La marque scandinave Softube, qui nous avait déjà proposé le Console 1 Channel mk III au printemps, lui ajoute un bac de dix Faders pour contrôler votre DAW. On a passé en revue l'ensemble du dispositif de mixage et son intégration dans nos DAW préférés... toute une épopée !
Curiosité suédoise : une approche différente du mixage
C’est avec beaucoup de curiosité que nous retournons faire un tour dans l’univers Console 1 de Softube. En effet, nous avions déjà testé il y a quelques mois l’un des deux modules qui composent cet ensemble, le Console 1 Channel. Ici, il sera question du combo Faders plus Channel, reliés par un très beau stand en bois qui donne au tout une allure un peu Moog. Dans le détail, nous avons donc un bac de dix faders en bas – le Console 1 Fader, et au-dessus un ensemble de rotatifs pour régler les paramètres d’une piste en particulier – le Console 1 Channel. Le tout veut être le centre de votre installation de mixage, se substituant à la souris et au clavier, pour proposer une expérience plus proche d’un mix sur console et périphériques analogiques, tout en restant dans l’univers numérique du DAW. Et c’est bien là l’un des enjeux principaux de cette histoire, sur lequel on reviendra longuement : la manière dont ces outils s’articulent avec votre ordinateur et votre DAW.
Descriptif du Console 1 Fader Mk III
Le contrôleur Fader, c’est donc en premier lieu un bac de dix faders motorisés, voués à contrôler la console de votre Logic, Pro Tools ou autres… Comme sur une console numérique, on peut changer de page et ainsi accéder aux pistes suivantes, et par conséquent, contrôler plusieurs dizaines de pistes. Pour chaque piste disponible, on retrouve à côté du fader des boutons pour Solo, Mute et Sélection, puis au-dessus un petit écran affichant le nom de la piste, la valeur du niveau et du Pan, ainsi qu’un vumètre. Le contrôle du Pan peut se faire avec un rotatif à droite du contrôleur, commun à toutes les pistes et agissant sur la piste sélectionnée. Tout à gauche de la surface, on trouve une section très intéressante appelée Fader Mode. Par défaut, les faders sont assignés au volume, mais on peut également les attribuer au Pan, aux Envois – pour celles et ceux qui sont familiers avec les consoles numériques, le principe très utilisé du « Sends on Faders » – ou encore à d’autres paramètres qu’on aura choisis en configurant le contrôleur. Ces deux dernières possibilités sont particulièrement séduisantes. De l’autre côté des faders, on trouve une autre série de petits boutons qui permettent de naviguer entre les pages ou bien d’accéder aux réglages du contrôleur, de sauver ou de charger des préréglages. Le contrôleur est assez élégant, dans un ton gris anthracite sombre, les boutons intègrent de très petites Leds de couleurs indiquant si telle ou telle fonction est activée ou la piste qui est sélectionnée.
On ne va pas détailler ici l’autre partie du Console 1, le dénommé Channel, et on vous invite à consulter le test qui lui a été consacré il y a quelques mois, mais dans les grandes lignes, il s’agit d’un Channel Strip. En sélectionnant une piste, on accède ici aux classiques filtres coupe-bas et coupe-haut, égaliseurs, processeurs de dynamiques comme un gate et un compresseur, mais aussi à une saturation et à quelques autres épices audio. Softube a prévu quelques accessoires pour accompagner ou articuler ces deux contrôleurs, dont les stands en bois qui nous ont été envoyés avec, et qui permettent de positionner le Fader au premier plan presque à l’horizontale et le Channel au second avec un angle de 45 degrés, disposition très ergonomique pour mettre l’ensemble au centre de sa station de mixage. Pour revenir au Fader, on y trouve tout en haut à gauche (de même que sur le Channel) un bouton Display. Une fois connecté à un ordinateur, celui-ci ouvrira automatiquement une fenêtre « Core Mixing Suite », qui retranscrit l’ensemble du Console 1 à l’écran, indépendamment d’un DAW ouvert ou non. Ce qui est un peu déstabilisant avec cette fenêtre, c’est qu’elle s’affiche devant toutes les autres, peu importe ce qui est sélectionné (en tout cas sur notre ordinateur avec Windows), mais fort heureusement, le bouton Display permet de choisir de l’afficher ou non, le bouton Mode en dessous modifie l’affichage pour accéder à différentes informations.
Un peu d’histoire : retour sur l’évolution de la série Console 1
Le système Console 1 est apparu chez Softube il y a une dizaine d’années, dans un premier temps uniquement sous la forme d’un premier Channel. La deuxième étape était il y a cinq ans, avec une version mk II qui a vu le jour, cette fois-ci accompagnée du module Fader, donnant lieu à une première version du système complet, que l’on découvre aujourd’hui sous sa nouvelle forme mk III. À l’origine, le channel mk I ne permettait de contrôler que les plugins Softube, et sa conception était inspirée d’un canal de console SSL 4000. Dans sa seconde version, le contrôle s’étendait à certains plugins UAD, puis dans la dernière mouture à d’autres marques, comme Fabfilter. Cette évolution du Console 1 Fader présente de nombreuses nouveautés, et des fonctions particulièrement intéressantes que voici. Les faders nouveaux ont une réponse dite « haptique », c’est-à-dire que le toucher vous donne des informations : en premier lieu, le fader ralentit et marque un léger cran lorsqu’il atteint le niveau nominal, à savoir 0 dB pour le volume ou les envois, le centre si on travaille sur le Pan. Dans la même logique, il renvoie une sensation de résistance et une sorte de tremblement si la piste sature ! Étonnant… Un bouton Shift permet d’étendre ou d’affiner certaines fonctions : par exemple, si on a trois envois à disposition de prime abord, avec Shift on peut aller jusqu’à six. Pour le défilement des pages, ce bouton peut à l’inverse décaler piste par piste, et non par bac de dix ; pratique pour choisir ce qu’on veut avoir en visuel et sous les doigts.
Intégration avancée dans les DAW populaires
Il est temps d’essayer de manipuler du son avec cette « Mixing Suite », et ainsi de tester ce qui est assurément le plus important : son intégration dans les différents DAW. Pour nous, ce sera Cubase et Pro Tools, mais Console 1 s’utilise aussi avec Logic, Studio One ou Live, même s’il s’articule mieux avec certains qu’avec d’autres. D’après ce qu’on a pu lire ici et là, c’est avec Cubase qu’il fonctionne depuis le plus longtemps et probablement le mieux. On va donc commencer dans cet environnement. La première tentative est un peu frustrante, le firmware a besoin d’être mis à jour, notre Cubase aussi (on était restés au 12, or c’est à partir du 13 que cela fonctionne bien), mais une fois ces petits écueils passés, on découvre avec joie le « Direct DAW Control ». Dans le gestionnaire MIDI de Cubase, on choisit Console 1 comme contrôleur, et à partir de là, notre bac Fader récupère directement toutes les informations depuis le logiciel : nom et couleurs des pistes, données de volume, pan, ou envois dans les différents effets ou auxiliaires, tout est là. On peut dorénavant naviguer dans la session et mixer, en restant uniquement sur le contrôleur, sans reprendre la souris, voire sans se référer à l’écran de l’ordinateur. Pour la partie Channel, la logique est différente : le contrôleur est lié à un plugin en particulier, également appelé Console 1. Il faut donc insérer ce dernier sur les pistes que l’on va vouloir traiter, c’est-à-dire, si on prend un projet depuis le début, sur toutes les pistes ou presque. Une fois le plugin inséré, on sélectionne la piste sur le contrôleur Fader pour accéder au-dessus aux paramètres d’égalisation, de traitement dynamique, etc. Pour toute cette partie du mixage, on pourra donc travailler exclusivement sur les contrôleurs, avec des gestes se référant au mixage analogique sur une console. Pour les effets temporels, il faudra revenir vers l’ordinateur, créer les pistes des effets et les envois, que l’on pourra à nouveau doser grâce au contrôleur.
Ravis de notre expérience avec Cubase, on tente de prendre le contrôle d’une session Pro Tools. Là, on va rapidement déchanter : pour couper court au suspense, on réalise à la lecture du mode d’emploi de Console 1 que DAW Control dans Pro Tools concerne le logiciel à partir de sa version 2024.6. Malheureusement, notre version a quelques années d’écart, et on est probablement trop loin du compte pour espérer quoi que ce soit. On suit tout de même la procédure, et on comprend ainsi que le contrôleur devrait utiliser HUI, un protocole que les utilisateurs d’Avid connaissent déjà pour communiquer avec d’autres interfaces, mais aussi que seulement huit pistes, et non dix, seraient disponibles par page. Quoi qu’il en soit, l’intégration chez Pro Tools semble moins naturelle que chez Cubase, mais on n’est pas en mesure de la jauger, pour cause d’obsolescence (programmée) de notre version.
On revient donc chez Steinberg, et à travers le mixage d’un morceau, on va tenter quelques expériences. Revenons sur la fonction Paramètre, qui permet d’attribuer ce que l’on souhaite au fader. Pour qu’il soit utile, il faut que le plugin Console 1 soit inséré, et par défaut, il change le « caractère », paramètre assez subtil, qui à nos oreilles joue surtout sur la présence. On va s’amuser à attribuer le Drive qui sera sans doute plus spectaculaire ; en maintenant Paramètre enfoncé, on touche le rotatif du Drive et le tour est joué. On peut maintenant créer un mouvement, du moins au plus saturé sur la batterie, par exemple, pour les dernières mesures du morceau. Un des grands intérêts de ce contrôleur, c’est de pouvoir écrire des automations, sur le niveau, mais aussi sur ce type de paramètres, pour donner une direction au mixage. Dans cette idée, la possibilité d’écrire des automations d’envoi dans des effets est très excitante, et offre la possibilité d’un mixage plus intuitif sur cet aspect. On va envoyer cette même batterie dans une réverbe type hall, toujours sur les dernières mesures en visant l’accord final. Le résultat nous semble intéressant, mais cette addition d’effets rend le volume incohérent, donc on va revenir à la fonction première des faders et créer une automation pour compenser le volume. Ce n’est pas très utile de vous proposer une ribambelle d’exemples à écouter, Console 1 Fader n’a pas un son à proprement parler, mais ce qui est intéressant à envisager, c’est le type d’action que l’on peut penser à faire avec cet outil, que l’on n’aurait pas faites instinctivement avec le clavier et la souris. À l’inverse, le module Channel possède des caractéristiques sonores puisqu’il est en premier lieu dédié au plugin Console 1, on vous invite donc à écouter les exemples dans le test précédent sur ce sujet.
- Batterie Automation Drive00:20
- Batterie Automation Hall et Volume00:20
- Batterie Automations avec Ensemble00:20
Pour les utilisateurs d’UAD et Apollo, une intégration spéciale est également proposée, puisque Softube travaille déjà avec les plugins de la marque en question depuis le Console 1 mk II. On n’a pas eu l’occasion de le tester, car ce n’est pas notre configuration, mais il semble que, dans ce cas, le contrôleur peut agir jusqu’au gain d’entrée des préamplis ! On précise aussi que le développeur suédois propose – à la vente – des channel strips différents du Console 1 par défaut, notamment avec des émulations de références de marques de grande qualité : Chandler Limited, Empirical Labs, SSL (4000 ou 9000), Summit Audio… L’étendue des options est impressionnante.
FAQ : Réponses aux questions fréquentes sur le Console 1 Fader Mk III
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Le Console 1 Fader Mk III est-il compatible avec tous les DAW ?
Oui, il est compatible avec la plupart des DAW populaires tels que Pro Tools, Logic Pro, Ableton Live, et Cubase. Toutefois, certaines fonctionnalités spécifiques peuvent varier selon le logiciel utilisé. -
Puis-je utiliser le Fader Mk III seul, sans le module Channel ?
Oui, le Fader Mk III peut être utilisé seul. Cependant, pour exploiter pleinement l’écosystème Console 1 et profiter d’une expérience complète, il est recommandé de l’associer au module Channel. -
Le Fader Mk III fonctionne-t-il avec les plugins tiers ?
Absolument ! Le Console 1 Fader Mk III est conçu pour être compatible avec de nombreux plugins tiers via les DAW pris en charge, offrant une grande flexibilité pour vos besoins de mixage. -
Est-il facile à configurer pour un utilisateur débutant ?
Oui, le processus de configuration est simple et bien documenté dans le manuel utilisateur fourni. Vous serez opérationnel en quelques minutes. -
Quelles sont les principales différences avec les versions précédentes ?
La version Mk III se distingue par l’ajout de faders motorisés améliorés, une meilleure intégration avec les DAW, un design repensé pour plus de confort et un retour visuel optimisé grâce à un écran OLED.
Caractéristiques techniques : les détails à savoir
- 10 faders motorisés et tactiles.
- Intégration complète avec le logiciel Console 1.
- Compatible avec Windows et macOS.
- Fonctionnement avec les DAW les plus populaires.
- Construction robuste et design compact.
- Connectivité USB-C.
- Dimensions : 27,5 × 10,5 × 2,5 cm.
- Poids : 1,2 kg.