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Test du Korg Krome - Nickel Krome !

8/10
Award Qualité/Prix 2012
2012
Qualité/Prix
Award

Un an après avoir sorti la plus puissante workstation du marché, Korg présente la série Krome, bien décidé à en faire le nouveau standard de l'entrée de gamme.

En 2011, Korg remet les pendules à l’heure avec le Kronos, une works­ta­tion embarquant son lot d’in­no­va­tions et une puis­sance inéga­lée. Depuis, le construc­teur n’a pas chômé : des banques sonores addi­tion­nelles de haute qualité, une série X embarquant un nouvel ensemble carte mère/proces­seur et plus de puis­sance, un OS2 permet­tant le strea­ming audio pour les samples utili­sa­teur et la gestion de mémoires éten­dues… les utili­sa­teurs du Kronos ont donc, tout comme leur instru­ment, un bel avenir musi­cal ! Repre­nant le flam­beau du M50 à l’aube des 50 ans de Korg, c’est main­te­nant le Krome qui est annoncé cet été, en atten­dant une année 2013 qu’on devine déjà en apothéose ! Au programme, une mémoire PCM énorme, un moteur de synthèse appro­fondi, des effets surpuis­sants, un magni­fique séquen­ceur et une ergo­no­mie remarqua­ble… ah, et un tarif qui fait vrai­ment oublier tout ce qu’on vient de dire. Voyons donc en quoi le Krome établit cette nouvelle réfé­rence de l’en­trée de gamme.

Face alu

Korg Krome

Nous avons testé un Krome 61, équipé d’un clavier léger semi-lesté dyna­mique 61 touches. Celui-ci est supé­rieur à celui du M50, avec une réponse plus franche et plus ferme. Il est toute­fois en-dessous du superbe clavier du Kronos, offrant une réponse plus subtile et un amorti de touche très supé­rieur. De même, il n’y a pas de réponse à la pres­sion dans la famille Krome, ce qu’on comprend dans cette gamme de prix. Ce choix est d’ailleurs préfé­rable à certains claviers bas de gamme à pres­sion qui se déclenchent intem­pes­ti­ve­ment et qu’on finit par couper… La façade est très soignée, construite en alu avec deux fini­tions, dont la partie supé­rieure, bros­sée, est du plus bel effet. Tout le reste de l’ap­pa­reil (arrière, flancs, dessous) est cepen­dant en plas­tique moulé léger, ce qui permet une très bonne porta­bi­lité (7 kg pour le modèle 61 touches, 8 pour le modèle 73 touches légères semi-lestées et 15 kg pour le modèle 88 touches lourdes type NH) sans fragi­lité exces­sive. Les sublimes pianos, les facul­tés de clavier de commande et le poids quasi-plume du Krome posi­tionnent de facto le modèle à 88 touches lourdes comme concur­rent direct des gros pianos/claviers de scène.

Il y a peu de potards, seule­ment 6, assez fermes mais petits ; ils permettent de contrô­ler le volume pour celui situé tout à gauche, les para­mètres de synthèse/d’ar­pèges pour les 4 situés à gauche de l’écran et le tempo pour celui situé à droite (en conjonc­tion avec une touche Tap dédiée). Les inter­rup­teurs sont beau­coup plus nombreux, assez corrects, certains étant équi­pés de diodes bleues. On en trouve pour l’ac­ti­va­tion de l’ar­pé­gia­teur et de la partie Drum, le choix du mode de jeu ou d’édi­tion (global, combis, programmes, séquences, média), l’édi­tion (dont un pavé numé­rique bien­venu et une molette enco­deuse), le choix des banques/programmes, la sauve­garde/la compa­rai­son des sons et le trans­port du séquen­ceur. Il aurait été sympa de diffé­ren­cier un peu les commandes de trans­port, car là elles sont noyées dans un pavé et diffi­ciles à distin­guer.

Korg Krome

À gauche du clavier, on trouve un joys­tick 2 axes (pitch­bend/modu­la­tions) cerclé de 4 diodes bleues, iden­tique à celui du Kronos ; il est surplombé par 2 inter­rup­teurs de modu­la­tion, assi­gnables à diffé­rentes fonc­tions via les menus : arti­cu­la­tions de sons, variantes de programmes, trans­po­si­tion à l’oc­ta­ve… La prise casque, au format minijack 3,5 mm, est située à l’avant-gauche, bien vu !

L’ar­rière est du genre sobre : borne pour alimen­ta­tion externe (heureu­se­ment de type bloc au milieu avec connec­teur IEC 3 broches), inter­rup­teur marche/arrêt, 2 sorties audio jack 6,35 TS, 3 prises pédales (main­tien, inter­rup­teur et contrô­leur continu), un duo Midi (In/Out), une inter­face pour carte SD (sauve­garde des sons et séquences sur carte SD jusqu’à 2 Go ou SDHC jusqu’à 32 Go) et une prise USB pour connexion à un PC (Midi, mais pas audio over USB). À noter que l’in­ter­rup­teur marche/arrêt est de type pous­soir à ressort, ce qui parait curieux au départ, voire risqué si on triture à l’aveugle la connec­tique à l’ar­rière ; on comprend mieux lorsqu’on découvre la fonc­tion d’auto-extinc­tion, para­mé­trable à partir d’un certain temps sans utili­sa­tion. Ecolo, le Krome ! 

Détails d’er­go­no­mie

Korg Krome

Le Krome est un modèle d’er­go­no­mie. Le souci du construc­teur dans ce domaine se ressent dans un certain nombre de détails : d’abord, la machine est livrée avec un DVD, compre­nant une vidéo de prise en main en français et les modes d’em­ploi en PDF (manuel complet, prise en main rapide, nom des programmes – seul le guide des para­mètres est en anglais). Ensuite, l’in­ter­face utili­sa­teur est très soignée, notam­ment à travers le magni­fique écran tactile couleur 7 pouces 800 × 480 points à contraste ajus­table, très lumi­neux, hyper réac­tif, bien plus agréable que celui du Kronos pour plusieurs raisons : le piqué est meilleur, les carac­tères sont plus gros, les commandes plus larges et on peut éditer les para­mètres par glissé-déplacé ; par exemple, faire tour­ner un potard, bouger un curseur, attra­per un point d’en­ve­loppe et le bala­der en 2D… ou encore acti­ver un pavé virtuel, numé­rique ou alpha­nu­mé­rique suivant le cas, pour entrer une valeur ou un nom, bien vu !

D’autres détails de l’OS nous ont beau­coup plu : par exemple, quand on édite un programme faisant appel à un kit de batte­rie, le Krome ouvre une boîte de dialogue permet­tant de sauter dans l’édi­teur de kits situé en mode Global, mettant ainsi fin à une lour­deur maison qui résis­tait depuis le M1 (un quart de siècle)… Autre exemple, lorsqu’on veut enre­gis­trer une séquence depuis le mode programme ou combi, le fait d’ap­puyer sur la touche [REC] crée la séquence corres­pon­dante avec sons, effets et mixage direc­te­ment impor­tés, prête à être captu­rée. Dernier exemple pour ne pas tout dévoi­ler, le séquen­ceur avec édition tactile directe type piano roll, que n’a d’ailleurs pas le Kronos !

Korg Krome

De manière plus clas­sique, on retrouve la sélec­tion des programmes et combis par caté­go­rie/sous-caté­go­rie, la navi­ga­tion par pages menu sélec­tion­nables avec une zone-écran ou un inter­rup­teur physique dédié, puis des onglets lorsque c’est néces­saire. Par rapport au Kronos, on n’est à aucun moment submergé par la pléthore de para­mètres, c’est beau­coup plus simple et direct (mais aussi moins puis­sant). Nous dirons que le Krome a le parfait dosage entre la complexité et l’in­tui­ti­vité. Et comme il boote en 30 secondes, on est plus vite prêt à envoyer ! 

Son of Kronos

User PCM ?

Nous avons repéré sur la toile une vidéo d’un démons­tra­teur brési­lien, qui en plus de porter un joli teeshirt Korg, mani­pu­lait ses propres samples avec « Awave » puis les expor­tait dans un soft copy­righté Korg 2012 « MakeOp­tionPCM » ; les fichiers de multi­samples KSC ainsi géné­rés étaient alors mis sur carte SD puis char­gés dans une mémoire « Option PCM Bank » du Krome au boot ; ils pouvaient ensuite être utili­sés dans les programmes, au même titre que les PCM d’ori­gine. Korg ne nous a pas commu­niqué à ce stade quelles appli­ca­tions étaient envi­sa­gées, mais appa­rem­ment pas une ouver­ture totale à l’uti­li­sa­teur comme cette vidéo aurait pu le lais­ser suppo­ser. À suivre…

Korg Krome
Korg Krome

 

D’ailleurs pour ce qui est d’en­voyer, le Krome excelle. D’abord par les niveaux audio élevés qui sortent de ce synthé-works­ta­tion poly­pho­nique 120 voix et multi­tim­bral 16 canaux. Il évolue dans 3 modes prin­ci­paux : programmes simples, combi­nai­sons de 16 programmes et séquences de 16 pistes. Le moteur sonore est basé sur la lecture d’échan­tillons, avec une mémoire interne de 3,8 Go (compres­sés, équi­va­lents en 16 bit/48 kHz) répar­tis sur 583 multi­samples (dont 12 stéréo) et 2080 sons de batte­rie (dont 474 stéréo). C’est la plus grosse Rom statique jamais inté­grée dans un synthé, puisque le Krome n’uti­lise pas de strea­ming audio ; 15 fois celle du M50 !

Tous les sons que nous avons écou­tés proviennent très majo­ri­tai­re­ment du Kronos (moteurs SGX-1 et HD-1). Le Krome n’est donc pas un M50 auquel on aurait greffé de nouveaux sons de piano et de batte­rie. La mémoire PCM comprend une Rom 2,8 Go pour le piano acous­tique prin­ci­pal, un Stein­way-D direc­te­ment issu de la banque du Kronos, avec 88 échan­tillons stéréo sur 8 couches de dyna­mique et une couche pour la réso­nance sympa­thique. Pour gagner de la mémoire par rapport au Kronos, seules les couches prin­ci­pales sont non bouclées. Inutile de le dire, les résul­tats sont de très haut niveau et ce piano s’ac­com­mode à tous les styles de jeu en travaillant les EQ et les effets.

Le reste de la mémoire, soit envi­ron 1 Go, est stocké sur une Flash RAM réins­crip­tible : il y a 600 Mo pour les pianos élec­triques, dont 3 captu­rés avec préci­sion sur 8 niveaux de dyna­mique ; certes on ne retrouve pas le niveau de repro­duc­tion excep­tion­nel des pianos élec­triques modé­li­sés EP-1 du Kronos (en parti­cu­lier les détails tels que bruits de micro et de relâ­che­ment des touches, la tran­si­tion parfaite des couches de dyna­mique), mais ce que nous avons sous les doigts est tout à fait convain­cant. Les Rhodes Mark I/II (8 niveaux de dyna­mique) sont décli­nés dans diffé­rentes variantes pour tous les goûts : prise directe, préam­pli, chorus, flan­ger, phaser, panner, tremolo, wah wah. Idem pour le Wurlit­zer 200A (8 niveaux de dyna­mique), qui sait se montrer expres­sif, claquant et ample. Le Clavi­net pour sa part est mordant à souhait, même s’il ne béné­fi­cie pas de la même expres­si­vité que les autres pianos.

Korg Krome

L’autre gros morceau du Krome est sans conteste la section batte­ries, qui occupe une grande partie des 370 Mo restants. Au menu, des kits acous­tiques rock, jazz (dont le somp­tueux Jazz Ambience Drums sur 8 niveaux stéréo de dyna­mique), pop, élec­tro, hip-hop. Un soin tout parti­cu­lier a été porté au trai­te­ment des percus­sions via la section d’ef­fets, la balance capture directe/son ambiant, la compres­sion side­chain avec gros pompage garan­ti… Un beau travail de design sonore. Nous avons trouvé de très beaux orgues (B3, Vox, Farfi­sa…) tirant partie de la section d’ef­fets bour­rée de simu­la­teurs d’am­pli, distor­sions, haut-parleurs tour­nants. Les ensembles de cordes sont amples et décli­nés en plusieurs tailles de section. Les chœurs ne rempor­te­ront pas un prix spécial mais font le boulot, qu’ils soient clas­siques ou pop. Les guitares ne sont pas les meilleures du marché, même si les effets permettent de rele­ver le niveau. Les basses nous ont beau­coup plu, avec plein de détail sur les attaques, des arti­cu­la­tions dyna­miques bien fichues, de la patate, servies là encore par les effets. Les sections de cuivres sont piquantes, mais on trouve toute­fois des instru­ments solos convain­cants. Les bois sonnent correc­te­ment, en section comme en solo. Enfin, les sons de synthèse sont très soignés, comme toujours chez Korg : de grosses basses à punch dont certaines outra­geu­se­ment passées au limi­teur pour ceux qui s’en­nuient quand les vumètres baissent trop sous 0 dB, des nappes qui vont du vintage au contem­po­rain, des textures évolu­tives, des leads variés… sans oublier les empi­lages complexes tirant profit du double oscil­la­teur à 8 couches, permet­tant de faire appa­raître ici un pad éthéré, là des cloches, là des tran­si­toires, au sein d’un seul programme (et s’il manque des couches, les modes multi­tim­braux 16 canaux sont là pour cela).

Bref on ne s’en­nuie pas, que ce soit sur les sons à attaque et déclin rapides, les évolu­tions lentes, les ensembles ou les solos. Au total, le Krome contient 6 banques de 128 programmes (donc 5 déjà remplies), 4 banques de 128 combi­nai­sons (3 déjà remplies), 48 kits de percus­sions (32 déjà assem­blés), sans oublier les 256 programmes et 9 kits GM2.

Stein­way 1
00:0002:05
  • Stein­way 1 02:05
  • Stein­way 2 00:33
  • Stein­way 3 00:42
  • Mark I 01:22
  • Mark II 01:22
  • Clavi­net 00:36
  • EP200 00:56
  • Organs 01:04
  • Drums A 01:07
  • Drums E 01:27
  • Bass A 00:33
  • Bass E 01:15
  • Bass F 01:05
  • Guitar A 01:05
  • Guitar E 00:42
  • Brass 00:31
  • Strings 01:45
  • Choirs 01:00
  • ZCombi 1 00:47
  • ZCombi 2 00:31
  • ZCombi 3 00:45
  • ZCombi 4 00:43
  • ZCombi 5 00:42
  • ZCombi 6 00:56
 

Programmes 8 couches

Korg Krome

Le moteur sonore du Krome est iden­tique au moteur HD-1 du Kronos. En mode normal, il utilise 1 ou 2 oscil­la­teurs à 8 couches dyna­miques, chacune pouvant accueillir un multi­sample ou un drum kit mono ou stéréo. Pour éditer les kits touche par touche, on peut sauter en mode Global depuis le mode programme. Pour chaque note d’un kit, on assigne les samples dési­rés (jusqu’à 8 couches mono ou stéréo avec switch ou cross­fade sur les couches adja­centes), puis on défi­nit par couche le volume, le sens de lecture, le point de démar­rage de lecture (jusqu’à 8 indexes par sample), puis les offsets d’un certain nombre de para­mètres de synthèse : accor­dage, fréquence de coupure du filtre, réso­nance, enve­loppe AD de volume, hauteur, drive, Low boost et routage vers les effets d’in­ser­tion.

Editeur externe 

Le Krome est livré avec 2 éditeurs, un stan­da­lone et un plug-in, permet­tant de l’in­sé­rer dans un envi­ron­ne­ment DAW. Compa­tible PC Vista SP2/Seven et Mac OSX (10.4.11). Le plug-in est compa­tible VST /RTAS sous PC e VST/Audio Unit/RTAS sous Mac (non testés).

Pour chaque oscil­la­teur, les multi­samples ou kits (entiers) passent ensuite dans les sections de synthèse prin­ci­pales du programme : oscil­la­teur, pitch, filtre, driver, ampli… Le pitch de chaque oscil­la­teur est large­ment modu­lable : tempé­ra­ment, suivi de clavier, enve­loppe multi­seg­ment à temps et niveaux eux-mêmes modu­lables, 2 LFO, porta­mento, ou encore sources matri­cielles AMS (contrô­leurs physiques, para­mètres internes ou CC Midi).

Comme sur les précé­dentes works­ta­tions Korg depuis le Trinity, les sources de modu­la­tion sont elles-mêmes modu­lables par une source AMS (side­chain). Ceci est vrai à tous les niveaux de la chaîne sonore. Celle-ci se pour­suit par la section filtres, dotée de 2 filtres multi­modes réso­nants. Ils peuvent fonc­tion­ner selon 4 modes : passe-bas 12 dB, passe-haut 12 dB, passe-bande 6 dB et réjec­tion de bande 6 dB. Ils peuvent être arran­gés de diffé­rentes manières : simple (1 seul filtre), en série, en paral­lèle ou en pente double (24 dB). Dans ce dernier mode, on obtient un passe-bas 24 dB, un passe-haut 24 dB, un passe-bande 12 dB ou un réjec­tion 12 dB ; en mode pente double, la courbe de réponse en fréquence est accen­tuée au droit de la fréquence de coupure, ce qui permet une réso­nance plus pronon­cée comme sur un analo­gique. Les fréquences de coupure disposent de nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tions : une enve­loppe dédiée (avec quan­tité de modu­la­tion dosable par filtre en cas d’uti­li­sa­tion de filtres doubles), les 2 LFO, le LFO global, un géné­ra­teur de tracking 4 segments modu­lable en temps réel et les sources AMS. Même les réso­nances sont modu­lables avec les sources AMS, bravo !

Puis vient la section ampli/drive, avec au programme un over­drive non linéaire, un Low boost, un niveau et un pano­ra­mique. Tous ces para­mètres sont modu­lables via l’en­ve­loppe de volume dédiée, les 2 LFO, un géné­ra­teur de tracking 4 segments et les sources AMS. Pour modu­ler l’en­semble du programme (donc le ou les 2 oscil­la­teurs simul­ta­nés), il reste un géné­ra­teur de tracking global 4 segments, un LFO global et 2 mixeurs AMS (mélange de 2 modu­la­tions par addi­tion, multi­pli­ca­tion, déca­lage, fondu, morphing complexe, quan­ti­sa­tion, porte). Autre­ment dit, ça module sec !

Effet maxi­mum

Korg Krome

Korg nous a habi­tués à des sections effets musclées. Celle du Krome n’échappe pas à la règle, avec 8 multief­fets dispo­nibles quel que soit le mode de jeu (programme/combi/séquence). C’est certes deux fois moins puis­sant que le Kronos, mais compa­rable aux M3 et M50. Les 8 multief­fets se décom­posent en 5 effets d’in­ser­tion IFX, 2 effets maitres MFX et 1 effet total TFX. Il y a 193 algo­rithmes complexes pour chaque multief­fet, soit un poil plus que le Kronos ! En fait, les effets inté­grés au moteur EP-1 du Kronos (modé­li­sa­tion de pianos élec­triques) ont été incor­po­rés aux algo­rithmes du Krome : à nous les phasers / flan­gers / chorus / wah wah /compres­seurs vintage Vox, Small Stone, Black, Orange, Red… en plus des proces­seurs de dyna­mique « stan­dards », voco­deurs, EQ, filtres, distor­sions, ensembles, délais, réver­bé­ra­tions, chaînes d’ef­fets en série et en paral­lèle.

Parmi ces algo­rithmes, 22 sont parti­cu­liè­re­ment costauds et comptent double ; ils consomment donc 2 empla­ce­ments d’ef­fets dans les IFX ou MFX et ne peuvent être utili­sés en TFX. Chaque algo­rithme est soigneu­se­ment programmé et large­ment modu­lable en temps réel (D-mod) sur certains para­mètres prédé­fi­nis. Certains autres para­mètres tempo­rels peuvent se synchro­ni­ser à l’hor­loge interne/Midi, alors que d’autres sont modu­lables par 2 LFO d’ef­fets. Pour faci­li­ter la tâche du musi­cien et lui faire gagner du temps, Korg propose un certain nombre de Presets (jusqu’à 32) pour chaque algo­rithme. La qualité est indé­nia­ble­ment au rendez-vous, on sent l’ac­cu­mu­la­tion d’ex­pé­rience de longue date, notam­ment sur les modé­li­sa­tions de pédales vintage.

Pour couron­ner le tout et affi­ner le mix, il est prévu un EQ 3 bandes (avec médium semi-para­mé­trique) par programme ou par piste multi­tim­brale dans les modes combis/séquences. L’édi­tion et le routage béné­fi­cient heureu­se­ment d’un affi­chage graphique. On peut chaî­ner les IFX ou les mettre en paral­lèle 2 à 2. En mode multi­tim­bral, chaque canal peut être routé vers l’un des 5 IFX, ce qui permet diffé­rentes cascades de chaî­nage et routage. Les MFX sont placés sur des bus globaux, chaque partie d’un mode multi ayant ses 2 départs vers les 2 bus, chaque bus ayant son dosage de retour stéréo. En bout de chaîne, le TFX ajoute la touche de fini­tion qui vient parfaire le signal. Une très belle section !

Drum track et arpèges

Chaque programme, combi ou séquence peut être agré­menté d’une Drum Track. Il s’agit d’un pattern de batte­rie bouclé, tiré des 1000 motifs utili­sa­teur (dont 637 sont prépro­gram­més) fabriqués en mode séquen­ceur. En mode programme, la Drum Track joue un kit de batte­rie (à choi­sir parmi les 48 kits en mémoire) et peut être mixée/routée vers la section effets, au même titre que les 2 oscil­la­teurs prin­ci­paux. En mode combi/séquence, la Drum Track pilote un ou plusieurs canaux Midi parmi les 16 dispo­nibles, suivant les programmes affec­tés aux parties. La Drum Track se déclenche depuis une note ou un inter­rup­teur en façade et se synchro­nise à l’hor­loge interne, donc à tout ce qui bouge en tempo dans le Krome, LFO, délais ou arpèges par exemple.

Korg Krome

Déve­lop­pés pour le Triton et repris sur le M50, les arpé­gia­teurs du Krome sont poly­pho­niques. On dispose d’un arpé­gia­teur en mode programme et 2 dans les modes multi­tim­braux. Il y a 5 motifs élémen­taires en Rom (haut, bas, alterné x2, aléa­toire) et 1028 motifs utili­sa­teur entiè­re­ment program­mables (dont 900 tout prêts). Les arpèges sont produits dans diffé­rents ordres de jeu, seuls ou avec les notes jouées, sur 1 à 4 octaves, avec synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge interne (et donc à tout ce qui y est ratta­ché). Dans les modes multi­tim­braux, chaque arpé­gia­teur dispose d’une tessi­ture et d’une zone de vélo­cité. On peut travailler jusqu’à 12 voix de poly­pho­nie sur 48 pas. L’édi­tion est graphique et tactile, avec une grille où on entre les notes du bout des doigts, super ! Pour chaque pas, on défi­nit la hauteur, la vélo­cité, le temps de Gate et le Flam (simu­la­tion de Strum­ming de guitare). On peut fixer certaines notes pour éviter la trans­po­si­tion quels que soient les accords joués, très utile pour créer des patterns de batte­rie. Les arpèges utili­sa­teur peuvent être sauve­gar­dés en mémoire interne non vola­tile, tant mieux !

Combi­nai­sons par 16

Le Krome regroupe ses programmes par 16 en mode combi. La visua­li­sa­tion à l’écran se fait en 2 ensembles de 8 programmes, ce qui permet de main­te­nir une bonne clarté d’af­fi­chage (idem en mode séquen­ceur), plus lisible que sur le Kronos. Les 16 parties peuvent être comman­dées par la piste Drum ou l’un des 2 arpé­gia­teurs. Les 16 canaux peuvent être indif­fé­rem­ment utili­sés en émis­sion/récep­tion avec les sons internes ou des expan­ders Midi externes, faisant du Krome à la fois un gros géné­ra­teur multi­tim­bral et un puis­sant clavier maître.

Korg Krome

Sur chacun des 16 canaux, on règle la source sonore (interne/externe), le canal midi, le mode de jeu, le volume, le pano­ra­mique, la trans­po­si­tion, l’ac­cor­dage, l’éga­li­sa­tion, les routages d’ef­fets, la tessi­ture (avec fondus infé­rieurs et supé­rieurs), la fenêtre de vélo­cité (idem)… tout cela permet des empi­lages monu­men­taux sur 16 canaux, sachant que les programmes peuvent eux-mêmes gérer 2 fois 8 couches dyna­miques !

Au plan Midi, le Krome permet de gérer diffé­rents para­mètres et de filtrer certaines commandes par canal (chan­ge­ments de programme, pres­sion, pédale de main­tien, porta­men­to…).

L’édi­tion des programmes dans leur contexte de combi­nai­son se fait via une page dédiée « Tone Adjust » permet­tant de prendre la main sur plus de vingt para­mètres de synthèse essen­tiels. Certains para­mètres prédé­fi­nis sont direc­te­ment modi­fiables avec les 4 potards de gauche, auxquels on peut assi­gner 4 commandes alter­na­tives. Tout cela est mémo­risé au sein des combis, ce qui évite de devoir cloner les programmes eux-mêmes (en mode programme). On ne peut toute­fois pas éditer l’en­semble des para­mètres d’un programme à partir du mode combi, faculté dont seul le 01/W a pu se targuer, il y a plus de 20 ans, parmi la gamme Korg. L’édi­tion est faci­li­tée par la possi­bi­lité de couper/isoler rapi­de­ment une partie du bout du doigt, merci l’écran tactile !

Séquen­ceur ergo­no­mique

Le séquen­ceur du Krome a des carac­té­ris­tiques tech­niques quasi iden­tiques à celui du M50. Au programme, 16 pistes Midi et une piste maître pour les varia­tions de tempo et de signa­ture tempo­relle. La capa­cité est de 210.000 évène­ments, avec une réso­lu­tion de 480 batte­ments par quart de note. La mémoire est hélas vola­tile ; mais quand le construc­teur se déci­dera-t-il d’en finir, dans toute sa gamme, avec cette fâcheuse habi­tude ?!

Korg Krome

Comme déjà évoqué, une fonc­tion Auto Song Setup permet d’as­si­gner le programme ou la combi en cours avec tous ses para­mètres à une séquence, prête à enre­gis­trer, en appuyant simple­ment sur [REC]. Autre point d’er­go­no­mie, les gaba­rits de séquences par genre musi­cal, avec pré-assi­gna­tion des sons et des effets types (16 Presets et 16 utili­sa­teurs), prêts à enre­gis­trer.

Le Krome est capable d’en­re­gis­trer en temps réel (Over­dub, bouclage, punch) ou en pas-à-pas, avec affi­chage graphique des fonc­tions essen­tielles. Il peut captu­rer plusieurs pistes Midi simul­ta­né­ment, soit en interne (avec les arpé­gia­teurs, la piste Drum et la fonc­tion RPPR = assi­gna­tion de motifs ryth­miques à chaque touche), soit à partir d’un séquen­ceur externe. On peut aussi créer 100 patterns utili­sa­teurs par morceau comme sur une BAR ou utili­ser l’un des 605 motifs en ROM. Les séquences s’as­semblent au sein de Songs (jusqu’à 128).

Inno­va­tion par rapport aux synthés maté­riels, une boîte à outils permet de dépla­cer/copier/suppri­mer des parties de pistes graphique­ment par glissé-déplacé opéré direc­te­ment sur l’écran. Une pres­sion sur une touche virtuelle fait bascu­ler l’édi­teur en mode Piano Roll, que n’a pas non plus le Kronos. Dans ce mode, les notes appa­raissent sous forme de barres hori­zon­tales posi­tion­nées par rapport à un clavier verti­cal. Les valeurs de vélo­cité sont simul­ta­né­ment repro­duites sous forme de barres verti­cales. L’édi­tion se fait aussi au doigt, comme précé­dem­ment ; on peut même entrer des notes, chan­ger leur longueur ou leur vélo­cité d’un coup de doigt. Des facteurs de zoom 2D ainsi que des loca­tors permettent de faire rapi­de­ment ce que l’on veut, en enre­gis­tre­ment comme en édition. Mais l’édi­teur ne s’ar­rête pas là, puisqu’on peut bascu­ler entre la visua­li­sa­tion piano (barres) ou grille de percus­sions (losanges ponc­tuels), on applau­dit des deux mains ! On trouve aussi une édition de piste par zone, avec les notes et les contrô­leurs repré­sen­tés graphique­ment, prêts à être édités.

Pour la lecture, chaque piste peut être bouclée indé­pen­dam­ment des autres entre 2 points à défi­nir, avec lecture ou non des mesures avant la zone de bouclage. De manière iden­tique au mode combi, chaque piste dispose d’un numéro de canal Midi, une source sonore (interne ou externe), un volume, un pano­ra­mique, une assi­gna­tion aux IFX et des départs dosables vers les MFX. Enfin, le mode Cue-List permet de gérer l’en­chaî­ne­ment de parties de Songs (20 chaî­nages de 99 pas). Une Cue-List peut elle-même être trans­for­mée en Song.

Brillant Krome !

Incon­tes­ta­ble­ment, le Krome est la nouvelle réfé­rence parmi les works­ta­tions d’en­trée de gamme. C’est un Kronos light spécia­lisé sur la synthèse PCM, avec des sons de haute qualité, en parti­cu­lier les pianos et les drums, très supé­rieurs à ce qu’on trouve ailleurs à des prix bien plus élevés ; ses atouts résident aussi dans son puis­sant séquen­ceur simple à éditer, ses arpé­gia­teurs poly­pho­niques qui mettent du mouve­ment et sa section d’ef­fets bien balaise. C’est enfin et surtout une ergo­no­mie parfai­te­ment étudiée, avec un juste équi­libre entre puis­sance et effi­cience. On bosse vite sur Krome, bien plus vite que sur Kronos. Quand on pense qu’il reste de la place pour une works­ta­tion inter­mé­diaire entre le Krome et le Kronos, on se demande bien ce que pour­rait encore nous réser­ver Korg. Pour en reve­nir au Krome, au regard du tarif constaté (entre 1000 et 1600 € suivant la version clavier), nous lui décer­nons l’Award du rapport qualité/prix 2012.

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Notre avis : 8/10

Award Qualité/Prix 2012
2012
Qualité/Prix
Award
  • Rapport performance/prix
  • Qualité sonore globale
  • Pianos et drums exceptionnels
  • Prise en main immédiate
  • Puissance du moteur sonore
  • Gestion de 8 couches stéréo
  • Modulations très souples
  • Combinaisons/clavier maître 16 parties
  • Magnifique section effets
  • Séquenceur très ergonomique
  • Arpégiateurs polyphoniques
  • Editeurs standalone et VST intégrés
  • Léger et transportable
  • Connectique limitée
  • Clavier sans aftertouch
  • Edition restreinte des programmes en mode multitimbral
  • Mémoire volatile du séquenceur

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