Dès la réception du carton, impossible de s’y tromper, nous sommes bien en présence d’une tête d’ampli très compacte et affichant un poids équivalent à celui d’un pack d’eau. Première bonne surprise donc quand on connaît le poids d’une tête Marshall 1959 SLP, modèle sur lequel se base notre petite tête SV20H.
Carrément vintage
Le Marshall Studio Vintage appartient à la série Studio qui regroupe des amplis de 20 watts basés sur les modèles les plus iconiques de la marque. On retrouve dans cette série notre SV20 basé sur un 1959SLP (Super Lead Plexi), le SC20 basé sur le légendaire JCM800 et le 2525 qui reprend l’architecture et les sonorités d’un Silver Jubilee. Chaque ampli est disponible en combo et tête. Marshall a fait un excellent travail concernant l’esthétique des amplis. Ils affichent tous le look des amplis desquels ils sont inspirés avec des petits détails visuels qui leur apportent cachet et authenticité.
La tête SV20H, qui nous a été gentiment prêtée par Loïc du magasin L’Ampli à Lampes pour ce test, ne déroge pas à la règle. L’ampli arbore le look le plus classique des têtes Marshall avec ce panneau en Plexiglas si caractéristique des amplis de la fin des années 60 qui lui a d’ailleurs forgé le surnom de « Plexi ». La marque britannique nous informe que la section préampli est directement empruntée au 1959SLP, ampli mythique qui a littéralement défini le son de la guitare rock. On attend donc beaucoup de cette petite boîte. Visuellement donc, l’ampli est très beau et immédiatement reconnaissable. Des switchs d’alimentation et de stand-by aux quatre entrées en passant par le liseré doré qui fait le tour de l’ampli, tout y est. Il possède des réglages de présence, basses, médiums, aigus et de volume pour les deux canaux. Ces derniers sont baptisés Normal et High Treble, et les potards de volume sont dénommés Loudness. Tout un programme ! Le témoin lumineux de mise en tension de l’ampli signalé par le lettrage « Indicator » est lui aussi, très authentique et nous renvoie vraiment à l’âge d’or de Marshall.
Si le panneau avant reprend exactement les contrôles et le visuel de l’ampli original, le panneau arrière est quant à lui beaucoup plus moderne. Les sorties HP sont au nombre de cinq et l’ampli ne dispose pas de sélecteur d’impédance. Ces sorties sont identifiées par une bague rouge comme sur toutes les têtes Marshall modernes. L’ampli possède une sortie directe sans simulation de HP ce qui peut être pratique pour l’enregistrement. Enfin, Marshall a équipé la tête SV20H d’une boucle d’effets débrayable ce qui est également très bienvenu pour l’insertion des effets temporels notamment.
Vintage mais pas que
L’ampli délivre une puissance de 20 watts à travers deux lampes EL34. On peut saluer l’effort de la marque qui a choisi les mêmes lampes de puissance que celles qui équipent l’ampli original. Le transformateur de sortie définit la puissance de l’ampli et la limite à 20 watts, ce qui est largement suffisant dans la mesure où l’ampli n’a pas de master volume. Afin de rendre son utilisation légèrement plus souple, Marshall a intégré un système de réduction de puissance à l’ampli. Ce système permet de basculer entre 20 ou 5 watts. On sélectionne la puissance par l’intermédiaire du switch stand-by. Ce dernier dispose de trois positions : Low, stand-by, et High. En mode High on profite de toute la puissance de l’ampli et en mode Low on l’abaisse à 5 watts. Même sur ce réglage de puissance l’ampli est fort… très fort. Il est tout de même bien pratique de pouvoir baisser la puissance directement sur l’ampli, bien que son utilisation en appartement soit indissociable d’un atténuateur externe. On pourra alors profiter pleinement de l’ampli et de ses sonorités à volume raisonnable. On aurait aimé un système de réduction de puissance identique à celui qui équipe la série Origin dont nous avons testé un combo l’an dernier.
Le circuit de l’ampli est très simple et reprend donc celui du 1959SLP. La section préampli accueille trois lampes 12AX7 dont une est chargée de l’inversion de phase. L’ampli de puissance est articulé autour de deux lampes EL34 qu’on trouve habituellement dans des amplis plus puissants. Chaque canal dispose de deux entrées, High et Low ce qui permet, comme sur l’ampli original, de jouer sur les deux canaux en même temps en les reliant avec un câble de patch. On a ainsi un contrôle plus étendu sur le son et sa texture.
Classic Rock
On relie la tête à notre Torpedo Captor-X et c’est parti. On se branche dans l’entrée High du canal High-Treble et on remarque que même avec le potard de volume sur 1, l’ampli sature déjà. C’est à la fois une bonne surprise et à la fois étrange à constater. Pour les sons clairs, il faudra se brancher dans l’entrée Low ou éventuellement utiliser le canal Normal qui sature un peu moins mais apporte davantage de basses. D’ailleurs, comme sur l’ampli original, les basses ont tendance à baver un peu trop à mesure qu’on augmente le volume (et donc le gain). Une pratique courante à l’époque consistait à placer le réglage de basses sur sa position minimale et on peut dire que ça fonctionne bien pour cette réinterprétation de l’ampli. Tous les types de guitares s’entendront à merveille avec cet ampli qui traduit avec précision le caractère de l’instrument et du musicien qui le joue. C’est une caractéristique courante des amplis ne disposant pas de master volume qu’on retrouve aussi chez les amplis Supro : un côté très organique et précis et un son qui ne pardonne pas. La moindre erreur de doigté se fera entendre.
On continue de monter le volume, toujours sur le canal High Treble. Autour de 2 ou 3, le son s’épaissit d’un coup et la compression naturelle des lampes se fait bien sentir, on remarque clairement le deuxième étage de gain arriver. On a alors une saturation plus franche, très tranchante et précise qui rappelle sans conteste le son de guitare d’AC/DC. On est même bluffé en jouant les premières notes du riff d’Highway to Hell tant le son est ressemblant. Passé 5 sur 10 sur le réglage de volume, on atteint le « sweet spot » de l’ampli, la position idéale sur laquelle il excelle. Entre 7 et 10 la saturation n’augmente plus vraiment mais le son s’épaissit et une bonne dose de basses fait son arrivée, même avec le potard de basses à zéro. Si c’est ce grain qu’on cherche, une pédale de boost en façade permettra de resserrer les basses pour un son qui s’insèrera mieux dans le mix dans un contexte de groupe. L’égalisation est fidèle à ce qu’on attend d’un ampli Marshall. Elle n’agit pas de manière drastique sur le son mais autorise quand même quelques variations. Le potard de médiums permet notamment de changer un peu le caractère du son. Mais on reste clairement dans la philosophie vintage. L’ampli délivre UN son, mais quel son !
- Clean Strat01:20
- Clean SG (humbuckers)01:43
- Crunch Strat02:11
- Crunch LP '56 RI (P-90)02:00
- Clean LP '56 RI (P-90)01:36
- Crunch SG (humbuckers)02:38
- Lead Strat01:51
- Lead LP '56 RI (P-90)01:24
- Lead SG (humbuckers)02:28
Powerage
La tête SV20H nous renvoie directement dans les années 60/70 et on tombe vite sous le charme de ses sonorités typiques et de son look vintage. Si le canal High Treble tord très vite, on peut néanmoins obtenir des sons clairs très décents grâce au canal Normal. Ce dernier possède une course beaucoup plus longue au niveau du gain et ne commence à saturer qu’autour de 3 ou 4 sur le réglage de volume. Cela dépendra également des micros et de leur résistance de sortie. Les sons clairs sont assez jolis et profitent d’une bonne profondeur grâce au côté un peu plus chargé en basses du canal Normal. En revanche, le son est brut et ne pardonne pas. Une légère réverbe insérée dans la boucle aux côtés d’un joli chorus permettra d’habiller un peu le son. L’ampli réagit d’ailleurs très bien aux différentes pédales qu’on peut placer en face. Nous avons boosté l’ampli avec des pédales Xotic BB Preamp et EP Boost ce qui permet de l’emmener dans des territoires plus hargneux en termes de sonorités. Nous avons également placé une Catalinbread Giygas Fuzz (testée récemment dans nos colonnes) face à l’ampli, même résultat, il ne bronche pas. Le son crunch de l’ampli sur lequel vient s’asseoir une fuzz rappelle fortement les sonorités développées par un certain Jimi Hendrix.
Comme pour les pédales, la tête SV20H réagit de manière très naturelle et musicale aux différentes guitares qu’on peut brancher dedans. Une Les Paul Special montée en micros P-90 a semblé particulièrement bien s’entendre avec l’ampli, notre SG a fait des merveilles également. En branchant une Stratocaster on obtient ce crunch caractéristique qu’on a découvert avec Jimi Hendrix et qu’on a retrouvé plus tard chez Stevie Ray Vaughan. Que du bonheur. En jouant cet ampli, on comprend pourquoi tant de guitaristes rock en ont fait leur ampli de prédilection, encore de nos jours. On pense à Joe Perry, Angus Young, Lenny Kravitz, Dan Hawkins et bien d’autres qui continuent à utiliser cet ampli, pour des raisons évidentes.
It might get loud, very LOUD !!!
Si la tête SV20H jouit d’une conception solide et authentique qui reprend précisément le circuit du 1959SLP, on aurait aimé davantage de souplesse au niveau de la réduction de puissance. L’ampli reste quand même très fort, même en baissant la puissance de 20 à 5 watts. D’ailleurs, le mode 5 watts est quasiment similaire au mode 20 watts en termes de sonorité, avec un petit moins de présence et un taux de compression légèrement supérieur. Il faut bien garder à l’esprit qu’il s’agit d’un ampli sans master volume qui restera difficile à exploiter en appartement, sauf en l’appairant avec un très bon atténuateur. Mais là encore, le son sera filtré légèrement. C’est dommage d’autant que la marque d’outre-Manche nous a prouvé par le passé, notamment avec les têtes d’ampli signature Slash (AFD100) et Yngwie Malmsteen (YJM100), qu’elle était capable de développer un système d’atténuation numérique de la puissance qui fonctionne très bien.
Le SV20H reste un ampli très intéressant et indispensable si on cherche ce type de son. La polyvalence n’est certes pas son point fort, mais la dynamique de l’ampli et le fait qu’il reçoive très bien les pédales permettent quand même d’obtenir des sonorités assez diversifiées. À tester d’urgence !
Encore merci au magasin L’Ampli à Lampes et particulièrement à Loïc pour sa gentillesse et sa disponibilité.