Dans le secteur des contrôleurs de monitoring un peu avancés (comprenez : un peu plus qu’un potard de volume) au format desktop, l’offre aux alentours des 300 € n’est pas pléthorique : Mackie et PreSonus se disputent le marché avec leur Big Knob et Monitor Station depuis quelques années maintenant. Alors, quand l'un des deux acteurs met à jour son contrôleur, on veut voir ça de plus près…
Quand on relie son interface audio directement à ses enceintes de monitoring, on peut manquer de plusieurs choses, à commencer par un potard de volume si on joue de malchance et que, ni notre interface, ni nos enceintes n’en possèdent. On peut aussi vouloir brancher plusieurs sources sur ses enceintes, en plus de son interface audio, comme un lecteur CD ou un iPhone. On peut aussi manquer de sorties casques, car généralement nos interfaces en possèdent une, au mieux deux, et quand on est tout un groupe, ce n’est pas assez.
Un contrôleur de monitoring peut combler tous ces manques, et même un peu plus… Alors que nous propose ce Monitor Station v2 ? C’est ce que nous allons voir.
N’ayant pas testé à l’époque de sa sortie le premier Monitor Station, nous allons faire un test complet de cette deuxième version et ne pas nous arrêter aux seules nouveautés.
La boîte noire
Le Monitor Station pourrait ressembler à première vue à une super interface audio de type desktop : il y a plein de boutons, des entrées et sorties… Sauf qu’il n’y a évidement aucune prise USB, Thunderbolt ou FireWire. Vous brancherez donc le boitier entre votre interface audio et vos enceintes : son rôle sera de gérer plusieurs sources et de les envoyer vers différentes destinations, tel un système d’aiguillage.
Ses dimensions sont de 63,5 mm x 216 mm x 228,6 mm pour 2,72 kg sur la balance, de quoi bien tenir en place. Ça prend une certaine place sur votre bureau, surtout si votre interface audio est déjà au format desktop, mais c’est pour la bonne cause : il faut bien les caser quelque part les potards et les entrées/sorties !
Le tout l’air assez robuste : les potards offrent une bonne résistance, même si on aurait aimé que certains soient plus grands, comme le potard de volume principal, par exemple. Les boutons en caoutchouc s’illuminent quand on appuie dessus, ce qui est très pratique à l’usage. Le look est assez sobre, avec sa robe noire, la version 2 est définitivement plus passe-partout que la première du nom, ce qui est plutôt une bonne chose.
Regardons maintenant ce qu’on peut brancher dessus…
Ça rentre, ça sort
À l’arrière, on retrouve le switch de mise sous tension, et la connectique. Du côté des entrées, on retrouve les deux sources principales ST1 et ST2 au format Jack TRS : on y branchera les sorties de votre interface audio. On voit aussi l’entrée AUX au format RCA, mais aussi mini-jack, ce qui est plutôt cool pour brancher un baladeur ou smartphone. L’entrée numérique S/PDIF est au format coaxial, mais il faudra choisir entre l’AUX et la S/PDIF via un bouton : impossible d’écouter les deux en même temps.
Concernant les sorties, on retrouve les trois paires stéréo au format TRS pour envoyer aux éventuelles trois paires d’enceintes. Les boutons de volume pour régler le niveau de sortie de chaque paire d’enceintes se retrouvent aussi derrière, ce qui est une bonne idée, car une fois réglés, généralement on n’y retouche pas. On retrouve aussi deux paires de sorties stéréo au niveau ligne et format TRS, pour envoyer vers un éventuel ampli casque si les 4 sorties disponibles ne sont pas suffisantes. La première « Main » enverra le signal principal sélectionné sur le Monitor Station, alors que la seconde sortie s’occupera du signal « Cue » que l’on pourra aussi choisir directement sur l’engin.
Il n’y a donc aucun connecteur XLR, car ça prend forcément plus de place qu’un Jack TRS, et l’entrée phono a disparu. Dommage pour ceux qui ont une platine vinyle !
Ça appuie, ça tourne
Sur le dessus du Monitor Station, on accède aux boutons et potards. La partie supérieure est réservée aux casques et à la sortie « Cue ». On pourra sélectionner la source de ce qu’on enverra aux casques et à la sortie Cue : ST1, ST2 ou AUX. Pour chacun des casques, on disposera d’un bouton de volume et d’un bouton de type « toggle » afin de choisir entre la source Main ou Cue. On ne sera donc pas obligé d’envoyer la même chose à tous les casques : plutôt cool. Il est d’ailleurs à noter que la réserve de puissance des sorties casques est largement suffisante pour tous types de casques, même ceux ayant une haute impédance. Enfin, un potard Cue Output règlera le niveau de la sortie Cue située à l’arrière du Monitor Station.
À gauche de la partie inférieure, on accède aux réglages dédiés à l’entrée auxiliaire. On pourra choisir entre l’entrée analogique RCA/mini-jack ou numérique S/PDIF, et il sera donc impossible d’écouter les deux en même temps. Un potard se chargera du volume de ces dernières, afin d’homogénéiser avec les autres entrées.
Enfin, la dernière partie située en bas à droite contrôlera ce que l’on enverra, notamment aux enceintes. On choisira la ou les sources pour le circuit principal Main : ST1, ST2, et AUX. D’usine, il est possible de faire une sommation des trois sources, mais l’utilisateur pourra changer ce mode de fonctionnement après une simple manipulation (laisser une touche appuyée tout en allumant la machine) afin que les trois sources basculent entre elles (mode toggle) : on ne pourra alors écouter qu’une seule source à la fois, mais une seule touche de bouton suffira pour passer de l’une à l’autre. C’est ce mode-là que nous utiliserons pour comparer rapidement deux sources, par exemple.
Juste au-dessus du potard de volume principal se situent deux rangées de LEDs afin d’apprécier le niveau de ce qui rentre. Toujours via une simple manipulation, il sera possible de calibrer son Monitor Station avec le matériel de son home-studio. Par défaut le 0 VU est fixé à + 10 dBu.
Les trois touches pour sélectionner les paires d’enceintes fonctionnent de la même manière que les sources, et il sera aussi possible de passer du mode toggle (exclusif) à un mode non exclusif via un reboot et en maintenant une certaine touche : la notice utilisateur en français l’explique très bien.
Enfin, on termine avec les commandes principales, et aucune ne manque à l’appel : mono (qui peut aussi agir sur les casques si ces derniers sont sur le circuit Main), Mute, Dim (avec un potard permettant de doser la diminution de volume) et Talk pour activer le talkback avec son potard de niveau associé. Il est à noter que le bouton talk active automatiquement le Dim, ce qui est une bonne chose : quand on veut parler à quelqu’un via le circuit de Talkback, on veut aussi baisser le niveau de la musique.
Nos différences
À l’utilisation, le Monitor Station s’est révélé être très agréable, même si nous aurions aimé avoir un potard de volume un peut plus gros, histoire d’avoir un meilleur feeling. Les observateurs remarqueront que l’entrée phono a disparu depuis la v1 et que son concurrent Big Knob de chez Mackie en propose une. De plus, l’entrée micro pour le talkback a elle aussi disparu, même si nous pensons que le micro intégré fait très bien l’affaire pour du talkback. Les nouveautés nous paraissent en revanche très bien venues, comme l’entrée mini-jack, les potards de volume pour les enceintes placées à l’arrière afin de prévenir des dé-réglages intempestifs, et surtout l’entrée S/PDIF.
Par rapport au Big Knob de Mackie, le Monitor Station possède moins de sorties et entrées ligne, n’a pas de prise footswitch pour le talkback et n’a pas d’entrée phono. En revanche le Monitor Station a pour lui l’entrée S/PDIF, deux sorties casques en plus, des vumètres, et surtout ne souffre pas des défauts du Big Knob relevés par certains utilisateurs : talkback qui n’enclenche pas le Dim, ou encore le bouton mono qui ne peut pas affecter les sorties casques.
Donc à moins que vous ayez absolument besoin des entrées/sorties lignes supplémentaires ou que vous ayez une platine vinyle, nous vous conseillons de choisir le Monitor Station v2.
Et le son dans tout ça ?
Afin de bien vérifier que le Monitor Station v2 n’altère pas le son qu’on lui envoie, nous avons fait des benchmarks avec notre Audio Precision APx515. Voici les résultats :
Benchmark Déviation
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Benchmark THD Ratio
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Avec une déviation de 0,123 dB, le Monitor station v2 obtient un bon résultat, avec un signal qui s’atténue très légèrement aux deux extrémités, mais rien d’anormal ici. Cela nous semble en phase avec le prix de la bête. Du côté de la distorsion, on navigue entre 0,005 et 0,05 %, ce qui est aussi tout à fait honnête dans cette fourchette de prix et du niveau d’une bonne interface audio pour home-studiste. Rien à signaler donc du côté de la transparence.
Conclusion
Le Monitor Station revient, et apporte avec lui une nouvelle entrée S/PDIF, optimise certaines choses (potards de niveau des enceintes à l’arrière), et surtout garde les qualités qu’on lui connait. Il a en revanche perdu l’entrée phono en chemin, donc si vous possédez la première version et que l’entrée S/PDIF ne vous intéresse pas et/ou que vous avez besoin d’une entrée phono, vous pouvez rester avec votre bon vieux compagnon. Si vous cherchez un contrôleur de monitoring un peu avancé et avec circuit de talkback pour 300 €, le Monitor Station reste un incontournable sur le marché.