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Test du Push 3 standalone d'Ableton - Push 3 de là que je m’y mette

9/10
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Alors que moins de trois années s’étaient écoulées entre les sorties des Push de première et deuxième génération, il aura fallu attendre plus de sept ans pour voir enfin débarquer la 3e version. L’attente fut longue, mais la récompense pour les utilisateurs d’Ableton Live est à la hauteur des plus folles espérances. Mode autonome, matrice de pads compatible MPE, les nouveautés sont marquantes et tournées vers de nouvelles façons de faire de la musique.

Test du Push 3 standalone d'Ableton : Push 3 de là que je m’y mette

Ableton Push 3 : IMG 0062(1)Pour fêter les 10 ans de Push, on ne pouvait rêver mieux qu’une troi­sième mouture du célèbre contrô­leur pour Live. On l’a attendu ce Push 3, les rumeurs s’in­ten­si­fiant depuis quelques mois, tandis que les stocks amoin­dris de Push 2 ne faisaient que confir­mer la sortie prochaine d’un nouveau contrô­leur.

À l’an­nonce du Push 3, certains ont pu être déçus. Et pour cause, au premier coup d’œil, les nouveau­tés ne sont pas évidentes à discer­ner. On aperçoit bien un nouveau jogw­heel en haut à gauche du contrô­leur, mais l’écran reste de même dimen­sion et la dispo­si­tion géné­rale des boutons reste peu ou prou iden­tique. Il en va de même du format et de la fini­tion globale.

Mais lors de la présen­ta­tion du produit, l’équipe Able­ton reste pour­tant sûre d’elle. On commence douce­ment avec les quelques nouveau­tés mineures ici et là, et d’un seul coup, le mot est lâché : auto­nome. Oui, une version auto­nome, c’est à dire fonc­tion­nant sans ordi­na­teur, est propo­sée, en plus de la version « stan­dard » clas­sique. La promesse est belle, même si elle inter­vient après la concur­rence (Akai MPC et Maschi­ne+ de Native Instru­ments). Reste à voir ce que cela vaut dans les faits, comment cela marche exac­te­ment, quelles sont les possi­bi­li­tés et limites. C’est ce que nous allons voir tout de suite…

Intel inside

IMG 0050(1)S’il n’y a plus besoin d’or­di­na­teur pour utili­ser la version « stan­da­lone » (auto­nome en anglais), c’est que l’or­di­na­teur est à l’in­té­rieur du Push 3 ! Et qui dit ordi­na­teur dit proces­seur (ici un Core i3 d’In­tel), dit mémoire vive (8 Go) et dit unité de stockage (type SSD 256 Go). Mais que vaut, pour un musi­cien, un ordi­na­teur sans inter­face audio ? Pas grand-chose. C’est pourquoi est aussi inté­grée une carte son propo­sant pas moins de 10 entrées et 12 sorties. 8 sont au format numé­rique ADAT et 2/4 au format analo­gique en Jack 6,35 mm. Le seul regret concerne l’ab­sence de micro inté­gré qui aurait été parfait pour le sampling sauvage. On pourra néan­moins bran­cher un micro dyna­mique sur une des entrées Jack TRS. La partie logi­cielle (Able­ton Live) tourne grâce au système d’ex­ploi­ta­tion Linux. Quand je vous disais qu’on avait affaire à un véri­table petit ordi­na­teur ! Et qu’est-ce que cela vaut à l’usage ? 

Même si cela peut paraitre un peu dur, nous allons commen­cer par deux grosses limites par rapport à un Able­ton Live tour­nant sur un ordi­na­teur clas­sique, sous macOS ou Windows.

La première, plus liée à l’er­go­no­mie géné­rale du Push 3 qu’à un problème tech­nique, concerne le mode arran­ge­ment qui est pure­ment et simple­ment non dispo­nible. Il faudra donc faire avec le mode Session, ce qui nous semble malgré tout assez logique. En effet, la version auto­nome du contrô­leur se destine, d’après nous, plus à une utili­sa­tion scénique et juste­ment « Live » qu’à une utili­sa­tion studio et donc le choix du mode Session nous semble tout à fait adapté. De plus, l’er­go­no­mie du mode arran­ge­ment aurait été compliquée à inté­grer que ce soit au niveau des contrôles que de l’af­fi­chage. C’est donc une limite compré­hen­sible, mais qu’il est impor­tant de connaître avant achat.

IMG 0054(1)Autre limite impor­tante tenant plus de l’as­pect tech­nique : l’ab­sence de support de plug-ins tiers au format VST. Il sera possible de fein­ter en free­zant un effet ou un instru­ment au préa­lable sur une session d’Able­ton Live tour­nant sur son ordi­na­teur, mais cela reste une solu­tion de contour­ne­ment. L’ex­pli­ca­tion d’une telle limite peut être liée au choix de l’OS (Linux) ou tout simple­ment par souci de stabi­lité. En effet, qui dit plug-ins tiers, dit bugs et autres incom­pa­ti­bi­li­tés supplé­men­taires. On le sait, un système fermé est beau­coup plus facile à gérer pour un éditeur. Et avant de pouvoir utili­ser des plugins tiers, il faut d’abord pouvoir les instal­ler, et donc déve­lop­per la fonc­tion­na­lité pour pouvoir le faire, etc. Bref, ce n’est pas forcé­ment simple à faire, et si aucun des concur­rents ne le propose, c’est qu’il y a peut-être une raison, même si nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise lors d’une future mise à jour. Quoi qu’il en soit, l’uti­li­sa­teur aura accès à tous les effets et instru­ments (y compris Max for Live) liés à sa licence de Able­ton Live (de Intro à Suite, en passant par la Stan­dard), ce qui fait déjà pas mal de choses à explo­rer… On regret­tera juste que seule la version Intro soit livrée avec Push 3, même en version Stan­da­lone. Vu l’aug­men­ta­tion non négli­geable des prix (950 et 1900 €), on aurait aimé avoir la version Stan­dard.

Après la première mise sous tension, on nous propose d’as­so­cier le Push 3 avec un compte Able­ton et d’ins­tal­ler les packs dispo­nibles. Tout ceci est un peu labo­rieux, vu qu’il faut deux clics par pack (un pour télé­char­ger et l’autre pour l’ins­tal­ler), le tout se faisant direc­te­ment sur le Push 3 qui se connec­tera au réseau WiFi. On aime en revanche le trans­fert des projets qui se fait simple­ment sur l’in­ter­face du Live installé sur votre ordi­na­teur. Le Push 3 connecté au même réseau local appa­rait direc­te­ment dans la colonne de gauche du logi­ciel et tout se fait via glissé/déposé pour une expé­rience utili­sa­teur parfaite.

Genoux chauds et gros kilos

IMG 0053Qu’en est-il de l’ex­pé­rience utili­sa­teur de ce Push 3 auto­nome ? Pour les utili­sa­teurs d’Able­ton Live et de Push 2, l’ex­pé­rience reste pratique­ment iden­tique, avec les mêmes défauts et les points forts. On adore toujours l’er­go­no­mie géné­rale, avec une spon­ta­néité sans pareille grâce à des fonc­tion­na­li­tés comme Capture, Quan­tize, Simpler, etc. Nous avons néan­moins quelques réserves sur la puis­sance de la sortie casque sur scène, il faudra choi­sir avec précau­tion le modèle utilisé, avec une bonne isola­tion et une impé­dance pas trop élevée. La sortie casque pouvant être indé­pen­dante de la sortie enceintes, ce serait dommage de ne pas en profi­ter ! On regrette aussi le même défaut qu’Able­ton Live sur ordi­na­teur, à savoir l’ab­sence de tags dans la navi­ga­tion parmi les effets et instru­ments virtuels. On a seule­ment accès à une bête arbo­res­cence, ce qui peut rendre la recherche de presets longue et rébar­ba­tive. À l’usage, l’in­ter­face est restée rela­ti­ve­ment fluide et le char­ge­ment d’ins­tru­ments ne dure que quelques secondes. Nous n’avons en revanche aucune infor­ma­tion concer­nant les ressources proces­seur, ce qui est bien dommage et qui permet­trait de gérer plus faci­le­ment l’uti­li­sa­tion des ressources de son projet, d’au­tant plus que les fonc­tions freeze et flat­ten sont dispo­nibles pour écono­mi­ser des calculs.

IMG 0055Rela­ti­ve­ment peu de bugs ont été consta­tés, n’ayant eu affaire qu’une seule fois à un redé­mar­rage non solli­cité, ce qui pour une version 1.1 reste honnête. En outre, il m’a été proposé de rechar­ger le projet sur lequel j’étais en train de travailler (ouf !). Il faut en revanche que le lecteur comprenne que nous avons affaire ici à un beau bébé, avec les mêmes (grandes) dimen­sions que le Push 2, mais un poids revu à la hausse, ordi­na­teur inté­gré oblige (presque 4 kilos, soit plus de deux MacBook Air). Aussi le construc­teur a-t’il pris le parti d’uti­li­ser un système de refroi­dis­se­ment passif, ce qui a le mérite de propo­ser un fonc­tion­ne­ment parfai­te­ment silen­cieux, ce qui est impor­tant pour les musi­ciens, mais en contre­par­tie, le système, doté d’un radia­teur situé sur la partie infé­rieure de la bête, peut deve­nir rapi­de­ment chaud au fil des heures d’uti­li­sa­tion. Ce dit radia­teur sera d’ailleurs en contact direct avec vos jambes dans le cas d’une utili­sa­tion « sur les genoux », tranquille posé dans le canapé. Un mode d’uti­li­sa­tion qui fait rêver les plus flem­mards d’entre nous, mais qui aura donc ses points d’in­con­fort. Il faut aussi savoir que l’uti­li­sa­tion complè­te­ment nomade, et donc sans prise élec­trique à proxi­mité, sera possible grâce à la batte­rie inté­grée permet­tant d’avoir une auto­no­mie d’en­vi­ron 2 h 30. C’est peu, diront certains, chacun jugera suivant son utili­sa­tion. À voir dans le futur si Able­ton propo­sera une version basée sur une archi­tec­ture ARM, plus souvent utili­sée dans les appa­reils mobiles, car moins éner­gi­vore. Main­te­nant qu’Able­ton Live sous macOS est natif pour les plate­formes Apple Sili­con (ARM), on peut penser que cela reste du domaine du possible.

Une dernière chose inté­res­sante pour les utili­sa­teurs d’or­di­na­teurs : la version Stan­dard pourra être alimen­tée via le connec­teur USB-C et donc s’af­fran­chir de bloc secteur. Vu l’au­to­no­mie des MacBook récents, il sera préfé­rable d’op­ter pour un couple Push 3 Stan­dard + MacBook pour une auto­no­mie record.

Glis­san­dos et vibra­tos

IMG 0058(1)La deuxième grosse annonce du Push 3 est la compa­ti­bi­lité de la matrice de pads avec la norme MPE (MIDI Poly­pho­nic Expres­sion). Cette fonc­tion­na­lité peut paraître simple vu comme ça, mais elle implique de gros chan­ge­ments côté hard­ware. Chaque pad est désor­mais beau­coup plus sensible et peut réagir à la posi­tion de votre doigt sur les axes hori­zon­taux et verti­caux, en plus de l’axe de la profon­deur habi­tuel servant à l’af­ter­touch. Ainsi, suivant si vous posez votre doigt au milieu ou sur la partie haute ou basse d’un pad, un filtre ou n’im­porte quelle autre modu­la­tion peut se déclen­cher. De même, si vous posez votre doigt près des bords de gauche ou de droite du pad, la hauteur de la note peut être alté­rée, un peu plus haute ou un peu plus basse suivant la posi­tion. Nous avons donc deux dimen­sions expres­sives en plus par pad, car tous les pads sont complè­te­ment indé­pen­dants. En plaquant un accord, on peut donc acti­ver un filtre sur une seule note, ou encore enclen­cher un effet sur une autre.

Dans les faits, cela ajoute une expres­si­vité inéga­lable et le jeu sur pad n’a plus rien à voir avec le Push précé­dent. Des glis­san­dos sont aussi possibles entre deux pads situés sur la même ligne, le son étant tota­le­ment inin­ter­rompu pour un rendu parfait et une utili­sa­tion très natu­relle. Vous pour­rez aussi faire des glis­san­dos d’ac­cords, le mode diato­nique de Push 3 permet­tant d’en­chai­ner des accords mineurs vers majeurs ou inver­se­ment, et ce très faci­le­ment ! Les kits de batte­rie profitent aussi de cette avan­cée avec notam­ment des char­leys qui s’ouvrent plus ou moins suivant la posi­tion de notre doigt sur le pad, leur préci­sion étant assez éton­nante.

La seule réserve concerne les vibra­tos, qui ne sont pas évidents à exécu­ter et dont le résul­tat sonore reste peu natu­rel. Nous sommes loin d’un clavier comme l’Os­mose à ce niveau-là, la faute à des pads immo­biles là où une corde de violon, de guitare ou une touche d’Os­mose suit physique­ment le mouve­ment du musi­cien. On voit mal cepen­dant comment Able­ton aurait pu faire autre­ment, et les exemples manquent dans l’in­dus­trie, la marque étant la première à propo­ser une matrice de pads compa­tible MPE, rappe­lons-le.

Une autre remarque concerne le rela­tif manque de presets et instru­ments compa­tibles (Drift, Wave­table et Simpler) avec la norme MPE, même si cette tendance est géné­rale à l’in­dus­trie. Gageons que l’offre, grâce à des produits récents comme l’Os­mose ou le Push 3, se déve­loppe à l’ave­nir.

Un Push écolo ?

L’ul­time point fort de la commu­ni­ca­tion d’Able­ton concerne la répa­ra­bi­lité et l’évo­lu­ti­vité du produit. En effet, il est annoncé qu’une partie des pièces consti­tuant l’or­di­na­teur inté­gré, comme le proces­seur, la mémoire vive ou le système de stockage, pourra être rempla­cée faci­le­ment dans le futur par l’uti­li­sa­teur à l’aide d’un simple tour­ne­vis, que ce soit pour rempla­cer une pièce défaillante ou pour faire évoluer son bébé afin d’aug­men­ter le stockage ou la rapi­dité de calcul. Cerise sur le gâteau, les acqué­reurs de la version stan­dard pour faire évoluer leur Push 3 en version auto­nome à la fin de l’an­née pour une somme de 1000 €. C’est une excel­lente nouvelle pour les indé­cis ou pour celles et ceux qui sont dési­reux d’éche­lon­ner leurs dépenses.

On termine avec quelques infor­ma­tions inté­res­santes : les prises pour les pédales sont aussi compa­tibles CV/Gate, ce qui ravira les utili­sa­teurs de synthés modu­laires voulant mettre le Push 3 au cœur de leur système. Aussi la prise USB-A située à l’ar­rière pourra accueillir n’im­porte quel clavier contrô­leur afin d’avoir un « véri­table » clavier de piano à dispo­si­tion. Cette prise ne permet a priori pas (pour le moment) de bran­cher un SSD externe ou une clé USB, ce qui aurait auto­risé l’échange de fichiers entre deux Push sans avoir à passer par un ordi­na­teur.

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Notre avis : 9/10

Award Innovation
Innovation
Award
  • Un Push avec Ableton Live intégré complet et autonome !
  • La qualité et la précision des pads un gros cran au-dessus du Push 2
  • Le MPE sur tous les pads : incroyable mais vrai
  • Interface audio intégrée avec E/S ADAT
  • Les glissandos : un gros kiff !
  • Possibilité de brancher un clavier MIDI externe
  • Compatible CV/Gate
  • Possibilité de changer les composants dans le futur
  • Possibilité de passer une version normale en version standalone
  • Alimenté en USB-C quand branché à un ordinateur
  • Tout ce qu’on aimait déjà sur le Push 2 : le mode capture, l’ergonomie générale
  • Le vibrato des pads MPE est un peu décevant
  • Autonomie limitée (2h30)
  • La sortie casque peut manquer de puissance en live
  • Pèse son poids et chauffe les genoux
  • Pas de micro embarqué
  • Pas possible de brancher un SSD ou une clé USB externe
  • Pas tant de presets MPE avec les instruments compatibles
  • Version Intro de Live fournie, Standard et Suite payantes

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