8 ans après la mise sur le marché du APC Key 25, Akai sort la mouture mk2 de son contrôleur pour Ableton Live avec ses 25 touches de clavier, ses boutons et sa grille de pads, simple rafraîchissement ou mise à jour réussie ?
Akai Professional est décidément une marque qui ne chôme pas, avec de nombreuses sorties ces derniers temps, comme la workstation MPC Key 61 testée dans nos colonnes, des mises à jour de firmware sur leur Force, et une vague de mises à jour de leurs contrôleurs hardware : les MPK Mini Play mk3 et MPK Mini Plus pour utiliser leur STAN maison, les LPK24 mk2 et LPD8 mk2 plus généralistes, et les APC Key 25 et Mini mk2 dédiés à une utilisation dans Ableton Live. Tout ça, rien qu’en 2022 ! Ici nous allons donc nous pencher sur le APC (pour Ableton Performance Controller) Key 25 version 2, qui remplace la version de 2014 qu’on avait testée également à l’époque sur AudioFanzine. Pour rappel, la marque a un lien particulier avec la société Ableton, car si on l’associe d’abord aux grooveboxs MPC, Akai c’est aussi les tout premiers contrôleurs dédiés au STAN Live (les fameux APC 20 et APC 40, ainsi que le premier Ableton Push). C’est donc une bonne surprise que de voir Akai Professional continuer à investir sur ce marché, même si depuis 2014 pas mal de choses ont changé, notamment avec l’hégémonie des marques Novation et Arturia sur les contrôleurs, et des produits auxquels on pense tout de suite en voyant cette nouvelle itération du APC Key 25 comme les Novation Launchkeys, ou les Arturia Minilabs par exemple. Mais il ne me semble pas avoir vu chez la concurrence d’autre contrôleur proposer à la fois une grille de pads pour lancer des clips et un clavier comme celui-ci… Alors c’est avec un certain plaisir que je déballe une nouvelle boîte pour un nouveau test pour vous…
Un professionnel a passé du temps sur ce produit
Le Akai APC Key 25 mk2 est donc un contrôleur dédié à Ableton Live (mais qui peut être plus ou moins utilisé avec d’autres STANs grâce à l’envoi des données en MIDI, on va y revenir), proposé au tarif de 99 euros chez nous, qui se branche simplement en USB sur vos machines, et d’une taille plutôt « mini » en largeur et un peu moins en longueur (31.1 cm x 19.3 cm x 4.1 cm). Les 25 touches sont dans un petit format, et ne gèrent malheureusement pas l’aftertouch, ou le MPE. On regrettera également l’absence de molettes de pitch bend + modulation sur le panneau de contrôle, ou l’absence d’entrée pour une pédale d’expression.
Sur la façade on trouve également une partie transport + interaction avec Live (d’ailleurs le STAN s’appelle Live, pas Ableton !), une grille de 5 × 8 pads RGB pour gérer le lancement de clips, ainsi que 8 potards infinis multifonctions. Il est vendu avec une licence pour Live Lite 11, un bundle de 3 instruments de AIR Music Technology Hybrid 3 (un synthétiseur), Mini Grand (un piano acoustique) et Velvet (un piano électrique « vintage »), ainsi qu’un câble USB, le manuel papier en français, un carton de garantie et un autre avec les informations pour télécharger le bundle software. Le manuel est disponible conjointement au format PDF, avec en plus un document sur la communication entre la machine et l’ordinateur.
Un contrôleur à PC, mais à mac aussi
Pour l’utiliser, il faut la dernière version de Ableton Live 11, qui propose les scripts de communication compatibles depuis peu (ou bien potentiellement récupérer ceux-ci dans une version de Live 11 pour les importer dans Live 9 ou 10 si le format est compatible), et sélectionner le port APC Key 25 mk2 (Port 2) dans les préférences sur l’onglet des surfaces de contrôle, avec les options appropriées. Les pads s’illuminent alors et on retrouve les bonnes vieilles fonctionnalités des modes « Session » sur ce genre de machine, avec d’abord un certain feedback visuel : affichage des clips disponibles (ayant les couleurs qui correspondent à celles choisies dans Live), colonne armée en enregistrement en surbrillance, les clips en cours de lecture en vert etc. À ce propos on remarque d’ailleurs la grosse nouveauté de la version mk2 par rapport à la mk1, qui propose un rafraîchissement du design graphique de la machine, mais surtout qui remplace les anciens pads qui ne pouvaient afficher que quelques couleurs par des pads RGB, ce qui permet d’afficher plus d’informations.
Ensuite, comme dans tous les modes Session, on appuie sur un pad pour lancer un clip, ou pour en enregistrer un nouveau sur les pistes armées. On peut naviguer d’une ligne ou d’une colonne à une autre avec 4 boutons fléchés, ou lancer une scène complète avec les boutons situés à droite. Au passage, la ligne de bouton en dessous de la grille et la colonne à droite proposent deux types de fonctions, avec les dernières accessibles en maintenant la touche « shift ». À droite, on peut lancer les scènes ou sélectionner avec shift à quoi servent les boutons du bas justement, au choix pour stopper tous les clips d’une piste, mettre la piste en solo/mute ou armée, et enfin juste sélectionnée. On peut d’ailleurs rester appuyé sur shift pour visualiser quelle fonction est actuellement activée. Et un autre bouton sert à stopper tous les clips.
Au passage, on a 8 potards infinis (nouveauté là aussi, plutôt intéressante, mais à double tranchant comme on va le voir plus loin), qui peuvent être assignés aux 8 premières macros associées à une piste dans Live. Pour ce faire, dans Live, on peut cliquer sur un bouton « Configure », déplacer jusqu’à 8 paramètres, et l’assignation se fait automatiquement. Ces potards, en fonction du « Knob CTRL » sélectionné via shift + 4 boutons en bas de la grille, peuvent permettre de modifier ces macros, ou encore les volumes, pannings et niveaux de sends de la piste sélectionnée. Ajoutons à tout cela un bouton play/pause, un autre pour lancer un enregistrement, les deux boutons pour changer d’octave, nos 25 touches de clavier classiques (que je n’ai pas trouvées trop petites, mais un peu molles par contre, et pas vraiment dans la nuance sur la reconnaissance des vélocités), un bouton « sustain » qui permet de faire des notes tenues, et on a fait le tour du propriétaire !
Akai au mois d’avril
Ayant l’habitude de Live et de ce genre de contrôleurs, je n’ai pas eu de difficultés à prendre en main le Akai APC Key 25 mk2, le workflow étant assez immédiat. J’ai trouvé la qualité de fabrication plutôt correcte même si je préfère les touches de mes Keysteps personnellement. Le bundle est plutôt limité, mais pour des personnes qui débutent la M.A.O. et ne possèdent pas encore de versions d’Ableton Live, la licence pour la version Lite est une bonne entrée en matière, avec à la clé des réductions pour les versions du dessus.
À l’usage, j’aurais aimé pouvoir utiliser le contrôleur dans d’autres STANs également, pas forcément sur la partie clip d’ailleurs, mais au moins sur les touches et les potards. Là, l’absence de molette de pitch et de modulation se fait particulièrement sentir. Les nouveaux potards ne peuvent fonctionner qu’en mode relatif, et il existe un certain nombre de standards là-dessus qui ne sont pas tous reconnus par les logiciels, ce qui fait que j’ai par exemple réussi à configurer avec succès le MIDI Learn de mes synthétiseurs virtuels u-he parmi les modes relatifs disponibles, mais pas avec mes synthétiseurs Arturia, dans lesquels le mode relatif unique disponible fait faire des bonds aux paramètres associés de la moitié de la course sur un cran de potard…
De plus, l’absence de modes de jeu sur les pads est assez problématique pour moi. Quand j’ai vu les pads, ma première réaction était « chouette ça va être cool pour les drums, ou pour jouer des notes dans des gammes particulières ». Cette fonctionnalité n’était pas présente dans la mk1, et elle ne l’est toujours pas ici (elle est d’ailleurs apparue seulement sur la mk2 du APC mini dans cette gamme, on y reviendra dans un autre test). Alors on peut « tricher » on va dire, en configurant « mal » le contrôleur, ce qui fait que les pads sont considérés comme des notes de manière aléatoire, mais cette solution est peu pratique et pas vraiment satisfaisante… Enfin, le clavier n’a aucune fonctionnalité de type ARP ou séquenceur, ce qui est très facilement corrigeable dans Live, mais moins dans les autres STANs.
Conclusion
En testant ce produit, forcément ce qui m’a frappé en premier lieu, ce sont les fonctionnalités manquantes par rapport aux workflows dans Live avec des contrôleurs auxquels je suis habitué. Je peux difficilement reprocher à un produit situé plutôt dans l’entrée de gamme au niveau prix, et qui d’ailleurs encore n’a actuellement aucun équivalent en termes de fonctionnalités (clavier + pads + potards), de ne pas faire le café en plus du reste. Toujours est-il que je trouve dommage que cette mise à jour — qui conserve pratiquement toutes les fonctionnalités de la mk1 à l’identique en dehors du redesign, des pads RGB, des encodeurs infinis et de la hausse de qualité globale — n’ait pas été plus ambitieuse, d’autant que les pratiques musicales ont pas mal évolué depuis 2014, et Ableton Live avec. J’espère que des mises à jour futures corrigeront au moins l’absence d’un drum mode, et aussi que des gens proposeront des moyens d’aller plus loin sur ce produit via des scripts tiers, à la manière du Launchpad95 qui avait fait fureur à sa sortie pour les utilisateurs de Launchpads mini…
En tout cas, je n’ai pas de gros reproche fondamental à faire à ce produit, et je pense qu’il constitue une porte d’entrée à la M.A.O. pour les débutants dans le monde de Ableton Live tout à fait correcte, ainsi qu’un bon contrôleur d’appoint pour des gens qui auraient besoin d’une configuration minimaliste. Pour d’autres utilisations et utilisateurs par contre, il me semble qu’il y a des meilleurs claviers d’entrée de gamme, par exemple certains proposant en plus des pads pour le jeu (y compris chez Akai), ou permettant de faire plus de choses dans les autres STANs, avec du hardware extérieur. On pourra également rechercher des produits qui font une seule chose à la fois…