Le Launchpad de Novation est devenu depuis son apparition en 2009 un incontournable parmi les contrôleurs MIDI pour Ableton Live, acquérant un statut quasiment culte au-delà même des utilisateurs de la STAN allemande.
Novation a entamé depuis la fin de l’année dernière le renouvellement de sa gamme de Launchpad, avec à mon sens plus ou moins de réussite. C’est aujourd’hui au tour du modèle « Pro » – le fleuron de l’ancienne série, sorti en 2015 – de subir une cure de jouvence. Pour la peine et pour assurer sans doute une cohérence nominative avec le reste de la gamme, il se voit affublé directement d’un qualificatif « Mk 3 » qui fait totalement fi de l’absence d’une quelconque version 2 du contrôleur. Mais passons.
Vendu au tarif conseillé de 349 €, quelle réelle évolution représente-t-il par rapport à son illustre ancêtre et vis-à-vis de la gamme actuelle?
C’est ce que je vous invite à découvrir de ce pas!
Visite de chantier
La boîte du Launchpad Pro Mk3 contient – outre le contrôleur lui-même – un adaptateur secteur, un câble USB A vers USB C, un câble USB C vers USB C, et trois adaptateurs MIDI-DIN vers MIDI-minijack. Et c’est tout! Comme pour tous les derniers appareils de chez Novation, c’est sur une petite mémoire interne de l’appareil que sont stockées toutes les informations nécessaires pour une prise en main facile. Lors de sa connexion à votre ordinateur, le Launchpad sera considéré (entre autres) comme une unité de stockage externe, et vous pourrez ainsi accéder aux documents concernés. Un petit graphique imprimé à-même l’intérieur de la boîte vous explique la manœuvre à suivre. Le mode d’emploi complet est téléchargeable sur le site de Novation. Au moment de la rédaction de ce banc d’essai, il n’est disponible qu’en anglais et en japonais.
Mais pour le moment, intéressons-nous aux aspects les plus matériels de l’objet.
Le Launchpad Pro Mk3 se présente sous la forme d’un parallélépipède de 268 mm de largeur, 268 de profondeur et 18 mm de hauteur, de fabrication intégralement plastique mais solide et inspirant confiance. La quasi-intégralité de la face supérieure est occupée par une matrice qui reprend les mêmes 64 pads du Launchpad X: RGB, sensibles à la vélocité et à l’aftertouch par canal ou polyphonique. Cette matrice est entourée de tous les boutons-poussoirs permettant d’atteindre et d’utiliser toutes les fonctionnalités du contrôleur. Ils sont tous sont bien ancrés et répondent avec un « clic » franc. Au-dessus de la matrice, on a ainsi les flèches « gauche » et « droite » pour se déplacer horizontalement au sein de la matrice ou effectuer des transpositions par note, ainsi que tous les boutons permettant d’activer les différents modes de jeu de l’appareil. Les boutons situés sous la matrice sont réservés à la gestion des pistes et aux fonctionnalités générales du projet Ableton Live en cours. Les boutons à gauche regroupent les flèches de direction « haut » et « bas » pour se déplacer verticalement dans la matrice ou effectuer des transpositions par octave, les boutons de lecture et d’enregistrement ainsi que ceux de gestion des clips. Enfin, la série de boutons à la droite de la matrice sert avant tout au déclenchement de scènes, mais également à l’accès à différents menus de paramétrages s’ils sont activés conjointement à la touche « shift », touche qui permet également d’activer toutes sortes de fonctionnalités secondaires sur les autres poussoirs.
Enfin, sur la tranche arrière de l’appareil, on trouve à l’extrémité gauche une prise USB C pour une connexion informatique ou électrique via l’adaptateur fourni avec le Launchpad, et à l’extrémité droite trois prises MIDI au format mini-jack regroupant deux sorties et une entrée. Une encoche de sécurité Kensington se trouve sur la tranche gauche du contrôleur.
Sur la face inférieure du Launchpad Pro Mk3, une bande orange caoutchoutée faisant le tour de l’appareil permet de s’assurer qu’il ne glisse pas sur votre espace de travail.
Dans le cambouis
La configuration générale du Launchpad Pro Mk3 se fait via la touche « Setup ». On accède grâce à elle à différents menus qui permettent respectivement le paramétrage général de chacun des éléments suivants: le rétro-éclairage des pads, leur courbe de velocité, leur sensibilité à l’aftertouch et le mode d’utilisation de ce dernier, le comportement des entrées et sorties MIDI physiques, les modes de synchronisation de l’horloge MIDI, et enfin la sensibilité des faders virtuels. Un mode supplémentaire, le mode « Bootloader », permet entre autres d’affecter une identité virtuelle à chacun des Launchpad connectés à un même ordinateur, autorisant ainsi un cumul au sein d’un même projet Ableton Live de tous les contrôleurs connectés.
Mais trêve de considérations techniques, voyons ce que le Launchpad Pro Mk3 nous propose pour nous amuser!
Session de travail
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Comme pour les autres modèles de Launchpad, le coeur du fonctionnement du Pro Mk3 repose sur un système de modes entre lesquels on peut alterner de manière temporaire ou définitive. Et le premier d’entre eux est le mode « Session ». C’est à travers lui que l’on accède aux fonctionnalités de pilotage d’Ableton Live, et l’on y retrouve sans surprise les traditionnelles fonctions de déclenchement de clips ou de scènes. On a la joie de bénéficier également d’un bouton « Capture MIDI » qui permet d’activer dans Live la fonction du même nom si pratique pour fixer instantanément toutes nos improvisations MIDI, un bouton que l’on trouve déjà d’ailleurs sur les derniers Launchkey et le Launchpad X. De ce dernier, le Launchpad Pro Mk3 reprend d’ailleurs la gestion du volume et du panoramique de chacune des pistes du projet mais aussi des envois vers les pistes auxiliaires, à la différence que leur nombre n’est ici plus de deux mais de huit.
Comme sur le Launchpad X toujours, l’émulation des faders via les pads se fait avec le même confort et la même surprenante précision grâce à la prise en compte de la vélocité lors de leur utilisation. Mais dans le cas du Launchpad Pro Mk3, les faders virtuels permettent en plus de contrôler maintenant tous les paramètres de n’importe quel plugin grâce au mode « Device », un mode qui n’existait jusque-là sous cette forme que sur les Launchkeys. Le Launchpad Pro précédent proposait bien lui aussi une fonctionnalité approchante, mais cette dernière ne permettait de contrôler que huit paramètres, là où le mode « Device » du Mk3 et des Launchkey ne connaît plus cette limitation! La version moderne du Launchpad Pro reprend de son ancêtre la possibilité de dupliquer les clips et les scènes, de les supprimer, de doubler la durée d’un clip ou encore de sélectionner ce dernier sans forcément le déclencher. Il s’inspire également de son aïeul par les fonctions d’annulation et de rétablissement d’action (undo/redo), ainsi que d’activation et de désactivation du métronome, une fonction enrichie ici par la présence d’un bouton de « tap tempo ». Mais c’est surtout dans la gestion des pistes que le mode « Session » du Launchpad Pro Mk3 se distingue de tout ce que Novation a pu proposer jusqu’ici. En effet, l’armement, la sélection, la mise en solo et la désactivation des pistes sont maintenant dévolues à une série de boutons physiques et ne mobilisent plus la dernière ligne de la matrice, comme c’était le cas sur tous les modèles de Launchpad précédents, « Pro » y compris. Une véritable amélioration dans l’ergonomie générale du concept « Launchpad »!
Notes de frais
Après le mode « Session », le Launchpad Pro Mk3 propose différents modes de jeu, dont le premier est le mode « Note ». L’affichage de celui-ci s’adapte en fonction du type de plugin que l’appareil est censé piloter. Si c’est un drum rack qui est présent sur la piste, les pads de jeu concernés s’allumeront par groupes de 16 pour émuler la surface de jeu d’une MPC, avec autant de groupes qu’il sera nécessaire pour piloter l’ensemble des sons du drum rack concerné. Grâce aux flèches verticales on pourra faire défiler la surface de jeu vers le haut ou le bas si le nombre de pads du drum rack dépasse 64. Pour tout autre instrument qu’un drum rack, les pads de jeu adopteront une disposition par gammes, avec la tonique en rose, les autres notes de la gamme en blanc et les notes étrangères soit non-éclairées, soit carrément absentes selon le paramétrage de gammes que l’on aura choisi. On peut configurer les gammes de multiples manières. Les gammes et modes proposés sont les mêmes que sur le Launchpad X, à savoir qu’en plus du mode chromatique on dispose dans l’ordre: des gammes mineure naturelle et majeure, des modes dorien, phrygien et mixolydien, des gammes mineures mélodique et harmonique, du mode dorien « bebop », des gammes blues, pentatonique mineure et mineure hongroise, du mode dorien ukrainien, et enfin des gammes Marva, Todi, par tons et Hirajoshi. Toujours comme sur le Launchpad X, on peut aussi ré-arranger la disposition des pads selon le nombre de doigts que l’on souhaite employer pour le jeu: c’est une attention ergonomique dont on ne peut qu’à nouveau se réjouir ici. Et elle n’est pas la seule! En effet, on peut bénéficier dans le mode « Note » de l’accès à diverses fonctionnalités du mode « Session » sans avoir jamais à interrompre son propre jeu. On peut ainsi supprimer un clip, doubler sa longueur ou encore le dupliquer en sélectionnant automatiquement sa copie sans jamais s’interrompre de jouer! Un vrai bonheur lorsque l’on performe, que l’on improvise ou que l’on compose! Et puisque l’on parle de jeu, c’est avec un bonheur non dissimulé que l’on retrouve ici les mêmes pads que sur le Launchpad X! S’ils réagissent à l’effleurement le plus délicat, ils répondent également parfaitement à nos sollicitations les plus sauvages et vous ne craindrez pas de les abîmer.
Tout cela vous fait déjà saliver? Attendez encore un peu car vous n’avez rien vu: ce n’est qu’à partir de maintenant que nous commençons à explorer ce qui fait véritablement la nouveauté du Launchpad Pro Mk3!
Chords de métier
Laissez-moi tout d’abord vous parler du mode « Chords », présent ici pour première fois sur un Launchpad. Comme son nom l’indique, ce mode permet de construire des accords. La technique employée ici est assez originale. La première colonne de la matrice de pads présente les notes de la gamme actuellement choisie disposées de bas en haut. Les trois colonnes suivantes reprennent cette même gamme mais à partir de différents degrés, de telle manière qu’en jouant simultanément les pads adjacents des trois ou quatre premières colonnes, on obtienne respectivement toutes les triades ou accords de septième de la gamme initiale. La cinquième colonne est une reprise du mode mixolydien déjà inclus dans les colonnes précédentes, mais une octave au-dessus. Les pads de la sixième colonne proposent chacun une triade pré-enregistrée à partir de chacune des notes de la gamme initiale, dans des renversements fixes. Enfin les deux dernières colonnes proposent des emplacements de stockage vierges dans lesquels vous pouvez enregistrer vos propres accords, indépendamment de la gamme pré-sélectionnée. Ces emplacements sont ensuite jouables en respect de la vélocité appliquée, une fonctionnalité toujours bienvenue!
Mais tout cela n’est rien par rapport à la vraie grande nouveauté proposée par le Launchpad Pro Mk3, j’ai nommé le séquenceur!
Travail à la chaîne
Jusqu’ici, Novation n’avait proposé en termes de séquenceur pour ses anciens Launchpad qu’un module logiciel Max For Live spécifique, uniquement utilisable au sein de la STAN berlinoise. J’avais d’ailleurs regretté lors des tests des nouveaux modèles de Launchpad que ceux-ci ne soient plus compatibles avec cette application.
Mais aujourd’hui, c’est dans une tout autre cour que Novation vient jouer en proposant carrément un séquenceur matériel! Et la marque britannique a vu grand! En effet, là où chacun des autres modes de jeu du Launchpad Pro Mk3 ne mobilise qu’un seul voire deux affichages différents de la matrice de clips, ce ne sont pas moins de 11 affichages individuels qui sont mis à contribution pour le seul mode « Sequencer » et toutes ses différentes fonctionnalités! L’affichage principal du séquenceur nous propose de manière assez classique une division en deux parties superposées. Dans la partie supérieure sont représentés les pas de séquence et dans la partie inférieure l’espace de jeu. Celui-ci pourra soit prendre la forme d’une surface de 4×4 pads pour piloter des boîtes à rythme matérielles ou virtuelles, soit se présenter sous la forme de quatre octaves de notes agencées selon la gamme prédéfinie dans le mode « Note ». Chaque pas de séquence peut contenir jusqu’à huit notes superposées, et l’on se réjouira de pouvoir également les retirer chacune individuellement si on le souhaite. Chaque note d’un même pas peut être enregistrée avec sa propre valeur de vélocité lors du jeu en direct. Si l’on souhaite toutefois éditer la valeur de vélocité manuellement par la suite, cette dernière sera la même pour toutes les notes du pas de séquence concerné. Ceci vaut également pour la durée des notes en question.
Les séquences sont limitées à 32 pas, qui peuvent prendre pour valeur des durées allant de la noire à la triple croche, en binaire ou en ternaire. 32 pas peuvent sembler un peu limitatifs, mais on peut chaîner jusqu’à 8 séquences l’une à l’autre, et cela sur 4 pistes différentes qui peuvent chacune envoyer leurs données sur le canal MIDI que l’on souhaite. Les séquences d’une même piste partagent les mêmes valeurs de paramétrage (durée des pas, pas de départ et pas de fin de séquence, sens de lecture) mais ces valeurs sont indépendantes d’une piste à l’autre. On peut ainsi lire simultanément sur 4 pistes différentes des séquences de longueurs et de pulsations (binaire ou ternaire) variées – permettant ainsi de créer facilement des motifs polyrythmiques. Pour ajouter encore de la diversité dans nos séquences on peut définir pour chaque pas de celles-ci la probabilité selon laquelle la note qu’il contient sera jouée ou non. Si plusieurs notes sont présentes sur un même pas, le pourcentage choisi par l’utilisateur représentera la probabilité que toutes les notes du pas de séquence concerné soient déclenchées simultanément comme prévu à l’origine.
Les autres possibilités se partageront le pourcentage restant. Par exemple, si l’on définit 75% pour un pas contenant deux notes, il y aura 75% de chances que ces deux notes soient jouées simultanément. Les 25% restant se répartiront équitablement entre le déclenchement de la note A, de la note B ou d’aucune d’entre elles. On peut également instaurer pour chaque pas la probabilité d’une modification de hauteur grâce à la fonction « mutation » que l’on a déjà pu voir en action sur l’arpégiateur des Launchkey dernière génération. Ou bien encore, on peut créer un effet de type « mitraillette » grâce à la fonction « micro-steps » qui permet d’affecter jusqu’à six micro-divisions par pas. Les séquences de chacune des 4 pistes peuvent être librement associées entre elles au sein de 16 scènes. Chaque ensemble de séquences, de scènes et tous leurs paramètres correspondants peuvent être sauvegardés dans un « projet ». À l’image des séquences, les scènes et les projets entiers peuvent être chaînés entre eux ou déclenchés à volonté, sans forcément attendre la fin de la séquence active mais en restant toujours synchronisé au tempo général. Tout cela peut bien entendu être enregistré en plus de manière externe dans un séquenceur matériel ou logiciel. Mais dans le cadre d’une utilisation spécifique avec Ableton Live, cela va même plus loin car on pourra exporter directement les séquences dans les clips grâce à la fonction « print to clip », bien nommée et très pratique. Dans le cas où les paramètres de certaines séquences seraient soumis à des effets de probabilité, il suffira d’exporter plusieurs fois d’affilée les séquences concernées pour obtenir des clips et des résultats différents en fonction des règles de probabilité appliquées. Très bien vu!
Pas de pause de MIDI!
À ce stade, nous avons exploré tous les modes d’usine et nous avons pu constater à quel point ils brillaient dans le cadre de leur utilisation avec Ableton Live, une autre STAN ou bien des appareils MDI externes, tous les modes à l’exception de « Session » étant parfaitement utilisables pour contrôler en MIDI n’importe quel logiciel ou appareil audio physique compatible. Tout cela est bien entendu rendu possible par la présence à la fois d’une interface MIDI physique complète et d’un adaptateur secteur qui permettent au Launchpad Pro Mk3 d’être totalement indépendant d’un ordinateur. Mais on peut aller encore plus loin.
Dans le ventre de la machine
Le Launchpad Pro Mk3 dispose d’un « Programmer mode » qui permet de communiquer avec l’appareil via des messages MIDI externes. Les pads de la matrice envoient chacun un message de « note on » tandis que les poussoirs situés tout autour envoient un message de « control change ». Tous les boutons et pads sont éteints par défaut mais peuvent être allumés dès qu’ils reçoivent le même message MIDI que celui qu’ils envoient. Le logo Novation, s’ils n’émet pas de message MIDI, est en revanche capable d’en recevoir un pour s’allumer lui aussi! Enfin, si l’on s’intéresse vraiment aux aspects les plus techniques du Launchpad Pro Mk3 et que l’on souhaite éventuellement en tirer parti au sein de ses propres scripts ou applications, on peut télécharger le « Programmers reference guide » qui contient toutes les informations nécessaires. On peut d’ailleurs trouver des scripts très complets pour Bitwig Studio et Reaper en téléchargement à cette adresse.
La boîte à outils
Mais dans la plupart des cas, il ne sera pas nécessaire d’aller aussi loin dans le paramétrage car en plus des modes d’usine, le Launchpad nous offre huit modes intégralement personnalisables, appelés « custom modes », là où le Launchpad X en propose 4, le Launchpad Mini 3, et l’ancien Launchpad Pro un seul et encore guère comparable.
Les huits modes en question nous offrent par défaut: huit faders verticaux unipolaires, huit faders horizontaux bi-polaires, quatre groupes de 4×4 pads pour les drum-racks et boîtes à rythmes, 4 octaves chromatiques non-transposables, 64 générateurs de messages de « program change », 64 générateurs de messages de « note on » avec illumination des pads, et enfin 2 séries de 64 générateurs de messages de « note on » sans illumination des pads. Tous ces Custom Modes sont intégralement paramétrables via l’application Components.
À l’atelier!
La grande force de l’application Components est qu’elle s’adapte à chacun des appareils Novation concernés et propose des fonctionnalités liées directement à chacun d’eux, comme par exemple la sauvegarde des projets de séquenceur dans le cas du Launchpad Pro Mk3. Mais en-dehors de ces spécificités, elle offre également un tronc commun de fonctionnalités adaptées à tous les appareils d’un même type. Pour les Launchpad, on peut donc personnaliser ses « custom modes » et les peupler avec les éléments virtuels suivants: des faders verticaux ou horizontaux, unipolaires ou bipolaires, des pré-configurations pour des gammes chromatiques ou diatoniques, des groupes de 16 pads pour le finger-drumming, des notes MIDI individuelles et enfin des boutons de program – ou de control change.
Selon les cas, on pourra définir le numéro du paramètre concerné, la tonique, le numéro d’octave et le type de la gamme, ou encore quelle note unique un pad doit déclencher et s’il agira de manière discrète ou temporaire. Tous ces éléments peuvent bénéficier d’un canal MIDI et d’une couleur de pad dédiés, ainsi qu’être librement renommés pour davantage de clarté.
Accidents professionnels
Je n’ai finalement qu’assez peu de choses à reprocher au Launchpad Pro. Comme je l’ai déjà fait remarquer de multiples fois dans les articles précédents concernant les derniers produits Novation en date, je ne suis pas forcément un grand fan de l’application Components, dont je trouve notamment l’utilisation parfois un peu lourde (impossibilité de traiter les paramètres par lots, par exemple). Le reproche que je fais habituellement à cette application est de ne pas compenser suffisamment les manques des appareils hardware qu’elle accompagne. Mais ce reproche a ici moins lieu d’être que par le passé, le Launchpad Pro Mk3 étant lui-même déjà extrêmement complet.
Ce qui ne m’empêche pas de relever sur cet appareil certains points qui pourraient être améliorés à mon sens. Le premier pourra vous sembler anecdotique, mais il a une certaine importance à mes yeux: il s’agit de la disparition du bouton marche/arrêt qui était encore présent sur la version précédente du Launchpad Pro. Alors bien entendu, ce bouton tend à disparaître de nos appareils et plus particulièrement des périphériques informatiques, mais on peut légitimement se poser la question de la pertinence d’une telle disparition à une époque où l’économie d’énergie devrait être de mise. Et actionner un bouton pour désactiver un appareil représente tout de même une solution plus élégante et souvent moins contraignante que le débranchement sauvage d’un câble USB.
Mais ne nous appesantissons pas sur ce sujet et intéressons-nous davantage aux limitations opérationnelles du Launchpad Pro Mk3. Si l’on peut saluer l’effort fourni par Novation pour rendre l’interaction entre les mode « Session » et « Note » la plus fluide possible, on regrettera que les développeurs anglais n’aient pas poussé la démarche plus loin, par exemple en autorisant le lancement de scène directement à partir du mode « Note ». C’est d’autant plus dommage que dans ce fameux mode, les boutons de lancement de scène ne sont pas employés non plus à une autre fonction.
Je regrette également que dans le mode « Session », la fonction « Duplicate » ne permette pas de copier un clip à l’emplacement que l’on souhaite, mais uniquement à la ligne du dessous. On ressent ici aussi d’autant plus un petit goût d’inachevé que la fonction « print to clip » du séquenceur offre la possibilité de choisir via le contrôleur l’emplacement vers lequel on souhaitera exporter notre séquence.
Et c’est d’ailleurs – malgré ses grandes qualités – par le séquenceur que je vais terminer mon tour des remontrances que je pourrais adresser au Launchpad Pro. Je trouve tout d’abord dommage que l’on ne puisse pas éditer manuellement et de manière individuelle la vélocité et la durée des notes situées sur un même pas de séquence. Mais passons, car c’est un autre élément qui me semble bien plus problématique. Il s’agit de l’interaction du séquenceur avec le mode « Session », interaction que je trouve bancale à deux niveaux. Tout d’abord, il faut savoir que la lecture d’un projet Ableton Live entraînera obligatoirement le démarrage de la lecture d’une séquence. Cette dernière peut être heureusement stoppée de manière autonome sans déclencher l’arrêt du projet Ableton Live en cours. Une autre solution si vous souhaitez éviter les « interférences » du séquenceur avec un projet Live en cours sera de vous assurer que le séquenceur soit réglé sur une séquence vide. Rien de gravissime mais l’on aurait aimé pouvoir bénéficier d’un paramétrage qui nous aurait laissé le choix de synchroniser ou non les déclenchements respectifs de lecture du séquenceur et de lecture du projet Ableton. Mais c’est surtout le problème qui me semble le plus embêtant. En effet la gestion du tempo des modes « Session » et « Séquenceur » est indépendante… et là aussi, il n’existe aucun paramétrage pour modifier cela. Impossible donc de synchroniser automatiquement le séquenceur au tempo du projet Ableton Live en cours, il vous faudra le faire manuellement via un potard sur le contrôleur. Particulièrement galère si vous souhaitez faire coller vos séquences à un projet Ableton qui intègre des automations de tempo! Et ne pensez pas trouver une parade en employant la fonction de « tap tempo », celle-ci étant désactivée dans le mode « Sequencer ».
Alors, chef d’œuvre?
Pour terminer, je dirais que les quelques points négatifs que je viens de citer ne viennent que peu ternir les qualités de ce produit, qui s’avère beaucoup plus complet que son ancêtre le Launchpad Pro premier du nom, ou que son rival le plus proche dans la gamme actuelle, le Launchpad X. Car il ne se contente pas de reprendre de nombreuses qualités de ces deux produits, comme les fonctionnalités bien pensées du mode « Session » pour le premier ou encore l’excellente qualité des pads pour le second, ce qui serait déjà très bien! Non, les concepteurs de chez Novation nous gratifient en plus de modes de jeux tout nouveaux dans la gamme des Launchpad, à savoir le mode « Chords » et surtout le très complet mode « Sequencer »! Et lorsque l’on sait que tout ceci nous permet de contrôler non seulement des logiciels, mais également des modules matériels grâce aux sorties MIDI physiques et à l’alimentation électrique autonome, on peut se dire que si ce Launchpad Pro n’est pas un chef d’oeuvre… il s’en approche tout de même un peu!