Kemper a récemment dévoilé son nouveau multieffet, qui se distingue des autres produits de la marque grâce à sa taille compacte. Manifestement, Kemper cherche à se faire une place sur un marché très convoité ces dernières années. Examinons ensemble les possibilités offertes par le Profiler Player.
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Le nouveau Kemper Profiler Player est un multieffet qui vient compléter le modeste, mais qualitatif catalogue de la marque allemande. En effet, jusqu’à présent, la technologie Kemper était proposée sur deux machines : le Head Profiler et le Stage Profiler, avec quelques variantes offrant un format rack ou un amplificateur de puissance intégré. Avec le Player, Kemper semble vouloir concurrencer des produits comme le HX Stomp de Line6 ou encore la ToneX Pedal d’IK Multimedia. Le format est effectivement similaire, avec des dimensions de 145 × 166 × 68 mm, pour un poids d’un peu plus d’un kilo. Le boîtier du pédalier est en acier et adopte les couleurs vertes et noires typiques des produits de la marque. On dispose de 8 potentiomètres en acier : GAIN, BASS, MIDDLE, TREBLE, RIG VOL, FX 1, FX 2 et MASTER VOL. D’ailleurs, ces potentiomètres sont des encodeurs avec bouton-poussoir qui permettent d’agir sur des réglages secondaires. Nous avons aussi accès à 11 boutons afin de naviguer entre les banques et les préréglages associés, d’utiliser la fonction Tap Tempo ou encore d’enclencher un accordeur plus précis que celui qui est activé en permanence et muni de trois petites LEDs. À ce sujet, le Kemper Profiler Player ne dispose d’aucun écran, et ce sont précisément les nombreuses LEDs et leurs couleurs qui servent de guides. La pédale est équipée de 3 footswitches dont les fonctions pourront être personnalisées.
La connectique se trouve sur la tranche supérieure du pédalier et offre tout le nécessaire pour ce genre d’appareil, à savoir : une entrée instrument mono, une sortie XLR, 2 sorties mono gauche et droite, une prise casque et une connexion pour une pédale d’expression. À cela viennent s’ajouter deux ports USB, un au format A et l’autre au format B. Ils permettent de brancher la pédale à un ordinateur pour utiliser l’application « Rig Manager ». Ils serviront également à exploiter les fonctionnalités MIDI et d’interface audio du pédalier. Enfin, l’alimentation, dont le bloc est fourni, est de type 9–12 VDC.
En conclusion de ce tour du propriétaire, il convient de noter que le Kemper Profiler Player est fabriqué en Allemagne et est vendu environ 700 euros au moment de la rédaction de ce test. La qualité de fabrication est bonne et les matériaux et le poids inspirent confiance quant à une utilisation intensive.
Un Kemper bridé ?
Tout d’abord, attardons-nous sur l’ergonomie générale de l’appareil. Comme nous l’avons déjà mentionné, cette version du Kemper ne possède aucun écran, mais seulement un système à LEDs. Est-ce problématique au quotidien ? Tout dépendra de la quantité de sons dont on a réellement besoin. Plus précisément, un(e) guitariste ou bassiste qui utilise un nombre réduit de préréglages pourra largement se satisfaire de cette ergonomie que l’on pourrait qualifier « d’aveugle ». En revanche, pour des sets plus généreux que d’ailleurs la pédale nous permet de stocker sans aucun problème grâce à ses 10 banques capables d’accueillir 5 préréglages chacune, ça sera tout de même peu ergonomique et cette version du Kemper sera probablement bien plus pratique à utiliser couplée à un contrôleur MIDI. La partie MIDI fonctionne très bien et m’a permis d’utiliser mon Black Star Live Logic sans rencontrer le moindre problème grâce à une documentation bien détaillée (même si on peut regretter qu’il n’y ait pas de manuel en français).
La gestion des sons à même la pédale reste assez basique avec la possibilité de gérer le gain, l’égalisation ou encore le seuil du noise-gate. Les deux potentiomètres « FX 1|2" permettent d’agir sur les réglages des effets. Par exemple, on pourra régler le niveau du « mix » d’une réverbe puis, en appuyant sur le potentiomètre, la durée de la réverbe. Cependant, pour travailler ses sons de manière plus concrète, il faudra passer soit par l’application PC/Mac « Rig Manager », soit par l’application éponyme pour mobile. C’est seulement de cette façon que l’on peut accéder à toutes les fonctionnalités de la machine.
L’utilisation des deux applications n’a posé aucun problème. Bien que fonctionnelle, l’interface du logiciel pour PC/Mac est un peu vieillotte et aurait besoin d’un petit rafraîchissement de son design austère. L’application mobile est quant à elle agréable à utiliser et sera bien utile dans des situations réelles telles qu’une répétition ou la balance d’un concert. La connexion sans-fil pourra se faire en Bluetooth ou en Wifi. D’ailleurs, pour utiliser le Wifi, il faut scanner un QR code ou saisir manuellement le mot de passe noté sur une étiquette collée… sous la pédale. Autrement dit, il faut prendre ses dispositions avant de monter le Kemper Profiler Player sur son pedalboard. Je n’ai toutefois rencontré aucune déconnexion lors de ce test. Une fois que le Player est connecté à l’une des applications, on découvre immédiatement l’une des principales limites de cette version compacte : les effets. Tout d’abord, tous les effets de Kemper ne sont pas disponibles. Ensuite, et c’est probablement le point le plus fâcheux, on ne peut utiliser que 4 effets : 2 avant l’ampli et 2 autres après l’ampli/enceinte. Dans l’absolu, on peut considérer que cela permet déjà de répondre à la plupart des usages, et c’est totalement vrai, surtout que, bien que réduite, la liste des effets couvre les besoins les plus courants. En revanche, cela pose un problème lors de l’importation de préréglages destinés aux versions Head/Rack et Stage. En effet, si des préréglages utilisent plus d’effets, alors ces derniers sont simplement ignorés. Autrement dit, la version Player ne peut pas être considérée comme une copie complète et compacte de ses deux grands frères. Si l’on possède déjà un Kemper, il sera nécessaire d’adapter ses préréglages.
Il est également dommage que Kemper n’ait pas intégré une boucle d’effet à son pédalier, comme l’a fait Line6 sur le HX Stomp. Ceci aurait eu du sens pour un appareil destiné à se retrouver sur un pedalboard, probablement entouré de quelques pédales supplémentaires. Cela aurait également été une bonne alternative aux limites évoquées précédemment. Enfin, notons que la version Player ne permet pas de cloner son matériel. On sera par conséquent dépendant du catalogue en ligne, qui a le mérite d’être colossal.
Les footswitches, bien que peu nombreux, sont totalement personnalisables. Par défaut, le premier et le troisième permettent de naviguer entre les sons là où le deuxième sert à gérer l’activation des effets. Tout ceci est modulable et de manière très simple. Très bon point.
J’ai également voulu tester la partie « interface audio » que Kemper présente comme permettant de fonctionner avec les STANS professionnelles. Sur ma machine tournant sous Windows 11 et Cubase Pro 13, cela a été fastidieux. En réalité, Kemper ne semble avoir prévu aucun pilote ASIO dédié à son pédalier. J’ai dû utiliser des pilotes génériques, ce qui peut être recevable sur certaines pédales peu onéreuses, mais qui fait tache sur un appareil de cette catégorie (là aussi, Line6 et IK Multimedia font bien mieux). Cela dit, une fois l’interface audio configurée, cela fonctionne plutôt bien avec la possibilité de faire du reamping. On notera toutefois que l’on est limité à une fréquence d’échantillonnage de 44,1 kHz, ce qui réduit les possibilités d’une utilisation studio plus poussée. En résumé, la fonctionnalité dépanne, mais elle n’a rien de professionnelle dans sa mise en œuvre.
Le son dans tout ça ?
Du côté du son, il n’y a pas vraiment de mauvaises surprises. Le Kemper Profiler Player sonne comme ses grands frères et est totalement compatible avec les profils d’amplis standards tout comme les plus récents appelés « Liquid Profiles ». Pour rappel, ces derniers permettent aux sections d’égalisation et de gain de réagir de la même manière que le ferait un amplificateur spécifique. Ce que j’ai apprécié c’est l’immense quantité de profils disponibles par défaut dans l’application de Kemper, et ce, sans compter tous les packs vendus par des tiers sur la toile. Finalement, il manque surtout la possibilité de créer ses profils soi-même à la manière d’un ToneX. Si l’on devait ici encore le comparer au HX Stomp (que j’utilise au quotidien), les sensations de jeu, et de manière plus générale, le grain des amplificateurs sont bien meilleur par défaut. Aussi, le son au casque est tout à fait convaincant, aucune mauvaise surprise de ce côté-là non plus.
Voici quelques extraits pour illustrer ces propos et pour se rendre compte de la polyvalence de ce pédalier :
- 1 – Twin Reverb 1967 + Switchblack212 + WahWah00:25
- 2 – Princeton Reverb + Switchback 21200:33
- 3 – Vox AC30TB + Delay + Rev00:41
- 4 – Bogner Helios + Pure Booster + Delay + Rev00:44
- 5 – Plexi 50 1968 + Switchblack 21200:33
- 6 – JCM 800 + 1936V + Analog PP + Rev Big Hall00:51
- 7 – Keith Merrow – Top Romulan00:19
- 8 – Hiwatt Custom 20000:17
- 9 – Tech21 Brass Driver DI00:16
J’ai également trouvé intéressante la fonction « Pure Cabinet » qui reproduit le son d’une enceinte telle qu’on l’entend en étant en face de celle-ci, et non pas tel qu’il est capturé par le ou les micros. Voici un exemple :
Conclusion
Le Kemper Profiler Player pouvait manquer au catalogue de la marque allemande. Pouvoir profiter de la très bonne qualité des sons que propose Kemper, directement sur son pedalboard dans un format réduit est un atout majeur. Cependant, malgré les excellentes qualités sonores, Kemper aurait pu faire mieux en ce qui concerne certains aspects pratiques. Ainsi, on pourra regretter l’absence d’une boucle d’effet pour interagir avec d’autres pédales. Un écran aurait été également apprécié, car le système à LEDs, bien que fonctionnel, n’est pas le plus pratique sur ce type d’appareils sophistiqués. Il est aussi étonnant que Kemper ne propose pas de pilotes ASIO pour un multieffet haut de gamme. Enfin, il faudra prendre en compte que la version Player du Kemper ne pourra pas être considérée comme une alternative compacte permettant d’emporter ses préréglages élaborés sur la version Head/Rack et Stage du fait d’une section effets limitée.