Un an après avoir sorti la plus puissante workstation du marché, Korg présente la série Krome, bien décidé à en faire le nouveau standard de l'entrée de gamme.
En 2011, Korg remet les pendules à l’heure avec le Kronos, une workstation embarquant son lot d’innovations et une puissance inégalée. Depuis, le constructeur n’a pas chômé : des banques sonores additionnelles de haute qualité, une série X embarquant un nouvel ensemble carte mère/processeur et plus de puissance, un OS2 permettant le streaming audio pour les samples utilisateur et la gestion de mémoires étendues… les utilisateurs du Kronos ont donc, tout comme leur instrument, un bel avenir musical ! Reprenant le flambeau du M50 à l’aube des 50 ans de Korg, c’est maintenant le Krome qui est annoncé cet été, en attendant une année 2013 qu’on devine déjà en apothéose ! Au programme, une mémoire PCM énorme, un moteur de synthèse approfondi, des effets surpuissants, un magnifique séquenceur et une ergonomie remarquable… ah, et un tarif qui fait vraiment oublier tout ce qu’on vient de dire. Voyons donc en quoi le Krome établit cette nouvelle référence de l’entrée de gamme.
Face alu
Nous avons testé un Krome 61, équipé d’un clavier léger semi-lesté dynamique 61 touches. Celui-ci est supérieur à celui du M50, avec une réponse plus franche et plus ferme. Il est toutefois en-dessous du superbe clavier du Kronos, offrant une réponse plus subtile et un amorti de touche très supérieur. De même, il n’y a pas de réponse à la pression dans la famille Krome, ce qu’on comprend dans cette gamme de prix. Ce choix est d’ailleurs préférable à certains claviers bas de gamme à pression qui se déclenchent intempestivement et qu’on finit par couper… La façade est très soignée, construite en alu avec deux finitions, dont la partie supérieure, brossée, est du plus bel effet. Tout le reste de l’appareil (arrière, flancs, dessous) est cependant en plastique moulé léger, ce qui permet une très bonne portabilité (7 kg pour le modèle 61 touches, 8 pour le modèle 73 touches légères semi-lestées et 15 kg pour le modèle 88 touches lourdes type NH) sans fragilité excessive. Les sublimes pianos, les facultés de clavier de commande et le poids quasi-plume du Krome positionnent de facto le modèle à 88 touches lourdes comme concurrent direct des gros pianos/claviers de scène.
Il y a peu de potards, seulement 6, assez fermes mais petits ; ils permettent de contrôler le volume pour celui situé tout à gauche, les paramètres de synthèse/d’arpèges pour les 4 situés à gauche de l’écran et le tempo pour celui situé à droite (en conjonction avec une touche Tap dédiée). Les interrupteurs sont beaucoup plus nombreux, assez corrects, certains étant équipés de diodes bleues. On en trouve pour l’activation de l’arpégiateur et de la partie Drum, le choix du mode de jeu ou d’édition (global, combis, programmes, séquences, média), l’édition (dont un pavé numérique bienvenu et une molette encodeuse), le choix des banques/programmes, la sauvegarde/la comparaison des sons et le transport du séquenceur. Il aurait été sympa de différencier un peu les commandes de transport, car là elles sont noyées dans un pavé et difficiles à distinguer.
À gauche du clavier, on trouve un joystick 2 axes (pitchbend/modulations) cerclé de 4 diodes bleues, identique à celui du Kronos ; il est surplombé par 2 interrupteurs de modulation, assignables à différentes fonctions via les menus : articulations de sons, variantes de programmes, transposition à l’octave… La prise casque, au format minijack 3,5 mm, est située à l’avant-gauche, bien vu !
L’arrière est du genre sobre : borne pour alimentation externe (heureusement de type bloc au milieu avec connecteur IEC 3 broches), interrupteur marche/arrêt, 2 sorties audio jack 6,35 TS, 3 prises pédales (maintien, interrupteur et contrôleur continu), un duo Midi (In/Out), une interface pour carte SD (sauvegarde des sons et séquences sur carte SD jusqu’à 2 Go ou SDHC jusqu’à 32 Go) et une prise USB pour connexion à un PC (Midi, mais pas audio over USB). À noter que l’interrupteur marche/arrêt est de type poussoir à ressort, ce qui parait curieux au départ, voire risqué si on triture à l’aveugle la connectique à l’arrière ; on comprend mieux lorsqu’on découvre la fonction d’auto-extinction, paramétrable à partir d’un certain temps sans utilisation. Ecolo, le Krome !
Détails d’ergonomie
Le Krome est un modèle d’ergonomie. Le souci du constructeur dans ce domaine se ressent dans un certain nombre de détails : d’abord, la machine est livrée avec un DVD, comprenant une vidéo de prise en main en français et les modes d’emploi en PDF (manuel complet, prise en main rapide, nom des programmes – seul le guide des paramètres est en anglais). Ensuite, l’interface utilisateur est très soignée, notamment à travers le magnifique écran tactile couleur 7 pouces 800 × 480 points à contraste ajustable, très lumineux, hyper réactif, bien plus agréable que celui du Kronos pour plusieurs raisons : le piqué est meilleur, les caractères sont plus gros, les commandes plus larges et on peut éditer les paramètres par glissé-déplacé ; par exemple, faire tourner un potard, bouger un curseur, attraper un point d’enveloppe et le balader en 2D… ou encore activer un pavé virtuel, numérique ou alphanumérique suivant le cas, pour entrer une valeur ou un nom, bien vu !
D’autres détails de l’OS nous ont beaucoup plu : par exemple, quand on édite un programme faisant appel à un kit de batterie, le Krome ouvre une boîte de dialogue permettant de sauter dans l’éditeur de kits situé en mode Global, mettant ainsi fin à une lourdeur maison qui résistait depuis le M1 (un quart de siècle)… Autre exemple, lorsqu’on veut enregistrer une séquence depuis le mode programme ou combi, le fait d’appuyer sur la touche [REC] crée la séquence correspondante avec sons, effets et mixage directement importés, prête à être capturée. Dernier exemple pour ne pas tout dévoiler, le séquenceur avec édition tactile directe type piano roll, que n’a d’ailleurs pas le Kronos !
De manière plus classique, on retrouve la sélection des programmes et combis par catégorie/sous-catégorie, la navigation par pages menu sélectionnables avec une zone-écran ou un interrupteur physique dédié, puis des onglets lorsque c’est nécessaire. Par rapport au Kronos, on n’est à aucun moment submergé par la pléthore de paramètres, c’est beaucoup plus simple et direct (mais aussi moins puissant). Nous dirons que le Krome a le parfait dosage entre la complexité et l’intuitivité. Et comme il boote en 30 secondes, on est plus vite prêt à envoyer !
Son of Kronos
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D’ailleurs pour ce qui est d’envoyer, le Krome excelle. D’abord par les niveaux audio élevés qui sortent de ce synthé-workstation polyphonique 120 voix et multitimbral 16 canaux. Il évolue dans 3 modes principaux : programmes simples, combinaisons de 16 programmes et séquences de 16 pistes. Le moteur sonore est basé sur la lecture d’échantillons, avec une mémoire interne de 3,8 Go (compressés, équivalents en 16 bit/48 kHz) répartis sur 583 multisamples (dont 12 stéréo) et 2080 sons de batterie (dont 474 stéréo). C’est la plus grosse Rom statique jamais intégrée dans un synthé, puisque le Krome n’utilise pas de streaming audio ; 15 fois celle du M50 !
Tous les sons que nous avons écoutés proviennent très majoritairement du Kronos (moteurs SGX-1 et HD-1). Le Krome n’est donc pas un M50 auquel on aurait greffé de nouveaux sons de piano et de batterie. La mémoire PCM comprend une Rom 2,8 Go pour le piano acoustique principal, un Steinway-D directement issu de la banque du Kronos, avec 88 échantillons stéréo sur 8 couches de dynamique et une couche pour la résonance sympathique. Pour gagner de la mémoire par rapport au Kronos, seules les couches principales sont non bouclées. Inutile de le dire, les résultats sont de très haut niveau et ce piano s’accommode à tous les styles de jeu en travaillant les EQ et les effets.
Le reste de la mémoire, soit environ 1 Go, est stocké sur une Flash RAM réinscriptible : il y a 600 Mo pour les pianos électriques, dont 3 capturés avec précision sur 8 niveaux de dynamique ; certes on ne retrouve pas le niveau de reproduction exceptionnel des pianos électriques modélisés EP-1 du Kronos (en particulier les détails tels que bruits de micro et de relâchement des touches, la transition parfaite des couches de dynamique), mais ce que nous avons sous les doigts est tout à fait convaincant. Les Rhodes Mark I/II (8 niveaux de dynamique) sont déclinés dans différentes variantes pour tous les goûts : prise directe, préampli, chorus, flanger, phaser, panner, tremolo, wah wah. Idem pour le Wurlitzer 200A (8 niveaux de dynamique), qui sait se montrer expressif, claquant et ample. Le Clavinet pour sa part est mordant à souhait, même s’il ne bénéficie pas de la même expressivité que les autres pianos.
L’autre gros morceau du Krome est sans conteste la section batteries, qui occupe une grande partie des 370 Mo restants. Au menu, des kits acoustiques rock, jazz (dont le somptueux Jazz Ambience Drums sur 8 niveaux stéréo de dynamique), pop, électro, hip-hop. Un soin tout particulier a été porté au traitement des percussions via la section d’effets, la balance capture directe/son ambiant, la compression sidechain avec gros pompage garanti… Un beau travail de design sonore. Nous avons trouvé de très beaux orgues (B3, Vox, Farfisa…) tirant partie de la section d’effets bourrée de simulateurs d’ampli, distorsions, haut-parleurs tournants. Les ensembles de cordes sont amples et déclinés en plusieurs tailles de section. Les chœurs ne remporteront pas un prix spécial mais font le boulot, qu’ils soient classiques ou pop. Les guitares ne sont pas les meilleures du marché, même si les effets permettent de relever le niveau. Les basses nous ont beaucoup plu, avec plein de détail sur les attaques, des articulations dynamiques bien fichues, de la patate, servies là encore par les effets. Les sections de cuivres sont piquantes, mais on trouve toutefois des instruments solos convaincants. Les bois sonnent correctement, en section comme en solo. Enfin, les sons de synthèse sont très soignés, comme toujours chez Korg : de grosses basses à punch dont certaines outrageusement passées au limiteur pour ceux qui s’ennuient quand les vumètres baissent trop sous 0 dB, des nappes qui vont du vintage au contemporain, des textures évolutives, des leads variés… sans oublier les empilages complexes tirant profit du double oscillateur à 8 couches, permettant de faire apparaître ici un pad éthéré, là des cloches, là des transitoires, au sein d’un seul programme (et s’il manque des couches, les modes multitimbraux 16 canaux sont là pour cela).
Bref on ne s’ennuie pas, que ce soit sur les sons à attaque et déclin rapides, les évolutions lentes, les ensembles ou les solos. Au total, le Krome contient 6 banques de 128 programmes (donc 5 déjà remplies), 4 banques de 128 combinaisons (3 déjà remplies), 48 kits de percussions (32 déjà assemblés), sans oublier les 256 programmes et 9 kits GM2.
- Steinway 1 02:05
- Steinway 2 00:33
- Steinway 3 00:42
- Mark I 01:22
- Mark II 01:22
- Clavinet 00:36
- EP200 00:56
- Organs 01:04
- Drums A 01:07
- Drums E 01:27
- Bass A 00:33
- Bass E 01:15
- Bass F 01:05
- Guitar A 01:05
- Guitar E 00:42
- Brass 00:31
- Strings 01:45
- Choirs 01:00
- ZCombi 1 00:47
- ZCombi 2 00:31
- ZCombi 3 00:45
- ZCombi 4 00:43
- ZCombi 5 00:42
- ZCombi 6 00:56
Programmes 8 couches
Le moteur sonore du Krome est identique au moteur HD-1 du Kronos. En mode normal, il utilise 1 ou 2 oscillateurs à 8 couches dynamiques, chacune pouvant accueillir un multisample ou un drum kit mono ou stéréo. Pour éditer les kits touche par touche, on peut sauter en mode Global depuis le mode programme. Pour chaque note d’un kit, on assigne les samples désirés (jusqu’à 8 couches mono ou stéréo avec switch ou crossfade sur les couches adjacentes), puis on définit par couche le volume, le sens de lecture, le point de démarrage de lecture (jusqu’à 8 indexes par sample), puis les offsets d’un certain nombre de paramètres de synthèse : accordage, fréquence de coupure du filtre, résonance, enveloppe AD de volume, hauteur, drive, Low boost et routage vers les effets d’insertion.
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Pour chaque oscillateur, les multisamples ou kits (entiers) passent ensuite dans les sections de synthèse principales du programme : oscillateur, pitch, filtre, driver, ampli… Le pitch de chaque oscillateur est largement modulable : tempérament, suivi de clavier, enveloppe multisegment à temps et niveaux eux-mêmes modulables, 2 LFO, portamento, ou encore sources matricielles AMS (contrôleurs physiques, paramètres internes ou CC Midi).
Comme sur les précédentes workstations Korg depuis le Trinity, les sources de modulation sont elles-mêmes modulables par une source AMS (sidechain). Ceci est vrai à tous les niveaux de la chaîne sonore. Celle-ci se poursuit par la section filtres, dotée de 2 filtres multimodes résonants. Ils peuvent fonctionner selon 4 modes : passe-bas 12 dB, passe-haut 12 dB, passe-bande 6 dB et réjection de bande 6 dB. Ils peuvent être arrangés de différentes manières : simple (1 seul filtre), en série, en parallèle ou en pente double (24 dB). Dans ce dernier mode, on obtient un passe-bas 24 dB, un passe-haut 24 dB, un passe-bande 12 dB ou un réjection 12 dB ; en mode pente double, la courbe de réponse en fréquence est accentuée au droit de la fréquence de coupure, ce qui permet une résonance plus prononcée comme sur un analogique. Les fréquences de coupure disposent de nombreuses possibilités de modulations : une enveloppe dédiée (avec quantité de modulation dosable par filtre en cas d’utilisation de filtres doubles), les 2 LFO, le LFO global, un générateur de tracking 4 segments modulable en temps réel et les sources AMS. Même les résonances sont modulables avec les sources AMS, bravo !
Puis vient la section ampli/drive, avec au programme un overdrive non linéaire, un Low boost, un niveau et un panoramique. Tous ces paramètres sont modulables via l’enveloppe de volume dédiée, les 2 LFO, un générateur de tracking 4 segments et les sources AMS. Pour moduler l’ensemble du programme (donc le ou les 2 oscillateurs simultanés), il reste un générateur de tracking global 4 segments, un LFO global et 2 mixeurs AMS (mélange de 2 modulations par addition, multiplication, décalage, fondu, morphing complexe, quantisation, porte). Autrement dit, ça module sec !
Effet maximum
Korg nous a habitués à des sections effets musclées. Celle du Krome n’échappe pas à la règle, avec 8 multieffets disponibles quel que soit le mode de jeu (programme/combi/séquence). C’est certes deux fois moins puissant que le Kronos, mais comparable aux M3 et M50. Les 8 multieffets se décomposent en 5 effets d’insertion IFX, 2 effets maitres MFX et 1 effet total TFX. Il y a 193 algorithmes complexes pour chaque multieffet, soit un poil plus que le Kronos ! En fait, les effets intégrés au moteur EP-1 du Kronos (modélisation de pianos électriques) ont été incorporés aux algorithmes du Krome : à nous les phasers / flangers / chorus / wah wah /compresseurs vintage Vox, Small Stone, Black, Orange, Red… en plus des processeurs de dynamique « standards », vocodeurs, EQ, filtres, distorsions, ensembles, délais, réverbérations, chaînes d’effets en série et en parallèle.
Parmi ces algorithmes, 22 sont particulièrement costauds et comptent double ; ils consomment donc 2 emplacements d’effets dans les IFX ou MFX et ne peuvent être utilisés en TFX. Chaque algorithme est soigneusement programmé et largement modulable en temps réel (D-mod) sur certains paramètres prédéfinis. Certains autres paramètres temporels peuvent se synchroniser à l’horloge interne/Midi, alors que d’autres sont modulables par 2 LFO d’effets. Pour faciliter la tâche du musicien et lui faire gagner du temps, Korg propose un certain nombre de Presets (jusqu’à 32) pour chaque algorithme. La qualité est indéniablement au rendez-vous, on sent l’accumulation d’expérience de longue date, notamment sur les modélisations de pédales vintage.
Pour couronner le tout et affiner le mix, il est prévu un EQ 3 bandes (avec médium semi-paramétrique) par programme ou par piste multitimbrale dans les modes combis/séquences. L’édition et le routage bénéficient heureusement d’un affichage graphique. On peut chaîner les IFX ou les mettre en parallèle 2 à 2. En mode multitimbral, chaque canal peut être routé vers l’un des 5 IFX, ce qui permet différentes cascades de chaînage et routage. Les MFX sont placés sur des bus globaux, chaque partie d’un mode multi ayant ses 2 départs vers les 2 bus, chaque bus ayant son dosage de retour stéréo. En bout de chaîne, le TFX ajoute la touche de finition qui vient parfaire le signal. Une très belle section !
Drum track et arpèges
Chaque programme, combi ou séquence peut être agrémenté d’une Drum Track. Il s’agit d’un pattern de batterie bouclé, tiré des 1000 motifs utilisateur (dont 637 sont préprogrammés) fabriqués en mode séquenceur. En mode programme, la Drum Track joue un kit de batterie (à choisir parmi les 48 kits en mémoire) et peut être mixée/routée vers la section effets, au même titre que les 2 oscillateurs principaux. En mode combi/séquence, la Drum Track pilote un ou plusieurs canaux Midi parmi les 16 disponibles, suivant les programmes affectés aux parties. La Drum Track se déclenche depuis une note ou un interrupteur en façade et se synchronise à l’horloge interne, donc à tout ce qui bouge en tempo dans le Krome, LFO, délais ou arpèges par exemple.
Développés pour le Triton et repris sur le M50, les arpégiateurs du Krome sont polyphoniques. On dispose d’un arpégiateur en mode programme et 2 dans les modes multitimbraux. Il y a 5 motifs élémentaires en Rom (haut, bas, alterné x2, aléatoire) et 1028 motifs utilisateur entièrement programmables (dont 900 tout prêts). Les arpèges sont produits dans différents ordres de jeu, seuls ou avec les notes jouées, sur 1 à 4 octaves, avec synchronisation à l’horloge interne (et donc à tout ce qui y est rattaché). Dans les modes multitimbraux, chaque arpégiateur dispose d’une tessiture et d’une zone de vélocité. On peut travailler jusqu’à 12 voix de polyphonie sur 48 pas. L’édition est graphique et tactile, avec une grille où on entre les notes du bout des doigts, super ! Pour chaque pas, on définit la hauteur, la vélocité, le temps de Gate et le Flam (simulation de Strumming de guitare). On peut fixer certaines notes pour éviter la transposition quels que soient les accords joués, très utile pour créer des patterns de batterie. Les arpèges utilisateur peuvent être sauvegardés en mémoire interne non volatile, tant mieux !
Combinaisons par 16
Le Krome regroupe ses programmes par 16 en mode combi. La visualisation à l’écran se fait en 2 ensembles de 8 programmes, ce qui permet de maintenir une bonne clarté d’affichage (idem en mode séquenceur), plus lisible que sur le Kronos. Les 16 parties peuvent être commandées par la piste Drum ou l’un des 2 arpégiateurs. Les 16 canaux peuvent être indifféremment utilisés en émission/réception avec les sons internes ou des expanders Midi externes, faisant du Krome à la fois un gros générateur multitimbral et un puissant clavier maître.
Sur chacun des 16 canaux, on règle la source sonore (interne/externe), le canal midi, le mode de jeu, le volume, le panoramique, la transposition, l’accordage, l’égalisation, les routages d’effets, la tessiture (avec fondus inférieurs et supérieurs), la fenêtre de vélocité (idem)… tout cela permet des empilages monumentaux sur 16 canaux, sachant que les programmes peuvent eux-mêmes gérer 2 fois 8 couches dynamiques !
Au plan Midi, le Krome permet de gérer différents paramètres et de filtrer certaines commandes par canal (changements de programme, pression, pédale de maintien, portamento…).
L’édition des programmes dans leur contexte de combinaison se fait via une page dédiée « Tone Adjust » permettant de prendre la main sur plus de vingt paramètres de synthèse essentiels. Certains paramètres prédéfinis sont directement modifiables avec les 4 potards de gauche, auxquels on peut assigner 4 commandes alternatives. Tout cela est mémorisé au sein des combis, ce qui évite de devoir cloner les programmes eux-mêmes (en mode programme). On ne peut toutefois pas éditer l’ensemble des paramètres d’un programme à partir du mode combi, faculté dont seul le 01/W a pu se targuer, il y a plus de 20 ans, parmi la gamme Korg. L’édition est facilitée par la possibilité de couper/isoler rapidement une partie du bout du doigt, merci l’écran tactile !
Séquenceur ergonomique
Le séquenceur du Krome a des caractéristiques techniques quasi identiques à celui du M50. Au programme, 16 pistes Midi et une piste maître pour les variations de tempo et de signature temporelle. La capacité est de 210.000 évènements, avec une résolution de 480 battements par quart de note. La mémoire est hélas volatile ; mais quand le constructeur se décidera-t-il d’en finir, dans toute sa gamme, avec cette fâcheuse habitude ?!
Comme déjà évoqué, une fonction Auto Song Setup permet d’assigner le programme ou la combi en cours avec tous ses paramètres à une séquence, prête à enregistrer, en appuyant simplement sur [REC]. Autre point d’ergonomie, les gabarits de séquences par genre musical, avec pré-assignation des sons et des effets types (16 Presets et 16 utilisateurs), prêts à enregistrer.
Le Krome est capable d’enregistrer en temps réel (Overdub, bouclage, punch) ou en pas-à-pas, avec affichage graphique des fonctions essentielles. Il peut capturer plusieurs pistes Midi simultanément, soit en interne (avec les arpégiateurs, la piste Drum et la fonction RPPR = assignation de motifs rythmiques à chaque touche), soit à partir d’un séquenceur externe. On peut aussi créer 100 patterns utilisateurs par morceau comme sur une BAR ou utiliser l’un des 605 motifs en ROM. Les séquences s’assemblent au sein de Songs (jusqu’à 128).
Innovation par rapport aux synthés matériels, une boîte à outils permet de déplacer/copier/supprimer des parties de pistes graphiquement par glissé-déplacé opéré directement sur l’écran. Une pression sur une touche virtuelle fait basculer l’éditeur en mode Piano Roll, que n’a pas non plus le Kronos. Dans ce mode, les notes apparaissent sous forme de barres horizontales positionnées par rapport à un clavier vertical. Les valeurs de vélocité sont simultanément reproduites sous forme de barres verticales. L’édition se fait aussi au doigt, comme précédemment ; on peut même entrer des notes, changer leur longueur ou leur vélocité d’un coup de doigt. Des facteurs de zoom 2D ainsi que des locators permettent de faire rapidement ce que l’on veut, en enregistrement comme en édition. Mais l’éditeur ne s’arrête pas là, puisqu’on peut basculer entre la visualisation piano (barres) ou grille de percussions (losanges ponctuels), on applaudit des deux mains ! On trouve aussi une édition de piste par zone, avec les notes et les contrôleurs représentés graphiquement, prêts à être édités.
Pour la lecture, chaque piste peut être bouclée indépendamment des autres entre 2 points à définir, avec lecture ou non des mesures avant la zone de bouclage. De manière identique au mode combi, chaque piste dispose d’un numéro de canal Midi, une source sonore (interne ou externe), un volume, un panoramique, une assignation aux IFX et des départs dosables vers les MFX. Enfin, le mode Cue-List permet de gérer l’enchaînement de parties de Songs (20 chaînages de 99 pas). Une Cue-List peut elle-même être transformée en Song.
Brillant Krome !
Incontestablement, le Krome est la nouvelle référence parmi les workstations d’entrée de gamme. C’est un Kronos light spécialisé sur la synthèse PCM, avec des sons de haute qualité, en particulier les pianos et les drums, très supérieurs à ce qu’on trouve ailleurs à des prix bien plus élevés ; ses atouts résident aussi dans son puissant séquenceur simple à éditer, ses arpégiateurs polyphoniques qui mettent du mouvement et sa section d’effets bien balaise. C’est enfin et surtout une ergonomie parfaitement étudiée, avec un juste équilibre entre puissance et efficience. On bosse vite sur Krome, bien plus vite que sur Kronos. Quand on pense qu’il reste de la place pour une workstation intermédiaire entre le Krome et le Kronos, on se demande bien ce que pourrait encore nous réserver Korg. Pour en revenir au Krome, au regard du tarif constaté (entre 1000 et 1600 € suivant la version clavier), nous lui décernons l’Award du rapport qualité/prix 2012.
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