Pendant les six années qui ont suivi la sortie du K2000, Kurzweil n’a cessé de faire évoluer son puissant synthétiseur. Aujourd’hui, le constructeur propose dans sa nouvelle workstation des fonctions qui la mettent en partie au niveau du K2500, haut de gamme de la marque.
Versions Précédentes
A l’origine, le K2000 V1 est un synthétiseur professionnel polyphonique 24 voix doté d’une puissante synthèse modulaire (VAST). 31 algorithmes sont composés de 5 modules de traitement très différents, tels que filtres PB, PH, PB, ALL PASS de 1 à 4 pôles avec résonance et séparation, oscillateurs numériques (scie, carré, sinus), synchro d’oscillateurs (soft, hard), modulation d’amplitude, de largeur d’impulsion, shapers (la synthèse FM fut hélas retirée juste avant la commercialisation, le négociation du brevet Yamaha n’ayant pas pu aboutir). Le K2000 puise ses sources au travers de 8 Mo de formes d’ondes échantillonnées extensibles à 24 Mo par 2 cartes ROM. L’assemblage d’échantillons sur le clavier se fait à volonté entre la ROM et la RAM, au sein d’un keymap. Pour animer tout cela, un puissant système de modulation dans lequel chaque destination (cutoff, résonance, pan, FX, 2 LFO, 3 enveloppes, 2 ASR, 4 fonctions mathématiques…) peut être contrôlée par deux sources parmi 128 contrôles (internes ou MIDI). Tout cela constitue une couche. 3 couches peuvent être empilées dans un programme, et jusqu’à 32 pour un kit de batterie. En bout de chaîne, un DSP permet de gérer 4 effets simultanés. Au stade supérieur, 3 programmes peuvent être assemblés dans un setup (soit 3 canaux MIDI, 3 zones clavier et de vélocités). La machine peut contenir jusqu’à 1000 programmes et 1000 setups.
La V2 a permis au K2000 de charger des nouveaux échantillons à partir du lecteur 3’1/2 HD, d’un disque dur interne optionnel ou par SCSI, après ajout de RAM SIMM 30 broches (64 Mo maximum en 1, 4 ou 16 Mo), et de les éditer ensuite avec de nombreux traitements numériques. L’ajout d’une carte interne lui permet même de se transformer en un puissant échantillonneur. Outre le format Kurzweil, le K2000 sait lire les échantillons AKAI, ROLAND, ENSONIQ et exporter en WAVE ou AIFF. Avec la V3, le séquenceur alors basique passe à 32 pistes avec édition puissante et la gestion des fichiers devient aussi souple que sur un micro.
Vieux Profiteur !
En 1995, Kurzweil sort le K2500 qui dispose de toutes les améliorations du V3. Contrairement au K2000, l’OS du K2500 est en Flash ROM, ce qui ouvre la porte à de nombreuses évolutions. On croyait alors le K2000 enterré. C’était mal connaître le constructeur, soucieux de l’amélioration constante de ses produits. Dans sa version VP, c’est au tour du K2000 de profiter des progrès effectués sur son grand frère (dont il reprend tous les programmes usine). Les utilisateurs de la V3 pourront d’ailleurs se mettre à jour en se procurant l’EPROM 3.54 dans laquelle est gravée la version VP. Esthétiquement, le VP est identique aux anciennes versions : clavier 61 touches (sensibles à la vélocité initiale, de relâchement et à la pression) ou rack 3U, 2 sorties principales + 4 séparées (8 sur le rack), port SCSI, trio MIDI. Toujours en option, la carte échantillonnage, la RAM (64 Mo par SIMM 30 broches : dur !), la PRAM (augmentant la capacité de stockage des programmes / séquences et permettant 8 canaux MIDI en mode drum) et les 2 ROM de 8 Mo.
Variables Performances |
K2000 VP |
K2500 V2.52 |
Polyphonie |
24 voix |
48 voix |
LCD |
rétro éclairé |
au néon |
Nombre de canaux MIDI en mode Drum |
1, 8 avec la PRAM |
8 |
Nombre de programmes par Setup |
3 |
8 |
Arpégiateur |
non |
oui |
ROM (base / maxi) |
8 / 24 Mo |
8 / 28 Mo |
PRAM programme (base / maxi) |
128 / 768 Ko |
240 / 1256 Ko |
RAM échantillons (base / maxi) |
2 / 64 Mo |
0 / 128 Mo |
Temps de chargement de 1 Mo |
4 secondes |
1 seconde |
Mode KB3 / KDFX (effets 4 bus) |
non / non |
oui / option |
ROM (OS et programmes usine) |
EPROM |
FlashROM |
Sliders / switches / rubans |
1 / 0 / 0 |
8 / 16 / 2 |
Sorties (mix + séparées) |
2 + 4 |
2 + 8 |
Poids (touches) |
12 Kg (61 T) |
25 Kg (76 T) |
Vraiment Plus ?
Le VP est livré avec 3 manuels : 2 en français fort bien faits, le second traitant de la mise à jour des fonctions de la V3, et le troisième, en anglais, donnant la liste complète des programmes et setups de la VP, ainsi que l’action des contrôleurs temps réel sur chaque programme. Bonne nouvelle, le VP est livré avec l’Analog Synthesizer Collection, une série de 30 disquettes bourrées d’échantillons de 16 prestigieuses machines vintage, parmi lesquelles ARP 2600, Polysix, Prophet 5, Minimoog, Matrix 12, OB8, Juno 60, SK20. Des disquettes, cela peut paraître un peu juste de nos jours, certains constructeurs ayant pris l’habitude de livrer leur machine avec un CD-ROM. Mais là attention, il ne s’agit pas d’échantillons 1000 fois entendus, mal bouclés et sans programmation. Au contraire, les designers sonores de Kurzweil ont scrupuleusement reconstitué tous les presets originaux des synthés programmables. Un véritable tour de force, d’autant que chaque instrument ne prend pas plus de 2 Mo de RAM. Ce qui permettra, soit dit en passant, de pouvoir charger chaque instrument l’un après l’autre dans les 2 Mo que contient le VP (2 Mo, Vraiment Pauvre…).
Autre amélioration, la gestion des périphériques SCSI : la capacité du disque dur optionnel interne est portée à 2 Go, l’utilisation des amovibles tels que le Jaz Iomega se fait sans problème (y compris backup complet d’un CDROM vers le Jaz), et la compatibilité avec les lecteurs de CD-ROM du marché a été étendue (à noter que les Pioneer 12X marchent très bien).
Enfin, certain keymaps contiennent des doubles niveaux de vélocité : ainsi, chaque couche peut être constituée de 2 sons alternés suivant la vitesse de frappe. Mais ce qui n’apparaît nulle part dans le manuel ou dans l’architecture du VP, c’est sa faculté d’accepter non pas 2 mais 8 niveaux de vélocité comme le K2500. A partir de keymaps empruntés au K2500, nous avons réussi à faire fonctionner le VP avec 8 niveaux de vélocité. Chacun des 8 sons d’une couche partage alors les mêmes traitements VAST : très utile pour bien simuler des instruments acoustiques (basse fingered / pick / slap / slide) sans avoir à monopoliser plusieurs couches. A ce sujet, Sweetwater Sound met gracieusement à disposition des keymaps à 8 niveaux de vélocité sur son site Internet (www.sweetwater.com). Pour terminer, le VP sait désormais reconnaître les SMF 1.
PV !
Si la version VP représente un progrès certain, il n’en reste pas moins des limites qui font que le K2000VP est avant tout un K2000. La polyphonie limitée à 24 voix est vite atteinte en empilant quelques sons. Ceci dit, le VP est capable de produire un gros son à partir d’une seule couche (jusque 3 oscillateurs numériques en plus du keymap, sans consommer de polyphonie). Le processeur d’effets est quant à lui monaural en entrée et tous les sons y sont affectés de la même façon, sans réglage de départ indépendant, ce qui est dépassé de nos jours. Ensuite, le mode setup est limité à 3 programmes maximum et pas d’arpégiateur en vue (le VP refuse de charger les setups du K2500). Enfin, Kurzweil n’est toujours pas compatible avec le format E-mu (E-mu refusant pour sa part le format Kurzweil, bien que les 2 machines sachent décoder le format Akai). A bon entendeur…
V.I.P
Le VP est un lifting réussi du K2000, et Kurzweil a complété sa première workstation avec certains ingrédients qui ont fait le succès de la seconde. Bien que les ROM datent de 1992, les sons et la programmation sont toujours aussi remarquables. Les regrets que nous avons exprimés proviennent en fait d’un positionnement serré entre les deux produits. Car si le VP avait 48 voix de polyphonie, permettait d’accueillir une carte d’effet 4 bus stéréo et la ROM Piano, était extensible à 128 Mo, pouvait se métamorphoser en B3 et disposait d’un OS en Flash ROM, ce serait un K2500. Le K2000VP s’adresse donc au musicien pro qui veut disposer de l’essentiel d’un K2500 sans se ruiner ou sans se casser le dos (quiconque souhaite emmener une version clavier 61 touches appréciera les 12 Kg du K2000), ou à celui qui n’a pas besoin de la puissance ultime, ou encore au mordu de synthèse qui, pour un budget comparable au K2500, préférera acquérir un K2000 et un module de synthèse complémentaire.
Vocabulaire Précisé
EPROM : puce sur laquelle les instructions logicielles du système d’exploitation (et les formes d’onde) sont gravées une fois pour toutes. Changer de système d’exploitation signifie donc (faire) changer l’EPROM.
VAST : principe modulaire de traitement du signal au moyen de DSP arrangés dans des algorithmes suivant le type de création sonore désiré (filtres, shapers, oscillateurs numériques, enveloppes, rampes, triggers, équations…)