 et 10 kHz, ça chute pour ensuite remonter vers 12 kHz. Vous l’aurez compris, les TDC 5 ne sont pas des plus droites dans le haut médium et les aigus, surtout quand on les compare aux Focal CMS40 qui restent assez exemplaires dans ce domaine… mais qui coûtent le double. Sur le morceau de Miles Davis, tous les instruments sont bien retranscrits, même si les cymbales restent plus naturelles sur les CMS 40. Cela dit, ce défaut ne nous semble pas rédhibitoire, l’utilisateur pourra s’habituer à cette empreinte sonore.
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Côté sweet spot, le fait de déplacer sa tête horizontalement ne détimbre pas le son, ce qui est une plutôt bonne nouvelle. L’image stéréo nous a aussi paru très bonne. En revanche, lorsque l’on se déplace verticalement, on ressent une légère perte dans les aigus. Pour finir, les enceintes retranscrivent bien la dynamique des morceaux que nous avons écoutés, ce qui est important lorsque l’on a à régler un compresseur, par exemple.
Conclusion
Pour 299€ la paire, les TDC 5 font le job. Malgré les défauts que nous avons relevés (finitions pas toujours au top, LED placée à l’arrière et haut médiums/aigus pas vraiment neutres), il faut bien admettre que les enceintes Prodipe restent une bonne affaire pour qui n’a pas plus de 300€ à mettre dans une paire d’enceintes dotée d’un boomer de 5 pouces. Les basses sont forcément limitées, mais restent précises, le bas médium est bon et le sweet spot large. De quoi partir du bon pied dans le monde du home-studio, assurément.