Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Dr Pouet
oryjen
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Dr Pouet
Anonyme
Après avoir été au service du "Président américain le plus bête de l'histoire du pays", Gaspard Boisvert est de retour en France. Que fait-il désormais? Mais au fait, qui est-il? On crois savoir qu'il serait un descendant de Adolf Hitler.
Divisé en petits chapitres d'une à deux pages, l'ouvrage raconte l'histoire de Gaspard Boisvert, le tout entre des digressions historiques, sociales ou politiques, plus ou moins sérieuses et plus ou moins en lien avec le personnage. Pour ce qui me concerne, c'est un humour qui se trouve quelque part entre Desproges et Woody Allen avec toutefois une touche propre à Ourednik dont j'avais déjà lu et aimé Classée sans suite et Europeana.
Bien bien marrant.
Quelques extraits:
Selon les psychologues, l'idée de la fin du monde permet d'accepter sa propre disparition. D'ailleurs, sans aller jusqu'à la fin du monde, la mort des autres est déjà apaisante, disent-ils: pouvoir dire sur son lit de mort De toute façon ils vont tous y passer ces connards rendrait l'âme plus sereine.
À condition de ne pas croire en l'au-delà. Imaginez ! Imaginez ! Les retrouver tous !
Slogan pour une boisson alcoolisée :
Un verre, ça va, deux verres, ça va mieux.
(Projet refusé)
Ils oubliaient la fureur de Dieu [...] toujours enclin à expérimenter de nouvelles pratiques.
On reconnaissait alors une démocratie au fait que les gens qui y vivaient estimaient pouvoir peser sur l'évolution de la société et qu'ils n'étaient que très rarement d'accord entre eux, à la différence des régimes autoritaires où les gens avaient le sentiment de ne pouvoir peser sur quoi que ce soit, et étaient d'accord à peu près sur tout.
Mais à l'époque où nous vivions, Gaspard et moi, peu de temps avant la fin du monde , la famille occidentale avait perdu de sa superbe. Les incestes se faisaient rares. Les enfants aussi. Le sperme des hommes finissait le plus souvent dans la bouche des femmes que dans leurs vagins. C'était une des raisons pour laquelle on s'était mis à parler de société post-moderne.
Dans le monde d'autrefois, avant l'arrivée du Sauveur, les dieux couchaient avec les femmes et les déesses avec les hommes, engendrant parfois des demi-dieux qui à leurs tours engendraient des quart-de-dieux.
La bêtise était tout compte fait plus fascinante que l'intelligence, bornée par définition.
Dans le monde devenu global, les blagues impliquant la race, l'ethnie, la nationalité, la condition sociale, l'aspect physique ou l'orientation sexuelle ont été considérées comme désobligeantes et blessantes. Pour promouvoir une société harmonieuse, les interdits se sont multipliés.
Dès lors, il s'agissait de convaincre quelques spécimens de la généalogie d'Adolf encore en vie de bien vouloir fournir leur ADN. L'arbre généalogique de la famille était particulièrement fourni: depuis un certain Johannes, mort en 1703, huit générations, 140 descendants et 21 litres de sperme avaient été nécessaires pour accoucher enfin du petit Adolf.
Abolissez la mort, ô mortels crétins
Vous aurez un monde composé,
D'un tas de crétins immortels.
À propos de quatre descendants mâles d'Adolf Hitler, habitant aux USA:
Ils ont tous déclaré à la télévision américaine s'être mis d'accord pour ne pas avoir d'enfants,
afin de mettre fin à cette descendance répugnante. Ce n'était pas très américain, soit, [...] mais quand même, c'était chouette de leur part.
[ Dernière édition du message le 12/06/2017 à 18:07:01 ]
Soot_and_Stars
Autre bouquin qui m'a marqué récemment (et dont on a beaucoup entendu reparler récemment), Le monde d'hier de Stefan Zweig. Grosse claque émotionnelle. Écrivain humaniste, cultivé, et témoin de la débandade européenne générale, de l'échec de la paix face aux totalitarismes. Un homme touchant, un récit poignant.
Will Zégal
un classique certes mais qui m'a plu
Tiens, on dirait que tu souffres du même traumatisme que moi, amoureux de littérature à qui l'école a réussi à mettre dans la tête que "classique = chiant".
Faut du temps pour s'en défaire. Je n'ai pas encore complètement réussi.
Anonyme
oryjen
La componction des classiques, ça donne Macron et toute cette merde.
La vérité a un pouvoir magique par elle-même. Les types portés par la vérité des choses trouvent la vérité des formes.
Voilà tout simplement au contact de quoi il faut mettre les jeunes, si l'on croit encore que la "culture" a la moindre valeur humaine.
Fiston vient de terminer sa seconde.
Plutôt littéraire dans l'âme, sensible au trait d'esprit et à la vérité des formes écrites, il a achevé cette année de polir un dégoût de la lecture minutieusement fabriqué depuis la 5e par 3 ou 4 connards-flemmards qui ont toujours préféré faire mollement confiance "aux classiques" quitte à faire mourir d'ennui leurs élèves (d'ailleurs ça m'étonnerait qu'ils aient jamais de leur vie considéré que "les élèves" pussent avoir été "leurs élèves").
Ajoutez à cela l'influence des quelques abrutis qui rédigent les programmes avec l'obstination habituelle des peine-à-jouir.
Remuez trèèès doucement (surtout que la mayonnaise rate!).
Mourez.
Voilà, cette année le clou du spectacle, je vous le donne Emile, c'était Britannicus.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
sqoqo
Le grand Meaulnes : ah, cette mélancolie douce
Dr Pouet
Citation :un classique certes mais qui m'a plu
Tiens, on dirait que tu souffres du même traumatisme que moi, amoureux de littérature à qui l'école a réussi à mettre dans la tête que "classique = chiant".
Faut du temps pour s'en défaire. Je n'ai pas encore complètement réussi.
Question que je me suis toujours posé, faut-il ou non faire lire les classiques au lycée ou au collège ou comment donner le goût de la lecture aux nouvelles générations ?
Je pense que c'est au cas par cas. J'ai relu récemment un Colette, ça m'a semblé encore plus ennuyeux qu'en collège. Même le style, réputé léché, m'a laissé complètement indifférent. Pareil avec Le Roman de la momie, de Théophile Gauthier (certes moins réputé).
À l'inverse, en livre ancien qui se lit comme un truc moderne bien accrocheur, je pense tout de suite à Le Moine, de Mattew G Lewis. En 1890 il y a aussi Les Mystères de Paris, de Eugène Sue, mais c'est gros (1000 pages).
Cas particulier : je m'étais profondément ennuyé en lisant l'Éducation Sentimentale, mais en cours le prof nous avait montré que c'était bourré de sous-entendus politiques et sociaux, complètement liés à l'actualité quotidienne du moment. Ça devait être évident aux lecteurs de l'époque, mais maintenant, sans être un véritable spécialiste de la période, on loupe tout ça.
Je pense que le vrai problème est de considérer "la littérature classique", comme un tout, monobloc, homogène, et sacré. À mon avis il y a des trucs réputés qui sont réellement chiants ; et d'autres qui n'ont de chances de plaire qu'à un public assez restreint. Faudrait éviter ces deux catégories.
Par ailleurs, donner le goût de la lecture, et faire connaître les classiques de notre culture française, sont deux objectifs différents, pas forcément très compatibles.
[ Dernière édition du message le 13/06/2017 à 10:12:48 ]
Anonyme
Je pense que le vrai problème est de considérer "la littérature classique", comme un tout, monobloc, homogène, et sacré. À mon avis il y a des trucs réputés qui sont réellement chiants ; et d'autres qui n'ont de chances de plaire qu'à un public assez restreint. Faudrait éviter ces deux catégories.
Là je te rejoins. J'ai peu tenté la littérature "classique", en dehors des russes, que j'adore. Flaubert, Balzac, jamais eu envie.
Pourtant, au sommet des bouquins qui m'ont marqué, 2 classiques.
L'un chinois, Au bord de l'eau de Shi Nai An, 1600 pages... roman du 14ème siècle, issu de la tradition orale. Du sexe, de la baston, de la magie. Phénoménal. Parait-il un des grands classiques chinois avec "le rêve dans le pavillon rouge", qui n'est hélas trouvable qu'à un prix prohibitif en occaze.
L'autre espagnol, Histoire véridique de la conquête de la nouvelle Espagne de Bernal Diaz del Castillo, écrit au 16ème siècle. C'est LE témoignage sur la conquête du Mexique par les Espagnols. Ça se lit comme un roman d'aventures mais où tout est vrai, ça oscille entre l'érudition avec des citations des grecs et latins et le langage fleuri du conquistador. Et le pire est qu'il est impossible à un historien de ne pas utiliser cette source d'exception pour l'étude de la période Cortesienne...
Dans les 2 cas le travail de traduction est extraordinaire. Un vrai style littéraire se dégage de ces oeuvres.
oryjen
Par ailleurs, donner le goût de la lecture, et faire connaître les classiques de notre culture française, sont deux objectifs différents, pas forcément très compatibles.
+1
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Will Zégal
Question que je me suis toujours posé, faut-il ou non faire lire les classiques au lycée ou au collège ou comment donner le goût de la lecture aux nouvelles générations ?
J'adhère à la réponse ci-dessus.
J'ajoute qu'il faut commencer par faire lire aux mômes "comme un roman" de Pennac et notamment ses droits du lecteur, dont :
- le droit de ne pas aimer un livre
- le droit de ne pas lire un livre
Donc, forcer des mômes à lire certains bouquins est le meilleur moyen de les en dégoutter. Ce qui ne veut pas dire ne pas étudier les livres, mais on peut travailler sur un ou des passages, par exemple. Si ceux-ci accrochent les mômes, ils liront le livre.
Ensuite, il faut faire descendre les auteurs de leur piédestal. En musique classique, c'est ce que faisait très bien Frédéric Lodéon dans son émission d'après-midi sur France Inter. Les compositeurs classiques ont souvent eu des vies chaotiques, voire rock'n'roll et lui savait bien le faire ressortir là où à l'école, on nous les présentait comme des espèces de génies désincarnés, des êtres parfaits planant au dessus de la vulgaire humanité.
Un môme, un ado se sentira bien plus proche d'un Mozart si on le lui présente comme un fêtard qui avait des problèmes avec l'autorité, y compris paternelle ou d'un Villon, bandit de grand chemin, ou Poe, alcoolique drogué... Bref, des hommes comme les autres, avec leurs travers, leurs faiblesses... qui ne les ont pas empêcher de faire des oeuvres magistrales. Donc, toi, l'ado mal dans ta peau, en difficulté avec ta famille, en délicatesse avec le monde, ne sachant pas trop où tu vas mener ta vie, tu es l'égal de ces gens et non un ver de terre qui doit admirer des sur-humains qui te font te sentir encore plus petit.
Et puis, clairement, il ne faut pas se cantonner aux classiques.
Mais surtout, je pense que comme pour toute transmission, il faut que ça soit fait avec passion. On a tous eu des profs passionnés qui nous ont fait nous intéresser à des matières ou des sujets dont on avait à priori rien à battre. La passion est communicative, ou au moins, elle éveille l'intérêt.
Car le truc essentiel, c'est de transmettre aux mômes le plaisir de la lecture, comment elle nous ouvre des univers, comment elle nous fait voyager, comment elle nous sort de notre quotidien, etc.
Pour ça aussi, il faut sortir de la vision scolaire, c'est à dire qu'il y a UN savoir qui te vaut une bonne note s'il est acquis et une mauvaise sinon.
Par exemple, quand un prof demande "que veut dire le personnage quand il déclare telle chose à Untel", qu'un môme répond et que le prof dit "non, c'est pas ça, la bonne réponse est", c'est une négation de la littérature et de l'art en général qui implique l'interprétation propre à chaque lecteur. Le prof doit alors demander au lecteur d'expliquer sa perception, puis peut donner d'autres interprétations possibles, d'autres "lectures" qui existent sans pour autant spécifier qu'il y en a une "juste" et une "fausse". Le môme sera assez intelligent pour faire le tri.
cyar
que veut dire le personnage quand il déclare telle chose à Untel", qu'un môme répond et que le prof dit "non, c'est pas ça, la bonne réponse est",
Tiens, tu as eu le même prof de Philo que moi?
[ Dernière édition du message le 13/06/2017 à 11:21:09 ]
oryjen
Plus que l'interprétation d'un texte littéraire, qui vit de l'impact qu'il provoque sur diverses subjectivités, la philo est une sorte de démarche "scientifique" dans laquelle l'articulation correcte et ordonnée des concepts est difficilement négociable.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
cyar
oryjen
= bourrage de crânes inutile.
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
quantat
Citation de : oryjen
Tu as raison. Cependant le débat philosophique repose sur un ensemble de techniques que les élèves devraient acquérir en premier lieu. Or on constate hélas que l'enseignement de la philo se confond quasiment, la plupart du temps, avec l'histoire de la philosophie.
= bourrage de crânes inutile.
même pas (c'est d'ailleurs interdit par les inspecteurs) ...: la plupart du temps chaque chapitre est juste une dissertation personnelle (?) sur une notion du programme ... sans les explications nécessaires
= bourrage de crâne néfaste
oryjen
Tu fais bien de me le dire, Fiston passe le bac dans 2 ans... S'agirait pas que je l'enduise d'erreurs....
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
cyar
Tu as raison. Cependant le débat philosophique repose sur un ensemble de techniques que les élèves devraient acquérir en premier lieu. Or on constate hélas que l'enseignement de la philo se confond quasiment, la plupart du temps, avec l'histoire de la philosophie.
= bourrage de crânes inutile.
+1, je l'ai vécu exactement comme ça. Je sais pas comment c'est maintenant, vu que c'était il y a 25 ans pour moi.
oryjen
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
quantat
Citation de : oryjen
Ha ça a dû changer à l'occasion de l'une des réformes dont je me suis désintéressé.
Tu fais bien de me le dire, Fiston passe le bac dans 2 ans... S'agirait pas que je l'enduise d'erreurs....
Après ça dépend aussi du prof ... c'est la seule matière pour laquelle il est dit que le prof est l'auteur de son cours ... Dans les faits 80 % donnent le même cours
(J'en connais un très bon qui bosse à Romans sur Isère: envoie ton gamin là bas
)
Dr Pouet
Mais surtout, je pense que comme pour toute transmission, il faut que ça soit fait avec passion. On a tous eu des profs passionnés qui nous ont fait nous intéresser à des matières ou des sujets dont on avait à priori rien à battre. La passion est communicative, ou au moins, elle éveille l'intérêt.
(...)
Pour ça aussi, il faut sortir de la vision scolaire, c'est à dire qu'il y a UN savoir qui te vaut une bonne note s'il est acquis et une mauvaise sinon.
Deux points essentiels à mon avis. Et je crains que beaucoup de professeurs ne partagent pas le second.
Anonyme
Le goût personnel intervient.
J'ai du mal à lire les romans du Hugo, je le régale avec ceux de Balzac...
Will Zégal
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