Après l'ATOM, le contrôleur dédié au pilotage de la STAN du fabricant américain sorti il y a trois ans, Presonus nous propose l'ATOM SQ, vendu aux alentours de 239 €.

Extérieurement, l’ATOM SQ se présente comme un parallélépipède de 362 mm de large, 172 mm de profondeur et 25 mm de haut, pour un poids de 910 grammes. L’interface est composée de deux rangées de 16 pads RGB chacune, sensibles à la vélocité et à l’aftertouch polyphonique, avec à leur gauche des boutons « + » et « - » sensibles eux aussi à la pression. On trouve au-dessus des pads un ruban tactile horizontal. À gauche du ruban se situent les touches de transport surmontées par 8 boutons – A à H – servant suivant le cas à changer de banque de batterie ou bien d’octave pour le clavier de pads. À la droite du ruban tactile, on trouve des flèches de direction et une touche shift qui permettra d’accéder à des fonctionnalités alternatives. Au-dessus, nous découvrons un écran couleur de petite taille mais à l’affichage détaillé, avec deux rangées de 3 boutons chacune au-dessus et en dessous de lui, une rangée verticale de 4 boutons à sa gauche et deux boutons surmontés d’un potentiomètre sans fin cranté. C’est également dans cette partie de l’appareil que l’on trouve le bouton setup qui nous permet d’accéder à la configuration du contrôleur. Huit autres potentiomètres sans fin et non crantés quant à eux occupent la partie centrale supérieure de l’interface utilisateur. Et tout comme son prédécesseur, l’ATOM SQ dispose également d’une LED reprenant le logo de Studio One et qui s’éclaire en bleu lorsque l’appareil est relié à une STAN compatible et en vert lorsqu’il est en mode MIDI standard.
On sera heureux de constater qu’à l’instar de l’ATOM premier du nom, la fabrication intégralement en plastique de l’ATOM SQ ne trahit à première vue aucun défaut et dégage même une agréable sensation de qualité, principalement due aux potards bien ancrés sur leur axe et aux pads qui ne branlent pas dans leur embase.
Setup au top
Nous ne nous étendrons pas sur le menu de configuration intégré qui permet de régler la luminosité de l’écran ainsi que des LEDs des différents pads et boutons rétroéclairés, de régler la nature de l’aftertouch (éteint, mono ou polyphonique, ou encore s’il doit envoyer un message CC) ainsi que son seuil d’activation, de régler la sensibilité des pads à la vélocité, de définir si les boutons A-H doivent servir de sélecteurs de banque et d’octave ou plutôt envoyer des messages CC, de choisir entre les modes MCU, HUI ou tout simplement MIDI, de déclencher le mode « Mardi Gras » qui provoque l’illumination de toutes les LEDs de l’appareil, de revenir aux réglages par défaut ou encore d’afficher la version actuelle du firmware.
Tout cela, nous sommes bien heureux de savoir que nous pouvons y accéder via le bouton « Setup » en haut à droite, mais je sais que ce n’est pas ce qui vous intéresse le plus ! Passons donc aux choses sérieuses.
Un air de famille
Comme son prédécesseur, l’ATOM SQ est principalement destiné au contrôle de Studio One – la STAN de Presonus – et un peu plus accessoirement d’Ableton Live. Une configuration MIDI standard est également disponible mais offre par définition une intégration beaucoup moins poussée que les templates consacrés aux séquenceurs sus-cités.
Le travail avec le contrôleur va s’axer autour de quatre modes: « Song », « Instruments », « Editor » et « User », sur lesquels nous reviendrons en détail au fil de ce banc d’essai. L’activation de chacun de ces modes provoquera la mise à disposition de fonctionnalités spécifiques accessibles et réglables via l’écran et les commandes qui l’entourent, tout comme l’affectation des autres éléments de contrôle (pads et poussoirs) à des usages spécifiques à chacun de ces modes.
Mais trêve de généralités, voyons un peu plus en détail comment tout cela fonctionne !
Au zénith de MIDI
Avant de nous intéresser aux deux contextes d’utilisation pour lesquels l’ATOM SQ a été prévu – à savoir le pilotage de Studio One et d’Ableton Live – je vous propose d’explorer ensemble ce que l’appareil nous offre en termes de contrôles dans le cadre d’une utilisation MIDI standard.
Nous passerons rapidement sur le mode « Song » qui dans ce contexte n’offre que la possibilité d’assigner à des paramètres de notre choix les 6 boutons au-dessus et au-dessous de l’écran. Le mode instruments s’avère déjà plus riche. On peut en effet agencer les pads selon trois configurations distinctes – « blocks », « continuous » ou « key » – afin d’adapter au mieux leur configuration aux besoins de jeu. On accède également au réglage de la tessiture que l’on pourra déplacer par octave ou bien par pas individuel – ton ou demi-ton, selon la gamme que l’on aura désignée ici aussi. On pourra enfin choisir d’appliquer ou non la vélocité maximale aux pads. Ce qui s’avère bien plus intéressant, c’est que c’est également dans le mode « Song » que l’on agit sur l’arpégiateur intégré du SQ dans un contexte d’utilisation MIDI standard. Alors certes, cet arpégiateur ne propose rien de vraiment révolutionnaire, mais c’est toujours très agréable de trouver ce genre d’outil.
Et si l’éditeur américain propose un outil aussi complet pour le contrôle MIDI standard, qu’est-on en droit d’attendre lorsqu’il s’agit de piloter la STAN pour laquelle l’ATOM SQ a été spécifiquement développé?
Avec le Studio premier du nom ?
Laissez-moi vous donner la réponse : on peut s’attendre à un sacré paquet de fonctionnalités ! Ainsi dans le template dédié à Studio One, le mode « Song » permet de gérer tous les paramètres généraux associés au pilotage de la STAN, comme la gestion du tempo, la sélection d’une zone pour le bouclage, l’addition de marqueurs et la possibilité de naviguer entre eux. Contrairement à l’ATOM « non-SQ », on peut maintenant afficher l’inspecteur de piste ainsi que la console de mixage et piloter différents éléments de cette dernière (volume, solo, mute et rec) piste par piste via les fonctionnalités par défaut. Dans ce template, la touche A permet de simuler l’utilisation d’une pédale, alors que les touches B à H permettent de transposer les pads par octave. On a aussi le plaisir de découvrir que Presonus tire pleinement partie des 8 potards présents. En effet lorsque le focus du Control Link n’est pas associé à un plug-in en particulier mais à l’ensemble du projet, Presonus a programmé par défaut toute une série de fonctionnalités très pratiques pour ces boutons rotatifs.
On accède également dans le mode « Song » au browser d’effet, ce qui marque une différence avec l’ATOM premier du nom qui ne permettait d’ouvrir que le browser d’instruments. Ce mode permet également d’ouvrir tous les effets d’insert de chaque piste, de les sélectionner individuellement et d’agir sur un certain nombre de paramètres prédéfinis via les potards, des affectations que l’on pourra bien entendu modifier à sa guise grâce au Control Link. Pour ce qui est du choix des presets, celui-ci se fait également directement à partir du SQ. Le browser instruments est ici accessible via le mode du même nom. On bénéficie pour les instruments des mêmes possibilités d’action que pour les effets. Par rapport à l’ATOM premier du nom, on gagne également la possibilité d’accéder directement aux effets MIDI tels que l’arpégiateur de Studio One ou le générateur d’accords. En parlant d’effets MIDI, le Note Repeat peut lui aussi être paramétré ici, avec des cadences rythmiques allant de la blanche à la quadruple-croche, en binaire et en ternaire, une longueur de note modifiable et la possibilité d’affecter l’aftertouch à la vélocité des notes maintenues afin de créer des accentuations lors de la répétition.
On pourra en revanche être un peu surpris de trouver dans cette même section des fonctions que l’on aurait plutôt attendu au sein du segment « Song », telles que la possibilité d’ajouter une séquence ou bien un clip et d’en ajuster la longueur. Mais peu importe où sont situées ces fonctions, l’essentiel étant surtout qu’elles soient présentes! Et puisque l’on évoque les séquences et les clips, c’est via le mode editor que les événements qu’ils contiennent peuvent être manipulés. L’ATOM SQ permet de sélectionner les événements contenus dans un clip, de les quantiser, d’activer ou de désactiver le magnétisme de la grille de quantification ainsi que de définir la résolution de cette dernière. On peut bien sûr également modifier la hauteur des événements concernés ainsi que leur vélocité et les déplacer latéralement pour corriger une erreur rythmique ou assouplir la rigueur de la quantisation. D’ailleurs, ceci peut également être obtenu de manière automatique grâce à la fonction « Humanize ». Enfin on pourra découper les événements MIDI en autant de subdivisions de la grille que l’on souhaite, les étendre ou les répéter jusqu’à la fin du clip ou encore dispatcher l’ensemble des événements d’un clip sur autant de nouvelles pistes MIDI que nécessaire.
Nous avions déjà souligné dans notre banc d’essai du modèle précédent qu’il était possible de réaliser dans Studio One une maquette simple en se servant quasi exclusivement du contrôleur et en ne recourant à la souris qu’en de rares moments. On peut dire qu’avec l’ATOM SQ, à la fois ces moments se sont faits encore plus rares, mais surtout on peut être beaucoup plus ambitieux dans le type de travail que l’on pourra effectuer avec ce contrôleur. L’intégration du SQ avec la STAN de Presonus s’avère donc une réussite complète. Il est donc temps de nous intéresser à la manière dont le contrôleur échange avec l’autre STAN pour laquelle il est prévu: Ableton Live.
Et pour Live ?
Mais si l’on perd en nombre de fonctionnalités par rapport à ce qui nous est proposé dans le template de Studio One, on en gagne par ailleurs certaines spécifiques à la STAN d’Ableton. Par exemple, les deux lignes de pads se transforment dans le mode « Song » du template Ableton en une mini-matrice dont la ligne supérieure est dédiée au lancement de clips et celle du bas au choix la sélection de pistes ou à l’arrêt de clips. Une autre fonction spécifique de Live pilotée par l’ATOM SQ est le crossfade, qui est ici pris en charge par le touch strip. Les touches A, B, D et H permettent d’alterner entre les deux fameuses vues « session » et « arrangement », d’ouvrir le browser (mais sans sélectionner d’élément), d’afficher les détails de pistes et d’alterner entre l’affichage de ces derniers et l’affichage du contenu des clips. Enfin, l’écran et les boutons qui l’entourent permettent de naviguer entre les pistes et d’accéder à toutes les fonctionnalités standard les concernant (armement, solo, etc.), ainsi que le lancement de scène et l’arrêt de clips. Cette fonction faisant doublon avec celle associée aux pads, on peut choisir de se constituer la configuration que l’on jugera la plus appropriée. On appréciera particulièrement plusieurs choses dans ce mode. Tout d’abord, les potards pilotent pour chaque piste non seulement le volume et le panoramique, mais également les envois jusqu’à 6 pistes auxiliaires. Ensuite, le potard à droite de l’écran permet de déplacer librement le curseur de lecture de Live. Et enfin, on peut activer la fonction de capture MIDI si pratique de Live.
En mode Instrument, on retrouve des fonctionnalités identiques ou proches de celles du template de contrôle MIDI standard en ce qui concerne les pads: on peut ainsi choisir la gamme ou le mode utilisés ainsi que leur tonique, les trois mêmes agencements de pads ainsi que les mêmes possibilités de transposition et de gestion de la vélocité. Enfin, on retrouve ici également l’arpégiateur mentionné en début d’article.
Mais ce sont au niveau des deux modes suivants que les différences d’avec le template dédié à Studio One se font les plus marquantes. Ici en effet le mode « Editor » ne permet pas du tout d’agir sur les événements des clips, mais uniquement de naviguer entre les plug-ins d’une piste et de contrôler leurs paramètres associés au système de macros de Live. Le mode « User » quant à lui se différencie de son équivalent « Studio One » en ceci que ce ne sont plus ici les boutons d’écran que l’on affecte librement, mais les potards rotatifs, selon six banques, autorisant donc le pilotage de 48 paramètres.
Conclusion
Donc oui, je le dis encore une fois, le template réservé à Ableton Live est moins complet que celui dédié à Studio One. Certes, et alors? L’ATOM SQ a beau disposer d’un template pour la STAN berlinoise ainsi que d’un système de contrôle MIDI standard, c’est quand même principalement de la la STAN de Presonus qu’il tire son ADN. L’intégration du contrôleur avec Studio One est de telle qualité qu’elle rend pour le coup l’usage de la souris réellement superflu dans 90 % des cas, presque à la mesure d’un Push (j’ai dit presque!). Au tarif auquel l’ATOM SQ est vendu, les aficionados de Studio One n’ont aucune excuse de s’en passer, et ceux qui souhaiteraient s’initier à la STAN de Presonus bénéficient en plus d’une licence « Artist » du logiciel livrée avec l’appareil.