Victory est une marque anglaise d’amplificateurs réputée pour la qualité de ses produits autant sur le plan sonore que matériel. Ses amplificateurs se déclinent sous différents formats et aujourd’hui nous allons tester le "V4 The Jack", un ampli complet mais au format pédale.
Le « V4 The Jack Guitar Amp » est une déclinaison d’une tête d’amplification développée en partenariat avec le génialissime Guthrie Govan, la fameuse « V30 » dont le nom original était « The Countess ». Notez cependant que celle-ci a été simplement renommée, il n’y a en réalité aucune différence entre l’ancien et le nouveau nom sur le plan purement sonore.
Ainsi, après avoir proposé il y a quelques années une série de préamplificateurs à lampes reprenant les caractéristiques sonores des modèles originaux de la marque, Victory revient en force avec un format quasi identique, mais avec un circuit d’amplification complet, autrement dit, une section de préamplification à lampes et une section de puissance à transistors.
Cet amplificateur est naturellement un peu plus encombrant qu’une simple pédale de distorsion avec un châssis en aluminium aux dimensions de 258 mm x 174 mm x 105 mm. Cependant, il est étonnement léger avec un poids de 1.7 kg, ce qui est extraordinaire quand on sait que l’on parle-là d’un amplificateur que l’on peut brancher dans une enceinte pour obtenir 180 Watts sous 4 ohms, 90 Watts sous 8 ohms et 45 Watts sous 16 ohms. À ce propos, les lampes utilisées ne sont pas forcément les plus courantes avec une EC900 et trois CV4014 pour lesquelles Victory offre une garantie de deux ans et un stock normalement suffisant pour les années à venir. Pour la section puissance, la marque britannique utilise une technologie nommée « Valve Response Circuit Power » dont l’objectif est de reproduire les sensations de jeu d’un ampli de puissance à lampes.
La face principale de cet amplificateur dispose d’un footswitch permettant de passer du canal clair au canal saturé. Ces deux canaux disposent d’une égalisation trois bandes commune mais de deux gains (VOL 1 & VOL 2) et de deux volumes (MASTER 1 & MASTER 2) indépendants.
Victory vient compléter ces réglages par un potentiomètre permettant de doser la réverbe numérique intégrée dont vous pourrez juger de la qualité dans les extraits audios de ce test. La valeur ajoutée vient du partenariat avec l’incontournable marque française Two Notes qui permet au « V4 The Jack » d’offrir une simulation d’enceintes complète reprenant l’écosystème des différents appareils « Torpedo » dont il est presque impossible, en 2022, d’ignorer l’existence. Ainsi, un potentiomètre « SIM PRESETS » permet de sélectionner une simulation d’enceinte parmi six presets, personnalisables grâce au port USB disponible sur un côté du pédalier. Enfin, un dernier potentiomètre « SIM LEVEL » permet de régler le volume de la sortie XLR dédiée à la simulation d’enceinte.
La face sur laquelle se trouve la connectique est irréprochable tellement rien n’y manque. On retrouve l’entrée pour la guitare, une boucle d’effets, une entrée pour un footswitch permettant à la fois de contrôler les canaux mais aussi l’activation de la réverbe intégrée, une sortie destinée à se brancher sur une enceinte, une sortie jack « LINE OUT » sur laquelle on pourra au choix activer ou non la simulation d’enceinte à l’aide d’un petit commutateur et enfin une sortie XLR sur laquelle la simulation d’enceinte est activée en permanence. Victory a aussi eu la délicatesse de proposer une sortie 9 VDC de 500 mA qui pourra alimenter quelques pédales modestement gourmandes. On retrouve également un switch permettant de mettre en action un petit ventilateur intégré à la pédale. Victory parle du fait que le pédalier peut devenir
particulièrement chaud sans celui-ci, sans pour autant en compromettre l’utilisation. Il est recommandé de l’éteindre uniquement pour des sessions en studio durant lesquelles un silence complet serait nécessaire. À l’usage, ce ventilateur s’est montré tout à fait discret, à peine plus audible qu’un bon ventilateur d’ordinateur. Bien entendu, la marque anglaise a aussi pensé à mettre une sortie casque au format 3.5 mm.
Enfin, la sérigraphie est superbe et reprend l’identité visuelle de cette série « The Jack ».
La fabrication est quant à elle d’origine anglaise, faite main, et tout nous laisse penser que le produit ne sera pas sensible aux années qui passent.
Tu me prêtes ton Jack ?
Commençons par écouter quelques extraits audios sur le canal clair.
- 1 – Canal clair – Gain à 5 – Victory Duchess 112 W – Rev 40%00:23
- 2 – Canal clair – Gain à 7 – Victory Duchess 112 W – Rev 40%00:23
- 3 – Canal clair – Gain à 10 – Victory Copper 412 O – Rev 40%00:22
Possédant moi-même la Victory V30 MKII depuis des années, je connais parfaitement son canal clair plutôt droit mais qui crunch assez rapidement dès que l’on pousse un peu le gain. On bénéficie ici exactement des mêmes caractéristiques et sensations de jeu. Avec le gain aux environs de la moitié de la course on retrouve ce léger crunch très réactif à l’attaque du médiator. Poussé au maximum et avec des micros double bobinage ça crunch de manière généreuse ! On pourra sans problème envisager d’y joindre un clean boost ou une pédale équivalente pour se constituer un canal supplémentaire à la limite de la distorsion. Ce canal clair est finalement assez polyvalent même s’il est plus délicat à maitriser pour qui recherche un son clair totalement clair avec beaucoup de headroom. Cependant, Victory propose d’autres amplificateurs pour ce type d’usages.
Voici maintenant quelques exemples sur le canal saturé :
- 4 – Canal saturé – Gain à 1 – Victory Copper 412 O – Rev 40%00:23
- 5 – Canal saturé – Gain à 4 – Victory Copper 412 O – Rev 40%00:14
- 6 – Canal saturé – Gain à 6 – Victory Kraken 212 V – Rev 15%00:31
- 7 – Canal saturé – Gain à 8 – Victory Sheriff 412 O – Rev 60%00:35
- 8 – Canal saturé – Gain à 10 – Victory Kraken 212 V – Rev 15%00:24
Là encore, je retrouve bien le caractère de la tête d’amplification originale avec peut-être un peu moins de headroom, ce qui s’explique, entre autres, par une section de puissance à transistors pour cette version V4. Le gain ne manque pas et permet de couvrir une palette de styles très large. La dynamique est bien là et les nuances au médiator sont parfaitement retranscrites. Les sensations de jeu sont bien celles d’un amplificateur à lampes, c’est indéniable. On remarque aussi qu’avec le gain au maximum, le pédalier reste relativement silencieux, proportionnellement au taux de saturation disponible. Il sera totalement adapté aux guitaristes qui recherchent un amplificateur pour jouer du métal avec un caractère plus rond et plus chaud que celui du Kraken. Pour les solistes, cet amplificateur, dans ce format ou dans un autre, est un incontournable.
La réverbe intégrée s’est montrée efficace et agréable à jouer. Elle pourra sans problème remplacer une pédale dédiée pour celle ou celui qui souhaite simplement rajouter une réverbe d’ambiance afin de donner du naturel au son. Pour des besoins plus poussés, il faudra faire de la place sur votre pedalboard.
La french touch
Nous l’avons vu dans la première partie de ce test et vous avez pu l’entendre sur les différents extraits audios : cet amplificateur est totalement autonome et peut se brancher directement dans une console ou dans une carte son tout en offrant des simulations d’enceintes très réalistes. Victory a ainsi intégré tout l’écosystème auquel nous ont habitués les équipes françaises de Two Notes et leur technologie « DynIR ». Les utilisateurs de systèmes Torpedo retrouveront automatiquement leurs marques et pourront même charger des enceintes de leur collection. Il est bien entendu possible de charger des IRs externes. Ainsi, une fois le câble USB branché et l’application « Torpedo Remote » installée, on a accès à une jolie interface permettant de choisir l’enceinte que l’on souhaite utiliser (dont dix de la collection Victory sont offertes) et de placer deux micros, parmi une liste, devant ou derrière l’enceinte et à la distance de son choix. À cela viennent s’ajouter différentes options comme la présence d’un égaliseur, d’un gate, d’une simulation d’amplificateur de puissance, d’un enhancer et d’une réverbe. Il est ensuite possible de sauvegarder son preset et de le rappeler en temps réel directement sur le pédalier grâce au potentiomètre « SIM PRESETS ». Bien entendu, Two Notes propose une collection gigantesque d’enceintes de différentes marques et il est impossible de ne pas trouver son bonheur. À noter que les presets originaux sont élaborés par un guitariste aussi merveilleux que Gutherie Govan : Jack Gardiner. Il y a donc de fortes chances pour que ces presets puissent finalement être suffisants pour un grand nombre de guitaristes ou puissent servir de points de départ solides à l’élaboration de presets personnalisés.
Conclusion
La marque Victory a pour habitude de bien faire les choses et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est une fois encore le cas. Cette version du « The Jack » est très fidèle au modèle original. On retrouve bien son caractère que ce soit sur le canal clair ou le canal saturé. La connectique est celle d’un amplificateur haut de gamme, il ne manque absolument rien. L’intégration de l’écosystème Two Notes est excellente et offre des simulations d’enceintes ultras réalistes et faciles à personnaliser. Il n’y a en réalité absolument rien à reprocher à cet amplificateur au format pédalier qui trouvera sa place dans de nombreuses configurations. Les quelque 900 euros demandés pour cet amplificateur (tout comme pour les divers modèles de la série), sont tout à fait justifiés pour du matériel de cette qualité, fabriqué au Royaume-Uni.