Sujet Les conneries on stage
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Chouby
3303
Squatteur·euse d’AF
Membre depuis 22 ans
Sujet de la discussion Posté le 05/09/2003 à 14:25:01Les conneries on stage
Alors voila.. ici , c est pour expliquer a la populazione de Back/on stage toute les conneries qui vous etes arrive... Faites peter !
Une par exemple : tonton chouboudou monte sur scene et commence a souffler dans le bignou....bizard, on dirait qui sors rien... discretement je sors de la scene et change les piles de mon HF. Je me rends compte alors que j avais pas mis en route mon emeteur... Quel con qd j y repense ...
Une par exemple : tonton chouboudou monte sur scene et commence a souffler dans le bignou....bizard, on dirait qui sors rien... discretement je sors de la scene et change les piles de mon HF. Je me rends compte alors que j avais pas mis en route mon emeteur... Quel con qd j y repense ...
sqoqo
7050
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
13081 Posté le 27/06/2014 à 15:18:32
Citation de 8oris :
xHors sujet :Sauf que le couteau suisse marche sans autre énergie que de l'huile de coude. Ton smartphone, le jour de l'apocalypse....
Citation de Archion :
Et sinon les conneries on stage dans tout ça?
Y a pas eu de fête de la musique organisée dans un camp survivaliste ? Comme ça, on aurait eu les deux..
Anonyme
15125
13082 Posté le 27/06/2014 à 15:26:12
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Hors sujet :Pour beaucoup, aujourd'hui, l'apocalypse, c'est déjà de voir leur portable tomber en panne
sqoqo
7050
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
13083 Posté le 27/06/2014 à 16:07:07
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Hors sujet :Ykar, j'ai écouté ton morceau rock-prog, il y a qq jours : voix toujours bien posée, mix bien aéré, et ce qui ne m'avait pas encore frappé dans tes morceaux/reprisures etc : de très bonnes guitares. J'ai trouvé tes solos très inspirés, mélodieux, disant quelque chose. J'arrête là le HS
Anonyme
15125
13084 Posté le 27/06/2014 à 16:12:28
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Hors sujet :Je vais copier/coller ton avis dans mon sujet ad hoc Merci de ce commentaire qui fait super plaisir
[ Dernière édition du message le 27/06/2014 à 17:37:12 ]
Anonyme
522
13085 Posté le 27/06/2014 à 17:25:29
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Hors sujet :En cas de fin du monde, y as un truc prevu pour s'approvisionner en cordes???
sqoqo
7050
Je poste, donc je suis
Membre depuis 17 ans
13086 Posté le 27/06/2014 à 18:29:55
Citation de Un-pop :
xHors sujet :En cas de fin du monde, y as un truc prevu pour s'approvisionner en cordes???
1 : pousser son caddie dans les décombres de la rue Victor Massé à Paris, ou dans la campagne ravagée autour de Treppendorf en Bavière
2 : se rappeler qu'avant d'avoir des Elixir poisseuses d'enduits en tous genres, le guitariste de Lascaux se gardait les boyaux de la bonne bête à poils qu'il venait de se bouffer
Pechouland
1535
AFicionado·a
Membre depuis 19 ans
13088 Posté le 28/06/2014 à 11:58:00
Hors sujet :
Citation de : sqoqo
[...]
2 : se rappeler qu'avant d'avoir des Elixir poisseuses d'enduits en tous genres, le guitariste de Lascaux se gardait les boyaux de la bonne bête à poils qu'il venait de se boufferMoi les Elixir ça m'a changé la vie quand même (avant 1 jeu/mois)
Jimbass
11603
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 18 ans
13089 Posté le 28/06/2014 à 21:41:24
Comme prévu, la Fête de la Musique a été bien chargée en conneries ...
Vous allez dire, c'est normal, c'était ma première expérience en tant que sondier !
Ca se passait dans un petit village de grande banlieue parisienne, dont c'était seulement la seconde édition de la FdM, et la première en extérieur. Autant dire que les organisateurs n'avaient quasiment aucune expérience, malgré leur enthousiasme et plein de bonne volonté. Lors de la réunion de préparation (à laquelle je n'étais pas présent), mon batteur annonce fièrement que je pourrai assurer la technique ...
Un exemple flagrant d'amateurisme était le planning : aucun temps de changement de plateau prévu entre les groupes, c'était censé s'enchaîner de 18h à minuit sans temps mort ; j'avais prédit au moins une heure de retard en fin de soirée. J'avais également insisté sur les besoins électriques : puissance suffisante, nombre de prises sur scène et lights sur un circuit séparé.
Au programme : cors de chasse, école de musique, un groupe vocal, un bal folk, et "trois ou quatre groupes de rock" dont le mien. Aucune fiche tech, une vague idée du backline, et du matos disparate : le groupe vocal amène trois retours, cinq SM58, des lights et un multipaire, un des groupes rock fournit batterie, amplis guitare et console, mon groupe amène ampli basse, mixette et micros batterie. Les organisateurs ont massivement investi dans une paire de B215D pour la face !
Pas besoin de vous faire un dessin, ca sent la galère à plein nez. Surtout que même si je m'intéresse beaucoup à la technique, je n'ai jamais officié en tant que sondier. Je connais la théorie et j'ai regardé des pros bosser, mais je n'avais pas d'expérience pratique en live. J'en ai parlé à des potes pros (dont un bien connu ici), qui m'ont invité sur une presta la semaine précédente pour des travaux pratiques "Devenir sondier en une leçon". Ca mériterait aussi d'être raconté ici. Ils ont eu tellement pitié de moi qu'ils m'ont prêté une paire d'EQ pour gérer les larsens, et la mallette de premiers secours (pleine d'adaptateurs en tout genre). Merci les gars !
Dans la semaine, je prépare ma feuille de patch, qui se trouve être assez complexe : faute d'entrées micro en quantité suffisante sur la console en régie, je prévois un pré-mix de la batterie avec la mixette de mon groupe, placée sur scène. Deux des cinq SM58 serviront à reprendre les amplis guitare, deux pour le chant, et le dernier comme "couteau suisse". Le groupe vocal a son propre système déjà configuré (console avec plein d'entrées mais très basique, huit récepteurs HF pour micros-casques, etc.). On a décidé de laisser le groupe vocal gérer le système dont ils ont l'habitude, et je ferai le reste avec l'autre console. On commutera la face et les retours d'un système à l'autre entre les sets.
Le jour J, j'arrive sur place à 14h. Il y a un podium, assez grand, monté dans le jardin municipal, le temps est au beau fixe. La face est installée (il y a même des pieds d'enceinte !), et les rallonges tirées. Bon, les câbles électriques passent au milieu du plateau, la stage box est en plein centre à l'avant scène, et tous les micros sont branchés via un sac de nœuds de câbles XLR. La face et les retours sont alimentés via une multiprise avec disjoncteur (vu la couleur, ca doit être un truc des années 70) que le responsable du groupe vocal, que nous appellerons Bob, me présente comme un truc génial : pour éviter les "plocs" dans la sono quand on branche ou débranche un truc, hop on tombe le disjoncteur et y'a pas de problème ! Tous ses retours, de marques et modèles différents, sont sur le même circuit et soigneusement câblés à l'envers, entrée par les Link Out et sortie par les Line In.
Pendant que je fais le ménage sur scène, démêlant et lovant les câbles, Bob refuse que la batterie soit installée au centre au prétexte que son groupe a besoin de place, ils sont huit sur scène. On monte la batterie dans le coin côté jardin, en prévoyant de la bouger plus tard. Elle restera là toute la journée.
Une jeune chanteuse-guitariste arrive pour sa balance. Je l'installe en sachant pertinemment que ca ne servira à rien, on n'a pas calé la face, le patch est en vrac ... on line-checke sa voix et sa guitare sur le système de Bob, elle est contente, on peut continuer. Je me rends compte que je n'ai aucune idée de comment Bob a patché les micros, il a une seule feuille (un plan de la stage box) sur laquelle il a noté les lignes qu'il utilise. Je lui explique que j'ai besoin d'une copie de sa feuille en régie, et puisqu'on a plus de lignes que prévu (c'est un multipaire 16 + 4, on m'avait dit 12 lignes en tout) je décide de partager les lignes entre les deux régies. J'installe les EQ sur la face stéréo et sur deux circuits de retours, on a récupéré un quatrième bain de pieds.
Arrive alors une bande de jeunes, de 10 à 15 ans, qui commencent à étaler leur matos sur scène, sur ordre de leur prof de musique. Eh, du calme, on est pas prêts ! Bon, après avoir fait un topo avec le prof (initiation musicale et atelier rock), j'apprends qu'il y a trois guitaristes, un bassiste, deux chanteuses et un batteur, mais les postes ne sont pas fixes, les gamins changent d'instruments selon les morceaux. Je line-checke tout ca au casque, sachant qu'ils ne sont évidemment pas très disciplinés. Rien ne sort de la face, normal Bob avait disjoncté le tout. Je n'ai que deux micros pour trois amplis guitare, tant pis pour le troisième. Et mon overhead de batterie se casse la gueule sur la caisse claire, le pied de micro ne tient pas ! Heureusement que j'avais mis une bonnette, ca a protégé la cellule. Je remplace le pied par un à moi, je sais que celui-là tiendra.
Au moment où je me dis que je vais enfin pouvoir caler l'EQ de la face avec quelques morceaux de référence, je vois apparaître sur scène un demi-stack Marshall, un stand d'ampli, et une bande de rockers quinquagénaires : le groupe qui doit clôturer la soirée, après mon groupe. Il se prennent un peu pour des stars, à exiger tout de suite des retours qui marchent, un micro chœurs pour le batteur ("T'aurais pas plutôt un '57 ?"), des multiprises pour les pédales ... Je fais de mon mieux pour les satisfaire, mais je laisse quand même échapper une certaine exaspération. Quand je retourne en régie, tout est éteint. Les plombs ont sauté !
Les organisateurs commencent à courir partout pour voir où se situe le problème, moi j'éteins toute la régie pour éviter que ca recommence. J'apprends alors que les plombs avaient déjà sauté dans la matinée ! Et quand je dis les plombs, c'est pas une métaphore : on était branchés sur le circuit antédiluvien de la mairie, muni de bons vieux fusibles à fil de plomb. Pourtant j'avais prévenu qu'il fallait du jus ! Et là, l'un des rockers vient me voir nonchalamment, réclamant un fusible de rechange : il tient dans la main celui, carbonisé, de son Twin Reverb Silverface ! Heu, je crois que j'ai trouvé la cause de la panne !
Repos forcé mais bienvenu sous le soleil qui tape, je vais me servir une grenadine bien fraîche. Et je discute avec un gars assis là, qui incidemment me parle de faire une balance lui aussi. Euh, t'es qui toi ? T'es pas sur mon planning ! Et là l'organisatrice m'apprend que "on a fait quelques changements ce matin, je t'imprime la nouvelle version." On a donc en plus un second set guitare-chant avant le groupe vocal, et un gamin qui fera un solo de batterie (accompagné par son papa au cajon).
Une fois le courant rétabli, les rockers balancent difficilement, l'un trop fort sur son JCM800, l'autre insatisfait des autres amplis sur scène puisque son Twin est mort, le batteur qui cogne comme un sourd et qui veut plus de ses chœurs dans son retour tandis que son gratteux ne veut pas l'entendre (ils sont sur le même circuit de retour). Je n'ai pas de talkback, donc il faut que je gueule pour qu'ils fassent ce que je leur demande. Ca prend un temps dingue avant qu'ils arrivent à faire un titre ensemble, j'équilibre le tout comme je peux : le son n'est toutefois pas aussi catastrophique que je le craignais. Ils n'ont aucun respect pour moi ("Hey, le mec aux câbles !"), je n'en aurai donc guère pour eux non plus. Surtout quand je me rends compte que pour installer leurs amplis ils ont débranché sauvagement le reste du backline, ainsi que la console qui prémixe la batterie. L'archétype des amateurs qui se prennent pour des pros (et qui vont ensuite se plaindre des sondiers).
Vient alors le moment de faire la balance du groupe vocal, je transfère la face et les retours à l'autre régie. Il y a plein de problèmes aussi, malgré leur installation rodée. Je ne comprends toujours pas comment un capteur de contact sur une guitare classique, dans une entrée ligne à travers 30m de multipaire "marche très bien d'habitude". J'y mets mon micro "couteau suisse". Avec tout ca, on a largement bouffé tout le temps prévu pour les balances. Celle de mon groupe et du précédent passent donc à la trappe.
Il est 18h, les cors de chasse commencent à sonner à l'heure prévue. Un truc auquel je ne m'attendais pas, avec des questions-réponses d'un bout à l'autre du parc. Le dos tourné au public. Pendant ce temps, le prof de l'atelier rock m'explique qu'il commencera par un morceau tout seul guitare/voix, et qu'il sera ensuite rejoint par des petits (5-10 ans) de l'initiation musicale qui utiliseront des petites percu et autres instruments enfantins dont il est en train de recouvrir la scène : flûtes à piston, bâton de pluie, agogo, gong ... Il lui faut donc deux micros d'ambiance. Les micros chant feront l'affaire, sous surveillance constante des niveaux car les gamins tiennent évidemment les instruments à distance très variable des micros, quand ils ne tapent pas directement dessus.
Vient le tour de l'atelier rock, à la performance honorable pour leur âge. Les chanteuses ont quand même emmêlé les micros chant, passant de l'un à l'autre en croyant que ca ne marchait pas, puisque j'avais oublié de monter les retours. Je leur fais un cours express sur la notion de retour, si si on vous entend bien dans la façade, ne pointez jamais le micro vers le retour, égalisation en direct contre les larsens, c'est bon j'ai pas trop vrillé les oreilles du public. Ouf. Le planning s'est tout de même pris 40 minutes dans la vue.
Je me souviens alors du piano droit pour lequel l'orga avait demandé dans l'après-midi l'assistance d'une bande de costauds. Il est à côté de la scène (et il y reste, heureusement), sonorisé par le '58 "couteau suisse" par-dessus le garde corps. Je m'approche donc de la prof de musique pour savoir combien de temps de temps ca joue, et là je vis ce qui est probablement le plus grand moment de solitude de la journée. Elle me dit, avec le plus grand naturel : "Alors, on commence avec le piano seul, et ensuite on aura : violon-guitare, puis violoncelle, encore piano-voix pour un ou deux morceaux, on enchaîne avec piano - 2 voix - guitare électrique (en fait électro-acoustique, mais elle ne connaît pas la différence) puis flûte - chant - guitare et on finit par un dernier piano-chant". Enfin, elle me donne les noms des enfants, moi je note seulement les instru en me demandant comment je vais faire pour les sonoriser Elle n'aurait pas pu me prévenir une semaine avant, quand on demandait à tout le monde par e-mail qui joue quoi ? Je pique une ligne guitare électro à Bob, et tout le reste se contentera de deux micros chant. "Et pour annoncer les musiciens ?" Je suis à court de micros, ca se fera avec le micro du piano. Je vais voir la violoncelliste, elle est autonome avec son propre ampli et un looper. J'y mets quand même la ligne DI de l'ampli basse. Je me suis plusieurs fois retrouvé à courir vers la console, pour monter un fader à la seconde où l'artiste commence à jouer, je ne sais toujours pas comment c'est passé sans accroc. N'empêche qu'on a déjà presque une heure de retard sur le planning.
Je passe ensuite la main à Bob pour les deux guitare-chant et le groupe vocal, premier moment de répit de la journée. Je prends une bière, mais quand Bob a encore un souci avec les retours je la pose en régie, vais lui filer un coup de main, et retrouve mon verre renversé ! Heureusement le précieux fluide a raté de peu la console et la multiprise de la régie. A quelques centimètres près on refaisait sauter les plombs. Je vais manger un morceau vite avant qu'il n'y ait plus rien à bouffer.
C'est maintenant le tour du bal folk, "en acoustique, mais avec une paire de micros quand même". Ils sont cinq, avec deux banjos, un accordéon, une clarinette, deux flûtes, un bodhrán et une vielle à archet. Je propose de mettre les instruments les moins forts sur les côtés pour les reprendre discrètement de part et d'autre, ils ont prévu exactement l'inverse. Ce sera donc un couple XY de SM58 au centre, et le couteau suisse pour annoncer les danses : bourrée auvergnate, cercle circassien, ils ont eu un gros succès, même si on leur a demandé de raccourcir un peu leur set.
On passe finalement aux groupes de rock. Ceux qui n'ont pas eu le temps de balancer ont quelques soucis, j'envoie mon gratteux au plateau pour résoudre un problème d'ampli guitare (en fait un jack foireux), je rallume la mixette qui avait été débranchée sauvagement dans l'après-midi, et on fait un line-check express avec de grand gestes. Go ! J'en profite pour faire une égalisation légère sur la face, premier moment de la journée ou j'ai une config rock qui tourne rond. J'explique vite fait à un pote comment gérer notre son en façade, puisque le propriétaire de la console est encore sur scène, et que Bob a déjà remballé sa régie. Et je me prépare à aller jouer à mon tour.
Notre set se passe bien, j'ai pas eu le temps d'avoir le trac avant de monter sur scène. Y'a juste l'organisateur qui fait une annonce pour le remballage du piano après qu'on ait envoyé l'intro du premier morceau. On supprime deux morceaux de la set-list, comme le groupe précédent, pour tenter de limiter le retard.
Je laisse les rockers aux bons soins du propriétaire de la console, je suis rincé. Il faut avouer qu'ils maîtrisent leur répertoire ... et qu'ils ne se préoccupent pas de l'horaire, ils se fendent même de rappels. On finit de ranger en 4e vitesse vers 2h30 du matin. La nuit sera courte, je repars à 7h, direction Clisson pour le Hellfest. Waaaaargh !
En conclusion, j'ai appris plein de trucs sur ce qu'il faut, et surtout ce qu'il ne faut pas faire quand on organise un concert. Là on a tout fait à l'envers, ca pouvait péter à tout moment, l'improvisation était permanente, et pourtant ca a joué, et plutôt bien. Alors oui, le son n'était certainement pas top, même avec ce matériel disparate il y avait sûrement moyen de faire mieux, mais personne ne s'est plaint : pas de larsen violent, pas de grave disproportionné (sans sub, pas de risque), on entendait tous les instruments distinctement sans casser les oreilles. J'ai même eu des compliments de la part des organisateurs et des artistes. Et justement, les artistes, tout amateurs qu'ils étaient, ont tous fait une prestation de grande qualité. Mention spéciale pour le violoncelle/looper, et pour les folkeux.
Ah, et on peut vraiment tout faire avec un SM58 : voix, agogo, violon, guitare, accordéon, piano, flûte, cajon, viole à archet, ma ligne "couteau suisse" aura tout capté sans broncher.
Vous allez dire, c'est normal, c'était ma première expérience en tant que sondier !
Ca se passait dans un petit village de grande banlieue parisienne, dont c'était seulement la seconde édition de la FdM, et la première en extérieur. Autant dire que les organisateurs n'avaient quasiment aucune expérience, malgré leur enthousiasme et plein de bonne volonté. Lors de la réunion de préparation (à laquelle je n'étais pas présent), mon batteur annonce fièrement que je pourrai assurer la technique ...
Un exemple flagrant d'amateurisme était le planning : aucun temps de changement de plateau prévu entre les groupes, c'était censé s'enchaîner de 18h à minuit sans temps mort ; j'avais prédit au moins une heure de retard en fin de soirée. J'avais également insisté sur les besoins électriques : puissance suffisante, nombre de prises sur scène et lights sur un circuit séparé.
Au programme : cors de chasse, école de musique, un groupe vocal, un bal folk, et "trois ou quatre groupes de rock" dont le mien. Aucune fiche tech, une vague idée du backline, et du matos disparate : le groupe vocal amène trois retours, cinq SM58, des lights et un multipaire, un des groupes rock fournit batterie, amplis guitare et console, mon groupe amène ampli basse, mixette et micros batterie. Les organisateurs ont massivement investi dans une paire de B215D pour la face !
Pas besoin de vous faire un dessin, ca sent la galère à plein nez. Surtout que même si je m'intéresse beaucoup à la technique, je n'ai jamais officié en tant que sondier. Je connais la théorie et j'ai regardé des pros bosser, mais je n'avais pas d'expérience pratique en live. J'en ai parlé à des potes pros (dont un bien connu ici), qui m'ont invité sur une presta la semaine précédente pour des travaux pratiques "Devenir sondier en une leçon". Ca mériterait aussi d'être raconté ici. Ils ont eu tellement pitié de moi qu'ils m'ont prêté une paire d'EQ pour gérer les larsens, et la mallette de premiers secours (pleine d'adaptateurs en tout genre). Merci les gars !
Dans la semaine, je prépare ma feuille de patch, qui se trouve être assez complexe : faute d'entrées micro en quantité suffisante sur la console en régie, je prévois un pré-mix de la batterie avec la mixette de mon groupe, placée sur scène. Deux des cinq SM58 serviront à reprendre les amplis guitare, deux pour le chant, et le dernier comme "couteau suisse". Le groupe vocal a son propre système déjà configuré (console avec plein d'entrées mais très basique, huit récepteurs HF pour micros-casques, etc.). On a décidé de laisser le groupe vocal gérer le système dont ils ont l'habitude, et je ferai le reste avec l'autre console. On commutera la face et les retours d'un système à l'autre entre les sets.
Le jour J, j'arrive sur place à 14h. Il y a un podium, assez grand, monté dans le jardin municipal, le temps est au beau fixe. La face est installée (il y a même des pieds d'enceinte !), et les rallonges tirées. Bon, les câbles électriques passent au milieu du plateau, la stage box est en plein centre à l'avant scène, et tous les micros sont branchés via un sac de nœuds de câbles XLR. La face et les retours sont alimentés via une multiprise avec disjoncteur (vu la couleur, ca doit être un truc des années 70) que le responsable du groupe vocal, que nous appellerons Bob, me présente comme un truc génial : pour éviter les "plocs" dans la sono quand on branche ou débranche un truc, hop on tombe le disjoncteur et y'a pas de problème ! Tous ses retours, de marques et modèles différents, sont sur le même circuit et soigneusement câblés à l'envers, entrée par les Link Out et sortie par les Line In.
Pendant que je fais le ménage sur scène, démêlant et lovant les câbles, Bob refuse que la batterie soit installée au centre au prétexte que son groupe a besoin de place, ils sont huit sur scène. On monte la batterie dans le coin côté jardin, en prévoyant de la bouger plus tard. Elle restera là toute la journée.
Une jeune chanteuse-guitariste arrive pour sa balance. Je l'installe en sachant pertinemment que ca ne servira à rien, on n'a pas calé la face, le patch est en vrac ... on line-checke sa voix et sa guitare sur le système de Bob, elle est contente, on peut continuer. Je me rends compte que je n'ai aucune idée de comment Bob a patché les micros, il a une seule feuille (un plan de la stage box) sur laquelle il a noté les lignes qu'il utilise. Je lui explique que j'ai besoin d'une copie de sa feuille en régie, et puisqu'on a plus de lignes que prévu (c'est un multipaire 16 + 4, on m'avait dit 12 lignes en tout) je décide de partager les lignes entre les deux régies. J'installe les EQ sur la face stéréo et sur deux circuits de retours, on a récupéré un quatrième bain de pieds.
Arrive alors une bande de jeunes, de 10 à 15 ans, qui commencent à étaler leur matos sur scène, sur ordre de leur prof de musique. Eh, du calme, on est pas prêts ! Bon, après avoir fait un topo avec le prof (initiation musicale et atelier rock), j'apprends qu'il y a trois guitaristes, un bassiste, deux chanteuses et un batteur, mais les postes ne sont pas fixes, les gamins changent d'instruments selon les morceaux. Je line-checke tout ca au casque, sachant qu'ils ne sont évidemment pas très disciplinés. Rien ne sort de la face, normal Bob avait disjoncté le tout. Je n'ai que deux micros pour trois amplis guitare, tant pis pour le troisième. Et mon overhead de batterie se casse la gueule sur la caisse claire, le pied de micro ne tient pas ! Heureusement que j'avais mis une bonnette, ca a protégé la cellule. Je remplace le pied par un à moi, je sais que celui-là tiendra.
Au moment où je me dis que je vais enfin pouvoir caler l'EQ de la face avec quelques morceaux de référence, je vois apparaître sur scène un demi-stack Marshall, un stand d'ampli, et une bande de rockers quinquagénaires : le groupe qui doit clôturer la soirée, après mon groupe. Il se prennent un peu pour des stars, à exiger tout de suite des retours qui marchent, un micro chœurs pour le batteur ("T'aurais pas plutôt un '57 ?"), des multiprises pour les pédales ... Je fais de mon mieux pour les satisfaire, mais je laisse quand même échapper une certaine exaspération. Quand je retourne en régie, tout est éteint. Les plombs ont sauté !
Les organisateurs commencent à courir partout pour voir où se situe le problème, moi j'éteins toute la régie pour éviter que ca recommence. J'apprends alors que les plombs avaient déjà sauté dans la matinée ! Et quand je dis les plombs, c'est pas une métaphore : on était branchés sur le circuit antédiluvien de la mairie, muni de bons vieux fusibles à fil de plomb. Pourtant j'avais prévenu qu'il fallait du jus ! Et là, l'un des rockers vient me voir nonchalamment, réclamant un fusible de rechange : il tient dans la main celui, carbonisé, de son Twin Reverb Silverface ! Heu, je crois que j'ai trouvé la cause de la panne !
Repos forcé mais bienvenu sous le soleil qui tape, je vais me servir une grenadine bien fraîche. Et je discute avec un gars assis là, qui incidemment me parle de faire une balance lui aussi. Euh, t'es qui toi ? T'es pas sur mon planning ! Et là l'organisatrice m'apprend que "on a fait quelques changements ce matin, je t'imprime la nouvelle version." On a donc en plus un second set guitare-chant avant le groupe vocal, et un gamin qui fera un solo de batterie (accompagné par son papa au cajon).
Une fois le courant rétabli, les rockers balancent difficilement, l'un trop fort sur son JCM800, l'autre insatisfait des autres amplis sur scène puisque son Twin est mort, le batteur qui cogne comme un sourd et qui veut plus de ses chœurs dans son retour tandis que son gratteux ne veut pas l'entendre (ils sont sur le même circuit de retour). Je n'ai pas de talkback, donc il faut que je gueule pour qu'ils fassent ce que je leur demande. Ca prend un temps dingue avant qu'ils arrivent à faire un titre ensemble, j'équilibre le tout comme je peux : le son n'est toutefois pas aussi catastrophique que je le craignais. Ils n'ont aucun respect pour moi ("Hey, le mec aux câbles !"), je n'en aurai donc guère pour eux non plus. Surtout quand je me rends compte que pour installer leurs amplis ils ont débranché sauvagement le reste du backline, ainsi que la console qui prémixe la batterie. L'archétype des amateurs qui se prennent pour des pros (et qui vont ensuite se plaindre des sondiers).
Vient alors le moment de faire la balance du groupe vocal, je transfère la face et les retours à l'autre régie. Il y a plein de problèmes aussi, malgré leur installation rodée. Je ne comprends toujours pas comment un capteur de contact sur une guitare classique, dans une entrée ligne à travers 30m de multipaire "marche très bien d'habitude". J'y mets mon micro "couteau suisse". Avec tout ca, on a largement bouffé tout le temps prévu pour les balances. Celle de mon groupe et du précédent passent donc à la trappe.
Il est 18h, les cors de chasse commencent à sonner à l'heure prévue. Un truc auquel je ne m'attendais pas, avec des questions-réponses d'un bout à l'autre du parc. Le dos tourné au public. Pendant ce temps, le prof de l'atelier rock m'explique qu'il commencera par un morceau tout seul guitare/voix, et qu'il sera ensuite rejoint par des petits (5-10 ans) de l'initiation musicale qui utiliseront des petites percu et autres instruments enfantins dont il est en train de recouvrir la scène : flûtes à piston, bâton de pluie, agogo, gong ... Il lui faut donc deux micros d'ambiance. Les micros chant feront l'affaire, sous surveillance constante des niveaux car les gamins tiennent évidemment les instruments à distance très variable des micros, quand ils ne tapent pas directement dessus.
Vient le tour de l'atelier rock, à la performance honorable pour leur âge. Les chanteuses ont quand même emmêlé les micros chant, passant de l'un à l'autre en croyant que ca ne marchait pas, puisque j'avais oublié de monter les retours. Je leur fais un cours express sur la notion de retour, si si on vous entend bien dans la façade, ne pointez jamais le micro vers le retour, égalisation en direct contre les larsens, c'est bon j'ai pas trop vrillé les oreilles du public. Ouf. Le planning s'est tout de même pris 40 minutes dans la vue.
Je me souviens alors du piano droit pour lequel l'orga avait demandé dans l'après-midi l'assistance d'une bande de costauds. Il est à côté de la scène (et il y reste, heureusement), sonorisé par le '58 "couteau suisse" par-dessus le garde corps. Je m'approche donc de la prof de musique pour savoir combien de temps de temps ca joue, et là je vis ce qui est probablement le plus grand moment de solitude de la journée. Elle me dit, avec le plus grand naturel : "Alors, on commence avec le piano seul, et ensuite on aura : violon-guitare, puis violoncelle, encore piano-voix pour un ou deux morceaux, on enchaîne avec piano - 2 voix - guitare électrique (en fait électro-acoustique, mais elle ne connaît pas la différence) puis flûte - chant - guitare et on finit par un dernier piano-chant". Enfin, elle me donne les noms des enfants, moi je note seulement les instru en me demandant comment je vais faire pour les sonoriser Elle n'aurait pas pu me prévenir une semaine avant, quand on demandait à tout le monde par e-mail qui joue quoi ? Je pique une ligne guitare électro à Bob, et tout le reste se contentera de deux micros chant. "Et pour annoncer les musiciens ?" Je suis à court de micros, ca se fera avec le micro du piano. Je vais voir la violoncelliste, elle est autonome avec son propre ampli et un looper. J'y mets quand même la ligne DI de l'ampli basse. Je me suis plusieurs fois retrouvé à courir vers la console, pour monter un fader à la seconde où l'artiste commence à jouer, je ne sais toujours pas comment c'est passé sans accroc. N'empêche qu'on a déjà presque une heure de retard sur le planning.
Je passe ensuite la main à Bob pour les deux guitare-chant et le groupe vocal, premier moment de répit de la journée. Je prends une bière, mais quand Bob a encore un souci avec les retours je la pose en régie, vais lui filer un coup de main, et retrouve mon verre renversé ! Heureusement le précieux fluide a raté de peu la console et la multiprise de la régie. A quelques centimètres près on refaisait sauter les plombs. Je vais manger un morceau vite avant qu'il n'y ait plus rien à bouffer.
C'est maintenant le tour du bal folk, "en acoustique, mais avec une paire de micros quand même". Ils sont cinq, avec deux banjos, un accordéon, une clarinette, deux flûtes, un bodhrán et une vielle à archet. Je propose de mettre les instruments les moins forts sur les côtés pour les reprendre discrètement de part et d'autre, ils ont prévu exactement l'inverse. Ce sera donc un couple XY de SM58 au centre, et le couteau suisse pour annoncer les danses : bourrée auvergnate, cercle circassien, ils ont eu un gros succès, même si on leur a demandé de raccourcir un peu leur set.
On passe finalement aux groupes de rock. Ceux qui n'ont pas eu le temps de balancer ont quelques soucis, j'envoie mon gratteux au plateau pour résoudre un problème d'ampli guitare (en fait un jack foireux), je rallume la mixette qui avait été débranchée sauvagement dans l'après-midi, et on fait un line-check express avec de grand gestes. Go ! J'en profite pour faire une égalisation légère sur la face, premier moment de la journée ou j'ai une config rock qui tourne rond. J'explique vite fait à un pote comment gérer notre son en façade, puisque le propriétaire de la console est encore sur scène, et que Bob a déjà remballé sa régie. Et je me prépare à aller jouer à mon tour.
Notre set se passe bien, j'ai pas eu le temps d'avoir le trac avant de monter sur scène. Y'a juste l'organisateur qui fait une annonce pour le remballage du piano après qu'on ait envoyé l'intro du premier morceau. On supprime deux morceaux de la set-list, comme le groupe précédent, pour tenter de limiter le retard.
Je laisse les rockers aux bons soins du propriétaire de la console, je suis rincé. Il faut avouer qu'ils maîtrisent leur répertoire ... et qu'ils ne se préoccupent pas de l'horaire, ils se fendent même de rappels. On finit de ranger en 4e vitesse vers 2h30 du matin. La nuit sera courte, je repars à 7h, direction Clisson pour le Hellfest. Waaaaargh !
En conclusion, j'ai appris plein de trucs sur ce qu'il faut, et surtout ce qu'il ne faut pas faire quand on organise un concert. Là on a tout fait à l'envers, ca pouvait péter à tout moment, l'improvisation était permanente, et pourtant ca a joué, et plutôt bien. Alors oui, le son n'était certainement pas top, même avec ce matériel disparate il y avait sûrement moyen de faire mieux, mais personne ne s'est plaint : pas de larsen violent, pas de grave disproportionné (sans sub, pas de risque), on entendait tous les instruments distinctement sans casser les oreilles. J'ai même eu des compliments de la part des organisateurs et des artistes. Et justement, les artistes, tout amateurs qu'ils étaient, ont tous fait une prestation de grande qualité. Mention spéciale pour le violoncelle/looper, et pour les folkeux.
Ah, et on peut vraiment tout faire avec un SM58 : voix, agogo, violon, guitare, accordéon, piano, flûte, cajon, viole à archet, ma ligne "couteau suisse" aura tout capté sans broncher.
Musikmesser 2013 - Bullshit Gourous - Tocxic Instruments - festivals Foud'Rock, Metal Sphère et la Tour met les Watts
[ Dernière édition du message le 28/06/2014 à 21:54:01 ]
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