Voici donc la deuxième partie de notre chapitre consacré au traitement lors de la phase d'enregistrement. Après le pour la semaine dernière, nous allons voir aujourd'hui quelques arguments qui tendent à prouver que cette pratique n'est pas forcément quelque chose d'opportun, surtout dans le cadre de la production en home studio…
Le Contre
Pour commencer, vous admettrez aisément, je l’espère, que l’utilisation d’un compresseur et / ou d’un égaliseur dès la prise ajoute une couche de complexité au processus d’enregistrement. Entre l’expérience nécessaire afin d’être relativement à l’aise avec ses choix de production et la connaissance matérielle et théorique que cela exige pour la mise en oeuvre, nous sommes bien loin du portrait-robot typique de l’homme-studiste débutant. D’autant qu’en règle générale, ce dernier cumule les différentes casquettes d’auteur, compositeur, arrangeur, directeur artistique, technicien-son, interprète, j’en passe et des meilleures. Ainsi, il me semble que le néophyte a déjà un nombre conséquent de chats à fouetter. Pourquoi diable grillerait-il des cycles de cerveau disponible sur la question du traitement à la prise alors qu’il a tant à faire par ailleurs ?
Le deuxième point ne jouant pas en faveur du traitement lors de cette étape se résume à la balance entre les risques et l’utilité réelle de la manoeuvre. Altérer la dynamique ou l’équilibre spectral durant l’enregistrement est un procédé foncièrement destructif… Une fois fixé, impossible de faire un Pomme + Z (ou Ctrl + Z) pour annuler la chose, et comme nul n’est à l’abri d’une erreur d’appréciation, il faut bien avouer que l’exercice est périlleux. Or, d’un point de vue strictement qualitatif, il n’y a pas réellement d’intérêt à traiter le signal à la prise plutôt qu’au cours de la phase de mixage. Cela ne changera rien sur le rendu sonore final du titre en cours de production. Pourquoi donc se faire des noeuds au cerveau et prendre autant de risques pour des prunes ?
Le troisième argument contre provient d’un âpre constat à mes yeux… Comme je l’ai déjà évoqué au début de cette série d’articles, le déroulement « idéal » d’une production comprend une étape de pré-production qui permet de définir une ligne artistique directrice. Malheureusement, beaucoup de MAOïstes commencent leurs captations sonores en l’absence d’une direction artistique claire, nette et précise. Or, triturer le son de façon plus ou moins drastique lors de l’enregistrement sans savoir où l’on va me paraît tout aussi incompréhensible qu’un coureur se tirant volontairement une balle dans le pied juste avant d’attaquer un marathon… Bref, si l’orientation sonore de votre titre n’est pas définie suffisamment précisément, oubliez le traitement à la prise.
Pour finir, voici une dernière réflexion personnelle sur le sujet. Je suis foncièrement convaincu que si quelqu’un n’est pas capable d’obtenir a minima satisfaction en ne se servant que d’un micro et d’un préampli, ce n’est pas en ajoutant un compresseur ou un égaliseur matériels que cela changera quoi que ce soit. Après, je peux bien entendu me tromper, mais j’en doute…
Voilà, c’est tout ce que j’avais à vous dire sur ce thème précis. Avec ces « pour » et ces « contre », il me semble que vous êtes à présent suffisamment bien armés pour faire vos propres choix en la matière en pleine conscience. Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !