Ils se sont imposés comme les leaders incontestés du marché des mini-pédales. Ils ont ensuite rendu les technologies de préampli et IR (ou simulation de haut-parleur) accessibles à tous avec des produits toujours aussi compactes et abordables. La suite logique de la conquête Mooer s’est ensuite annoncée avec le GE200, le pédalier multieffet regroupant leurs algorithmes les plus populaires, ainsi que tous leurs préamplis et leur fameux Radar. C’est donc face à beaucoup d’anticipations que Mooer révèle à présent le GE300. Version augmentée, complétée et améliorée de son prédécesseur, les critiques en parle déjà comme « le tueur de Kemper ». Mais qu’en est-il vraiment ?
Compact et costaud…
Le pédalier en impose dès la sortie du carton. Intégralement fait en métal brossé, il a l’air solide et largement au niveau de la concurrence des Helix ou Boss en termes de design. La première chose qui choque en revanche par rapport à ces derniers, c’est la taille et le poids. Alors qu’un Helix LT mesure plus de 50 cm x 30 cm pour un bon 5 kg, le GE300 ne couvre que 40 cm x 20 cm pour 3 kg seulement.
Il sort donc déjà comme la solution la plus compacte du marché aux vues des spécifications proposées (notamment inclusion d’une pédale de volume/expression). Cela implique en revanche que l’écran soit sensiblement plus petit, tout en restant facilement lisible. Ceci dit l’avantage majeur de ce pédalier en comparaison aux produits similaires en termes de fonctionnalité et prix, c’est l’accessibilité. En effet, en plus de l’écran qui va condenser la nature du preset (ampli, effets actifs, IR…) chaque étape de votre signal sonore est accessible via un bouton physique – oui un vrai sur lequel on peut appuyer avec ses doigts et pas un sous menu déroulant accessible via une molette qui tourne dans quatre directions différentes !
… mais aussi clair que complet !
Ça c’est un vrai plus pour le GE300, car créer ou modifier un son ne prend que quelques secondes et surtout ne nécessite pas de passer par un éditeur externe car les menus à bord de la machine sont trop complexes. Et attention, parce que des options soniques, cette petite machine en regorge !
On y compte effectivement : 108 simulations d’amplis, 43 simulations de baffles et haut-parleurs (avec la possibilité d’ajouter ses propres IR), un synthétiseur 3 voix (oui vraiment oui, vous pouvez littéralement transformer votre guitare en synthé retro 8 bits pour jouer Super Mario), pas moins de 164 effets, et enfin la possibilité de créer jusqu’à 256 patches personnels.
Alors bon, il est simple à utiliser oui, mais ça va peut-être quand même valoir le coup de lire la notice ! Parce que beaucoup d’options c’est très bien mais maintenant il va falloir faire sonner tout ça.
On va donc commencer par jeter un œil du côté des branchements et voir comment utiliser le GE300 en fonction de la situation.
De gauche à droite sur la tranche supérieure on va donc trouver une entrée auxiliaire qui vous permet de brancher un ordinateur, smartphone ou autre et de jouer vos pistes ou accompagnements directement dans la même sortie que le pédalier. Juste à côté se trouve l’entrée instrument où vous pourrez brancher votre guitare (ou autre chose dans la mesure où cette entrée est commutable via un mini-switch pour s’adapter au niveau ligne d’un clavier par exemple). Ensuite arrivent les entrées et sorties stéréo de la boucle d’effet interne du GE300. Cette dernière vous permettra entre autres, d’utiliser le pédalier en méthode 4 câbles avec un ampli, ou bien d’ajouter des effets supplémentaires dans votre signal en gardant l’option de les placer avant ou après le préampli.
Juste à côté se trouvent les deux sorties stéréo de l’unité, une paire en jacks instrument standards, plus pratiques pour les branchements en combinaison avec un ampli guitare, et une autre en XLR pour faciliter l’envoi direct vers une table de mixage par exemple. Enfin le GE300 est équipé de connectique MIDI In et Out qui permettent de l’insérer comme contrôleur (ou contrôlé) avec d’autres effets MIDI compatibles et ainsi, pourquoi pas, d’inclure l’unité dans une configuration plus complexe incluant d’autre pédales d’effet digitales. En bonus vous trouverez la connectique USB servant de port pour utiliser le logiciel éditeur de Mooer et également d’interface audio pour enregistrer votre son en direct vers l’ordinateur sans avoir besoin d’une interface audio ou de câbles supplémentaires. Plutôt brillant.
On reste en terrain connu cependant avec des caractéristiques reprises par la plupart des autres préamplis de ce type déjà sur le marché depuis plusieurs années. Ce qui sépare le GE300 arrive tout de suite !
Le Tueur de Kemper ?
Le Mooer GE300 propose la fonction de Tone Capture. Si cela vous semble familier c’est en effet parce que cela fonctionne sur le même principe de profilage de son que le fameux Kemper. Via la section Tone Capture, vous avez accès à un menu vous laissant le choix entre les différents types de capture disponibles, micros de guitare, pédale, ampli, ou haut-parleur.
Via une analyse du signal, le GE300 vous permet ainsi d’utiliser et sauvegarder les propriétés soniques d’un équipement en particulier et de l’intégrer à vos presets par la suite. Imaginez donc pouvoir capturer les micros de la Les Paul d’un copain et son préampli Bogner, brancher votre propre Squier dans la machine et sonner exactement comme lui ! Difficile à imaginer, et pourtant c’est bien ce que vous permet le Mooer.
Bon on admet une petite réserve sur le « exactement pareil », car bien que le résultat soit convaincant et propose des possibilités virtuellement illimitées, le son capturé reste légèrement différent, et la réponse de l’instrument ou de l’enceinte/interface utilisée n’a rien de comparable.
The Sound of Science
Au final on se retrouve donc comme d’habitude au point où toutes ces caractéristiques n’auraient que peu de valeur si la machine ne sonnait pas correctement ! Dans un esprit de transparence – et comme on pourrait customiser n’importe quel son avec des IR personnalisées par exemple, voici la démonstration de quelques-uns des presets tels que vous les trouverez en sortie de boîte ! Tous les extraits sont enregistrés avec une Fender Stratocaster Eric Johnson et via la sortie USB directe du GE300 dans Reaper. Aucun traitement n’a été effectué après l’enregistrement.
- MOOER GE300 – 1A US Deluxe00:27
- MOOER GE300 – 2B Funky Rythm00:24
- MOOER GE300 – 3B Texas Blues00:31
- MOOER GE300 – 4C Milky Way00:39
- MOOER GE300 – 10C Jungle Riff00:41
Voilà de quoi vous faire une idée du résultat en branchant directement l’appareil. Évidemment il faut garder en tête que tous ces sons peuvent être modifiés et arrangés du tout au tout, et qu’il ne s’agit que de cinq parmi des centaines !
En somme le GE300 convainc. Bien qu’il souffre légèrement des mêmes maux que ses compères digitaux et manque un peu de ce côté organique, de ce manque de compression naturelle des lampes ; c’est une mine d’options soniques sur laquelle vous pourrez passer des heures à essayer tous les sons, amplis et effets possibles et inimaginables.