La marque italienne IK Multimedia poursuit son aventure « ToneX » en proposant une pédale reprenant les fonctionnalités de son application. Voyons ensemble si l’on retrouve les qualités de celle-ci au sein de cette nouvelle pédale.
ToneX sur le pedalboard
Nous avions déjà testé, avec beaucoup d’engouement, l’application ToneX d’IK Multimedia. La marque a décidé, à juste titre, de proposer une solution matérielle de son logiciel sous la forme d’une pédale que l’on pourra intégrer à son pedalboard afin de s’épargner la lourde tâche de surcharger le coffre de la Clio tout en prenant soin de ne pas vider son compte en banque par l’achat de matériel hors de prix.
La ToneX Pedal est composée d’un boitier noir tout en aluminium avec des dimensions de 176 × 142 × 55 m pour un poids d’environ 900 grammes. La face principale de la pédale est constituée d’un écran assez sommaire, mais qui a l’avantage d’être très lisible, ce qui sera notamment confortable dans un contexte scénique. On retrouve un total de huit potentiomètres en plastique. Trois d’entre eux (MODEL, PRESET et PARAMETER) sont cliquables et permettent de naviguer parmi les divers presets et réglages. Les potentiomètres restants servent à agir sur le rendu sonore et possèdent une double fonction : GAIN/REVERB, BASS/COMPRESSOR, MID/NOISE-GATE, TREBLE/PRESENCE, VOLUME/DEPTH. La ToneX Pedal est équipée de trois footswitches A, B et C qui permettent de circuler parmi les 50 banques disponibles dans la mémoire interne de la pédale puis d’y sélectionner le preset de son choix. Chaque banque contient trois presets totalement personnalisables. Autrement dit, il sera possible de stocker jusqu’à 150 presets.
La connectique de la pédale est présente sur la tranche supérieure et ne manque de rien. Ainsi, on y trouve une entrée (mono), deux sorties gauche et droite qui permettent d’utiliser la pédale en mono ou en stéréo, une sortie casque, une connectique MIDI DYN (IN/OUT), une entrée dédiée à la connexion d’une pédale d’expression (permettant de faire varier de manière progressive un ensemble de réglages) ou d’un footswitch supplémentaire. Une prise USB et la prise d’alimentation viennent compléter le tout. Cette dernière a le gros avantage d’être tout à fait standard puisque la ToneX Pedal réclame 9 V DC pour au minimum 350 mA. Le bloc d’alimentation est bien fourni, mais il sera très facile de s’en passer pour peu que l’on possède un bloc suffisamment puissant sous son pedalboard.
IK Multimedia a également inclus une partie logicielle plutôt généreuse moyennant l’achat de la ToneX Pedal. En effet, le coffret contient une licence pour l’application ToneX MAX ainsi qu’une licence pour le célèbre simulateur d’amplis et de pédales nommé Amplitube 5.
La ToneX Pedal est conçue et fabriquée en Italie. Son prix au moment de la rédaction de ce test est d’environ 470 euros. Enfin, le ressenti général vis-à-vis de la qualité de fabrication est très bon. Malgré l’utilisation de potentiomètres en plastique, la pédale inspire confiance.
Kemper et Quad Cortex killer ?
IK Multimedia fait donc le pari de proposer un appareil qui permet d’emporter avec soi des empreintes de matériels non pas simulés, mais bien clonés pour moins de 500 euros, ce qui est un argument de poids quand on connait les prix pratiqués par les fabricants des marques concurrentes proposant ce même genre de fonctionnalités. Cependant, la ToneX Pedal possède quelques limitations. Premièrement, il n’est pas possible d’utiliser la pédale pour cloner son matériel. Il faudra en effet passer par l’application ToneX et un système de reamping externe. Deuxièmement, la pédale se limite au strict minimum pour ce qui est des effets. Elle n’en est pour autant pas démunie. Ainsi, il est possible d’activer un noise-gate, un compresseur (qui pourra se trouver en début ou en fin de chaine), un égaliseur (lui aussi muni d’un mode pre/post) et une réverbe. C’est minimaliste, mais cela participe aussi à rendre la pédale facile à utiliser. En effet, la prise en main s’est révélée très bonne et le fonctionnement des quelques menus est compréhensible facilement sans nécessairement devoir consulter le manuel utilisateur. La navigation dans les sous-menus est simple et les options sont finalement assez sommaires, encore une fois, pour la bonne cause.
Il est également important de souligner que la ToneX Pedal, à l’image de l’application dont elle est inspirée, ne se limite pas à la reproduction des seuls amplificateurs. Il est en réalité possible de charger des empreintes contenant des configurations plus variées et complètes :
- Amplificateur seul
- Amplificateur + enceinte
- Pédale(s) seule(s)
- Pédale(s) + amplificateur
- Pédale(s) + amplificateur + enceinte
Par ailleurs, l’écran indique en permanence et précisément sur quel type de configuration matérielle on se trouve.
Une autre limitation est aussi à prendre en considération, mais est tout à fait logique d’un point de vue technique : il est impossible de cloner des pédales telles que les réverbes, les compresseurs, delay ou autres effets de modulation. On s’en tiendra uniquement aux divers effets d’overdrive, de boost ou d’égalisation.
Bien entendu, la ToneX Pedal est utilisable même si l’on ne possède pas une superbe collection d’amplis à lampes. En effet, une fois branchée en USB à son ordinateur, il sera possible de gérer ses presets grâce à l’application ToneX dans sa version « MAX ». Cette dernière propose un large catalogue d’environ un millier d’empreintes, et si cela ne suffit pas, il est possible de télécharger des « Tone Models » créés par des utilisateurs sur la plateforme ToneNET sur laquelle on retrouve un peu de tout, aussi bien des amplis que des pédales isolées.
L’interface qui permet de gérer la pédale est plutôt bien faite et n’a que peu évolué depuis le test initial de l’application ToneX. Concrètement, il suffit de télécharger un preset, de le configurer selon ses goûts puis de le transférer sur la ToneX Pedal avec un simple « glisser/déposer ». Il sera par ailleurs possible de faire le chemin inverse en important un preset de la pédale vers son application. C’est simple, efficace et cela pourra se révéler fort pratique dans le cadre, par exemple, d’une session studio pour laquelle on souhaite réutiliser le son que l’on a l’habitude d’avoir sur scène tout en gardant la flexibilité d’utilisation d’un plugin au format VST dans sa STAN (agir sur les réglages après la prise, changer d’ampli ou même de plugin).
La ToneX Pedal est également capable de fonctionner comme une carte son pour laquelle la marque a développé des pilotes ASIO. Ces derniers fonctionnent très bien et j’ai même pu obtenir des latences très faibles sans aucun problème. En revanche, il s’agit davantage d’une carte son d’appoint que d’un appareil que l’on utilisera pour faire de la MAO au quotidien. En effet, la fréquence d’échantillonnage est y est limitée à 44,1 kHz.
De plus, elle possède une parfaite intégration du protocole MIDI et c’est une excellente chose. Il sera ainsi possible d’utiliser la ToneX Pedal en binôme avec un contrôleur MIDI ou un multi effets du type HX Stomp/Effects. La navigation parmi les différentes banques s’effectue à l’aide de « Program Change » et absolument tous les paramètres sont ensuite contrôlables avec l’envoi d’informations de type « Control Change ».
Du bon et du moins bon
Prenons maintenant le temps d’écouter quelques exemples audios tirés de la pédale. J’ai volontairement utilisé la pédale seule. Le catalogue est bien entendu énorme et il faudra fouiller pour trouver la perle rare.
- 1 – Fender Super Reverb00:31
- 2 – Mega Boogie Mark V + 2×12 Mesa Boogie00:46
- 3 – 1966 AC30 + Réverbe00:53
- 4 – 65 Fender Deluxe Reverb sans et avec TS80800:40
- 5 – Marshall AFD100 Slash Signature + Marshall 1960BV00:29
- 6 – Orange Rockerverb 50 MKII + Orange PPC41200:31
- 7 – Soldano SLO-100 + Marshall 1960BV00:21
- 8 – Victory V30 MKII + 2×12 Victory – Aucun effet00:26
- 9 – Victory V30 MKII + 2×12 Victory – Réverbe 30%00:19
- 10 – Victory V30 MKII + 2×12 Victory – Potentiomètre de volume de la guitare00:26
Les empreintes disponibles sont très nombreuses et fatalement on y trouve du bon, parfois même de l’excellent, mais aussi du « pas bon du tout ». Cependant, sur les clonages réussis on obtient vraiment des résultats sonores intéressants avec des sensations de jeu très naturelles. C’est probablement ce dernier point qui est finalement le plus important. La pédale répond bien à la dynamique de jeu. Les attaques au médiator sont bien retranscrites. En baissant le potentiomètre de volume de la guitare, la pédale réagit de manière tout à fait semblable à ce que l’on obtiendrait sur un vrai amplificateur. Aussi, je n’ai constaté aucune différence, audible tout du moins, entre un preset joué à partir de la pédale ou ce même preset chargé dans l’application ToneX dans ma STAN.
Les quelques effets internes se sont révélés efficaces. La réverbe peut être de type spring, room ou plate avec une qualité tout à fait satisfaisante.
La partie dédiée aux enceintes est également bien fournie. On y retrouve des empreintes « fixes », mais aussi un mode appelé « VIR » qui permet de sélectionner le couple de micros que l’on souhaite utiliser puis de le déplacer dans l’espace. De plus, et cela avait déjà été noté dans le test de l’application ToneX, il est possible de désactiver l’empreinte d’une enceinte qui aurait été clonée avec son ampli pour la remplacer par une autre. Cette option est surprenante en plus d’être vraiment pratique. Enfin, il est tout à fait possible de charger ses propres réponses impulsionnelles (IR).
En conclusion
La ToneX Pedal d’IK Multimedia est une pédale bien construite et facile à utiliser. Ses fonctionnalités sont identiques à celles de l’application éponyme, tout comme le son. Finalement, la qualité musicale des empreintes sera davantage dépendante du sérieux du clonage effectué en amont plus que des capacités techniques de la ToneX Pedal. En revanche, les sensations de jeu sont excellentes et là-dessus la marque italienne semble avoir fait du très bon travail. Pour moins de 500 euros, cette pédale et l’écosystème ToneX qui l’accompagnent, sont une excellente alternative à une concurrence parfois trop onéreuse pour qui recherche uniquement la possibilité d’emporter une copie de son lourd et coûteux matériel.