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Test écrit

Test du PC361 de Kurzweil - Plus VAST que jamais

Nouveau membre de la famille PC3, le PC361 est un puissant synthétiseur numérique modulaire, sonnant le retour de Kurzweil sur le devant de la scène avec la synthèse VAST. Bienvenue dans un test de l’extrême…

Nouveau membre de la famille PC3, le PC361 est un puis­sant synthé­ti­seur numé­rique modu­laire, sonnant le retour de Kurz­weil sur le devant de la scène avec la synthèse VAST. Bien­ve­nue dans un test de l’ex­trê­me…

 

PC361

Au début des années 80, Raymond Kurz­weil, connu pour ses travaux sur la recon­nais­sance vocale pour les non-voyants, est solli­cité par un célèbre artiste : « je veux un clavier qui soit capable de repro­duire le son des instru­ments réels, facile d’em­ploi et agréable à jouer ». Sous l’im­pul­sion de Stevie Wonder, le K250 sort en 1982. Il vient après le K150, un expan­der à part, basé sur la resyn­thèse et la trans­for­ma­tion de Fourier. En 10 ans, il s’en­suit une série proli­fique de synthés (claviers et expan­ders) à lecture d’échan­tillons : la série K1000. Au début des années 90, Kurz­weil est racheté par Young Chang, Ray quitte le navire. La société présente alors une works­ta­tion révo­lu­tion­naire : le K2000. Véri­table synthé modu­laire numé­rique, précur­seur de la modé­li­sa­tion analo­gique, la machine repose sur des circuits VLSI maison. Elle sera produite pendant 8 ans, ne cessant d’évo­luer, deve­nant au passage un puis­sant échan­tillon­neur. La série s’étoffe avec les K2500/2600/2661, appor­tant plus de puis­sance, de nouveaux DSP (proces­seur d’ef­fets KDFX), davan­tage de Rom et une modu­la­rité triplée. L’OS ne cessera d’évo­luer, appor­tant de nouvelles fonc­tion­na­li­tés, dont une modé­li­sa­tion d’orgues à roues phoniques, évitant toute obso­les­cence. En paral­lèle, Kurz­weil déve­loppe des pianos élec­tro­niques haut de gamme, des effets et des claviers de scène.

Après plusieurs années dans le flou, baladé par les choix stra­té­giques et tech­no­lo­giques de Young Chang, racheté par Hyun­dai, et une tenta­tive de rush bour­sier dévas­ta­teur de Samick, l’ho­ri­zon de Kurz­weil semble aujour­d’hui s’éclair­cir. Le R&D s’est reformé autour de certains piliers maison que nous avons inter­viewé (voir à la fin du test), Ray Kurz­weil est asso­cié à la stra­té­gie de la maison mère et de nouveaux produits sont mis sur le marché : la série PC3. Une bonne nouvelle n’al­lant jamais seule, la distri­bu­tion en France vient de recom­men­cer, après des années d’ab­sence totale dues à la dispa­ri­tion du précé­dent impor­ta­teur français et aux combats épiques entre les impor­ta­teurs alle­mands et danois. Enfin dispo­nible, le PC361 est la toute nouvelle mouture des claviers de scène signés Kurz­weil. Mais ne nous y trom­pons pas : sous l’ap­pel­la­tion clavier de scène se cache en fait un véri­table synthé­ti­seur, plus VAST que jamais.

 

Embal­lage solide

PC361

Sous des allures de K2661, le PC361 est embarqué dans une solide carcasse métal­lique clas­sieuse de couleur indigo couverte de boutons. La séri­gra­phie colo­rée jaune, blanc et bleu est du plus bel effet et facile à lire. Sur la gauche, après le fader de volume, on trouve 9 longs faders et 9 pous­soirs dédiés aux commandes en temps réel des para­mètres internes ou de modules externes, selon des réglages mémo­ri­sés avec chaque programme. Le choix du chiffre 9 se justi­fie par la modé­li­sa­tion d’orgues à roues phoniques avec tirettes harmo­niques, dont nous repar­le­rons plus tard. Toujours à gauche, les commandes de mode de jeu et de trans­port du séquen­ceur. Vient ensuite un LCD mono­chrome rétro éclairé bleu fluo 240 × 64 points à contraste et lumi­no­sité réglables. À droite de l’écran, 2 pavés tota­li­sant 40 boutons placés autour d’un gros enco­deur permettent de navi­guer faci­le­ment dans les diffé­rentes banques sonores par caté­go­rie et numéro de programme, ou encore d’édi­ter les para­mètres numé­riques en détail. Côté contrô­leurs, on trouve 2 molettes surplom­bées de 2 boutons (un dédié à l’ar­pé­gia­teur et un assi­gnable).

Master of VAST

Le manuel papier du PC361 est en cours de traduc­tion en français chez l’im­por­ta­teur, mais il est très incom­plet au regard de la profon­deur de la machine. Même si une version plus complète est télé­char­geable sur le site construc­teur, on est loin des 1000 pages de l’en­semble des manuels de notre K2500RS ! Pour contour­ner cela, Kurz­weil livre le PC361 avec un CD-Rom compre­nant des tuto­riaux vidéo par thème, mais on pourra égale­ment se repor­ter aux tuto­riaux VAST mis en ligne par l’ex­cellent Brian Cowell, Sound Desi­gner austra­lien indé­pen­dant émérite, webmas­ter de ce site. Une autre ressource très fouillée pour les machines Kurz­weil est sans conteste Sonik­mat­ter, mené de main de maître par Cliff Marsi­glio.

Le clavier 61 touches plas­tiques est lesté, sensible à la vitesse de frappe et à la pres­sion. Il offre une réponse assez light mais franche, en tout cas pas de quoi s’user préma­tu­ré­ment les doigts. Seuls manquent à notre goût une série de poten­tio­mètres rota­tifs et pourquoi pas quelques pads, qui auraient fait du PC361 un clavier de commande exem­plai­re… À l’ar­rière, c’est un véri­table gruyère : borne pour prise secteur (alimen­ta­tion interne commu­table manuel­le­ment en 120 ou 240 V, merci !), prise casque, 2 paires de sorties stéréo symé­triques jack TRS (conver­sion N/A 24 bits), 2 prises pour contrô­leurs (Breath et ruban), 5 prises pour pédales (2 conti­nues et 3 à inter­rup­teur), une sortie numé­rique coaxiale (AES ou S/P-Dif) avec entrée jume­lée pour synchro numé­rique, 2 potards de réglage de l’écran (lumi­no­sité et contraste), un trio Midi (avec Out/Thru commu­table), une prise USB1 hôte (elle fonc­tionne indif­fé­rem­ment en Midi ou disque virtuel pour le trans­fert de données) et une inter­face pour cartes XD (32–256 Mo) permet­tant de stocker programmes, séquences et OS. Enfin, l’in­té­rieur de la machine offre 2 slots permet­tant d’ac­cueillir des Rom d’ex­ten­sion PCM de 64 et 128 Mo, afin d’étendre la pano­plie sonore d’échan­tillons. Le R&D de Kurz­weil nous a confié travailler sur une exten­sion 64 Mo. 30 à 50% devraient être consa­crés à des nouveaux sons de batte­rie et de percus­sions. Il y aurait aussi beau­coup de formes d’ondes de la série K et peut-être de nouveaux sons de guitare et de basse. Arri­vée prévue vers la fin 2009.

Prise en main

Editeur Layer

Nous avons testé un PC361 en OS V1.31. Les utili­sa­teurs des précé­dentes machines Kurz­weil ne seront pas dérou­tés par la prise en main de la machine. L’écran, de la taille de la série K2000, repré­sente un progrès par rapport aux précé­dents claviers de scène Kurz­weil type PC2, mais s’avère un peu juste de nos jours, d’au­tant que le PC361 est actuel­le­ment le synthé­ti­seur le plus profond du marché… heureu­se­ment, l’er­go­no­mie est bonne en regard de la complexité, grâce notam­ment aux 6 touches de fonc­tions asso­ciées à une navi­ga­tion aisée entre les pages menu, de type défi­le­ment avec Edit/Exit et aver­tis­se­ment lorsqu’il faut sauve­gar­der les données. De même, des touches spéci­fiques permettent de chan­ger de couche sonore ou de canal Midi selon le mode. Bien vu !

Comme toujours, les para­mètres sont expri­més dans leur véri­table unité. Le mode Quick Access permet d’or­ga­ni­ser ses programmes / Setups par 10 pour une visua­li­sa­tion et un rappel instan­tané. Conju­guées aux touches de sélec­tion par caté­go­rie, banque et numéro de programme, on s’y retrouve aisé­ment parmi les 2048 programmes en mémoire. Lorsqu’on choi­sit un programme, l’écran affiche les couches sonores utili­sées ainsi qu’une indi­ca­tion approxi­ma­tive de leur tessi­ture. Certes, les récentes works­ta­tions concur­rentes proposent un affi­chage graphique précis du clavier et des couches utili­sées, une repré­sen­ta­tion des profils de filtrage et des courbes d’en­ve­loppe, ou encore des diagrammes des matrices de modu­la­tion… recon­nais­sons que l’in­ter­face graphique du Kurz­weil commence un peu à dater, c’est un peu le MS-DOS à l’époque de Windows ! À ces remarques, le construc­teur propose un éditeur PC/Mac déve­loppé avec la société Sound­To­wer (voir photos).

Editeur Mixer Editeur User

 

Héri­tage sonore

Ecran

Ce qui nous a toujours frap­pés chez Kurz­weil, c’est la capa­cité à faire rentrer au chausse-pied des instru­ments très consom­ma­teurs dans des mémoires ridi­cules. C’est aussi la qualité des algo­rithmes de calcul du vol des voix (quand la poly­pho­nie maxi­male est atteinte), qui donne toujours l’im­pres­sion qu’il y a beau­coup plus de voix qui jouent en réalité que sur le papier. Le PC361 n’échappe pas à la règle. Les sons proviennent d’une Rom compres­sée de 64 Mo. Pour les connais­seurs de la série PC, il s’agit de la Rom du PC2 éten­due avec de nouveaux échan­tillons de cordes stéréo. Pour les fami­liers de la série K, c’est aussi une compi­la­tion des Rom initiales de K2000/K2500/PC2, Rom Orches­tral et Contem­po­rary des K2500/K2600, Rom Triple Strike Piano et Vintage Elec­tric Piano du K2600, voix jazzy multi­sam­plées du CD-Rom Take-6… sans oublier la fameuse section de cordes stéréo. La musi­ca­lité de ces Rom, dont une partie est deve­nue légen­daire à travers les années, est unani­me­ment recon­nue.

Le PC361 embarque envi­ron 850 programmes d’usine pour bien commen­cer dans la vie. L’ex­cellent piano est décliné en diffé­rentes versions, dont ce piano clas­sique et ces pianos modern jazz. Notre coup de cœur va incon­tes­ta­ble­ment aux programmes de claviers élec­triques mythiques : Rhodes, CP80, Wurlit­zer, Clavi­net. Les orgues à roues phoniques modé­li­sés ont été amélio­rés par rapport aux K2500/2600/PC2, mais toute­fois en retrait comparé à certains softs actuels ; leur édition en temps réel est en revanche un régal. Décli­nées en diffé­rentes versions, les basses sont très musi­cales, rondes et faciles à mixer, avec mention spéciale aux tech­niques Pull/Slap. Les sons orches­traux ont fait la répu­ta­tion des machines Kurz­weil, comme le justi­fient entiè­re­ment les exemples suivant : ensembles de cordes, cordes solo, ensembles orches­traux, solo orches­traux, percus­sions orches­trales. Sans oublier les chœurs, l’orgue d’église et ce Koto capturé par hasard. Les drums sont au rendez-vous, avec la patate et la variété : kits acous­tiques, kits élec­tro­niques, percus­sions ethniques, percus­sions harmo­niques. On trouve toute­fois quelques domaines moins réus­sis, comme les guitares acous­tiques (qui datent un peu) et certains cuivres. Enfin, les sons de synthèse démontrent la puis­sance des DSP et la qualité sonore du PC361, comme en témoignent ces compi­la­tions de nappes, leads, basses et poly­synths. Au global, une musi­ca­lité incroyable, grâce à une base remarquable d’échan­tillons cuisi­nés de main de maître par les Sound Desi­gners Kurz­weil, parmi lesquels le talen­tueux Dave Weiser, au moyen des outils surpuis­sants du PC361, dont nous allons main­te­nant parler.

Synthèse VAST

Synthèse VA-1

En 2004, Kurz­weil présen­tait le proto­type d’un clavier à modé­li­sa­tion analo­gique couvert de commandes : le VA-1. Hélas, en pleine tour­mente finan­cière, la société n’avait pu aller au-delà de cette étape. Aujour­d’hui, le marché a évolué et seuls quelques construc­teurs euro­péens restent spécia­li­sés sur ce domaine, les autres ayant aban­donné le navire ou choisi d’ajou­ter cette synthèse à leurs works­ta­tions sous forme de cartes d’ex­ten­sion. Kurz­weil a choisi une tout autre approche : inté­grer les oscil­la­teurs VA-1 dans ses blocs d’al­go­rithmes. Ce choix est tout à fait judi­cieux, pour plusieurs raisons : d’abord parce que la synthèse VAST dispose déjà de tous les algo­rithmes néces­saires à la synthèse sous­trac­tive : filtres réso­nants ultra sophis­tiqués, enve­loppes pêchues, LFO complexes avec synchro, proces­seurs mathé­ma­tiques, géné­ra­teurs de rampe, matrices de modu­la­tion… plus qu’il n’en faut. Ensuite, parce que les oscil­la­teurs numé­riques d’ori­gine, qui préfi­gu­raient déjà la synthèse à modé­li­sa­tion analo­gique au début des années 90 sur le K2000, souf­fraient d’un gros défaut : l’alia­sing ! Impos­sible d’uti­li­ser ces oscil­la­teurs dans les octaves supé­rieurs sans être envahi d’in­fâmes gargouillis numé­riques. Avec les nouveaux modules VA, Kurz­weil a défi­ni­ti­ve­ment réglé ses comptes avec l’alia­sing : là, on est débar­rassé de tout arte­fact audio. Le signal est pur jusqu’aux octaves les plus élevés, ça sonne d’en­fer ! Seul regret, c’est qu’il est néces­saire d’em­pi­ler plusieurs couches pour pouvoir béné­fi­cier de tous les trai­te­ments dignes d’un synthé analo­gique complet, comme sur un modu­laire. Il n’existe pas de mode simpli­fié utili­sant par exemple 2 VCO + filtre réso­nant sur une couche. Le R&D Kurz­weil nous a confié que Sound­To­wer prépa­rait un mode permet­tant une utili­sa­tion simpli­fiée des algo­rithmes de la machine pour la synthèse sous­trac­tive à partir de l’édi­teur soft­ware. On aurait toute­fois préféré pouvoir le faire direc­te­ment « à l’an­cienne ».

Le PC361 est une works­ta­tion ultra puis­sante poly­pho­nique 128 voix sur 16 canaux multi­tim­braux, dont la partie synthèse repose sur une lecture d’échan­tillons très avan­cée et 2 types de modé­li­sa­tion : analo­gique (voir enca­dré ci-contre) et orgues à roues phoniques (voir enca­dré en bas de page). La synthèse VAST a vu le jour il y a presque 20 ans sur le K2000. Il s’agit d’une synthèse modu­laire, permet­tant de combi­ner diffé­rents trai­te­ments en algo­rithmes : oscil­la­teurs, filtres, Shapers, distor­sions, synchro… et de modu­ler le tout avec un paquet d’ou­tils : enve­loppes, LFO, géné­ra­teurs de signal. Elle s’est complexi­fiée sur le K2600, multi­pliant les possi­bi­li­tés de trai­te­ment en utili­sant jusqu’à 3 couches de modules. Aujour­d’hui, nous passons à la Dyna­mic VAST, capable d’uti­li­ser une cascade de 32 couches de modules de trai­te­ment, chacune dispo­sant d’al­go­rithmes indé­pen­dants. Une couche consomme 1 ou 2 voix de poly­pho­nie (multié­chan­tillon mono ou stéréo), donc les trai­te­ments les plus radi­caux peuvent grap­piller les voix avec gour­man­dise. Chaque couche fait appel à un multi­sample qui passe dans un algo­rithme, c’est-à-dire un arran­ge­ment de modules de trai­te­ment. Par exemple, un ensemble Pitch / forme d’onde / filtre / Shaper / ampli. Il y a 28 algo­rithmes initiaux et 29 algo­rithmes pour les cascades. Pitch et ampli sont toujours présents au début et à la fin des algo­rithmes. Le Pitch gère la hauteur (accor­dage gros­sier et fin), le tracking clavier et le tracking par la vélo­cité. L’am­pli gère les mêmes variables appliquées au volume.

Mais la synthèse Dyna­mic VAST, c’est aussi la possi­bi­lité de créer ses propres algo­rithmes de modules, jusqu’à 4 par couche suivant la complexité des modules que l’on souhaite utili­ser, en plus des modules Pitch et ampli. Un module de forme d’onde clas­sique occupe 1 unité, une onde VA-1 prend 2 unités, alors qu’un filtre 4 pôles réson­nant avec sépa­ra­tion en consomme 4. Chaque module dispose de 1 ou 2 entrées et 1 ou 2 sorties. On peut donc connec­ter un module vers (ou depuis) 1 ou 2 autres modules. Cette connexion peut se faire avec n’im­porte quel module dans la chaîne, pas forcé­ment avec les modules adja­cents, permet­tant ainsi des combi­nai­sons en série et en paral­lèle. C’est énorme ! Et n’ou­blions pas que tout cela est pour une seule couche et qu’un programme peut en comprendre 32, mons­trueux ! Chaque couche dispose d’un mode de jeu (mono / poly avec porta­mento / legato), une fenêtre de tessi­ture et de vélo­cité, un sens de lecture des échan­tillons, un délai, des para­mètres de réponse aux contrô­leurs physiques, des départs effets, un niveau de sortie, un pano­ra­mique, un cross­fa­de… et un riff Midi (séquence assi­gnable, voir ci-après). Mais ce n’est pas tout…

Mode KB3

Le mode KB3 est un mode spécial qui permet d’af­fec­ter une partie des ressources DSP à la modé­li­sa­tion d’orgues à roues phoniques, tels que le B3 Hammond. Il n’y a pas de couches sonores comme dans un programme clas­sique. Par ailleurs, la poly­pho­nie d’un programme KB3 est totale, la poly­pho­nie restante pour les autres programmes étant fonc­tion du nombre de roues phoniques utili­sées par le programme KB3 : par exemple, le B3 utilise 91 roues phoniques, dont 12 pour les basses. Sur le PC361, 2 roues consomment 1 voix de poly­pho­nie, à laquelle on ajoute 1 voix pour le click. Si on utilise 79 roues, on consomme donc (79+1)/2 = 40 voix en perma­nence. Il en reste alors 128–40 = 88 pour les autres programmes clas­siques. Bon, finis les maths ! Il y a en fait 2 ensembles de roues (infé­rieur et supé­rieur), l’un utili­sant des ondes numé­riques géné­rées, l’autre des échan­tillons de la Rom au choix (le mieux étant d’uti­li­ser des sons bouclés). Ceci permet d’uti­li­ser d’autres sons que des sons d’orgues, ce qui peut donner des résul­tats inté­res­sants (passer des voix ou des cordes dans des roues phoniques !).
Diffé­rents types d’orgues sont possibles, simu­lant des modèles plus ou moins anciens ou bien entre­te­nus. Les 9 tirettes harmo­niques peuvent être désac­cor­dées, ce qui permet d’al­ler au-delà des tradi­tion­nels pieds (16’, 5 1/3’, 8’, 4’, 2 2/3’, 2’, 1 3/5’, 1 1/3’, 1’). La percus­sion possède 2 pages d’édi­tion à elle seule : volume, decay, harmo­nique, tracking clavier, contrôle via 2 tirettes harmo­niques, avec contrôles sépa­rés pour la percus­sion Soft et Loud. Une page supplé­men­taire est dédiée au click, qui ajoute un bruit carac­té­ris­tique sur les attaques de notes. On peut là aussi contrô­ler volume, attaque, déclin, tracking, seuil de redé­clen­che­ment et effet aléa­toire. Ce n’est pas tout, puisqu’on va pouvoir para­mé­trer le Leakage, c’est-à-dire les effets d’in­duc­tion de signal entre les roues adja­centes, encore appe­lée « Bleed ». Cela permet de salir le son de façon bien plus réaliste qu’avec des samples, puisque l’ef­fet ne varie pas linéai­re­ment par rapport au tracking clavier. Là encore, diffé­rents modèles d’orgues sont repro­duits, suivant les compo­sants origi­nel­le­ment utili­sés. Enfin, on peut vernir le signal avec un vibrato, un chorus et un EQ. Reste alors à envoyer le tout dans le proces­seur d’ef­fet. Par exemple pour se faire une chaîne vibrato + chorus + distor­sion + Leslie + simu­la­teur de cabi­net avec plus de 40 para­mètres éditables !
Côté perfor­mance live, le mode KB3 tire plei­ne­ment partie de la section de commandes temps réel de la partie gauche du panneau avant : non seule­ment les 9 faders repro­duisent le contrôle du volume des 9 tirettes harmo­niques sur 8 ou 128 valeurs, mais les 9 boutons situés juste au-dessus permettent d’in­tro­duire des modu­la­tions : vitesse de la simu­la­tion Leslie, vibrato (lent, rapide, chorus), percus­sion (marche, volume, decay, harmo­nique). Des CC Midi permettent de comman­der ces para­mètres, en plus de la pédale d’ex­pres­sion, du niveau de click et du Leakage. Impres­sion­nant ! Côté son, nous avons dit que le KB3 n’était pas aussi convain­cant que certains softs dédiés. C’est intel­lec­tuel­le­ment brillant mais les résul­tats manquent de testo­sté­rone. Kurz­weil nous a confié que l’équipe R&D était encore en train d’amé­lio­rer les choses, notam­ment au niveau de la simu­la­tion de Leslie. Vu la tradi­tion d’amé­lio­ra­tions constantes appor­tées aux produits depuis le K2000, nous sommes confiants !

 

Modu­la­tions matri­cielles

Boutons

Quels que soient les modules utili­sés dans les algo­rithmes, on peut en modu­ler les para­mètres en temps réel (contrô­leurs physiques ou modules de synthèse). Ceci se fait habi­tuel­le­ment avec 2 sources distinctes, dont l’une est elle-même contrô­lable par une autre source entre 2 valeurs extrêmes. Les desti­na­tions sont multiples et abso­lu­ment exhaus­tives : 2 LFO, 2 ASR, 4 FUN, 3 enve­loppes (dont une attri­buée au volume), tous les contrô­leurs physiques, les CC Midi… Les LFO peuvent se synchro­ni­ser à l’hor­loge Midi ou oscil­ler entre 2 valeurs extrêmes contrô­lables (jusqu’à 24 Hz, on aurait aimé plus !). Ils offrent 45 formes d’onde complexes et un réglage de phase. Les ASR sont des enve­loppes à 3 temps (0 à 30 secondes) qui peuvent se boucler, histoire de modu­ler des para­mètres sans consom­mer les grosses enve­loppes.

Pour­sui­vons avec les FUN, qui permettent de mélan­ger 2 signaux pour en fabriquer un troi­sième, suivant plus de 50 diffé­rentes fonc­tions mathé­ma­tiques : addi­tion, sous­trac­tion, moyennes, compa­rai­son, valeurs abso­lues, quan­ti­sa­tion, fonc­tions trigo­no­mé­triques, fonc­tions booléen­nes… de quoi réjouir tous les bouton­neux des classes prépa scien­ti­fiques. Enfin, les 3 enve­loppes offrent 7 segments (temps et niveaux) modu­lables, avec tracking clavier et de nombreuses possi­bi­li­tés de bouclage entre les diffé­rents segments. Un para­mètre d’im­pact permet de boos­ter les 20 premières milli­se­condes de l’en­ve­loppe de volume afin d’ajou­ter du punch au son, idéal pour les attaques rapides. Tout le monde suit ? Oui, non, parce que ça conti­nue…

KDFX au carré

Molettes

Apparu il y a 10 ans sur le K2500, l’ex­ten­sion KDFX permet­tait d’em­pi­ler 5 multief­fets stéréo avec un système très souple de 8 bus et des modu­la­tions temps réel incroyables, le tout doté d’une qualité sonore top niveau, ce qui plaçait la marque bien au-dessus de la concur­rence. Mais cette dernière s’était empres­sée de combler son retard et il n’est pas rare aujour­d’hui de voir certaines machine propo­ser un effet par partie multi­tim­brale, en plus d’ef­fets globaux. Il n’en fallait pas moins à Kurz­weil pour réagir et le PC361 entend bien reprendre la course en tête sur le plan des effets. Pour ce faire, la machine offre un véri­table studio de trai­te­ments inté­gré. Chaque programme offre 1 chaîne d’ef­fets d’in­ser­tion et 2 chaînes d’ef­fets auxi­liaires avec envois réglables. Les effets d’in­ser­tion s’ap­pliquent soit à tout le programme, soit à certaines couches au choix, utili­sant jusqu’à 11 bus. Chaque chaîne d’ef­fets auxi­liaire peut être appliquée avant ou après effets d’in­ser­tion, ce qui offre une souplesse incroyable de routage. Une chaîne peut conte­nir jusqu’à 16 boîtes d’ef­fets distinctes et 15 points de modu­la­tion à choi­sir parmi tous les para­mètres d’ef­fets. Parmi les sources de modu­la­tion, on trouve 2 LFO, 2 ASR et 4 géné­ra­teurs de fonc­tions mathé­ma­tiques, tout cela spéci­fique aux effets, impres­sion­nant ! L’édi­teur permet d’ajou­ter / suppri­mer des blocs d’ef­fets à n’im­porte quel endroit de la chaîne, la seule limite étant la puis­sance totale du DSP (16 unités), donc la complexité de chaque effet (1 à 8 unités, les plus fréquents consom­mant 1 à 3 unités).

Au programme : réverbes, délais (simples, multiples), EQ (graphiques / para­mé­triques), proces­seurs de dyna­mique (compres­seurs, expan­deurs, portes simples ou multi­bandes), ensembles (chorus, flan­ger), filtres, distor­sions, Leslie / tremolo / auto­pan, modu­la­teurs en anneau, le tout en mono ou stéréo. Les assem­blages d’ef­fets internes se comptent par milliers, les algo­rithmes par centaines, chacun dispo­sant de plusieurs dizaines de para­mètres. Côté son, on est au niveau des meilleurs proces­seurs dédiés, genre Lexi­con PCM ou Even­tide, du très grand art ! Là où le PC361 enfonce le clou, c’est en mode multi­tim­bral (Setup ou Song). Dans ce mode, chaque piste offre une chaîne indé­pen­dante de multief­fets d’in­ser­tion. A noter que chaque effet consomme une certaine quan­tité de ressources DSP et qu’il est néces­saire d’ar­bi­trer entre les gros effets et les autres. Les 2 bus auxi­liaires sont, eux, communs au programme spéci­fié. A noter qu’il est possible d’écra­ser les valeurs de départ et les réglages pré/post stockés dans les programmes, afin d’af­fi­ner les réglages. Enfin, le PC361 propose une dernière chaîne en sortie prin­ci­pale, compo­sée d’un EQ et d’un compres­seur dont l’ordre est para­mé­trable. Ah si seule­ment le PC361 avait eu des entrées audio !

Mode multi­tim­bral

Connectique

Le PC361 est multi­tim­bral 16 canaux. Pour le jeu, c’est le mode Setup qu’il convient d’uti­li­ser pour gérer 16 zones Midi indé­pen­dantes en émis­sion / récep­tion. Les faders permettent de mélan­ger rapi­de­ment les volumes et autres para­mètres program­més dans la matrice de modu­la­tions, tandis que la couleur des diodes de la rangée de 9 boutons indique le statut des canaux (joués / mutés, le neuvième bouton permet­tant d’al­ter­ner entre les canaux 1–8 et 9–16). Pour chaque canal, on mémo­rise le programme, le canal Midi, la desti­na­tion de l’émis­sion (Midi, USB, locale), la tessi­ture, la fenêtre de vélo­cité, le pano­ra­mique, le niveau, les routages vers les effets (avec écra­se­ment possible des para­mètres réglés en mode Program). On trouve aussi tout ce qui concerne la réponse aux contrô­leurs physiques : Pitch­bend, molette de modu­la­tion, faders linéaires, pédales, pres­sion, contrô­leur de souffle, Switch assi­gnable, contrô­leur à ruban… Côté éditeur, il manque une véri­table repré­sen­ta­tion graphique du clavier et des diffé­rentes couches pour être heureux.

Connectique

C’est dans le mode Setup que se règlent les arpé­gia­teurs. Chaque canal a le sien, qui peut comman­der les programmes internes ou des modules externes via Midi. On trouve diffé­rents modes de jeu : haut, bas, alterné, ordre joué, aléa­toire, Shuffle, Walking, avec ou sans glis­san­do… la vélo­cité et la pres­sion peuvent modu­ler le son. Après chaque cycle, la hauteur des notes peut être déca­lée. Lorsqu’on relâche les notes, on peut produire diffé­rentes actions : stop­per, conti­nuer, ajou­ter des notes… de quoi se perdre, sans toute­fois jamais s’en­nuyer. Bien évidem­ment, diffé­rentes signa­tures tempo­relles sont prévues et tout ce beau monde se synchro­nise en Midi. Au-delà des arpé­gia­teurs, il est aujour­d’hui fréquent de trou­ver des patterns ryth­miques sur les works­ta­tions et le PC361 n’échappe pas à la règle. Chaque canal offre un motif ryth­mique indé­pen­dant, baptisé riff. Un riff est importé à partir des pistes du séquen­ceur. On peut ainsi choi­sir quelles pistes doivent jouer, les synchro­ni­ser au tempo, les déclen­cher, les trans­po­ser (ou non), voire les déca­ler dans le temps, avec ou sans vélo­cité. Tout cela se fait dans une zone de tessi­ture à défi­nir. Au global, le mode Setup offre 2048 empla­ce­ments utili­sa­teur dont 128 program­més d’usine, permet­tant de jouer 16 canaux, de pilo­ter 16 canaux Midi externes, tout en lançant 16 arpèges et 16 motifs. C’est du lourd !

Séquen­ceur clas­sique

PC361

Le Mode Song place le PC361 au centre d’un arse­nal Midi et infor­ma­tique, grâce à sa prise USB. La réso­lu­tion du séquen­ceur a été portée à 960 bpqn, ce que nous nous sommes empres­sés de ne pas véri­fier ! La mémoire est sauve­gar­dée à l’ex­tinc­tion de la machine, Kurz­weil étant la seule marque à notre connais­sance à permettre cela, depuis le K2000. Nous applau­dis­sons des 2 mains ! La machine travaille sur 16 pistes et 16 canaux Midi. Chaque piste offre les réglages clas­siques de volume, pano­ra­mique, tessi­ture, avec filtrage des contrô­leurs physiques.

La capa­cité maxi­male d’évé­ne­ments est de 220.000, soit 110.000 notes. Côté enre­gis­tre­ment et édition, on trouve les clas­siques du genre : punch in et out, mode boucle et over­dub, quan­ti­sa­tion à l’en­trée et à la sortie, enre­gis­tre­ment multi­ca­nal, édition d’évè­ne­ments, copie / suppres­sion de parties, compa­rai­son de la séquence initiale / éditée… Rien que du clas­sique. L’édi­teur a toute­fois pas mal vieilli, comparé aux grands écrans graphiques que l’on trouve à la concur­rence. A l’usage, on aura même du mal à oublier son séquen­ceur logi­ciel préféré, fusse-t-il en noir et blanc sur Atari (je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître). Le Mode Song offre 2048 empla­ce­ments utili­sa­teur, de quoi voir venir…

Conclu­sion

PC361

Au final, le PC361 est une excel­lente surprise. Cette version 61 touches légères a de quoi ravir les amateurs de machines compactes, trans­por­tables et solides. Ce qui frappe d’em­blée, c’est la qualité sonore encore amélio­rée et la puis­sance à tous les niveaux. La qualité des programmes d’usine est impres­sion­nante et on salue le travail des Sound desi­gners maison. L’édi­tion est rela­ti­ve­ment aisée compte tenu de la profon­deur abys­sale de la machine, tota­le­ment modu­laire, même si un grand écran et davan­tage de graphismes auraient été appré­ciables. L’édi­teur logi­ciel permet­tra de satis­faire ceux que cette complexité rebute. Le seul véri­table grief est l’im­pos­si­bi­lité de travailler avec des sources externes, soit par import, soit par sampling, soit par trai­te­ments audio. C’est ce qui diffé­ren­cie la série PC3 de la série K. Mais vu l’im­pres­sion­nante pano­plie de trai­te­ments dispo­nibles, le PC361 est une works­ta­tion tout à fait poly­va­lente, aussi à l’aise en studio que sur scène, aussi appré­ciable pour le Sound design, l’en­re­gis­tre­ment que le jeu live. Un must !



Inter­view du R&D Kurz­weil


Notre rela­tion de longue date avec les déve­lop­peurs Kurz­weil nous a permis d’in­ter­vie­wer les prin­ci­paux membres du R&D. Certains sont les fonda­teurs de la marque et ont contri­bué à nous offrir des produits géniaux depuis 25 ans. Qu’ils soient remer­ciés pour leur passion, leur talent et leur dispo­ni­bi­lité.

Howard « Hal » Cham­ber­lin – direc­teur du R&D, direc­teur du hard­ware

AF : quel est votre parcours profes­sion­nel ?

Hal : je suis chez Kurz­weil depuis plus de 22 ans. Avant, j’étais dans l’in­dus­trie du PC, ça date de  l’Al­tair. Je suis aujour­d’hui patron du R&D Kurz­weil à Boston. C’est un métier à temps plus que complet, mais je fais toujours une bonne partie de déve­lop­pe­ment hard­ware et le dépis­tage des pannes.

AF : quel a été votre rôle sur les produits Kurz­weil?

Hal : j’ai rejoint Kurz­weil à la sortie du K150 et j’ai parti­cipé inten­sé­ment au déve­lop­pe­ment de la série K1000. Puis les K2000 et PC, en passant par les pianos numé­riques. J’ai beau­coup contri­bué à l’ar­chi­tec­ture maté­rielle, à l’au­dio analo­gique, à la partie puis­sance et aux diffé­rentes inter­faces. De 1998 à 2004, j’ai vécu en Corée pour veiller à ce que ce qui était conçu à Boston était correc­te­ment produit à Incheon.

AF : quelle a été votre impli­ca­tion sur le PC3 ?

Hal : j’ai passé ces 3 dernières années comme ingé­nieur, puis mana­ger du projet PC3 jusqu’à sa sortie. J’avoue que c’est la deuxième partie qui a été la plus dure. J’ai d’abord travaillé sur l’ar­chi­tec­ture maté­rielle, puis sur la concep­tion de la plupart des cartes. La carte la plus impor­tante, la « voix » de l’ins­tru­ment, a toute­fois été conçue par Tim Thomp­son puis lancée en produc­tion par Richard Folk. Ensuite, en tant que direc­teur, j’ai super­visé la mise au point de tous les aspects soft­ware, hard­ware, le mode d’em­ploi…

AF : de quoi êtes-vous le plus fier ?

Hal : jouer un rôle clé dans le déve­lop­pe­ment du PC3 est clai­re­ment une réali­sa­tion dont je suis fier. Juste après, il y a la série SP76/88 que j’ai créée à 100%, même si elle n’est pas aussi sexy que les K et PC. Ce fut un beau succès commer­cial qui a fait décou­vrir à plein de gens la magie Kurz­weil à prix abor­dable et nous a permis de nous main­te­nir à flot finan­ciè­re­ment lors des années diffi­ciles du début de cette décen­nie.

NDLR : ce qu’Hal Cham­ber­lin ne dit pas, c’est qu’il est l’au­teur d’un livre écrit vers la fin des années 70, qui s’est révélé être une source d’ins­pi­ra­tion pour tous les fabri­cants de synthés, d’ARP à Roland, de Sequen­tial à Oberheim. Pour les passion­nés, plus d’in­fos ici.

Tim Thomp­son – direc­teur asso­cié, respon­sable du dépar­te­ment

AF : quel est votre parcours profes­sion­nel ?

Tim : je suis rentré chez Kurz­weil en avril 1985 pour effec­tuer des tests sur le K150 et le Midi­board. A 12 ans j’avais acheté Switch On Bach et j’étais fan de Bob Moog. Lors d’un NAMM show, j’ai eu la chance de parta­ger une chambre d’hô­tel avec lui et j’ai appris à bien le connaître. C’était une personne hyper créa­tive, drôle et il me manque beau­coup… J’ai passé la plupart de mon temps comme ingé­nieur hard­ware chez Kurz­weil, sur le design numé­rique puis sur la partie audio analo­gique pour les K2600, KSP8, Rumour/Mangler et PC2. J’ai égale­ment managé diffé­rents services et quand Samick a pris le dessus, on m’a demandé d’al­ler à Los Angeles. Alors je suis parti pour fonder Bricasti Design avec Brian Zolner et Casey Dowdell. Quand Hyun­dai a repris Kurz­weil, j’ai décidé de reve­nir et j’en suis très heureux. Main­te­nant je seconde Hal Cham­ber­lin au R&D, comme respon­sable du service hard­ware et VLSI.

AF : quel a été votre rôle sur les produits Kurz­weil?

Tim : je suis impliqué de près ou de loin sur tous les produits depuis le K250. Depuis quelques années, le plus dur a été de faire fonc­tion­ner tous les ingé­nieurs comme un seul homme. Chacun a bien grandi et je suis très satis­fait de notre équipe. Ils font du super boulot, bien au-delà de mes espé­rances. Ce sont des types brillants qui me font aimer mon travail.

AF : quelle a été votre impli­ca­tion sur le PC3?

Tim : j’ai tracé les grandes lignes du hard­ware, Richard Folk l’a amélioré et terminé. Richard Bryan a fabriqué les proto­types et les a fait fonc­tion­ner. Mark Miller and Chip Nata­rajan ont conçu l’Asic MARA qui est au cœur du PC3. C’est vrai­ment un circuit extra­or­di­naire, beau­coup plus puis­sant que tous les DSP que j’ai vus jusqu’à présent. Toute l’équipe a vrai­ment fait un super job sur le PC3.

AF : de quoi êtes-vous le plus fier?

Tim : de tous les gens avec qui je travaille : Adam Stein­berg, Chip Nata­rajan, Claude Galinsky, Dave Weiser, Debbie Field­man, Erick Donog­hue, Fran­cisco Rodri­guez, Hal Cham­ber­lin, Jean Belle­feuille, Jeff St. Pierre, Jesse Miles, John Rich­mond, John Teele, Mark Miller, Mike Raffa, Mike Shonle, Ricardo Garcia, Richard Bryan, Richard Folk, C.H. Oh, J.H. Oh, J.S. Kim, Y.G. Lim, Y.K. Lee et Y.T. Kwon.

John Teele – direc­teur du soft­ware

AF : quel est votre parcours profes­sion­nel ?

John Teele : je pilote notre équipe soft­ware, qui inclut nos ingé­nieurs basés à Waltham, une petite poignée de consul­tants soft­ware et depuis peu nos déve­lop­peurs basés en Corée et en Chine. Je contri­bue égale­ment direc­te­ment au déve­lop­pe­ment logi­ciel quand le temps me le permet ! J’ai travaillé sur les produits et la tech­no­lo­gie Kurz­weil une grande partie de ma carrière – ça fait plus de 16 ans au total. Récem­ment, j’ai déve­loppé des produits d’élec­tro­nique grand public pour Bose, Lexi­con, Mark Levin­son, parmi d’autres. Effet induit de ce travail que j’aime telle­ment, j’ai appris beau­coup sur l’au­dio et la musique. Pendant mon temps libre, je rends des services audio aux groupes locaux, tels que la sono­ri­sa­tion live et l’en­re­gis­tre­ment de maquettes.

AF : quel a été votre rôle sur les produits Kurz­weil?

John : j’ai commencé à travailler chez Kurz­weil en 1987 et je suis resté au R&D Kurz­weil / Young Chang jusqu’à la restruc­tu­ra­tion de 2002. J’ai été de nouveau engagé en 2008 pour mana­ger l’équipe soft­wa­re… Quand j’ai débuté, j’étais complè­te­ment étran­ger à la synthèse et à la musique. Je jouais de la basse dans un petit groupe local, les “Bridge Street” et mon seul synthé était un Casio CZ-1000. J’ai commencé à travailler sur des mises à jour logi­cielles pour le K250, qui était vrai­ment extra­or­di­naire pour moi à cette époque. Bosser avec Ray Kurz­weil était bien, mais c’était encore mieux de colla­bo­rer avec Bob Chil­daw qui est le véri­table génie derrière la tech­no­lo­gie Kurz­weil et toujours un ami. Ceci dit, c’était bien évidem­ment une œuvre collec­tive dans laquelle nous jouions tous un rôle. J’ai donné un coup de main sur la série K1000, mais ma première contri­bu­tion impor­tante a été de déve­lop­per l’in­ter­face utili­sa­teur et la couche d’ap­pli­ca­tion du logi­ciel pour la série K2000. Après j’ai conti­nué aux diffé­rentes décli­nai­sons, K2500, K2600 et KSP8. Récem­ment, j’ai repar­couru avec inté­rêt le mode d’em­ploi du K2600 ; comme j’ai été surpris de me remé­mo­rer toutes les possi­bi­li­tés que nous avions inté­grées !

AF : quelle a été votre impli­ca­tion sur le PC3?

John : j’ai aidé mon équipe à amélio­rer de manière signi­fi­ca­tive l’OS du PC3. Mais je n’ai pas beau­coup contri­bué au PC3 de manière directe ; il a été commencé après que je suis parti et a été mis sur le marché avant que je ne revienne. Dans la mesure où les carac­té­ris­tiques du PC3 sont forte­ment basées sur le K2600, on pour­rait dire que mon travail passé a eu un impact sur le PC3. Mais ma plus large contri­bu­tion sur ce point est d’ai­der mon équipe à travailler ensemble en harmo­nie, dans la nouvelle orga­ni­sa­tion éten­due.

AF : de quoi êtes-vous le plus fier?

John : d’un point de vue tech­nique, je suis fier de la manière dont la synthèse VAST a résisté au temps. J’as­pire mener mon équipe à mettre au point la prochaine géné­ra­tion de synthèse Kurz­weil. Sur le plan person­nel, je suis très fier de mes deux filles qui sont au lycée et toutes deux d’ex­cel­lentes élèves.

John Rich­mond – ingé­nieur en chef et direc­teur du sound­ware

AF : quel est votre parcours profes­sion­nel ?

John : j’ai rejoint Kurz­weil en 1994 pour travailler sur la V3 du K2000. J’ai travaillé sur une douzaine de produits dans les années 90 jusqu’à ce qu’on tombe sous le coupe­ret de Samick en 2004. C’est là que j’ai commencé à travailler avec mes potes de Syntho­logy, créa­teurs du piano virtuel Ivory, avant de retour­ner chez Kurz­weil en 2006 pour commen­cer le déve­lop­pe­ment du PC3. J’ai alors fait partie du groupe de 3 chefs de produit (avec Dave Weiser et Mike Papa, alors direc­teur commer­cial) qui ont déter­miné les carac­té­ris­tiques du PC3. Je travaille en ce moment sur le déve­lop­pe­ment de Rom pour notre prochaine géné­ra­tion de synthés et sur l’amé­lio­ra­tion de la modé­li­sa­tion musi­cale.

AF : quel a été votre rôle sur les produits Kurz­weil?

John : le fait d’avoir été là depuis le début des séries K signi­fie travailler avec un tas de gens talen­tueux, ingé­nieurs et musi­ciens. Il y a eu plusieurs mentors, parmi lesquels Joe Ierardi et Geoff Gee pour le dépar­te­ment son, Bob Chil­daw (le précé­dent scien­ti­fique en chef), John Teele et Hal Cham­ber­lin. Ce qui est dur à expliquer, c’est comment tout ces gens ont su parta­ger avec d’autres la passion de construire des instru­ments de musique qui sonnent aussi bien. Après le coup de Samick il y a 3 ans, ça a été un véri­table défi de remon­ter la société pour créer le PC3. C’était une équipe tota­le­ment nouvelle, en parti­cu­lier pour le soft­ware, et c’est tech­nique­ment très complexe. Pour­tant j’étais très confiant dans le fait que le PC3 sonne­rait bien, sachant comment il était fait. J’avais travaillé sur les K2500, K2600, PC2 et tous nos proces­seurs d’ef­fets, donc je savais que faire passer toute la biblio­thèque sonore par notre nouvel Asic MARA, avec tous les effets au top, ferait sonner cet instru­ment comme jamais. Heureu­se­ment, tout le monde a partagé cette vision et a travaillé dur pour la concré­ti­ser. Je suis très heureux main­te­nant parce que nous pouvons nous concen­trer sur une nouvelle géné­ra­tion d’ins­tru­ments qui surpas­se­ront tout ce qui existe.

AF : quelle a été votre impli­ca­tion sur le PC3?

John : essen­tiel­le­ment mana­ger un groupe d’ingé-son pour créer la biblio­thèque du PC3. Nous sommes une petite équipe avec beau­coup de talent. La gestion de produit a aussi été cruciale compte tenu des échéances tendues. Dès mon retour chez Kurz­weil en 2006, j’avais une vision très claire de ce que le PC3 devait être. Tout a commencé par la concep­tion du panneau avant, la produc­tion des premiers sons avec notre nouvelle puce, puis le travail sur le soft­ware pour tirer le meilleur parti de cette nouvelle puce tout en recréant les bonnes carac­té­ris­tiques du passé. A partir de ce point, toute l’équipe a commencé à créer quelque chose de nouveau et unique. En extra­yant le DSP du synthé virtuel analo­gique mort-né et en le combi­nant avec une nouvelle version de la synthèse VAST, cela a vrai­ment ouvert la porte à la créa­ti­vité sonore. Je suis très heureux du résul­tat final et je pense que nous voyons tout juste les prémices de ce que nous allons pouvoir faire avec cette tech­no­lo­gie.

AF : de quoi êtes-vous le plus fier?

John : du fait que Kurz­weil fabrique toujours des instru­ments de musique. Il y a eu des jours sombres en 2004 et la plupart des gens ont pensé que Kurz­weil allait marcher sur les traces des fossiles de l’ère analo­gique. Grâce à la persé­vé­rance d’un petit groupe de personnes qui n’ont rien lâché tant que ça ne marchait pas, nous avons ramené Kurz­weil à la vie. Je suis très fier de la variété de sons et en parti­cu­lier le détail de program­ma­tion qui rend le PC3 capable de recréer des grands clas­siques, jusqu’à la pano­plie complète d’ins­tru­ments orches­traux. Lorsque j’en­tends les gens dire qu’un son leur donne envie de jouer ou les inspire, je pense que nous avons atteint notre but. J’ai très envie d’en­tendre ce que les autres peuvent faire avec le PC3 !

David Weiser – chef de produit et desi­gner sound­ware senior

AF : quel est votre parcours profes­sion­nel ?

Dave : je suis le chef de produit, claviste maison et chargé du design sonore pour le R&D Kurz­weil. C’est le travail le plus sympa du monde ! Je suis aussi le démons­tra­teur pour les salons, repré­sen­tant Kurz­weil sur les forums inter­net ; j’ai aussi de nombreux contacts avec le réseau de vente et les clients. J’aime connaître nos clients, ils sont fantas­tiques, colo­rés, agréables et très poin­tus. J’ai grandi dans une famille de musi­ciens – mes parents étaient profs de musique et jouent dans un orchestre sympho­nique. J’ai commencé le piano à l’âge de 4 ans et j’ai étudié l’har­mo­nie au Berk­lee College. Avant Berk­lee, j’étu­diais le Russe.

AF : quel a été votre rôle sur les produits Kurz­weil?

Dave : j’ai été engagé au dépar­te­ment son de Kurz­weil en 2000. Au début mon boulot était de couper des échan­tillons pour les ingé­nieurs seniors. Mes premiers projets d’en­ver­gure ont été la program­ma­tion sonore pour le K2600 (Rom 4 « Vintage EPs ») et le PC2 (Rom 2 « Clas­sic Keys »). En 2004, Kurz­weil / Young Chang a été acheté par un concur­rent de Young Chang. En quelques mois ils ont décidé de virer la plupart des ingé­nieurs. J’ai été l’un des 7 à survivre à l’hé­ca­tombe. Cela a été dur pour moi – tous mes amis étaient partis, le projet VA1 avait été stoppé et notre futur semblait incer­tain. Kurz­weil a déposé le bilan et a été racheté en 2006 par Hyun­dai Deve­lop­ment Corp (une société indé­pen­dante formée par les fonda­teurs de la marque auto­mo­bile). A partir de là les choses ont été beau­coup mieux, nous avons pu renga­ger de vieux amis, comme John Rich­mond et Tim Thomp­son. Et plus récem­ment John Teele pour super­vi­ser le dépar­te­ment soft­ware. Vous n’ima­gi­nez pas comme je suis heureux d’avoir ces personnes ici au R&D, aux côtés de nouveaux talents. Je remer­cie chaque jour d’avoir le privi­lège de travailler ici avec un groupe aussi excep­tion­nel. Ces personnes sont les plus brillantes qui soient… je suis honoré de les avoir comme amis. Kurz­weil m’a ouvert beau­coup de portes, en parti­cu­lier la possi­bi­lité de travailler avec des artistes extra­or­di­naires. Les temps forts pour moi ont été de travailler sur la dernière tour­née de David Bowie et de conce­voir le son de piano de l’al­bum « Smile » de Brian Wilson (c’est désor­mais le programme n°15 du PC3).

AF : quelle a été votre impli­ca­tion sur le PC3?

Dave : j’ai créé une grande partie des sons, parmi lesquels les pianos, claviers vintage, synthés, des basses et des sons de batte­rie. Mes programmes préfé­rés sont Ray Charles Wurly, Steel Drums (en synthèse pure) et la basse fret­less Jaco. J’ai égale­ment donné un coup de main au déve­lop­pe­ment, en contri­buant à la concep­tion du panneau avant et aux spéci­fi­ca­tions tech­niques.

AF : de quoi êtes-vous le plus fier?

Dave : je suis fier à chaque fois que je vois le PC3 sur scène, à la télé… en parti­cu­lier lorsqu’il est utilise par l’un de mes artistes préfé­rés. Le meilleur a été de voir mon musi­cien préféré, Bernie Worrell (Palia­ment/Funka­de­lic, Talking Heads) prenant son pied avec un PC3. Cela a été impres­sion­nant de voir le PC3 passer du concept à la réalité, de le retrou­ver dans les maga­zines, puis joué par des musi­ciens du monde entier.

AF : sur quels nouveaux produits travaillez-vous?

Dave : évidem­ment je ne peux pas en dire beau­coup… nous allons présen­ter le PC3LE cet été, le petit frère du PC3. Il aura le même moteur sonore que le PC3 – KB3, synthèse VA – mais l’édi­tion sera très limi­tée. La poly­pho­nie sera réduite de moitié, tout comme les ressources d’ef­fets. L’objec­tif est de propo­ser un PC3 plus abor­dable, qui s’adresse à un nouveau segment de marché pour Kurz­weil.

AF : quels sont les projets de Kurz­weil ?

Dave : à nouveau je ne peux rien dire. Le PC3 n’est pas le dernier produit que nous ferons. Nous allons déve­lop­per des claviers posi­tion­nés au-dessus et au-dessous au cours des prochaines années. Nous avons une nouvelle tech­no­lo­gie extrê­me­ment cool dans le tuyau. Je pense que les gens seront souf­flés quand nous la présen­te­rons… désolé, je ne peux pas en dire plus ! Ah si, notre bureau en Corée a travaillé sur une ligne de moni­teurs entrée de gamme qui sonnent merveilleu­se­ment bien au regard du prix. L’usine s’ap­prête égale­ment à produire de nouveaux contrô­leurs à ruban d’ici quelques mois.
  • Musicalité excellente
  • Qualité audio top niveau
  • Connectique complète
  • Modularité totale
  • Modélisation analogique VA-1
  • Modélisation d’orgues KB3
  • Qualité et puissance des multieffets
  • Arpégiateurs et motifs multitimbraux
  • Séquenceur en mémoire permanente
  • Qualité de construction
  • Commandes temps réel
  • Editeur PC/Mac inclus
  • Pas d’édition graphique directe
  • Pas de sampling ni de pistes audio
  • Pas d’intégration audio / USB
  • Manuel très incomplet
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