Il y a deux ans, nous avions testé et approuvé les LYD 7 de Dynaudio, et l’annonce l’année dernière puis la disponibilité récente de deux nouveaux caissons de basses dans le catalogue du constructeur danois nous a donné envie d’essayer une configuration 2.1 à base de LYD 5 (enceintes de 5 pouces) et de 18S (woofer avec deux 9,5 pouces). Qu’est-ce que ça donne ? Pas mal de basses, mais pas que…
Une configuration 2.1 présente quelques avantages, notamment celui d’avoir une réponse en fréquences (très) étendue dans le bas du spectre sans pour autant avoir à placer des mastodontes sur son bureau ou ses pieds d’enceintes. Le monstre chargé des basses peut être placé par terre, ce qui dans certaines configurations, peut s’avérer bien pratique. Cependant, il faudra faire attention à bien le placer par rapport aux enceintes satellites et surtout à bien le régler afin d’éviter notamment les déséquilibres spectraux et les problèmes de phase.
L’avantage d’acheter un caisson de basses appartenant à la même série ou au même constructeur que vos enceintes satellites, c’est qu’il est généralement étudié pour fonctionner de concert avec vos enceintes chéries. Et comme nous allons le voir, c’est le cas ici. Mais avant de parler du 18S, penchons-nous rapidement sur les LYD 5, qui reprennent pas mal de caractéristiques de leurs grandes sœurs les LYD 7.
Titi et gros minet
Sans surprises, les LYD 5 restent une version miniature des LYD 7 (dont vous pouvez lire le test ici). On retrouve ainsi la même qualité de construction, la finition blanche ou noire, les mêmes filtres à l’arrière, les mêmes amplis, le même tweeter, les mêmes entrées avec sensibilité réglable… Vous l’aurez compris, seules la taille du boomer et par conséquent celle de l’enceinte changent. On passe donc à un haut-parleur de 5 pouces et un filtre de cross-over placé un peu plus haut (5,2 kHz), tandis que les dimensions augmentent légèrement (170 × 260 × 211 mm pour 5,7 kg).
Concernant le caisson de basses, la marque danoise n’a pas fait les choses à moitié en nous livrant le plus gros modèle, le 18S. Le caisson fermé comprend deux haut-parleurs de 9,5 pouces placés en opposition et alimentés par un ampli de 500 W en classe D. Le 18S devant être placé entre votre source et vos enceintes satellites, il comprend 4 entrées (2 XLR et 2 RCA) et la même chose en sortie. Les dimensions sont relativement compactes vues la puissance et la réponse en fréquences promise de la bête (16 Hz – 230 Hz ±3 dB) : 447 × 300 × 268 mm pour 21,5 kg. On pourra donc le placer facilement, même dans des pièces à taille limitée.
À l’instar des enceintes LYD, on dispose d’un système de mise en route automatique et on accède aux réglages via un écran LCD et un potard rotatif. Pour être franc, les réglages via ce système peuvent être fastidieux : entre la navigation rappelant les années 90 et le fait que le caisson soit généralement placé par terre, on fait pas mal d’allers et retours entre sa position d’écoute et la position à quatre pattes sous le bureau (– insérez une blague beauf de votre choix ici –). On pourra donc, non sans mal, régler la sensibilité d’entrée, le volume du caisson (important pour doser les basses en fonction de vos enceintes/votre pièce/votre goût) et choisir parmi les presets fournis par le constructeur correspondant à chaque modèle de la gamme. Pratique ! Si cela ne vous suffit pas ou que vous disposez d’enceintes autres que celles du constructeur danois, Dynaudio vous donne accès à un égaliseur de 3 bandes paramétriques et à un filtre coupe-haut réglable. Enfin, vous pourrez rentrer les distances de vos enceintes satellites et de votre caisson de basses par rapport à votre point d’écoute afin d’éviter les problèmes de phase destructeurs.
La mise en place du système 2.1 n’est donc pas si compliquée que ça, surtout si vous avez des enceintes Dynaudio, il faudra juste faire attention au placement et aux distances dans le menu du 18S.
Écoute
Afin de tester le système, nous l’avons mis en face des LYD7 que nous connaissons parfaitement. Cela nous donnera aussi une bonne indication quant à l’apport d’un système 2.1 par rapport à un 2.0 classique.
Johnny Cash – Hurt
La première chose qui interpelle sur le début du morceau, c’est l’équilibre des basses fréquences autour de 200 Hz. Les LYD7 nous semblent beaucoup plus chargées à ce niveau-là et il en résulte un rendu plus boxy et boueux que sur le couple LYD5 + 18S. Ce dernier est beaucoup plus léger, même si les hautes fréquences nous semblent rigoureusement identiques. Les basses et bas médiums changent la perception que l’on a du reste du spectre, assurément. Sur la voix de Cash, le rendu diffère aussi pas mal, et on perçoit les différences sur les sibilances (un peu plus sur les LYD5), la nasalité (un peu plus présente sur les LYD7), le son de gorge (la LYD5 cette fois-ci) et enfin le son de poitrine (les LYD7, sans trop de surprises). Il est aussi intéressant de noter que la prise de son de la voix de Cash descend parfois assez bas dans le spectre, chose que nous ne percevons généralement pas sans caisson de basses…
Difficile de vraiment départager les enceintes sur les moyennes fréquences, les deux ayant leurs défauts, mais on aime ce qu’il se passe en dessous sur le couple LYD5 + 18S, du moins avec les réglages du caisson que nous avons faits et notre pièce d’écoute. On a bien toutes les informations jusqu’à 20 Hz tout en gardant un bon équilibre avec les bas médiums.
Michael Jackson – Liberian Girl
L’intro est toujours aussi parfaite pour bien entendre les différences dans le haut du spectre. Ici, on peut s’apercevoir que les très hautes fréquences (bruit de nature/forêt tropicale) sont les mêmes, chose peu surprenante vu que les tweeters sont identiques sur les deux enceintes. En revanche sur les nappes de synthés, ce ne sont pas les mêmes notes de l’accord qui ressortent. Sur les LYD 5, le Ré# ressort plus, alors que les LYD7 mettent plus le Do# en avant. Quand la basse et la grosse caisse arrivent, il n’y a aucun doute possible, nous sommes en présence d’un caisson de basses ! La résonance des instruments peut s’exprimer pleinement et le kick sonne moins « carton » que sur les LYD7. L’écoute du couple LYD5 + 18S est vraiment très agréable, les graves ne sont pas trop en avant, c’est même plus équilibré que les LYD7 qui souffrent finalement un peu plus de l’acoustique pas irréprochable de notre pièce d’écoute (surtout la SBIR – Speaker-Boundary Interference Response, les réflexions des enceintes sur le mur situé derrière). Il a fallu certes prendre un peu plus de temps pour régler le caisson, mais la solution LYD5 + 18S nous donne entière satisfaction à ce niveau. On terminera avec l’image stéréo et la gestion de la dynamique qui nous semblent identiques sur les deux systèmes.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Sur ce morceau, on retient à peu près la même chose, à savoir un extrême aigu identique, des médiums différents mais avec chacun ses défauts et ses qualités, et des basses qui l’emportent sans problème sur le coupe LYD5 + 18S. Les LYD7 ont, dans notre pièce, le défaut de mettre un peu trop en exergue les fréquences autour de 200 Hz avant de retomber de manière abrupte en dessous des 60 Hz. Sur les LYD5 + 18S, avec nos réglages effectués sur le caisson, nous obtenons à la fois des basses beaucoup plus profondes qui descendent sans souci jusqu’aux limites du spectre audible, et un meilleur équilibre sur l’ensemble des basses fréquences. Le travail fait en amont peut vraiment valoir le coup !
Pour résumer ces écoutes, le système 2.1 composé des LYD5 et du 18S nous a franchement convaincus. On garde les qualités de la LYD7 dans le haut du spectre, des moyennes fréquences un peu différentes mais pas moins bonnes et un grave très étendu permettant d’aller jusqu’aux limites du spectre audible. Une fois bien réglé, le caisson de basses fait parfaitement le job tout en gardant un encombrement raisonnable. Son prix de 1 500 € est certes assez élevé, mais il existe un modèle moins onéreux, le 9S, vendu un peu moins de 900 € et descendant, d’après le constructeur jusqu’à 22 Hz. Si ce modèle garde les qualités de son grand frère, ça sent le bon plan.
Conclusion
En tant que home studiste, le caisson de basses peut faire peur, et à raison. On a vite fait de mal le régler et de pourrir son écoute. Heureusement, Dynaudio donne les outils pour parvenir facilement à intégrer le système 2.1 dans son home studio. Nous avons aimé la compacité du caisson de basses, les réglages disponibles, l’équilibre global du système et le fait de pouvoir profiter pleinement des infrabasses. Finalement, si vous avez la chance d’avoir des voisins conciliants/absents/sourds/éloignés, seul le budget pourrait être un frein.
Tarif de l’enceinte LYD 5 : à partir de 429 €
Tarif du caisson de basses 18S : à partir de 1 575 €