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Sujet La chanson française a-t-elle encore ses mots à dire ?

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Sujet de la discussion La chanson française a-t-elle encore ses mots à dire ?

Citation : D'où mon profond dégoût pour la chanson française contemporaine qui se contente de rimes de merde



J'avais réagi à cette phrase, sur un autre thread, à la fois pour défendre la chanson française contemporaine mais aussi pour les rimes, qui sont une exigence traditionnelle, auxquelles je suis personnellement attaché.

Je comprends le contexte dans lequel cette phrase fut écrite. On peut déplorer l'indigence de certains textes où les rimes prennent le dessus sur le sens... Mais de là à jeter le bébé avec l'eau du bain, moi y en a pas d'accord :lol:

Ce thread est ouvert à ceux et ceusses qui écrivent des chansons françaises et qui voudraient les défendre en présentant ici leurs propres compos ou les liens pour y acceder. A moins que personne n'y croit plus :??:

:non: moi je résiste... encore un peu
J'ouvre le tir avec ma toute nouvelle en ce jour (ma signature)

A vous l'honneur :bravo:
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Moi ce qui me fait désespèrer, c'est de voir qu'on ramène toujours sur le tapis les anciens (Brel, Brassens and Co) comme s'il n'y avait rien eu depuis. C'est triste! Il y a des artistes dans un répertoire plus rock qui ont des textes que je trouve vraiment bien (Daran par exemple). J'écoute finalement assez peu de chanson française, mais je pense qu'il y a des gens de talents comme Benoit Morel (La Tordue). Pourquoi toujours Brassens and Co (que j'aime beaucoup d'ailleurs).
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Citation : Enfant de la Ville

J’avoue que c’est bon de se barrer à la mer ou à la campagne
Quand tu ressens ce besoin, quand ton envie de verdure t’accompagne
Nouvelles couleurs, nouvelles odeurs, ça rend les sens euphoriques
Respirer un air meilleur ça change de mon bout de périphérique
Est-ce que t’as déjà bien écouté le bruit du vent dans la forêt
Est-ce que t’as déjà marché pieds nus dans l’herbe haute, je voudrais
Surtout pas représenter l’écolo relou à 4 centimes
Mais la nature nourrit l’homme et rien que pour ça faut qu’on l’estime
Donc la nature je la respecte, c’est peut-être pour ça que j’écris en vers
Mais c’est tout sauf mon ambiance, j’appartiens à un autre univers
Si la campagne est côté face, je suis un produit du côté pile
Là où les apparts s’empilent, je suis enfant de la ville
Je sens le cœur de la ville qui cogne dans ma poitrine
J’entends les sirènes qui résonnent mais est-ce vraiment un crime
D’aimer le murmure de la rue et l’odeur de l’essence
J’ai besoin de cette atmosphère pour développer mes sens

Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris
J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages

Je trempe ma plume dans l’asphalte, il est peut-être pas trop tard
Pour voir un brin de poésie même sur nos bouts de trottoirs
Le bitume est un shaker où tous les passants se mélangent
Je ressens ça à chaque heure et jusqu’au bout de mes phalanges
Je dis pas que le béton c’est beau, je dis que le béton c’est brut
Ca sent le vrai, l’authentique, peut-être que c’est ça le truc
Quand on le regarde dans les yeux, on voit bien que s’y reflètent nos vies
Et on comprend que slam et hip-hop ne pouvaient naître qu’ici
Difficile de traduire ce caractère d’urgence
Qui se dégage et qu’on vit comme une accoutumance
Besoin de cette agitation qui nous est bien familière
Je t’offre une invitation pour cette grande fourmilière
J’suis allé à New York, je me suis senti dans mon bain
Ce carrefour des cultures est un dictionnaire urbain
J’ai l’amour de ce désordre et je ris quand les gens se ruent
Comme à l’angle de Broadway et de la 42ème rue

Je suis un enfant de la ville, je suis un enfant du bruit
J’aime la foule quand ça grouille, j’aime les rires et les cris
J’écris mon envie de croiser du mouvement et des visages
Je veux que ça claque et que ça sonne, je ne veux pas que des vies sages

Je me sens chez moi à Saint-Denis, quand y’a plein de monde sur les quais
Je me sens chez moi à Belleville ou dans le métro New-yorkais
Pourtant j’ai bien conscience qu’il faut être sacrément taré
Pour aimer dormir coincé dans 35 mètres carrés
Mais j’ai des explications, y’a tout mon passé dans ce bordel
Et face à cette folie, j’embarque mon futur à bord d’elle
A bord de cette pagaille qui m’égaye depuis toujours
C’est beau une ville la nuit, c’est chaud une ville le jour
Moi dans toute cette cohue je promène ma nonchalance
Je me ballade au ralenti et je souris à la chance
D’être ce que je suis, d’être serein, d’éviter les coups de surin
D’être sur un ou deux bons coups pour que demain sente pas le purin
Je suis un enfant de la ville donc un fruit de mon époque
Je vois des styles qui défilent, enfants du melting-pot
Je suis un enfant tranquille avec les poches pleines d’espoir
Je suis un enfant de la ville, ce n’est que le début de l’histoire

(© Grand Corps Malade, 2005)



le texte est bien... ça fait un peu rap haut de gamme non? il ne manque plus que la musique!
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Macou, quand j'ai évoqué Brassens et Brel, c'est parce que justement ils sont passé du statut de chanteurs populaires au statut de mythes universels. Alors que je ne pense pas qu'il soit si intouchable que ça, et je dis ça sans leur faire preuve d'irrespect, au contraire.
154
Je te rassure Slone, je les ai évoqués aussi... Ecrire comme Brassens ou Brel est impossible parce-qu'il sont uniques. A mon sens le génie de Gainsbourg résidait plus dans la musique que dans les textes (si si).

Il y a de bons auteurs aujourd'hui, je cite Benoir Morel de La Tordue:

Citation : madame vos forbidden zones
me font regretter et je m’en blâme
de n’être pas plus fou plus faune

l’habit en vous abandonnant
fait de vous un malheur vivant
j’imagine cette ballade en vous

moi qui n’ai pas l’habitude
de dévêtir un diamant
là je m’égare un moment

ces trésors que vous mettez en prison
sous des remparts de dentelle
je m’en viens leur offrir la belle

vos seins que vous gardez trop à vue
j’en veux bien payer la caution
quitte à en perdre la vue

chacun d’eux du soleil a la chair
pauvre Icare s’y brûle les doigts
et le pire c’est qu’ils vont par paire
hélas je n’ai pas tous les atouts
pour chanter au mieux vos appâts
qui me rendent à moitié fou

et pas assez calé en vous
pour célébrer le beau sexe
dans cette petite ballade en vous
j’aurais étudié l’anatomie dans l'texte
que par coeur vous m’auriez appris
dans le cours de votre lit
jolie rencontre sans lendemain
seules mes pensées
vous avaient rejointe
quand mes rêves passaient la Loire
en douce

puis j’avais imprimé cette histoire
sur le jet d’encre de ma mémoire
l’imaginaire à la rescousse

vous aviez l’espace d’une seconde
je me souviens, déclenché ma faconde
et les paroles de cette musique

reste de cet instant magique
ces mots qui ont pris l’air pour vous
d’une ballade, platonique, entre nous.

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Mon propos est plutôt de mettre en évidence que cette idéalisation des "classiques" amène un passéisme et une exigence artificielle là où Brassens et Brel savaient resté simple dans leur démarche et ne se prenait pas au sérieux, en tout cas, certainement pas autant que leurs adorateurs posthumes peuvent le faire.

Le caractère "unique" d'un Brel est autant dans ces textes que dans son interprétation. Et quand on parle de chanson, je n'aime pas beaucoup dissocier la musique des paroles. Un texte fait pour être lu ne répond pas aux memes exigences qu'un texte fait pour être chanté. Il est unique comme n'importe quel auteur qui a qqchose à dire.

Concernant Gainsbourg, peut-être que TU trouves que le génie de Gainsbourg est dans la musique, mais il s'est revendiqué d'être un grand auteur qui maitrisaient sa race plus d'une fois et nombreux ont été les nouveaux auteurs qui pour se donner une crédibilité en tant que tels ont évoqués Gainsbourg comme influence principale (Souvenez-vous, entre autre, de la grande époque de MC Solaar). Cette image de Gainsbourg n'est pas mon invention. Elle est aussi lié au fait qu'il a fait le pont entre chanson française et chanson pop. Et perso, j'aime beaucoup les textes de ces premiers albums. Je les trouve parfaitement adaptés à la musique que je trouvais également bien meilleure et plus adroite alors. Mais chacun ses goûts ! ;)
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Citation : peut-être que TU trouves que le génie de Gainsbourg est dans la musique

totalement... et j'assume :clin:
157
Et tu as bien raison d'assumer ! :bravo:
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Cela étant dit, j'ai trouvé Gainsbourg génial jusqu'à sa période reggea... là je pense que ça a été le déclin.

en tout état de chose, je suis contre le passéisme et le référencement systématique à des artistes qui ont eu leur heure de gloire dans d'autres contextes et pour d'autres raisons.

ouvrons nos oreilles à la nouveauté... reformatons les un peu.
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Chuis d'accord 2 fois.

Je suis d'accord pour qu'on idôlatre mais à condition que ça nous aide à avancer, pas que ça nous inhibe.

Si Brel s'était fixé des objectifs improbables selon des critères abscons de qualité d'écriture, il n'aurait sans doute pas été si bon. Il me semble que c'est tout ce qui lui a échappé qui a fait la force de son inspiration.
160

Citation : Mon propos est plutôt de mettre en évidence que cette idéalisation des "classiques" amène un passéisme et une exigence artificielle là où Brassens et Brel savaient resté simple dans leur démarche et ne se prenait pas au sérieux, en tout cas, certainement pas autant que leurs adorateurs posthumes peuvent le faire.



C'est évident. Au point qu'on ne peut marcher dans les traces de quelqu'un, classique ou moderne, sans être suspecté de "sous produit" du précédent. L'expression "sous produit" dit bien ce qu'elle veut dire : "être à l'image de", un peu comme l'homme est un sous produit de dieu. Ce statut de dieu, aucun des classiques (Brel, Brassens...) ou des modernes (à part peut-être les Beatles mais par boutade) ne se l'est approprié. Il l'ont eu de fait, comme dieu est une création humaine, et pourtant, que serait Brassens sans Paul Valery ? Ferré sans Jean Roger Caussimon ?... Qui croit vraiment en la génération spontanée du génie ? Ceux qui n'ont aucune expérience (ou peu) du processus de création. Quand je lis le texte de Grand Corps Malade posté par Macou, je ne peux m'empêcher d'y voir du Blaise Cendrars (dans "du monde entier" en particulier) et pourtant, si ça se trouve, Grand Corps Malade ne connaît pas Blaise Cendrars. Quand j'écoute "foolmoon" de Krutu (un afien), par exemple, je ne peux m'empêcher (et je ne suis pas le seul) de penser à Ange et pourtant Krutu n'a jamais écouté Ange. Qu'est-ce que ça signifie, en fait ? Qu'on n'invente rien mais qu'on synthétise des influences sans en avoir conscience. De plus, il n'est pas nécessaire de subir directement ces influences ; il suffit que quelqu'un d'autre vous les reconnaisse. Remarquons que l'émergence du moi, dans la conscience humaine, ne procède pas autrement, à savoir qu'elle est synthétisée dans le rapport à l'autre (cette dernière formule est un peu HS mais bon...)