Nous avions testé l'ampli Fender Super-Sonic 22 combo à la rentrée 2010 et ce dernier nous avait séduit par ses qualités multiples. Quelques mois plus tard, la marque américaine décide de compléter la gamme en sortant la série 100 composée d'une tête de 100 watts, de deux baffles et d’un combo. C'est la tête qui nous intéresse aujourd'hui...
Cette nouvelle série n’apporte pas seulement un gain de puissance, mais aussi quelques changements qui sont les bienvenus, comme un deuxième canal clair ou encore un potard « Notch Tune » sur le canal saturé. Mais commençons par le commencement et l’incontournable déballage.
Déballage
Le déballage en lui-même fut assez douloureux à cause du poids de la bestiole : 24 kg sur la balance, soit environ un âne mort. On comprendra pourquoi la Super-Sonic 100 pèse aussi lourd un peu plus tard dans l’article… Quoi qu’il en soit le look est toujours aussi réussi, et la tête reste disponible en deux couleurs : black/silver ou blonde comme celle qui nous a été prêtée (notre préférée, ça tombe bien !). Néanmoins, petit bémol concernant la finition : dans un coin de la caisse en bouleau, un petit bout de vinyle était mal collé. Ce n’est pas grand-chose et cela reste un détail, mais c’est dommage pour un ampli de ce prix. Les dimensions sont coquètes, 26,7 × 67 × 26,7 cm, et côté accessoires c’est plutôt bien fourni : une housse en nylon, un très robuste pédalier 4 boutons, et une notice complète accompagnée de diagrammes.
Sous le capot, on retrouve 7 lampes 12AX7 pour la partie préamplification (il y en avait 5 dans le Super-Sonic 22), 4 6L6 pour l’amplification (soit deux plus que le 22) et enfin deux 12AT7 pour la réverbe. Ce qui fait un total de 13 lampes, en espérant que cela ne porte pas malheur ! La tête est donc bien pleine avec toutes ces loupiottes, le rectifier à transistor et le gros transfo ! On comprend mieux le poids d’un seul coup…
Observons maintenant ensemble l’avant et l’arrière de la tête.
Devant
La face avant comporte les réglages des canaux clairs (oui, il y en a deux, je vous l’ai déjà dit…), du canal saturé et de la réverbe. Les réglages des canaux clairs sont très simples : un égaliseur trois bandes (graves, médiums et aigus), un gain et un volume. Un switch situé à droite du gain permettra de passer du circuit Showman (Twin Reverb Blackface) au circuit Bassman (Tweed Vintage). Il est à noter que si l’on pousse le volume à fond sur le canal clair, le gain agira comme un réglage de volume unique à la manière des amplis vintage Fender. Un autre switch enclenchera le canal saturé qui dispose de plus de réglages que son homologue clair… Déjà, on dispose de deux gains, un primaire et un secondaire, permettant de régler respectivement la quantité de distorsion et de sustain. Dans la pratique le deuxième gain permettra d’épaissir le son et de rendre le tout plus velu. On retrouve aussi l’égaliseur trois bandes et le potard de volume. Mais la nouveauté réside dans le réglage « notch tune » permettant de choisir la fréquence affectée par la bande médium de l’égaliseur. Dans les faits, cela permettra à l’utilisateur de passer d’un son typé américain à un son plus « à l’anglaise », avec tous les intermédiaires possibles. Comme vous pouvez l’entendre sur les exemples audio, ce potard change vraiment la donne et permet de sculpter le son à sa guise. Nous avions déjà vu ce genre de réglage chez la concurrence (Blackstar), et nous sommes heureux de le retrouver sur le Super-Sonic ! On termine le tour d’horizon du panneau avant avec le réglage de réverbe, une Accutronics à ressort comme sur le petit combo 22 watts que nous avions testé : on ne change pas une équipe qui gagne !
Derrière
La face arrière est particulièrement chargée et regorge de potards, entrées/sorties et switchs. On retrouve les classiques interrupteurs de mise sous tension et de stand-by, le fusible, mais aussi un sélecteur « arena/club » permettant de réduire la puissance de l’ampli en passant de 100 à 25 watts. Cela peut s’avérer très utile en enregistrement ou en répète, mais attention : il est conseillé de ne toucher à ce réglage que lorsque l’ampli est éteint ou en stand-by. La boucle d’effet possède deux potards afin de régler les niveaux d’envoi et de retour afin de rester compatible avec les pédales ou les effets au niveau ligne. On disposera aussi d’une sortie ligne « pre amp out » au format jack 6,35mm asymétrique. Il est à noter que la réverbération sera incluse dans le signal. On pourra aussi brancher un préampli externe directement dans l’entrée « power amp in » afin d’attaquer directement l’amplificateur de puissance. Le guitariste pourra brancher ses enceintes sur les deux sorties haut-parleur « main » et « external » et disposera d’un sélecteur d’impédance 4/8/16 ohms. Ainsi, à peu près toutes les combinaisons sont permises. Le connecteur « footswitch » permettra de brancher le pédalier 4 contacteurs (fourni et très costaud) afin de changer de canal (clair/saturé), de changer le voicing du canal clair (bassman ou twin), d’activer la réverbe ou de bypasser la boucle d’effets.
Un réglage « damping control » permettra quant à lui de sélectionner une réponse plus ou moins lâche des haut-parleurs. L’amortissement correspond à l’interaction entre les lampes de puissance et le haut-parleur. On termine enfin avec le clou du spectacle : le bias automatique permettant de choisir la température de polarisation (warm/normal/cool). Si ce n’est pas la grosse classe américaine !
Maintenant que l’on a fait le tour des réglages, branchons les guitares !
Sons
Afin de compléter le test du Super-sonic 22, nous avons mis l’accent sur les nouvelles fonctions à savoir les deux canaux clairs et le potard « notch tune » du canal saturé. Nous avons donc testé les deux canaux Bassman (le même que sur le 22 watts) et Showman (qui est en fait un Twin), avec une Telecaster et une Les Paul. Sans trop de surprises, les deux canaux sonnent extrêmement bien, tout en étant très différents. On retrouve le côté chaud et rond du Bassman et la brillance du Showman, suivant le canal choisi, ce qui donne à l’ampli une certaine polyvalence qui est la bienvenue. Du son jazzy au funk, tout est possible et le son reste équilibré. Pas de doute, Fender sait faire des amplis clean ! Afin de vous faire votre propre idée, voici les exemples audio des sons clean avec la Les Paul et la Telecaster :
- Les Paul Neck Bassman00:14
- Les Paul Neck Showman00:14
- Telecaster Neck Bassman00:22
- Telecaster Neck Showman00:22
- Telecaster Neck+Bridge Bassman00:16
- Telecaster Neck+Bridge Showman00:16
Concernant le canal saturé, on le connaissait déjà et nous avions été conquis lors du test du combo 22 watts. En effet, l’ampli offre un son bien rock qui fera le job dans pas mal de situations. Mais là où la tête 100 watts enfonce le clou, c’est avec le potard notch tune qui permet de vraiment modeler le son et de changer radicalement de caractère. Sur les exemples audio rock avec la Les Paul ou Metal avec l’Ibanez RG, nous avons fait varier uniquement ce fameux potard. Vous pouvez ainsi vous rendre compte de l’importance de ce paramètre ! Cet ampli déjà bien gâté se voit gratifier d’une nouvelle corde à son arc… Nous ne sommes pas loin du sans-faute !
- Les Paul Bridge Notch=100:22
- Les Paul Bridge Notch=500:22
- Les Paul Bridge Notch=1000:22
- Ibanez RG Bridge Notch=100:17
- Ibanez RG Bridge Notch=500:17
- Ibanez RG Bridge Notch=1000:17
Nous avions été séduits par le Super-Sonic 22, et nous sommes encore plus emballés par cette tête 100 watts qui ajoute un deuxième canal clair et un notch tune très pratique. Pas grand-chose à redire donc, mis à part son prix coquet, aux alentours des 2000€ avec son enceinte 4×12, qui fait que cet ampli restera un rêve inaccessible pour pas mal de guitaristes… Mais qu’il est bon de rêver parfois !
Conclusion
Il est certain qu’à la lecture de cet article, pas mal d’adeptes de la six cordes vont baver de plaisir et pour cause : on approche de la perfection avec cette tête qui offre une belle palette de sons clairs, qui sait cruncher et qui dispose d’un canal saturé aux caractères multiples grâce notamment à son notch tune. Ajoutez à cela la réverbe à ressort, la boucle d’effets, l’auto bias, le damping control, le mode 25 watts et le pédalier à 4 interrupteurs et vous obtiendrez un ampli parfait… pour qui peut se l’offrir ! Mais si vous aimez les sons clairs Fender (mais pas seulement), et que les gros chèques (de 2000€ pour la tête et le baffle) ne vous font pas peur, vous pouvez foncer tête baissée !