Les produits REVV ont très rapidement pris leur place parmi les amplis et pédales de haut vol. En à peine un an leur pédale G3 s’est installée comme une des meilleures distorsions sur le marché, basée sur le canal violet de leur Genarator120, un monstre à lampes qui a redéfini les termes précision et polyvalence pour les guitaristes de métal moderne. Dans cette logique, on ne s’attendait donc pas vraiment à voir débarquer ce petit D20 du Grand Nord canadien…
Il est compact, il ne change pas de couleur en fonction des canaux, et cela parce qu’il n’en a qu’un. On en serait presque déçu si encore une fois Revv n’avait relevé le niveau dans une toute autre catégorie. Mais ils l’ont fait ! Et cette fois-ci c’est aux amateurs d’amplis portables qu’ils s’adressent, à ceux qui préfèrent la constance de leurs pédales pour leurs overdrives et autres réverbérations… mais enfin et par-dessus tout, aux guitaristes qui, en studio et sur scène, aimeraient bien se passer d’un haut-parleur sans pour autant abandonner les lampes !
Lunchbox tout terrain
Elle est vraiment classe cette petite tête, avec ses airs de produit high-tech, et son métal brossé sobre qui inspire la solidité. Elle annonce 20 watts tout lampes (commutables en 4 watts) sélectionnées chez TAD avec deux 6V6 pour la puissance et deux 12AX7 pour le préampli. Et avant que vous ne posiez la question : oui c’est assez puissant pour du live. Largement.
Parce que ces lampes sont au service d’un unique canal clean avec un headroom à la hauteur de ses inspirations. Une version moderne et repensée des vieux combos Fender ou Marshall Major et autres références du genre, c’est-à-dire les amplis très propres qu’il faut pousser dans ses retranchements avant d’atteindre l’overdrive — et cela même en activant le potentiomètre push/pull boost qui vous amènera jusqu’à cette limite. À leur différence cependant, le D20 reste tout à fait utilisable à faible volume dans la mesure où il dispose d’un contrôle Master qui vous permet de saturer le préampli au maximum tout en maintenant un volume de sortie raisonnable.
Cela en fait donc une formidable plateforme pour pédales d’effets, et c’est tant mieux, car si vous êtes du genre à naviguer de concert en concert avec un pedalboard de 20 kg, cette petite boite de 310 × 160 × 190 mm pour 4 kg tiendra dans votre sac à dos sans risquer la lombalgie. La poignée montée sur l’ampli permet un transport facile et, à la différence de certaines, est complètement repliable si vous souhaitez utiliser la tête dans un rack, par exemple.
Beaucoup de positif jusque-là donc, mais le Revv D20 réserve encore de nombreuses surprises.
One channel to rule them all!
Revv a choisi de reprendre le canal clair de son excellent Dynamis et de se positionner ainsi dans la tendance actuelle de guitaristes qui confient leurs sons aux pédales d’effets. En parallèle, le D20 peut être vu comme une réaction au nombre toujours plus important de guitaristes qui se lancent dans l’enregistrement, le home studio, que ce soit pour poster leur musique eux-mêmes, enregistrer des maquettes, etc.
Pour résoudre cela et offrir l’ampli scène et studio ultime sans faire de compromis et conserver le vrai son lampes, les ingénieurs de Revv s’en sont remis aux spécialistes made in France des technologies d’enregistrement : Two notes Audio Engineering !
Commençons par les incontournables ! Sur le panneau avant, nous avons en plus du gain et l’égalisation, aigus, médiums et basses, un bouton permettant de passer de 20 watts à 4 watts pour une utilisation sur haut-parleur à volume plus raisonnable. Pour permettre encore plus de polyvalence, il dispose également d’un switch « Pre » et « Post » afin de choisir si vous voulez utiliser seulement la section de préampli ou bien la tête dans son intégralité, profitant ainsi de la chaleur des 6V6.
À l’arrière, le D20 propose bien entendu une sortie haut-parleur commutable entre 4 et 8 ohms à l’aide d’un bouton-poussoir situé à sa droite. Juste à côté se situent les classiques départ et retour de la boucle d’effet pour toutes vos modulations et autres effets temporels. Jusque-là rien qui ne sorte de l’ordinaire. La nouveauté est juste à côté :
One amp – Two notes
Le Revv D20 est équipé de la loadbox réactive ainsi que des I.R. de Two notes (Impluse Reponse ou réponse impulsionnelle, en soi la réaction naturelle d’un haut-parleur poussé par votre ampli au travers d’un certain micro) via une sortie D.I symétrique et un port USB. Tout cela est très prometteur, mais dans la vraie vie, comment ça marche ?
Grâce à sa loadbox réactive intégrée, vous pouvez profiter de la chaleur des lampes sans même avoir à brancher de haut-parleur et sans aucun risque d’endommager la tête simplement en engageant le bouton poussoir « Internal Load » sur le panneau arrière. Si vous avez oublié de l’enclencher avant de mettre l’ampli sous tension, pas de danger non plus ! Le D20 reconnait automatiquement qu’aucun haut-parleur n’est branché et passera de lui-même sur le mode interne.
La sortie directe permet de brancher la tête directement dans la table de mixage de votre salle de répétition ou concert et de profiter d’un son d’ampli à lampes sans concessions, au travers du 4×12 de vos rêves (car vous n’avez pas à le sortir de la voiture) capté avec les meilleurs micros studio possibles. Six configurations sont enregistrables directement dans la tête d’ampli et sont interchangeables via le potentiomètre « Virtual Cabinet » du panneau avant.
Et pour les pratiquants du home studio, yousiciens et autres guitaristes de studio qui doivent rapidement s’adapter à toute session d’enregistrement, pas de panique, Revv a pensé à tout ! La sortie USB sur le panneau arrière de l’ampli vous offre tout un monde de possibilités soniques via le logiciel éditeur de Two notes, le désormais célèbre Torpedo Remote, qui met à votre disposition des dizaines d’autres configurations d’amplis de puissance, de haut-parleurs, micros et studios.
Une fois le D20 branché et le logiciel ouvert voici un aperçu de ce à quoi vous attendre :
L’interface est extrêmement intuitive, avec beaucoup de réglages accessibles de manière presque « physique ». Vous pouvez effectivement gérer la position du haut-parleur dans la pièce et par rapport au(x) micro(s) choisis d’un simple glissement de souris.
Via les menus proposés, vous pourrez aisément choisir le type de pièce (petit ou moyen studio, hall, scène…), d’enceinte (1×12, 2×12, 4×12…) et de haut-parleur dans l’enceinte, mais également le nombre et type de micros utilisés ou les modes mono ou stéréo.
Le Torpedo Remote vous donne également accès à de nombreux effets au format rack de qualité studio. Vous aurez ainsi la possibilité d’ajouter compression, égalisation, réverbération et obtenir un signal de sortie parfaitement mixé et constant d’une utilisation à l’autre.
Pour conclure ce curriculum vitae, vous pourrez sauvegarder jusqu’à 128 configurations différentes dans l’ampli et les rappeler via n’importe quel pédalier de contrôle MIDI via l’entrée MIDI IN située sur le panneau arrière. A priori donc, ce petit ampli est capable de beaucoup de choses, voyons à présent comment il sonne !
Tous les extraits sonores présentés ci-dessous ont été réalisés via la sortie D.I. du D20, branché via XLR dans une interface Mackie Onyx Producer et utilisant les IR de Two notes intégrés d’usine dans l’ampli. Aucun traitement ou égalisation n’a été fait après l’enregistrement.
On commence avec une Fender Stratocaster Classic 60’s en son clair, déjà pas mal de gain au réglage pour un jeu dynamique, boost désengagé, et au travers de l’IR 2×12 closed back de REVV :
On est déjà bien. Très bien même. La boucle d’effets de l’ampli n’attend que vos pédales pour ajouter une touche de modulation sans dénaturer le signal du préampli. Voici donc le même réglage avec la réverbe Polara de Digitech dans la boucle d’effets pour ajouter un peu de profondeur au son :
On pousse un petit peu en adaptant l’égalisation à la guitare et en utilisant le boost de gain pour arriver à ce son bluesy tirant sur l’overdrive mais toujours brillant et défini (même IR) :
Toujours pas de pédale en vue, mais on arrive déjà à une palette de couleurs très intéressante. Pour mettre à l’épreuve la transparence du D20, on passe sur une Epiphone Custom équipée de P90 Gibson et on pousse le volume et gain à fond avec le boost engagé pour aller chercher les sons plus crunch :
L’ampli répond bien aux changements de micros et de niveau de sortie, mais nous sommes arrivés à la limite du gain qu’il proposait. Il est donc temps de nous aventurer du côté des pédales de distorsion pour tous ceux d’entre vous qui penchent plutôt côté hard rock et métal. Voilà donc le D20 avec les mêmes réglages, IR et même guitare que sur l’extrait précédent, avec en façade la distorsion Revv G4.
La réponse est impressionnante. Beaucoup de basses car rien n’est filtré, mais la compression de la distorsion est bien présente et le son reste large, ouvert et dynamique… what else ?
Conclusion
En somme le D20 ne fait pas tout, loin de là. Si vous recherchez un ampli polyvalent, proposant plusieurs canaux, différents étages de gain ou de la réverbe, celui-ci n’est certainement pas pour vous. Mais ce que le D20 fait, il le fait extrêmement bien. Avis aux amateurs de sons clairs, pédales d’effets, de solutions compactes pour scènes de toutes tailles et de studios d’enregistrement : Revv a réussi à mettre tout ce qu’il vous faut, et plus encore, dans cette merveilleuse petite boîte ! Cerise sur le gâteau : vous achetez non seulement un son clair qui n’a pas son pareil, une loadbox Two notes et sa sortie directe ainsi que leur catalogue des meilleures émulations de haut-parleurs, mais le tout juste au-dessus de la barre des 1 000 €. On croit Revver.