Papa du célébrissime Big Knob, Mackie décline son contrôleur de monitoring fétiche en trois nouvelles versions pour répondre à tous les besoins, dont ce Big Knob Passive situé en entrée de gamme.
Si le Big Knob est devenu un vrai classique qu’on retrouve dans plus d’un studio, le célèbre contrôleur de monitoring de Mackie n’est dans doute pas aussi pertinent dans le contexte du home studio où sa débauche de fonctions et de connecteurs trouve rarement une utilité. Ce n’est pas pour autant que les home studistes n’ont pas de besoin en la matière, car la plupart des interfaces audio comme des enceintes ne proposent pas de solution réellement ergonomique pour piloter le volume d’écoute. Aussi fallait-il imaginer un appareil plus simple ciblant des besoins plus modestes, pour un budget plus serré également. Comprenant cela, un certain nombre de constructeurs ont développé des contrôleurs d’entrée de gamme, parmi lesquels on compte notamment SM Pro Audio (racheté depuis par JBL), Behringer, Fostex et Palmer, dont les deux Monicon nous ont bien plu.
Mackie ne pouvait décemment pas laisser tout ce petit monde se développer sans ajouter son grain de sel, et c’est la raison pour laquelle trois nouveaux Big Knob viennent rejoindre le modèle original dans le catalogue de l’éditeur, dont le petit Big Knob Passive qui nous occupe ici.
Un potard sur un tank
Proposé aux alentours de 80 euros, le Big Knob Passive est donc le modèle le moins cher de la gamme et joue forcément sur son air de famille avec son glorieux aîné en arborant le même gros potard argenté, et les mêmes nuances de noir et de gris pour l’habillage de l’appareil ou de blanc pour les sérigraphies qui s’avèrent parfaitement lisibles. Si ce look austère ne surprend pas ni ne fait spécialement rêver, on est en revanche agréablement surpris par la richesse fonctionnelle de l’engin en regard de ce que propose la concurrence au même prix. En plus du gros potard de volume et des boutons Mono (pour passer le signal stéréo en Mono) et Mute (pour couper le son), on dispose ainsi d’un bouton DIM (pour atténuer le signal de xx dB), mais surtout d’un Source Select et d’un Monitor Select. De fait, le Big Knob Passive permet de gérer deux sources audio stéréo en entrée et deux systèmes d’écoute stéréo en sortie, ce qu’aucun concurrent n’est jusqu’ici parvenu à proposer à ce prix.
De ce fait, on retrouve en face arrière deux paires d’entrées et deux paires de sorties aux formats Jack 6,35, lesquelles peuvent être symétriques ou asymétriques. D’aucuns auraient sans doute préféré du XLR, mais le choix du Jack présente l’avantage d’une plus grande universalité en même temps qu’il permet de gagner de la place. Soulignons qu’on dispose enfin pour l’entrée B d’un connecteur mini-jack, ce qui sera bien pratique pour brancher un baladeur MP3. C’est tellement pertinent qu’on aurait adoré disposer de la même chose pour les sorties, mais Mackie n’a pas jugé utile de le proposer : dommage.
C’est toutefois un bien petit reproche à adresser à ce Big Knob Passive qui met en confiance dès le départ. Disposés sur un pan incliné, la grosse molette est agréable à tourner et les boutons, suffisamment gros et espacés, offrent une réponse franche. Que ce soit sur ces contrôles ou sur les connecteurs, on n’observe surtout aucun jeu tandis que l’usage de métal pour l’intégralité du boîtier achève de nous rassurer et confère un bon poids à l’appareil.
Avec ses 1,1 Kg sur la balance pour une taille de 13,5 × 13,8 et une hauteur max de 7,5 cm, ce nouveau Knob est du genre petit trapu qui ne bougera pas une fois posé sur le bureau, d’autant que quatre larges patins en caoutchouc l’empêchent de déraper. Sur la boîte, Mackie précise « Sturdy « Build-like-a-tank » Design » : on ne peut qu’être d’accord, au point d’ailleurs qu’on pourrait tout à fait utiliser ce Big Knob Passive pour tuer le Colonel Moutarde ou Madame Pervenche dans la véranda….
Pas si sif que ça ?
Comme l’indique le nom du produit, ce petit Big Knob est passif, c’est-à-dire qu’il ne comporte aucun circuit d’amplification. L’appareil n’est donc qu’un atténuateur de volume et vous n’êtes à plein volume que lorsqu’il est à fond. Si ce choix technique présente forcément des limitations (pas de préampli casque embarqué ou de talk back par exemple), il permet au Big Knob Passive de fonctionner sans aucune alimentation électrique et garantit a priori un plus grand respect des signaux que vous lui confiez, sachant qu’un circuit actif a toujours plus de chance de colorer le signal. C’est aussi ce qui permet au Big Knob Passive d’être à ce prix, un modèle passif étant en général moins cher à construire qu’un modèle actif.
Reste à voir ce que vaut notre ami sur le terrain, en commençant par un petit benchmark réalisé avec notre Audio Precision APx515.
Première surprise : même en mettant le potard à fond, l’appareil atténue le signal de plus de 7 dB alors qu’on s’attendrait à une atténuation de 0 dB. Contacté sur ce point, Mackie précise que cette perte de niveau peut s’expliquer par l’impédance des sources et par le fait que le constructeur a disposé un filtre passe-bas sur les très hautes fréquences de chacune des entrées pour éviter les perturbations radio. Même si ces explications ne sont pas forcément convaincantes vu que le Monicon L de Palmer n’a pas rencontré ce problème avec les mêmes signaux utilisés lors du même benchmark, soulignons que ce défaut n’a rien de rédhibitoire dans la mesure où l’on utilise rarement ses enceintes à fond.
L’autre petite déconvenue concerne la mesure de la diaphonie, appelée crosstalk en anglais et qui désigne la perméabilité qui existe entre les canaux droit et gauche (quelle quantité du signal de gauche se retrouve à droite et vice et versa) et qui s’avère là encore sensiblement plus élevée que sur le Monicon L à niveau égal. À défaut de pouvoir mesurer tout cela à 0 dB à cause du précédent problème et de pouvoir refaire des mesures avec le Monicon L dont nous ne disposons plus, voici ce que l’on obtient à –16 dB sur les deux appareils :
En revanche, il n’y a rien à redire du côté du taux de distorsion harmonique qui s’avère excellent à –8dB (sous la barre des 0,0005 %) ou à –16dB (sous la barre des 0,0008 %), à apprécier en regard des 0,03 % obtenus même à 0dB par le PreSonus Monitor Station. Le Big Knob Passive obtient aussi d’excellents résultats sur le plan de la déviation à –8dB (±0,025 dB) comme à –16dB (±0,078 dB).
Bref, le bilan est très positif, sachant que si le Monicon L de Palmer fait mieux sur la diaphonie, il coûte aussi deux fois plus cher. Ne l’oublions pas.
À l’usage, le Big Knob Passive s’est surtout révélé très agréable à utiliser, ne provoquant aucune mauvaise surprise : pas de clic lors du passage d’une écoute ou d’une source à l’autre, pas de parasite lors de la manipulation de la molette, et des boutons Mono, Mute et DIM parfaitement conforme aux attentes. Et bien évidemment, Il amène bien plus de confort au quotidien.
Conclusion
Même si l’atténuation de 7dB en position maximale demeure étonnante et que les performances en termes de diaphonie ne sont pas aussi bonnes que chez les concurrents, ce qui pourra refroidir les plus exigeants, ce Big Knob Passive tient l’ensemble de ses promesses en proposant un taux de distorsion et une déviation exemplaires. Bien construit et bien pensé, il propose surtout des fonctionnalités inédites dans cette gamme de prix. À 80 euros, il est en effet le seul à gérer deux entrées et deux sorties, ce qui pourra s’avérer pratique pour ceux qui disposent de deux paires d’enceintes (toujours utile pour vérifier ses mixes, quelles que soient les deux paires en question : studio, hi-fi ou multimédia) ou qui veulent avoir un usage plus généraliste de leur système d’écoute (écouter de la musique, sonoriser une télé ou une console, etc.) et semble construit pour durer. Il y a certes mieux, notamment chez Mackie, mais c’est plus cher. Chacun verra donc midi à sa porte en fonction de son budget, de ses besoins et de ses exigences, mais il ne fait aucun doute qu’à ce prix, ce petit Big Knob devrait connaître un beau succès.