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fwedewe
« Un monstre certes mais pas sans défauts »
Publié le 14/10/20 à 16:33
Rapport qualité/prix :
Correct
Cible :
Les utilisateurs avertis
J’ai possédé un Korg Kronos 73 de première génération pendant cinq années, que j’ai utilisé à la fois en répétition, en concert et en homestudio, et je souhaitais faire part de mon avis sur cet instrument.
Mon appréciation des différents moteurs sonores :
Moteur SGX-1 : possesseur de la première version du Kronos, celui-ci embarque seulement deux modèles de pianos contre trois pour les modèles construits à partir de l’année 2015. J’ai un avis partagé concernant ce moteur SGX. Sur le papier, le nombre important de gigas d’échantillons embarqués sur le disque dur SSD permet de bénéficier d’énormément de données pour aboutir à une certaine forme de réalisme et également d’éviter tout phénomène de bouclage (toutes les notes résonnent naturellement jusqu’à leur extinction). La présence des bruits de mécaniques, ajustables et déconnectables à souhait, ainsi que la possibilité d’intervenir rapidement sur le timbre global, en ouvrant ou en abaissant le couvercle virtuel du piano via l’écran, participent à rendre l’expérience la plus proche possible du véritable instrument. Tout cela est bluffant lorsque l’on découvre toutes ces possibilités. Pourtant, je n’ai jamais réussi à me faire à ces deux pianos. Ce n’est pas faute d’avoir passé du temps à tout régler dans tous les sens (paramètres internes au SGX-1 + réglage de vélocité sur la valeur 9 si je me souviens bien comme conseillée par le manuel pour jouer les sonorités de piano) mais rien à faire, impossible pour moi de me trouver véritablement en accord en termes de ressenti lors d’un jeu solo. Je n’ai jamais connu ce problème sur tous les claviers que j’ai pu posséder jusqu’à présent, éventuellement j’appliquais un léger ajustement de la courbe de vélocité (ce fut le cas pour un Yamaha CP300 que j’ai possédé et que j’avais réglé en Médium au lieu de Hard) mais rien d’autre. Je possède actuellement un NordPiano3 et à aucun moment je n’ai réglé quoique ce soit sur cet instrument, juste branché et le plaisir était présent dès le premier enfoncement des touches. Avec le Kronos, je me suis trouvé dans l’incapacité de me sentir à l’aise en toute situation. Concernant les timbres, autant le dire toute de suite, je ne me suis jamais attardé sur le modèle japonais qui s’est avéré beaucoup trop métallique à mon goût. J’ai donc utilisé en permanence le modèle allemand avec la variable positionnée continuellement sur "dark" mais sans pour autant être totalement emballé par la sonorité. En termes de sensations, j’ai toujours eu cette impression qu’après l’attaque du son, l’intensité semblait s’éteindre un peu trop rapidement dans les toutes premières secondes avant de résonner un peu plus naturellement par la suite. Là aussi, j’ai passé du temps à régler les différents paramètres afin de trouver une solution à ce phénomène, mais ce fut peine perdue. Par conséquent, je me suis toujours servi de ce son de piano pour jouer/accompagner en groupe, mais nullement pour bosser un morceau solo ou pour composer, un truc ne s’est pas réalisé entre le Kronos et moi, un feeling qui ne s’est jamais établi. Cela est d’ailleurs très frustrant car j’ai conscience que ce “German” piano est vraiment de qualité dans l’absolu mais je n’ai pas su l’exploiter comme je le désirais. Dommage.
Moteur EP-1 : c’est l’un des moteurs sonores que j’ai trouvé le plus plaisant à utiliser, la modélisation des pianos électriques est véritablement optimale. Étant habitué depuis plusieurs années à utiliser le logiciel Lounge Lizard, j’ai retrouvé dans le Kronos les mêmes types de paramétrages qui permettent de se “construire” le son de Rhodes ou de Wurlitzer que l’on souhaite, que l’on s’idéalise. Des pédales d’effets vintage sont incluses dans ce moteur ce qui permet d’éviter de se plonger dans l’attribution des effets via les pages "Effects" dédiées, et donc ainsi gagner du temps dans l’édition. Du point de vue de la simulation, rien à redire pour ma part, je considère que c’est très réussi, véritablement réaliste en termes de son et de ressenti. Franchement, le top !
Moteur HD-1 : de mon point de vue, c’est l’un des points faible du Kronos et pour lequel quelques interrogations et frustrations sont apparues au regard du prix de cet instrument. Dans la globalité, les échantillons fonctionnent plutôt bien, les percussions mélodiques, les sons de synthèse prêts à l’emploi ou encore certains claviers sont dans la tendance des autres workstations, sans pour autant être vraiment transcendants, il y’a mieux. Les cordes frottées sont, à mon sens, les échantillons qui tirent le mieux leur épingle du jeu et qui parfois m’ont semblé être un cran au-dessus des concurrents. Concernant les sonorités de basses, de cuivres et de certains bois, il y’a du bon mais aussi du moins bon, et quand on s’attaque aux guitares, là ça fait mal, c’est vraiment pas beau. Ce qui est agaçant à ce niveau de prix, c’est que Korg ne semble pas s’être vraiment cassé la tête avec une partie des échantillons du moteur HD-1, et a préféré se servir dans des banques anciennes plutôt que de refaire un peu de recherche et développement. Sans vouloir me montrer trop acerbe, j'ai quand même eu l’impression par moment, pour certains sons, de faire un bond en arrière de 20 ans puisque quelques timbres m’ont rappelé, par leur maigreur et leur manque d’âme, mon Roland SoundCanvas 88Pro que j’avais acheté en 1996.... Avant le Kronos, j’ai possédé un Motif XS qui s’avérait globalement bien plus convaincant par la musicalité de ses échantillons que le Kronos (les guitares en l'occurrence au combien plus réalistes, c’est le jour et la nuit). Pourtant, la conception du XS remontait tout de même à 2007, soit quatre ans avant l’arrivée du Kronos. Cherchez l’erreur !!! J’espère que Korg fera l’effort à l’avenir de ne plus utiliser certains de ces timbres appartenant à un autre temps.
Moteur AL-1 : autant le dire tout de suite, je programme des synthétiseurs depuis plus de vingt ans (Virus TI, Waldorf Q et MWXT, DSI Evolver, DSI Pro2, EMS AKS, UVI Falcon, …) et je ne me suis jamais limité à faire des sons basiques, j’apprécie de faire du sound-design et donc d’éditer en profondeur ces instruments. Á lire la documentation, le moteur AL-1 en promet beaucoup en termes de possibilités mais semble tout de même nécessiter une certaine maîtrise au niveau des réglages des différents paramètres. Ce qui m’étonne avec ce moteur, c’est qu’il m’a fallu parfois tatonner assez longtemps pour réussir à reproduire des sonorités que je considère comme classiques, telles que des pads par exemple, là où il me faut à peine une minute avec un Virus. La chose qui m’a le plus rebuté, dès lors que l’on a la possibilité de pratiquer la synthèse soustractive avec des potentiomètres dédiés pour chaque fonction, c’est que sur le Kronos le paramétrage est bien moins direct et qu’il faut user de la molette rotative, du potentiomètre situé à gauche de l’écran, du pavé numérique (ça me rappelle mon ancien K2000) ainsi que du doigt sur l’écran. Personnellement, en termes d’ergonomie, ça me gonfle car j’ai plus l’impression de faire de la programmation logicielle (sans la souris) que du sound-design. D’ailleurs, il m’est souvent arrivé de perdre le fil du patch que j’étais en train de créer en raison du temps passé à réussir à affiner certains paramètres en vain, mais aussi à cause de la perte de temps à naviguer dans les menus pour trouver, ou retrouver, les éléments à modifier ou cerner leur mode de fonctionnement. Si les enveloppes ont le mérite de proposer autre chose que de la simple ADSR, elles demandent toutefois aussi un peu de maîtrise et, là aussi, on tâtonne parfois pour trouver le bon réglage alors qu’avec une enveloppe plus classique ça se fait en très peu de secondes. Maintenant, j’admets avoir réussi, les jours de grandes motivations, à sortir de bonnes sonorités synthétiques avec l’AL-1. La qualité du moteur audio n’est pas à remettre en cause, seule l’ergonomie m’est apparue être un frein à la créativité.
Moteur CX-3 : par le passé, j’ai eu l’occasion d’utiliser un Roland VK7 et aussi le B4 de Native-Instruments. Le CX-3 reprend le moteur de l’orgue du même nom que Korg avait lancé au début des années 2000. Je me souviens que la critique émise par Keyboards Magazine lorsque cet instrument était sorti, stipulait que la simulation du B3 était la moins probante comparé aux autres simulateur de l’époque mais qu’elle offrait une autre sonorité. Au regard de mon expérience, non pas que je suis joueur de Hammond mais un véritable amateur de cet orgue dont j’affectionne particulièrement le timbre (les timbres …), sans parler d’avoir pu jouer d’un vrai B3, j’ose dire qu’en effet, le CX3 semble sonner un peu différemment comparé au modèle original. Toutefois, il m’a toujours donné satisfaction lorsque j’en ai eu besoin, il fonctionne déjà très bien. Avec l’accès aux drawbars via les 9 faders en façade et les raccourcis visibles sur l’écran, la manipulation peut se faire en grande partie en direct, ce qui est très appréciable. Lorsque le split est engagé en revanche, je n’ai jamais réussi à trouver une astuce pour pouvoir basculer les potentiomètres entre Upper et Lower, obligeant d’ajuster les tirettes harmoniques du Lower au moyen de l’écran. La quantité de réglages consacrés à l’élaboration du son d’orgue est très fournie et les plus exigeants peuvent, à l’instar du simulateur de pianos électriques, concevoir leur sonorité de Hammond comme ils l’entendent. On retrouve globalement tout ce qui permet de vieillir ou rajeunir le timbre de l’instrument ainsi que de configurer en profondeur les paramètres de la cabine Leslie. Avec toutes ces possibilités offertes, je pense que le mieux consiste à se fabriquer un modèle d’Hammond avec une sonorité précise puis de constituer différents patchs à partir de celui-ci car sinon, ça peut vite partir dans tous les sens et on peut se retrouver perdu. Pour ma part, je préférais une couleur d’Hammond “neuf” plutôt qu’ancien ou carrément “lessivé”. Le Kronos permet aussi de générer des super-harmoniques via un mode de jeu de tirettes harmoniques étendu et réglables à volonté, ce qui constitue une possibilité intéressante pour transcender ce type de sonorité ou faire un peu de sound-design.
Moteur STR-1 : je n’ai jamais pris le temps de m’attarder sur ce moteur sonore, ce qui est une faute en soi car il semble permettre l’élaboration de timbres très originaux dès lors que l’on se détourne de la simple simulation d’instruments à cordes. Je n’ai fait que parcourir les programmes d’usine, qui étaient au demeurant souvent intéressants, et je dois avouer qu’il y’a un fort potentiel de créativité dans cette synthèse que je découvre actuellement, en mode un peu plus simple, à travers le VST Falcon d’UVI. Le Kronos propose un peu trop de pages de programmation pour un néophyte, ce qui peut justement constituer une barrière pour se lancer. Il faut pouvoir consacrer du temps pour l’apprentissage de cette synthèse avant de commencer à bien cerner son fonctionnement. En tout cas, pour les musiciens en mal de sound-design, je souligne que la présence d’un module aussi original que celui-ci ajoute une qualité indéniable au Kronos et l’ouvre vers d’autres paysages sonores.
Moteur Polysix : n’ayant jamais possédé de Polysix, je ne viendrai pas me prononcer quant à la qualité de la reproduction de ce synthétisuer. En revanche, je peux affirmer que ce moteur propose un son synthétique qui lui est propre, une couleur tout à fait à part. Au niveau de la programmation, c’est l’un des plus faciles à appréhender puisqu'à la base ce synthétiseur est simple d’utilisation avec, par exemple, une seule enveloppe pour contrôler à la fois le VCA et le VCF. Toutefois, le Kronos permet de sortir un peu de l’approche simpliste du modèle originel en offrant une seconde enveloppe ou des LFO en sus si le besoin s’en faisait sentir, ce qui constitue un réel atout. L’arpégiateur est basique mais efficace, ce qui permet de ne pas recourir à ce fichu Karma qui relève plus du casse-tête que de l’arpégiateur. Un paramètre permettant de simuler la dérive des oscillateurs est le bienvenu, ajoutant à sa façon un peu de coloration “vintage” au son qui en ressort.
Moteur MS20 : même remarque que pour le Polysix, je n’ai jamais eu de MS20 donc je ne me prononcerai pas quant à l’authenticité de la simulation. J’ai eu l’occasion de me lancer plusieurs fois dans sa programmation mais sans m’y attarder plus que cela, comparé au Polysix, et sans m’investir réellement dans la partie modulaire qui permet pourtant de reproduire parfaitement les manipulations possibles avec le modèle original (un tuto est disponible sur Youtube pour recréer pilotage de la hauteur de note des oscillateurs au moyen d’un micro, comme pour le morceau Lovely Head de Goldfrapp). Ce moteur sonore apporte une autre couleur à l’ensemble et permet de créer très rapidement des basses et des leads aussi bien ronds et doux que pêchus, tranchants, ronflants. Rien à redire, ça fonctionne plutôt bien et ça apporte, là encore, une autre couleur à l’instrument.
Moteur MOD-7 : pour ceux qui apprécient la synthèse FM et la maîtrise un minimum, le Kronos assure totalement sur ce point. Il s’agit d’un modèle classique à 6 opérateurs comme sur les aînés DX7 mais qui se rapproche plus de ce que faisaient les SY77 et 99 avec l'ajout de filtres si on le souhaite et de plusieurs formes d’ondes afin de se détourner de l’éternelle sinusoïde. De plus, il est également possible d’établir des intermodulations au moyen de samples/formes d’ondes du Kronos. Des Feedback sont également activables pour chaque opérateur (un seul sur le DX7, et aussi le Montage, jusqu’à trois pour les SY). En termes de moyens mis à disposition, je peux vous assurer que ça va très loin et il est appréciable, en plus, de se voir offrir la possibilité d’établir des câblages entre les modules à l’aide de son doigt sur l’écran, et d’user des potentiomètres pour doser en direct la quantité de modulation au sein des opérateurs. Le top ! La qualité du son est excellente et quelques effets bien choisis permettent de transcender certains patchs. Cerise sur le gâteau pour les nostalgiques du DX7, le MOD-7 convertit directement les sysex de l’ancêtre (pas le DX7 IID en revanche apparemment, je n’ai jamais réussi à importer les patchs que j’avais créés auparavant sur ce modèle), là où le Montage fait appel à un logiciel de conversion...… cherchez l’erreur !!! Le MOD-7 est un moteur très abouti et véritablement réussi. Et il faut garder à l’esprit que dans un simple programme, on peut superposer deux MOD-7... Et si je vous parle du mode Combi, on peut aller très très loin
Waveshape : pour ceux qui veulent se replonger dans la grande époque du Wavestation, tout y est et même plus au besoin. Le paramétrage du chaînage des formes d’onde se fait aisément, la présentation à l’écran est claire et précise. Du point de vue du rendu sonore, cela fonctionne à merveille et on peut créer aisément de très belles textures évolutives ou des enchaînements rythmés originaux. Le séquencing des ondes est synchronisable ou non, leur assemblage se fait plutôt aisément à l’aide de l’écran qui est assez clair pour l’édition et on se surprend par moment à créer des textures originales. En revanche, ce que je n’ai jamais compris, c’est que pour créer des “wave-sequence”, il faut entrer dans le menu Global (la touche qui est normalement dédiée au paramétrage des fonctionnalités du Kronos comme la vélocité, les sysex, la gestion des pédales, le MIDI,…), trouver l’onglet dédié à ce modèle de synthèse, éditer sa séquence puis, pour pouvoir la jouer, l’insérer dans un programme du moteur HD1. Cette procédure me paraît bien compliquée et surtout illogique à mes yeux. Je trouve qu’il aurait été plus simple et plus judicieux de pouvoir faire cette édition directement dans le moteur HD1 ? Si l’ergonomie n’est pas toujours le point fort de cet instrument, je trouve que dans ce cas précis, ça dépasse vraiment l'entendement.
Karma : je crois que je ne suis pas le seul à émettre des réserves sur ce super-arpégiateur, certes très puissant, mais qui donne une impression que l’on ne maîtrise absolument rien quand on appuie sur une touche du clavier et que l’on manipule en même temps les potentiomètres. En tout cas pour ma part, cet outil m’a échappé totalement. Quand bien même, j’ai parfois réussi à cerner un peu quelques paramètres et que j’ai essayé de produire des variations “maîtrisées”, très rapidement je constatais que finalement je ne parvenais pas à obtenir ce que je souhaitais. Peut-être faut-il passer beaucoup d’heures pour réussir à le dompter correctement mais, malgré ma curiosité, ça ne me disait rien d’investir du temps pour ce qui ressemble à un gadget à mes yeux. Ce qui est le plus rageant, c’est que le Kronos n’offre pas d’arpégiateur basique et rapide d’utilisation, à l’exception de celui du Polysix. Le Karma offre bien des motifs préenregistrés nommés “Arpégiateur” mais ça part systématiquement dans tous les sens. Il existe des tutos sur la toile pour reprogrammer à sa guise le Karma et lui faire jouer des motifs personnels, voire de contourner le problème en programmant subtilement le modulateur pas-à-pas dans un programme, mais franchement est-ce qu’il n’aurait pas été plus simple d’intégrer un arpégiateur basique d’office pour plus de fun ? Ou de créer un accès rapide avec trois modes de complication du Karma permettant d’accéder d’un coup de sélecteur à des motifs basiques, plus travaillés ou en mode “spécialiste”.
Séquenceur : à l’image de la gestion du Kronos, et de son ergonomie un peu trop alambiquée, le séquenceur nécessite un certain niveau de maîtrise avant de pouvoir se lancer. Rien que la première fois où j’ai tenté l’enregistrement d’une petite idée à la volée, je me suis vite retrouvé au tapis sans comprendre ce qui se passait avec le séquenceur qui s’est arrêté net. L’exemple le plus flagrant est la nécessité de définir le nombre de mesures de la séquence avant de commencer l’enregistrement car il est réglé par défaut sur 64 mesures (où se trouve ce paramètres quand on ne connaît pas l’appareil ?). Je n’ai jamais rencontré un tel truc depuis mes tous premiers synthétiseurs (Roland D20 puis K2000) avec lesquels on appuyait sur le bouton Record et on enregistrait comme on le souhaitait !!! Le nombre de menus s’avère plutôt important, mais il s’explique par le très grand nombre de fonctionnalités que ce séquenceur offre et sa possibilité d’édition en profondeur. Et puis il est capable de gérer plusieurs pistes audio, donc autant de menus pour la gestion du MIDI que pour l’audio. Je ne m’attarderai pas sur cet outil qui, pour celui qui prend le temps de très bien le maîtriser, peut offrir une alternative très convaincante, je trouve, à un séquenceur logiciel, dans une certaine limite d’édition tout de même, quoi que .... En tout cas, il est possible de maquetter des projets avec une certaine exigence de qualité et d’exporter le mix final en un fichier wave.
J’ai souvent lu sur les forums que les possesseurs d’une ancienne workstation Korg, se retrouvaient sans grand problème parmis les paramètres et menus du Kronos. Et bien j’ai envie de dire qu’ils sont bien chanceux ceux-là car je n’ai pas réussi à me faire à l’ergonomie de ce synthétiseur. Je reconnais que mon cerveau fonctionne plutôt de manière mono-tâche et que, lorsque plusieurs paramètres sont accessibles grâce à un même bouton, je m’y perds très facilement. Or, le Kronos demande parfois une certaine gymnastique intellectuelle pour s’y retrouver, surtout quand on n’a pas tendance à travailler avec de manière régulière. Il est clair que gérer plusieurs moteurs audio, plusieurs modes de fonctionnement (séquenceur, mode Combi), avec 16 pistes en plus, on peut dérégler facilement des paramètres par mégarde pensant qu’on est toujours dans tel menu, dans telle fonction, ou sur telle piste. Je n’ai pas toujours trouvé que les menus étaient clairs et permettaient de retrouver facilement une fonction souhaitée. Je me suis d’ailleurs souvent perdu dans les menus du séquenceur lorsque je désirais rattraper une erreur, procéder à une modification, ajouter quelque chose. A contrario, alors que tout semble assez complexe pour gérer parfois des choses simples, le Kronos permet d’enregistrer à la volée, à l’aide d’une combinaison de deux touches comprenant celle appelée Record, une idée qui peut vous venir en jouant un programme ou un Combi. Quand on voit cela, on peut se demander pourquoi tout le reste n’est pas aussi aisé que cela ? La gestion des effets est très puissante mais demande là-aussi de la discipline pour organiser correctement et optimiser ses chaînes d’effets dans les modes Combi ou séquenceur. En parlant des effets, il en existe beaucoup mais ils ne m’ont pas vraiment renversé, je préférais largement ceux du Motif XS. Là aussi, j’ai passé du temps à essayer de bien régler mes réverbes, mes chorus, mes phaser et autres types mais le résultat me laissait globalement sur ma faim, ça fait le job et ça s’arrête là, pas de surprise particulière.
Voilà donc mon long avis sur le Kronos, un instrument qui condense dans ses circuits une partie de l’histoire des synthétiseurs, de l’échantillonnage, de la lutherie classique via les échantillons et de la lutherie électrique (Hammond et pianos électro-acoustiques). C’est dense, c’est complet et c’est pour cette raison que je l’avais acheté au départ, souhaitant d’une part pouvoir me désolidariser un peu de mon ordinateur et des VST qui l’accompagnent, et d’autre part, pour avoir une solution tout en un puissante pour les répétitions et les concerts. Quand on sait parfaitement s’en servir, c’est un compagnon idéal qui offre beaucoup de satisfactions. Mais il faut lui consacrer du temps car rien n’est simple. C’est d’ailleurs la première fois que je me retrouve face à un synthétiseur avec lequel j’ai éprouvé autant de difficulté pour travailler avec. Toutes ces workstations ne sont pas toujours évidentes à aborder au début mais on finit par s’y retrouver assez vite et comprendre la philosophie d’édition de chacune. Là, nada ! Une impression de débuter en permanence, de rechercher des fonctions de base à chaque démarrage. Par exemple, pourquoi lors de la création d’un patch, le joystick est paramétré par défaut pour gérer le niveau d’intensité du programme lorsqu’on le bascule à gauche ? Quand on ne le sait pas, on parcourt les menus en vain pour trouver la solution. Pourquoi une séquence est limitée à 64 mesures par défaut ? Pourquoi la création d’une wave-séquence s’élabore d’abord en passant par le menu Global puis doit ensuite être importée dans un programme HD1 ? Quelle est la logique de tout cela ? Quand j’ai essayé récemment un Roland Jupiter Xm, j’ai eu l’impression de me retrouver un peu face au Kronos avec des pages entières de menus/sous-menus et des combinaisons de boutons à appuyer pour gérer ceci ou cela. Le Korg Wavestate a l’air de s’inscrire lui aussi dans la continuité de l’ergonomie du Kronos, selon les dires de certains testeurs sur Youtube, il y’aurait des petites choses pas toujours très logiques.
Dernières choses concernant cet instrument. Le son qui sort de ce synthétiseur m’est apparu au casque plus étroit et un peu moins étincelant comparé au Motif XS. De même, j’ai eu la sensation que le son qui sortait du casque n’était pas exactement le même que celui diffusé sur enceintes. En effet, sur ces dernières, cela apparaissait plus pêchu, plus ample, bref plus qualitatif. Là encore, le rendu du Motif XS était égal que ce soit au casque ou sur enceintes. Pour terminer, le clavier RH3 offre un toucher lourd que j’appréciais en tant que pianiste (à quand un Montage 7 avec toucher lourd ?) mais les sensations apportées n’étaient pas toujours totalement au rendez-vous pour ma part, surtout avec le piano acoustique. De même, il n'est pas toujours aisé, et surtout plaisant, de jouer un lead de synthé ou de basse avec ce clavier, un peu trop lourd pour ce type de sons. L’after-touch est quasiment inutilisable même en modifiant le réglage de sensibilité, il faut appuyer comme un sourd sur les touches pour espérer le déclencher.
Bref, un super synthé sur le papier mais qui ne convient pas forcément à tout le monde. Moyennement enchanté par l'expérience avec ce Kronos, j'ai été très satisfait de m'en séparer et ainsi de faire un heureux par la même occasion !!!!
Mon appréciation des différents moteurs sonores :
Moteur SGX-1 : possesseur de la première version du Kronos, celui-ci embarque seulement deux modèles de pianos contre trois pour les modèles construits à partir de l’année 2015. J’ai un avis partagé concernant ce moteur SGX. Sur le papier, le nombre important de gigas d’échantillons embarqués sur le disque dur SSD permet de bénéficier d’énormément de données pour aboutir à une certaine forme de réalisme et également d’éviter tout phénomène de bouclage (toutes les notes résonnent naturellement jusqu’à leur extinction). La présence des bruits de mécaniques, ajustables et déconnectables à souhait, ainsi que la possibilité d’intervenir rapidement sur le timbre global, en ouvrant ou en abaissant le couvercle virtuel du piano via l’écran, participent à rendre l’expérience la plus proche possible du véritable instrument. Tout cela est bluffant lorsque l’on découvre toutes ces possibilités. Pourtant, je n’ai jamais réussi à me faire à ces deux pianos. Ce n’est pas faute d’avoir passé du temps à tout régler dans tous les sens (paramètres internes au SGX-1 + réglage de vélocité sur la valeur 9 si je me souviens bien comme conseillée par le manuel pour jouer les sonorités de piano) mais rien à faire, impossible pour moi de me trouver véritablement en accord en termes de ressenti lors d’un jeu solo. Je n’ai jamais connu ce problème sur tous les claviers que j’ai pu posséder jusqu’à présent, éventuellement j’appliquais un léger ajustement de la courbe de vélocité (ce fut le cas pour un Yamaha CP300 que j’ai possédé et que j’avais réglé en Médium au lieu de Hard) mais rien d’autre. Je possède actuellement un NordPiano3 et à aucun moment je n’ai réglé quoique ce soit sur cet instrument, juste branché et le plaisir était présent dès le premier enfoncement des touches. Avec le Kronos, je me suis trouvé dans l’incapacité de me sentir à l’aise en toute situation. Concernant les timbres, autant le dire toute de suite, je ne me suis jamais attardé sur le modèle japonais qui s’est avéré beaucoup trop métallique à mon goût. J’ai donc utilisé en permanence le modèle allemand avec la variable positionnée continuellement sur "dark" mais sans pour autant être totalement emballé par la sonorité. En termes de sensations, j’ai toujours eu cette impression qu’après l’attaque du son, l’intensité semblait s’éteindre un peu trop rapidement dans les toutes premières secondes avant de résonner un peu plus naturellement par la suite. Là aussi, j’ai passé du temps à régler les différents paramètres afin de trouver une solution à ce phénomène, mais ce fut peine perdue. Par conséquent, je me suis toujours servi de ce son de piano pour jouer/accompagner en groupe, mais nullement pour bosser un morceau solo ou pour composer, un truc ne s’est pas réalisé entre le Kronos et moi, un feeling qui ne s’est jamais établi. Cela est d’ailleurs très frustrant car j’ai conscience que ce “German” piano est vraiment de qualité dans l’absolu mais je n’ai pas su l’exploiter comme je le désirais. Dommage.
Moteur EP-1 : c’est l’un des moteurs sonores que j’ai trouvé le plus plaisant à utiliser, la modélisation des pianos électriques est véritablement optimale. Étant habitué depuis plusieurs années à utiliser le logiciel Lounge Lizard, j’ai retrouvé dans le Kronos les mêmes types de paramétrages qui permettent de se “construire” le son de Rhodes ou de Wurlitzer que l’on souhaite, que l’on s’idéalise. Des pédales d’effets vintage sont incluses dans ce moteur ce qui permet d’éviter de se plonger dans l’attribution des effets via les pages "Effects" dédiées, et donc ainsi gagner du temps dans l’édition. Du point de vue de la simulation, rien à redire pour ma part, je considère que c’est très réussi, véritablement réaliste en termes de son et de ressenti. Franchement, le top !
Moteur HD-1 : de mon point de vue, c’est l’un des points faible du Kronos et pour lequel quelques interrogations et frustrations sont apparues au regard du prix de cet instrument. Dans la globalité, les échantillons fonctionnent plutôt bien, les percussions mélodiques, les sons de synthèse prêts à l’emploi ou encore certains claviers sont dans la tendance des autres workstations, sans pour autant être vraiment transcendants, il y’a mieux. Les cordes frottées sont, à mon sens, les échantillons qui tirent le mieux leur épingle du jeu et qui parfois m’ont semblé être un cran au-dessus des concurrents. Concernant les sonorités de basses, de cuivres et de certains bois, il y’a du bon mais aussi du moins bon, et quand on s’attaque aux guitares, là ça fait mal, c’est vraiment pas beau. Ce qui est agaçant à ce niveau de prix, c’est que Korg ne semble pas s’être vraiment cassé la tête avec une partie des échantillons du moteur HD-1, et a préféré se servir dans des banques anciennes plutôt que de refaire un peu de recherche et développement. Sans vouloir me montrer trop acerbe, j'ai quand même eu l’impression par moment, pour certains sons, de faire un bond en arrière de 20 ans puisque quelques timbres m’ont rappelé, par leur maigreur et leur manque d’âme, mon Roland SoundCanvas 88Pro que j’avais acheté en 1996.... Avant le Kronos, j’ai possédé un Motif XS qui s’avérait globalement bien plus convaincant par la musicalité de ses échantillons que le Kronos (les guitares en l'occurrence au combien plus réalistes, c’est le jour et la nuit). Pourtant, la conception du XS remontait tout de même à 2007, soit quatre ans avant l’arrivée du Kronos. Cherchez l’erreur !!! J’espère que Korg fera l’effort à l’avenir de ne plus utiliser certains de ces timbres appartenant à un autre temps.
Moteur AL-1 : autant le dire tout de suite, je programme des synthétiseurs depuis plus de vingt ans (Virus TI, Waldorf Q et MWXT, DSI Evolver, DSI Pro2, EMS AKS, UVI Falcon, …) et je ne me suis jamais limité à faire des sons basiques, j’apprécie de faire du sound-design et donc d’éditer en profondeur ces instruments. Á lire la documentation, le moteur AL-1 en promet beaucoup en termes de possibilités mais semble tout de même nécessiter une certaine maîtrise au niveau des réglages des différents paramètres. Ce qui m’étonne avec ce moteur, c’est qu’il m’a fallu parfois tatonner assez longtemps pour réussir à reproduire des sonorités que je considère comme classiques, telles que des pads par exemple, là où il me faut à peine une minute avec un Virus. La chose qui m’a le plus rebuté, dès lors que l’on a la possibilité de pratiquer la synthèse soustractive avec des potentiomètres dédiés pour chaque fonction, c’est que sur le Kronos le paramétrage est bien moins direct et qu’il faut user de la molette rotative, du potentiomètre situé à gauche de l’écran, du pavé numérique (ça me rappelle mon ancien K2000) ainsi que du doigt sur l’écran. Personnellement, en termes d’ergonomie, ça me gonfle car j’ai plus l’impression de faire de la programmation logicielle (sans la souris) que du sound-design. D’ailleurs, il m’est souvent arrivé de perdre le fil du patch que j’étais en train de créer en raison du temps passé à réussir à affiner certains paramètres en vain, mais aussi à cause de la perte de temps à naviguer dans les menus pour trouver, ou retrouver, les éléments à modifier ou cerner leur mode de fonctionnement. Si les enveloppes ont le mérite de proposer autre chose que de la simple ADSR, elles demandent toutefois aussi un peu de maîtrise et, là aussi, on tâtonne parfois pour trouver le bon réglage alors qu’avec une enveloppe plus classique ça se fait en très peu de secondes. Maintenant, j’admets avoir réussi, les jours de grandes motivations, à sortir de bonnes sonorités synthétiques avec l’AL-1. La qualité du moteur audio n’est pas à remettre en cause, seule l’ergonomie m’est apparue être un frein à la créativité.
Moteur CX-3 : par le passé, j’ai eu l’occasion d’utiliser un Roland VK7 et aussi le B4 de Native-Instruments. Le CX-3 reprend le moteur de l’orgue du même nom que Korg avait lancé au début des années 2000. Je me souviens que la critique émise par Keyboards Magazine lorsque cet instrument était sorti, stipulait que la simulation du B3 était la moins probante comparé aux autres simulateur de l’époque mais qu’elle offrait une autre sonorité. Au regard de mon expérience, non pas que je suis joueur de Hammond mais un véritable amateur de cet orgue dont j’affectionne particulièrement le timbre (les timbres …), sans parler d’avoir pu jouer d’un vrai B3, j’ose dire qu’en effet, le CX3 semble sonner un peu différemment comparé au modèle original. Toutefois, il m’a toujours donné satisfaction lorsque j’en ai eu besoin, il fonctionne déjà très bien. Avec l’accès aux drawbars via les 9 faders en façade et les raccourcis visibles sur l’écran, la manipulation peut se faire en grande partie en direct, ce qui est très appréciable. Lorsque le split est engagé en revanche, je n’ai jamais réussi à trouver une astuce pour pouvoir basculer les potentiomètres entre Upper et Lower, obligeant d’ajuster les tirettes harmoniques du Lower au moyen de l’écran. La quantité de réglages consacrés à l’élaboration du son d’orgue est très fournie et les plus exigeants peuvent, à l’instar du simulateur de pianos électriques, concevoir leur sonorité de Hammond comme ils l’entendent. On retrouve globalement tout ce qui permet de vieillir ou rajeunir le timbre de l’instrument ainsi que de configurer en profondeur les paramètres de la cabine Leslie. Avec toutes ces possibilités offertes, je pense que le mieux consiste à se fabriquer un modèle d’Hammond avec une sonorité précise puis de constituer différents patchs à partir de celui-ci car sinon, ça peut vite partir dans tous les sens et on peut se retrouver perdu. Pour ma part, je préférais une couleur d’Hammond “neuf” plutôt qu’ancien ou carrément “lessivé”. Le Kronos permet aussi de générer des super-harmoniques via un mode de jeu de tirettes harmoniques étendu et réglables à volonté, ce qui constitue une possibilité intéressante pour transcender ce type de sonorité ou faire un peu de sound-design.
Moteur STR-1 : je n’ai jamais pris le temps de m’attarder sur ce moteur sonore, ce qui est une faute en soi car il semble permettre l’élaboration de timbres très originaux dès lors que l’on se détourne de la simple simulation d’instruments à cordes. Je n’ai fait que parcourir les programmes d’usine, qui étaient au demeurant souvent intéressants, et je dois avouer qu’il y’a un fort potentiel de créativité dans cette synthèse que je découvre actuellement, en mode un peu plus simple, à travers le VST Falcon d’UVI. Le Kronos propose un peu trop de pages de programmation pour un néophyte, ce qui peut justement constituer une barrière pour se lancer. Il faut pouvoir consacrer du temps pour l’apprentissage de cette synthèse avant de commencer à bien cerner son fonctionnement. En tout cas, pour les musiciens en mal de sound-design, je souligne que la présence d’un module aussi original que celui-ci ajoute une qualité indéniable au Kronos et l’ouvre vers d’autres paysages sonores.
Moteur Polysix : n’ayant jamais possédé de Polysix, je ne viendrai pas me prononcer quant à la qualité de la reproduction de ce synthétisuer. En revanche, je peux affirmer que ce moteur propose un son synthétique qui lui est propre, une couleur tout à fait à part. Au niveau de la programmation, c’est l’un des plus faciles à appréhender puisqu'à la base ce synthétiseur est simple d’utilisation avec, par exemple, une seule enveloppe pour contrôler à la fois le VCA et le VCF. Toutefois, le Kronos permet de sortir un peu de l’approche simpliste du modèle originel en offrant une seconde enveloppe ou des LFO en sus si le besoin s’en faisait sentir, ce qui constitue un réel atout. L’arpégiateur est basique mais efficace, ce qui permet de ne pas recourir à ce fichu Karma qui relève plus du casse-tête que de l’arpégiateur. Un paramètre permettant de simuler la dérive des oscillateurs est le bienvenu, ajoutant à sa façon un peu de coloration “vintage” au son qui en ressort.
Moteur MS20 : même remarque que pour le Polysix, je n’ai jamais eu de MS20 donc je ne me prononcerai pas quant à l’authenticité de la simulation. J’ai eu l’occasion de me lancer plusieurs fois dans sa programmation mais sans m’y attarder plus que cela, comparé au Polysix, et sans m’investir réellement dans la partie modulaire qui permet pourtant de reproduire parfaitement les manipulations possibles avec le modèle original (un tuto est disponible sur Youtube pour recréer pilotage de la hauteur de note des oscillateurs au moyen d’un micro, comme pour le morceau Lovely Head de Goldfrapp). Ce moteur sonore apporte une autre couleur à l’ensemble et permet de créer très rapidement des basses et des leads aussi bien ronds et doux que pêchus, tranchants, ronflants. Rien à redire, ça fonctionne plutôt bien et ça apporte, là encore, une autre couleur à l’instrument.
Moteur MOD-7 : pour ceux qui apprécient la synthèse FM et la maîtrise un minimum, le Kronos assure totalement sur ce point. Il s’agit d’un modèle classique à 6 opérateurs comme sur les aînés DX7 mais qui se rapproche plus de ce que faisaient les SY77 et 99 avec l'ajout de filtres si on le souhaite et de plusieurs formes d’ondes afin de se détourner de l’éternelle sinusoïde. De plus, il est également possible d’établir des intermodulations au moyen de samples/formes d’ondes du Kronos. Des Feedback sont également activables pour chaque opérateur (un seul sur le DX7, et aussi le Montage, jusqu’à trois pour les SY). En termes de moyens mis à disposition, je peux vous assurer que ça va très loin et il est appréciable, en plus, de se voir offrir la possibilité d’établir des câblages entre les modules à l’aide de son doigt sur l’écran, et d’user des potentiomètres pour doser en direct la quantité de modulation au sein des opérateurs. Le top ! La qualité du son est excellente et quelques effets bien choisis permettent de transcender certains patchs. Cerise sur le gâteau pour les nostalgiques du DX7, le MOD-7 convertit directement les sysex de l’ancêtre (pas le DX7 IID en revanche apparemment, je n’ai jamais réussi à importer les patchs que j’avais créés auparavant sur ce modèle), là où le Montage fait appel à un logiciel de conversion...… cherchez l’erreur !!! Le MOD-7 est un moteur très abouti et véritablement réussi. Et il faut garder à l’esprit que dans un simple programme, on peut superposer deux MOD-7... Et si je vous parle du mode Combi, on peut aller très très loin
Waveshape : pour ceux qui veulent se replonger dans la grande époque du Wavestation, tout y est et même plus au besoin. Le paramétrage du chaînage des formes d’onde se fait aisément, la présentation à l’écran est claire et précise. Du point de vue du rendu sonore, cela fonctionne à merveille et on peut créer aisément de très belles textures évolutives ou des enchaînements rythmés originaux. Le séquencing des ondes est synchronisable ou non, leur assemblage se fait plutôt aisément à l’aide de l’écran qui est assez clair pour l’édition et on se surprend par moment à créer des textures originales. En revanche, ce que je n’ai jamais compris, c’est que pour créer des “wave-sequence”, il faut entrer dans le menu Global (la touche qui est normalement dédiée au paramétrage des fonctionnalités du Kronos comme la vélocité, les sysex, la gestion des pédales, le MIDI,…), trouver l’onglet dédié à ce modèle de synthèse, éditer sa séquence puis, pour pouvoir la jouer, l’insérer dans un programme du moteur HD1. Cette procédure me paraît bien compliquée et surtout illogique à mes yeux. Je trouve qu’il aurait été plus simple et plus judicieux de pouvoir faire cette édition directement dans le moteur HD1 ? Si l’ergonomie n’est pas toujours le point fort de cet instrument, je trouve que dans ce cas précis, ça dépasse vraiment l'entendement.
Karma : je crois que je ne suis pas le seul à émettre des réserves sur ce super-arpégiateur, certes très puissant, mais qui donne une impression que l’on ne maîtrise absolument rien quand on appuie sur une touche du clavier et que l’on manipule en même temps les potentiomètres. En tout cas pour ma part, cet outil m’a échappé totalement. Quand bien même, j’ai parfois réussi à cerner un peu quelques paramètres et que j’ai essayé de produire des variations “maîtrisées”, très rapidement je constatais que finalement je ne parvenais pas à obtenir ce que je souhaitais. Peut-être faut-il passer beaucoup d’heures pour réussir à le dompter correctement mais, malgré ma curiosité, ça ne me disait rien d’investir du temps pour ce qui ressemble à un gadget à mes yeux. Ce qui est le plus rageant, c’est que le Kronos n’offre pas d’arpégiateur basique et rapide d’utilisation, à l’exception de celui du Polysix. Le Karma offre bien des motifs préenregistrés nommés “Arpégiateur” mais ça part systématiquement dans tous les sens. Il existe des tutos sur la toile pour reprogrammer à sa guise le Karma et lui faire jouer des motifs personnels, voire de contourner le problème en programmant subtilement le modulateur pas-à-pas dans un programme, mais franchement est-ce qu’il n’aurait pas été plus simple d’intégrer un arpégiateur basique d’office pour plus de fun ? Ou de créer un accès rapide avec trois modes de complication du Karma permettant d’accéder d’un coup de sélecteur à des motifs basiques, plus travaillés ou en mode “spécialiste”.
Séquenceur : à l’image de la gestion du Kronos, et de son ergonomie un peu trop alambiquée, le séquenceur nécessite un certain niveau de maîtrise avant de pouvoir se lancer. Rien que la première fois où j’ai tenté l’enregistrement d’une petite idée à la volée, je me suis vite retrouvé au tapis sans comprendre ce qui se passait avec le séquenceur qui s’est arrêté net. L’exemple le plus flagrant est la nécessité de définir le nombre de mesures de la séquence avant de commencer l’enregistrement car il est réglé par défaut sur 64 mesures (où se trouve ce paramètres quand on ne connaît pas l’appareil ?). Je n’ai jamais rencontré un tel truc depuis mes tous premiers synthétiseurs (Roland D20 puis K2000) avec lesquels on appuyait sur le bouton Record et on enregistrait comme on le souhaitait !!! Le nombre de menus s’avère plutôt important, mais il s’explique par le très grand nombre de fonctionnalités que ce séquenceur offre et sa possibilité d’édition en profondeur. Et puis il est capable de gérer plusieurs pistes audio, donc autant de menus pour la gestion du MIDI que pour l’audio. Je ne m’attarderai pas sur cet outil qui, pour celui qui prend le temps de très bien le maîtriser, peut offrir une alternative très convaincante, je trouve, à un séquenceur logiciel, dans une certaine limite d’édition tout de même, quoi que .... En tout cas, il est possible de maquetter des projets avec une certaine exigence de qualité et d’exporter le mix final en un fichier wave.
J’ai souvent lu sur les forums que les possesseurs d’une ancienne workstation Korg, se retrouvaient sans grand problème parmis les paramètres et menus du Kronos. Et bien j’ai envie de dire qu’ils sont bien chanceux ceux-là car je n’ai pas réussi à me faire à l’ergonomie de ce synthétiseur. Je reconnais que mon cerveau fonctionne plutôt de manière mono-tâche et que, lorsque plusieurs paramètres sont accessibles grâce à un même bouton, je m’y perds très facilement. Or, le Kronos demande parfois une certaine gymnastique intellectuelle pour s’y retrouver, surtout quand on n’a pas tendance à travailler avec de manière régulière. Il est clair que gérer plusieurs moteurs audio, plusieurs modes de fonctionnement (séquenceur, mode Combi), avec 16 pistes en plus, on peut dérégler facilement des paramètres par mégarde pensant qu’on est toujours dans tel menu, dans telle fonction, ou sur telle piste. Je n’ai pas toujours trouvé que les menus étaient clairs et permettaient de retrouver facilement une fonction souhaitée. Je me suis d’ailleurs souvent perdu dans les menus du séquenceur lorsque je désirais rattraper une erreur, procéder à une modification, ajouter quelque chose. A contrario, alors que tout semble assez complexe pour gérer parfois des choses simples, le Kronos permet d’enregistrer à la volée, à l’aide d’une combinaison de deux touches comprenant celle appelée Record, une idée qui peut vous venir en jouant un programme ou un Combi. Quand on voit cela, on peut se demander pourquoi tout le reste n’est pas aussi aisé que cela ? La gestion des effets est très puissante mais demande là-aussi de la discipline pour organiser correctement et optimiser ses chaînes d’effets dans les modes Combi ou séquenceur. En parlant des effets, il en existe beaucoup mais ils ne m’ont pas vraiment renversé, je préférais largement ceux du Motif XS. Là aussi, j’ai passé du temps à essayer de bien régler mes réverbes, mes chorus, mes phaser et autres types mais le résultat me laissait globalement sur ma faim, ça fait le job et ça s’arrête là, pas de surprise particulière.
Voilà donc mon long avis sur le Kronos, un instrument qui condense dans ses circuits une partie de l’histoire des synthétiseurs, de l’échantillonnage, de la lutherie classique via les échantillons et de la lutherie électrique (Hammond et pianos électro-acoustiques). C’est dense, c’est complet et c’est pour cette raison que je l’avais acheté au départ, souhaitant d’une part pouvoir me désolidariser un peu de mon ordinateur et des VST qui l’accompagnent, et d’autre part, pour avoir une solution tout en un puissante pour les répétitions et les concerts. Quand on sait parfaitement s’en servir, c’est un compagnon idéal qui offre beaucoup de satisfactions. Mais il faut lui consacrer du temps car rien n’est simple. C’est d’ailleurs la première fois que je me retrouve face à un synthétiseur avec lequel j’ai éprouvé autant de difficulté pour travailler avec. Toutes ces workstations ne sont pas toujours évidentes à aborder au début mais on finit par s’y retrouver assez vite et comprendre la philosophie d’édition de chacune. Là, nada ! Une impression de débuter en permanence, de rechercher des fonctions de base à chaque démarrage. Par exemple, pourquoi lors de la création d’un patch, le joystick est paramétré par défaut pour gérer le niveau d’intensité du programme lorsqu’on le bascule à gauche ? Quand on ne le sait pas, on parcourt les menus en vain pour trouver la solution. Pourquoi une séquence est limitée à 64 mesures par défaut ? Pourquoi la création d’une wave-séquence s’élabore d’abord en passant par le menu Global puis doit ensuite être importée dans un programme HD1 ? Quelle est la logique de tout cela ? Quand j’ai essayé récemment un Roland Jupiter Xm, j’ai eu l’impression de me retrouver un peu face au Kronos avec des pages entières de menus/sous-menus et des combinaisons de boutons à appuyer pour gérer ceci ou cela. Le Korg Wavestate a l’air de s’inscrire lui aussi dans la continuité de l’ergonomie du Kronos, selon les dires de certains testeurs sur Youtube, il y’aurait des petites choses pas toujours très logiques.
Dernières choses concernant cet instrument. Le son qui sort de ce synthétiseur m’est apparu au casque plus étroit et un peu moins étincelant comparé au Motif XS. De même, j’ai eu la sensation que le son qui sortait du casque n’était pas exactement le même que celui diffusé sur enceintes. En effet, sur ces dernières, cela apparaissait plus pêchu, plus ample, bref plus qualitatif. Là encore, le rendu du Motif XS était égal que ce soit au casque ou sur enceintes. Pour terminer, le clavier RH3 offre un toucher lourd que j’appréciais en tant que pianiste (à quand un Montage 7 avec toucher lourd ?) mais les sensations apportées n’étaient pas toujours totalement au rendez-vous pour ma part, surtout avec le piano acoustique. De même, il n'est pas toujours aisé, et surtout plaisant, de jouer un lead de synthé ou de basse avec ce clavier, un peu trop lourd pour ce type de sons. L’after-touch est quasiment inutilisable même en modifiant le réglage de sensibilité, il faut appuyer comme un sourd sur les touches pour espérer le déclencher.
Bref, un super synthé sur le papier mais qui ne convient pas forcément à tout le monde. Moyennement enchanté par l'expérience avec ce Kronos, j'ai été très satisfait de m'en séparer et ainsi de faire un heureux par la même occasion !!!!