PRS est une marque traditionnellement associée à la fabrication de guitares, aux USA dans un premier temps et en Asie sous le label SE dans un second. Son entrée sur le marché des amplis à lampes est assez récent et c'est avec la caution de Mark Tremonti que la tête MT15 au format lunchbox nous est proposée.
Guitariste d’Alter Bridge entre autres activités musicales, Mark Tremonti est le musicien metal américain s’il en est. Assez peu amoureux du son anglais de sa propre confession, il a demandé à PRS un ampli sans concession (ce qui ne veut pas dire sans nuances) dont la section puissance valide la couleur US de sa musique en la présence de deux lampes 6l6 bien suffisantes pour mettre en voix les 15 watts « officiels » de la MT15. « Officiels » car après avoir traîné sur quelques forums PRS il semblerait que la puissance réelle tourne autour des 25 watts, les 15 watts affichés n’étant en fait mentionnés que pour placer l’ampli commercialement dans le domaine de la lunchbox… Mais ceci n’est que bruit de couloir, attachons-nous à détailler ce que l’on a en main !
L’ampli pèse 8 kilos, assez léger pour être extrait facilement de son carton mais suffisamment lourd pour mettre en confiance en termes de résistance matérielle. La sensation de qualité est bien présente et l’ampli est livré avec une housse de transport munie d’une poche bienvenue pour y mettre le secteur, le câble HP et le footswitch fournis. Pack complet prêt à l’emploi et au transport donc, un très bon point. Le look est assez sobre et l’intérieur est visible à travers les petits trous de la grille vissée à même le chassis. Une rapide manipulation des potards montre une bonne résistance à la rotation, idéale pour ne pas trop dérégler son ampli quand on le range dans sa housse à l’inverse des EVH dont la valeur change dès qu’on souffle dessus. Décidément chez Eddie tout est low friction… Hum hum.
Les specs de la MT15 ne trompent personne : avec 6 lampes dans la section préamp, il va y avoir de la saturation ! Les deux canaux disposent de leur égalisation individuelle trois bandes (basses, médiums et aigus). Une présence générale adapte la tonalité de l’ampli à l’enceinte dans laquelle il est branché. Le volume du canal saturé est labelisé « master » alors que celui du canal clair reste nommé « volume » sans qu’aucune incidence de l’un à l’autre ne soit constatée lors du test. Petite excentricité sans conséquence donc. Le potentiomètre de treble du canal clair est un push pull qui active un boost de gain dont nous écouterons la teneur. Les canaux peuvent être basculés via un mini-switch à droite du panneau de commande ou avec le footswitch dans la prise jack arrière. Attention, la MT15 n’est comme certaines autres références pas compatibles avec la fonction de contrôle du Line 6 HX Effects, celui-ci libérant une minuscule charge à laquelle certains amplis sont sensibles alors qu’ils nécessitent un signal totalement passif.
Le panneau arrière présente un switch d’atténuation qui diminue la puissance de 15 à 7 watts et qui ne sera pas sans incidence sur le grain du rendu. Des ports externes de réglage de bias permettent de réaliser soi-même la maintenance des lampes de puissance. En effet, on peut contrôler la tension de chaque lampe avec son port dédié et ainsi vérifier qu’elle fonctionne bien à la tension demandée (en l’occurence une fourchette comprise entre 25 et 30mv). Vous pourrez aussi changer vous-mêmes vos lampes et pourquoi pas passer la tête en EL34, changement possible relaté par quelques amateurs éclairés sur le net. La boucle d’effets et les jacks pour les enceintes ferment la marche du panneau arrière.
Paul rit de Smith
Tentons de résister à l’envie d’enclencher immédiatement le second canal et attardons nous sur le canal clair. Mouais, en général le clean de ces petits amplis lunchbox ne casse pas trois pattes à un canard sauf que là… C’est la très grosse surprise. Des dires de Paul Reed Smith lui-même, ils ont voulu atteindre le niveau d’un Fender et même si l’on ne se trouve pas devant un Twin Reverb nous sommes face à une grande qualité sonore. En clean pur, les arpèges sonnent merveilleusement quelle que soit la position de micro enclenchée, ajoutons un chorus et un peu de reverb et à nous les intros des ballades des années 80. Une compression ? Pas de souci, la MT15 s’en sort fantastiquement bien. Testons l’action du push pull de treble pour entendre le boost, attention aux variations de niveau ! C’est un paramètre qu’il vaut mieux ne pas régler en plein jeu vu le gap de volume. Les arpèges deviennent plus croustillants et un crunch apparaît, rendant cet ampli parfait pour jouer du AC/DC, qui l’aurait cru ? En augmentant le volume le crunch s’épaissit, tout en gardant le côté droit et précis des 6L6. Observons de plus une belle tolérance de la boucle d’effets pour les spacialisations et modulations diverses.
- cleanpur01:02
- cleanchorusreverb00:36
- cleancompfunk00:54
- cleanboostetvolume01:18
Le canal saturé nous tend les bras, pourquoi lui résister ? Avec tous les réglages à 50%, c’est déjà l’enfer. Cette tête a du gain, énormément de gain, pas étonnant avec ces fameuses 6 lampes de préamplification. La sensation d’avoir affaire à un ampli de 50 watts au moins est sidérante. Des basses ? Il y en a. Du sustain ? Il y en a. Tout ce dont vous rêvez à propos d’une distorsion metal ? C’est là. Le grain est délicieux et l’impact du premier accord laisse sur le carreau. À la limite il est presque inutile de chercher plus avant sur les réglages : tout à moitié et c’est parfait ! Le test de la totalité de la course du potard de gain révèle tout de même une assez belle polyvalence malgré la droiture de la réponse des lampes de puissance. Seul un très léger bruit de fond trahit le fort taux de gain mis en œuvre, belle performance pour un ampli made in China qui ne le laisse pas du tout paraître à moins de le signaler. Petit conseil, l’ampli donne le meilleur de lui même avec le gain à 45%, le grain est présent mais tout reste bien clair et défini sans que l’on ne se sente trop en danger lors du jeu.
L’égalisation n’est pas en reste et se montre efficace là où on l’attend, à savoir amplifier ou diminuer des fréquences sans dénaturer totalement le son de base de façon caricaturale. En jeu lead c’est l’extase, avec les réglages toujours à 50%… Cette tête est un pousse au crime shred !! À la question « mais pourquoi tu shreddes ? » une nouvelle réponse est désormais disponible : « parce que PRS MT15 !! ». Le test du switch arrière pour passer en 7 watts révèle certes une baisse de volume significative mais aussi un son un peu différent à volume équivalent. Les basses sont moins rondes et le grain prend presque des airs anglais ! Cet argument est mis en avant par la communication de PRS en regard du MT15 et il est réel.
- distoall5001:12
- distogain01:48
- distoEQ01:24
- disto15_7watts01:00
- distolead01:36
La pièce finale m’autorise à lâcher les chevaux qui ne demandent qu’à s’ébrouer depuis le début de ce test. Qu’il est difficile de rester sérieux alors que l’envie de jouer comme un fou tape à la porte !
Tu l’aimes tes quinze ?
Il peut parfois être tentant d’accorder la note maximale à certains produits parce qu’il nous ont charmé l’espace d’une semaine, pour ensuite s’apercevoir que l’enthousiasme est retombé et a laissé place à un goût amer. Je sais que ces mythiques cinq étoiles ont été accordées par notre ami Hushman il y a peu à la pédale Panama et que cela a interloqué quelques-uns d’entre vous en arguant que rien n’est parfait. Et pourtant, je vais à mon tour accorder ces mythiques étoiles à cette PRS MT15 et faire quelque chose de peu élégant, je vais m’adresser à toi. Toi, lecteur d’Audiofanzine. Sache que chaque test est pensé jusqu’à la dernière lettre et que dans mon cas je réflechis à son contenu quelques jours avant même de toucher mon clavier d’ordinateur. Je mesure la responsabilité qu’a un test lors d’une éventuelle décision d’achat, les temps sont durs et acheter sur la base du test de quelqu’un est une grande marque de confiance et je t’en remercie. Je te prie donc de mon croire : cette tête PRS MT15 mérite cinq étoiles. J’en oubliais même de préciser qu’elle ne coûte qu’aux alentours des 580 euros… C’est l’ampli ultime dont on peut rêver dans cette gamme de prix. Testée juste à côté d’une Bogner Uberschall Rev Blue, elle ne fait pas tâche bien au contraire. Les cleans sont superbes, la saturation est une des plus monstrueuses que j’aie entendues, le look est à la fois sobre et classe avec les LED bleues pour le canal clean et rouges pour le canal saturé, la tolérance aux effets directs ou dans la boucle est parfaite, l’encombrement et le rapport poids/puissance est fou, tous amplis confondus. Il va sans dire qu’elle enterre sans l’ombre d’un doute TOUTES les références de lunchbox dans la même catégorie, c’en est même comique… Mais certains gros amplis légendaires sont en sueur car la MT15 est un gros uppercut dans ma vie de testeur et de guitariste d’une façon globale. Un des tous meilleurs rapports qualité prix, un tour de force de la part de PRS et Tremonti.
Testée en répétition et en concert avec ADX au Clermont Metal Fest, je peux vous garantir que les 15 watts sont les plus gros watts que mes oreilles ont croisés. Je n’ai pas honte de dire que je garde cet ampli avec le plus grand plaisir du monde, car c’est selon moi l’un des meilleurs amplis de metal du monde, rien de moins.