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Sujet La chanson française a-t-elle encore ses mots à dire ?

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Sujet de la discussion La chanson française a-t-elle encore ses mots à dire ?

Citation : D'où mon profond dégoût pour la chanson française contemporaine qui se contente de rimes de merde



J'avais réagi à cette phrase, sur un autre thread, à la fois pour défendre la chanson française contemporaine mais aussi pour les rimes, qui sont une exigence traditionnelle, auxquelles je suis personnellement attaché.

Je comprends le contexte dans lequel cette phrase fut écrite. On peut déplorer l'indigence de certains textes où les rimes prennent le dessus sur le sens... Mais de là à jeter le bébé avec l'eau du bain, moi y en a pas d'accord :lol:

Ce thread est ouvert à ceux et ceusses qui écrivent des chansons françaises et qui voudraient les défendre en présentant ici leurs propres compos ou les liens pour y acceder. A moins que personne n'y croit plus :??:

:non: moi je résiste... encore un peu
J'ouvre le tir avec ma toute nouvelle en ce jour (ma signature)

A vous l'honneur :bravo:
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En fait je ne saisis pas vraiment le but. Bien sûr qu'avant la radio, les traditions locales étaient plus vivantes, je ne dis pas le contraire.
Je suis d'accord pour dire que la tradition de la chanson française date du début du siècle et vient de paris.

Mais ça ne change rien au problème ! Le truc c'est que même quand les Beatles cartonnaient, on écoutait aussi Trénet ! La chanson française a toujours été là.
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"En gros, j'argumente que la chanson francaise n'a pas eu son mot à dire vraiment, voilà!

Elle n'en a pas eu le temps...
Et s'est fait chippé sa place de "musique contestataire" par d'autres traditions musicales.

Regardes, comme la musette, c'est considéré comme ringos.
Dommage!


:noidea:
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Citation : Averell dalton, tu me traites - gentiment - de conservateur. Bon, je vais pas me facher, vu que Dom l'a fait à ma place.
comme tu m'as l'air très calé, tu vas m'expliquer comment on fait une chanson innovante.

merci.

peaveycroquette, je plaisantais, je ne connais pas ta musique.
mais par contre en france regne un certain conservatisme dans la prod c'est indiscutable, non?

je ne vais pas t'expliquer comment faire une chanson innovante, il faudrait demander à ceux qui le font, les bjork, beck, gorillaz, broadcast, flaming lips, ...

une chanson innovante, c'est des fois rien du tout, une prise de risque dans l'harmonie, un beat original qui va venir faire contrepoids à une mélodie ou une harmonie tres classique. je ne parle pas de faire un truc tout tordu à la aphex twin et de faire chanter michel sardou dessus, spas?

innover c'est meme parfois exhumer un trait musical du passé, revendiquer un truc kitsch, imposer un truc que tout le monde tenait pour has been?
le beat disco qu'on entend partout chez les rockers branchés, par ex.
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Dryfe > (Moui; bien que la Chanson ait connu de formidables heures de triomphe.
Mais elle n'est pas restée aussi longtemps en surface qu'elle l'aurait mérité avec les moyens modernes qui ont avancé technologiquement, mais reculé financièrement.
Mais, c'est rassurant, bien du monde s'attache et oeuvre à lui rendre sa place légitime !).

Rien n'est + cher que de "sponsoriser" un nouvel artiste es-Chansons.
Ce n'est un secret pour personne et je ne t'apprends rien : financièrement, trois boucles d'ordinateur par un groupe de rap local revient forcément moins cher que de miser sur des orchestrations et un orchestre sérieux sur le long-terme d'une carrière.
C'est là que la Chanson (et tout le reste, d'ailleurs) a commencé de chanceler sérieusement sur sa/ses base(s).

Scoop total : Bah v'là que j'suis presque d'acc' avec tout l'monde ! :bravo:

+1 Dryfe, +1 Lucarne, +1 Slone, +1 Autour etc...
Plein d'plus 1, c'est pas rien !...

Citation : Ce que je veux dire c'est qu'il faut arrêter de se la raconter avec l'écriture de texte de chanson. Ce n'est "que" le tiers d'une bonne chanson (les deux autres tiers seraient la composition et l'interpretation incluant l'arrangement / production).



C'est tout à fait ça ! L'osmose entre les trois pôles sans que l'un ne prenne jamais le pas sur l'autre mais se contente de le servir.
Cerise : l'interprète mixé un poil + haut que tout le monde, même s'il a un timbre de voix médiocre ou même difficile (parmi feus les plus grands les exemples abondent !)
Et je me répète (tétu, le Toilb' !): rien ne montre que les littérateurs en renom ni nos plus grandes gloires poétiques nous eussent jamais faits d'excellents auteurs de Chansons.

A contrario, si on lit : " tu vois, je suis planté, planté, planté", j'admets bien volontiers qu'on a de suite l'impression d'assister à un numéro burlesque, à une parodie clownesque de lancer de couteaux.
Mais quelle importance ?, puisque lorsqu'on entend cette chanson magnifique (par J. Clerc) -pardon : j'était trop jeune pour m'intéresser aux auteurs à l'époque où je l'ai entendue et même le titre méchappe, un truc comme "ballade pour un fou"-, lorsque tu entends ça, alors de battre tes cils automatiquement s'arrêtent !
Wouaf !

Sans blague, il est comme ça des monuments de Chansons qui démarrent -et continuent- avec "deux fois rien" de texte, bizarrement :

Sans tomber dans la mare de la "danse des canards" -je vous jure par parenthèse que je n'aurais jamais misé un rond sur cette chanson, même pour dépanner un Belge -c'est vous dire si je suis con !-, prenons au hasard :
"Moi, j'essuie les verres au fond du café..."; ça paraîssait mal engagé !...
"Elle court, elle court, la maladie d'Amour...". Grande chanson.
Vous lisez ça la première fois, et vous passez de suite à la page suivante !
"Gare au Gori-i-i-il-le..." ça fait tout sauf sérieux !
Je ne prends que ces trois exemples-ci qui me retraversent la mémoire, il en existe des quantités...

Même les titres des Chansons sont obligatoirement réducteurs -et limite "faux"- : exemple "Amsterdam" -l'une des rares du répertoire qu'il n'aimait pas, car "trop facile"- où Brel ne décrit pas même son port : à nous y pencher, ça tiendrait davantage de la description de la fin d'une sauterie hollandaise, d'un tableau de Brueghel d'Enfer dont on aurait à décrire en les écartant quelques scènes qu'on aurait mises bout à bout en film super-8.
Tel n'est pas le débat ici; j'illustre juste le propos de Lucarne -qui en a beaucoup de réserve- qui disait qu'il n'est effectivement pas simple de tout dire en 3 ou 4 minutes.

Sans doute est-ce la clé d'une bonne Chanson : avoir dit tout ce qui était cohérent à dire -et non forcément à écrire, ni encore moins à lire-.
Et que le tout s'équilibre et cadre paradoxalement dans la sobriété.
Sur le tableau comme dans la chanson visée, l'unité est respectée.
(Je ne "lance" pas ce débat ici : je ne dis évidemment pas que Brel se limitait en quoi que ce soit : ça frôlerait l'hérésie, l'ineptie !).
La sobriété comme "qui dirait" "trois petites notes de musique" apparemment dépouillées de Brassens, son phrasé apparemment monocorde, et le vers qui va apparemment de soi.

Paroles ( on dit rarement : "texte", d'ailleurs ), Musique, et Interprétation de G. Brassens + quelques petits "détails", comme la qualité d'un Nicolas et sans jamais tenir compte des meilleures prises de son qu' "ils" avaient pourtant les moyens de s'offrir; et voilà un chef d'oeuvre.

Slone a raison, "je ne change pas d'avis" comme me disait François Rauber.
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Dryfe > Je partage globalement ton analyse mais je partage aussi l'avis d'ali. Je pense que la chanson est une tradition française, et cela même si cette tradition remonte au début du XXème dans la capitale à Montmartre et qu'elle n'intéressait probablement pas le paysan creusois ou le berger corse. C'est peut-être moins vrai aujourd'hui avec une certaine décentralisation des faits culturels, mais Paris a toujours été un passage obligé pour un artiste francophone. Il y a là comme un mythe et un mythe est toujours rattaché à une tradition.

Concernant la chanson innovante, je n'y crois pas trop. Je crois plus volontier à un style nouveau, dans l'interprétation essentiellement pour ne pas dire exclusivement. On a à peu près tout dit en musique (il n'y a qu'à se référer à la recherche en musicologie pour le comprendre) et je ne crois pas qu'on puisse inventer une nouvelle façon de dire les choses avec une langue comme le français, l'anglais, le breton ou le chinois. Le seul créneau de l'innovation, c'est le son et/ou l'expression. Une chanson atypique n'a, à mon avis bien sûr, aucune chance de survie ; en revanche, une façon de chanter atypique sera peut-être novatrice.
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Citation : J'ai souvent entendu des écrivains en parler en disant que c'était un format hyper complexe pour exprimer quelque chose. Une synthèse d'idées, pas facile à mettre en oeuvre en 4.00 min.



Je suis peut-être un garçon compliqué, mais j'ai du mal à croire qu'on peut se satisfaire de 4 minutes pour dire "beaucoup de choses". Les mots eux-même semblent limité dans leur capacité à exprimer des choses, c'est d'ailleurs ce que j'aime dans la chanson, la possibilité de compléter avec une autre dimension qu'est la musique.

Pour moi, les chansons effleurent qqchose, révèlent qqchose. C'est une experience qui peut-être intense ou douce ou simplement très légère ou amusante... Intensité n'est pas profondeur et on est loin de la profondeur d'une oeuvre qui pourrait prendre le temps de développer et que les gens prendraient le temps d'approfondir dans leur contemplation. Une chanson est le plus souvent simple, plutôt direct et accessible. Et c'est tout un art également.

Je ne connais pas d'autres formes de chanson mais je ne connais pas tout c'est certain.

D'ailleurs, je voudrais savoir qui peut croire qu'il peut dire tant que ça en 4 min, tout génial soit-il. Mais je suis d'accord sur le principe que l'on peut dire beaucoup, je suis d'accord sur l'art de la synthèse. Et je suis d'accord sur le mérite... Mais par contre, je ne suis pas d'accord sur le manque d'humilité de certains paroliers.

Pour moi, la chanson, c'est un peu comme de la BD (mon premier amour artistique). Ca demande autant de talent que le reste, mais le travail reste, quoiqu'on en dise superficiel, fait de compromis entre efficacité et esthetique. Ce qui n'est pas en soi une mauvaise chose ni condamnable. Parler de profondeur est casse gueule, et tout dépend des puits dont on a l'habitude.

Mais je ne connais pas tout ou peut-être que je suis trop exigeant.


Citation :
Je crois, qu'on ne se rend pas compte du nombre de version d'un texte qu'il faut pour arriver à du "def", à quelque chose de pur, de juste, le truc qui fait mouche.



Perso, je crois savoir ce que c'est d'écrire une chanson, même si je ne suis pas forcément très bon à ça, et je sais que c'est du boulot, surtout pour moi.

Mais tout est du boulot. Si le fait que ce soit du boulot suffit à dire que c'est du grand art, alors la pub est du grand art (certains le pensent surement d'ailleurs).
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Citation : dans la capitale à Montmartre et qu'elle n'intéressait probablement pas le paysan creusois ou le berger corse

d'autant plus que eux-mêmes avaient leur propre culture et tradition musicales qui n'intéressaient pas les parigots têtes de veaux!
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Citation : Parler de profondeur est casse gueule, et tout dépend des puits dont on a l'habitude.


c'est très bon ça je vais te le piquer pour une chanson... :bravo:

non tiens d'ailleurs il est peut-être bon de préciser que je n'écris pas.
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Citation : innover c'est meme parfois exhumer un trait musical du passé, revendiquer un truc kitsch, imposer un truc que tout le monde tenait pour has been?
le beat disco qu'on entend partout chez les rockers branchés, par ex.



Ce que tu décris là, c'est plus rapport à la mode et au hype qu'à l'innovation musicale. Les trucs pour gens branchouilles qui se la jouent "je m'y connais trop", les détails évidents qui sautent aux oreilles et qui leur permet d'avoir une vie mondaine riche mais tout aussi creuse que leur sensibilité musicale.

Je ne veux pas avoir l'air de m'énerver... C'est juste que je ne suis pourtant pas si vieux, mais à force de m'être laissé griser par les sons à la mode, j'ai fini par faire une indigestion des "faiseurs". C'est à dire ceux qui font du style, de l'attitude. Parce qu'au bout d'un moment, quelque soit "la nouveauté" ça ne surprend plus du tout et je ne finis par détecter que le coté branchouille/m'as-tu-vu de l'affaire et tu finis par voir que les copieurs, ce sont eux, parce que l'astuce super original en question, tu l'avais déjà entendu il y a 10 ans. C'est cyclique, comme la mode des strings.

Je prefère mille fois un mec qui sonne ringard mais qui le fait avec talent qu'un mec qui est dans le vent et qui n'est qu'attitude. Evidemment quand on arrive à sonner moderne et à dégager qqchose d'émotionnellement intéresant c'est encore mieux.