Après le Akai APC Key mk2, intéressons-nous à présent à la sortie du nouveau APC Mini mk2, le contrôleur à pads et faders de 2014 pour Ableton Live remis au goût du jour, avec l'ajout (enfin !) de modes de jeu Note et Drum.
Dans notre précédent test, nous avions regardé la mise à jour du Akai APC (pour Ableton Performance Controller) Key 25 qui était sortie en même temps que la APC Mini en 2014, déclinaison minimaliste du fameux contrôleur à pads et faders verticaux Akai APC 40 mk2. Dans le secteur des contrôleurs à pads, beaucoup de choses ont changé depuis ces sorties, et vous vous en doutez, on risque de parler assez vite dans ce test de la gamme Launchpad de Novation, dont deux produits se situent à peu près dans la même gamme de prix (la version mini mk3 et le Launchpad X, sortis en 2019). Mais avant cela, voyons donc quelle est cette nouvelle proposition de Akai dans le détail, et ce qui a changé par rapport à notre test de la précédente mouture !
64 pads APC tout ?
Le Akai APC Mini mk2 est donc un contrôleur dédié à Ableton Live, proposé au tarif de 99 euros dans nos contrées, qui se branche simplement en USB sur vos machines, et d’une taille un peu plus « mini » que le Key 25 mk2 (24 × 21 × 3.2 cm). Celui-ci présente une grille de 8 × 8 pads RGB, reprenant les mises à jour du rétroéclairage utilisée pour le clavier, un plus très appréciable à l’usage du STAN. Mais à la place des potards, le Mini mk2 propose 8 faders verticaux physiques assez visibles, de bien meilleure facture que ceux de la mk1.
On trouve également en façade la ligne caractéristique de 8 boutons en bas des pads, et la colonne de 8 boutons à droite, ainsi que la touche shift, permettant de stopper les clips, lancer des scènes et donnant accès au workflow général de la machine. Le produit est lui aussi vendu avec une licence pour Live Lite 11, et le bundle des 3 instruments de AIR Music Technology Hybrid 3 (un synthétiseur), Mini Grand (un piano acoustique) et Velvet (un piano électrique « vintage »), ainsi qu’un câble USB, le manuel papier (en français !), un carton de garantie et un autre avec les informations pour télécharger le bundle software. Le manuel est disponible conjointement au format PDF, avec en plus un document sur la communication entre la machine et l’ordinateur.
Mini Mortal Kombat 2
Il faut la dernière version de Ableton Live 11 pour l’utiliser, qui propose des scripts de communication compatibles depuis peu (ou bien potentiellement récupérer ceux-ci dans une version de Live 11 pour les importer dans Live 9 ou 10 si le format est compatible). Ensuite, on sélectionne le port APC Mini mk2 (Port 2) dans les préférences sur l’onglet des surfaces de contrôle, avec les options appropriées. Les pads s’illuminent alors et on retrouve nos bonnes vieilles fonctionnalités des modes « Session » sur ce genre de machine, avec d’abord un certain feedback visuel : affichage des clips disponibles (ayant les couleurs qui correspondent à celles choisies dans Live), colonne armée en enregistrement en surbrillance, les clips en cours de lecture en vert etc. On remarquera alors la première nouveauté de la version mk2 par rapport à la mk1, qui propose un rafraîchissement du design graphique de la machine, mais surtout qui remplace les anciens pads qui ne pouvaient afficher que quelques couleurs par des pads RGB, ce qui permet d’afficher plus d’informations.
Ensuite, comme dans tous les modes de fonctionnement de type « Session », on peut appuyer sur un pad pour lancer un clip, ou pour en enregistrer un nouveau sur les pistes armées. On peut naviguer d’une ligne ou d’une colonne à une autre avec 4 boutons fléchés, ou lancer une scène complète avec les boutons situés à droite. La ligne de bouton en dessous de la grille et la colonne à droite proposent deux types de fonctions, avec les dernières accessibles en maintenant la touche « shift ». Les 8 faders verticaux peuvent être assignés aux 8 premières macros associées à une piste dans Live. Pour se faire, dans Live, on peut cliquer sur un bouton « Configure », déplacer jusqu’à 8 paramètres, et l’assignation se fait automatiquement. Ces faders, en fonction du « Fader CTRL » sélectionné via shift + 4 boutons en bas de la grille, peuvent permettre de modifier ces macros, ou encore les volumes, pannings et niveaux de sends de la piste sélectionnée.
A droite, on peut lancer les scènes ou sélectionner avec shift à quoi servent les boutons du bas justement, au choix pour stopper tous les clips d’une piste, mettre la piste en solo / mute ou armée, et enfin juste sélectionnée. On peut d’ailleurs rester appuyé sur shift pour visualiser quelle fonction est actuellement activée. Puis un autre bouton sert à stopper tous les clips.
On notera l’absence de boutons de transport, comme sur la mk1 malheureusement, de fonctionnalités de step sequencer, ou de manipulations de clips pour lever les yeux un peu de l’ordinateur. Par contre, on observe heureusement la nouveauté majeure par rapport à la mk1, dont l’omission avait été pointée du doigt dans nos lignes en 2014, à savoir deux modes de jeu pour les notes et les drums !
Akai faire beaucoup mieux !
Pour y accéder, il suffit de rester appuyé sur shift et sur un des deux boutons associés sur la colonne à droite des pads. On pourra revenir en arrière sur le mode session en faisant une deuxième fois la même manipulation. Le mode Drum affiche ainsi de la couleur sur les différents pads pour indiquer ceux qui ont été assignés à un son et celui qui est actuellement éditable ou visible dans l’interface du Drum Rack d’Ableton Live, avec les slots de samples organisés par cadrants de 4×4 comme sur d’autres contrôleurs. Les pads qui correspondent à des slots non utilisés sont éteints. Dans le cas où un Drum Rack utiliserait plus de 64 samples, il n’est pas possible de naviguer dans ces samples via les boutons de flèches, qui continuent à agir sur la vue des clips de Live (un oubli peut être ?), mais cette navigation fonctionne à la souris et met à jour l’affichage du Drum Mode.
Concernant le Note Mode, c’est une bonne surprise qui nous attend car la proposition d’Akai est intéressante et même amusante. A la première utilisation, on observe une constellation de pads de couleurs jaune et rouge, ces derniers représentant la tonique de la gamme sélectionnée. Lorsqu’on appuie sur un pad, celui-ci devient vert, ainsi que tous les autres pads de la grille représentant la même note à d’autres endroits sur la même octave, ou en vert-bleu moins éclairé pour les autres octaves. On regrettera toutefois que les pads ne répondent pas à la vélocité.
Ensuite, on peut rester appuyé une seconde sur shift et le bouton d’accès au mode Note, pour faire apparaître un onglet de réglages. Les pads du bas permettent de sélectionner un octave (là aussi on aurait aimé avoir accès à ce paramètre directement pendant le jeu du mode Note), les deux lignes du dessus permettent de choisir une gamme parmi 16 possibilités, dont la gamme chromatique, avec un faux clavier de touches blanches et noires sur les deux lignes du haut qui indiquent via des codes de couleur les notes contenues dans la gamme, et permet de sélectionner la tonique. Enfin deux lignes supplémentaires permettent d’indiquer si on veut garder un accès aux notes qui ne sont pas dans une gamme sélectionnée en les éteignant ou juste les supprimer, et l’organisation des notes entre deux lignes consécutives avec le nombre de répétitions. Et truc que je trouve trop cool, si on reste appuyé sur un de ces pads, une petite animation se déclenche affichant le nom en caractères de la gamme ou du réglage, très bonne idée !
A l’utilisation, je suis plutôt satisfait du workflow proposé par Akai, ayant l’habitude de ce genre de contrôleurs pour Ableton Live, les fonctionnalités étant facilement accessibles et la mémoire musculaire faisant le reste du travail. Les pads réagissent bien sous les doigts, même si ils ne gèrent pas la vélocité, et l’ensemble a l’air d’avoir été fait avec une certaine qualité de fabrication. Le gros plus par rapport à un Launchpad reste la présence de faders verticaux physiques, assignables rapidement à un certain nombre de fonctions. Et le seul endroit qui aurait pu nécessiter d’avoir toujours le manuel présent sous les yeux s’en sort avec une avalanche de feedback visuel bienvenu. Reste que le bundle est plutôt limité, mais pour des personnes qui débutent la M.A.O. et ne possèdent pas encore de versions d’Ableton Live, la licence pour la version Lite est une bonne entrée en matière, avec à la clé des réductions pour les versions du dessus.
Conclusion
Bizarrement, lorsque j’ai commencé à tester ce produit et le Key 25 mk2 au même moment, j’ai cru que j’aurais une préférence pour ce dernier qui semblait proposer le meilleur des deux mondes, et pour son unicité, et au final ce n’est pas le cas. Sur ce Akai APC Mini mk2, j’apprécie les nouveautés qui justifient la sortie d’un nouveau produit, la simplicité d’utilisation, la présence des faders, le fait qu’on ne soit jamais perdu et qu’il n’y ait pas de fonction complexe ou confuse qui oblige à s’arrêter pour lire le manuel. Le produit aurait pu proposer d’autres fonctionnalités plus avancées (manipulation de clips, step sequencer, user modes etc.), ou permettre son utilisation ailleurs que sur Ableton Live, mais au vu du prix il est difficile de lui en demander beaucoup plus.
Toutefois, j’aurais bien des points négatifs à suggérer en vertu des propositions des produits directement concurrents à ce Akai APC Mini mk2, à savoir les Novation Lauchpad Mini mk3 et X, sachant que le X est actuellement à peine plus cher que le mini qui est situé dans la même gamme de prix que le produit de Akai. En dehors des faders, les produits sont assez similaires au niveau des fonctionnalités, je trouve même que le workflow est peut être un peu plus confus sur le Launchpad mini à cause de l’absence d’édition du mode note, au profit des user modes qui permettent de faire des choses supplémentaires (création d’environnements sur l’application Components avec des sliders virtuels, gammes de notes, envoi de messages CC ou même raccourcis clavier, compatibles avec Live mais pas que). Sur le Launchpad X, il y a par contre un vrai note mode avec ses paramètres d’édition incorporés, un mode mixer dédié pour remplacer les faders inexistants d’un Akai APC, et surtout les pads qui reconnaissent la vélocité et même l’aftertouch.
Mais ce que je trouve plus fort chez Novation, c’est l’engouement de sa communauté, qui a donné lieu à beaucoup plus de projets de programmation de la surface de contrôle, chose qui techniquement n’est pas impossible à faire avec les contrôleurs Akai d’ailleurs. En particulier, un projet du nom de Launchpad95, mis régulièrement à jour, qui étend complètement les possibilités de ces deux Launchpads, leur permettant presque d’égaler les fonctionnalités du Launchpad Pro, avec différents types de step sequencer, l’édition des clips, la personnalisation du mode Note pour le Launchpad mini et un mode Mixer, et plein d’autres fonctionnalités qui pour le coup nécessitent une prise en main conséquente… Au passage, j’ai pu observer qu’un portage d’une des versions de Launchpad95 avait été amorcé pour les Akai APC mini premiers du nom, ce qui montre que la bécane est suffisamment programmable pour pouvoir faire la même chose qu’un Launchpad à ce niveau-là, espérons qu’un gentil développeur voudra bien faire la mise à jour du code pour le rendre compatible avec le nouveau Akai APC mini mk2…
En tout cas, la nouvelle proposition de Akai n’est pas du tout anecdotique par rapport à ce qui existe, elle ravira ceux qui ne peuvent pas vivre sans faders pour manipuler des paramètres, ou apprécient les workflows plus immédiats que ceux des produits Novation (notamment sur le mini mk3 qui pique un peu de mon point de vue par rapport au X dont le prix a beaucoup baissé ces derniers temps, ou sur l’usage des scripts Launchpad95 et équivalents). Et elle constitue également un point d’entrée conséquent pour les débutants en M.A.O. qui veulent se mettre à Ableton Live avec un contrôleur à pad pas trop cher et facile à prendre en main.