Adam Audio anime et bouscule le marché des moniteurs de studio depuis quelques années : après avoir lancé la grande mode des systèmes de corrections intégrés, pionniers de la toute-puissance du DSP, la marque allemande s'attaque à l'autre tendance du moment, la miniaturisation.
Un design pensé pour le bureau : compact et fonctionnel
Adam se lance dans le nouveau marché florissant des moniteurs de bureau, ces toutes petites paires d’enceintes amplifiées qu’on peut poser sur la même table qu’un ordinateur portable, installer en quelques minutes et transporter avec facilité. Jusqu’ici, les plus petits modèles de la marque étaient probablement les A4V qui, bien que de taille réduite, restent des moniteurs de studio assez classiques. Avec ce nouveau système D3V, qui est vendu comme un ensemble, car les deux moniteurs ne sont pas indépendants l’un de l’autre, Adam Audio investit une nouvelle gamme dite « Desktop ». On avait testé des produits comparables chez KRK par exemple, avec GoAux4, ou encore chez PreSonus avec Eris 3.5… IK Multimedia est aussi une marque bien positionnée sur ce marché, avec ses iLoud Micro Monitor, dont on va vous reparler très bientôt. Pour rappel, Adam est un constructeur berlinois spécialisé dans le monitoring de studio depuis 1999 et auteur notamment du modèle best-seller A7X. La paire D3V est vendue autour de 330 €, ce qui est légèrement plus cher que les paires des autres marques citées précédemment.
Déballage et caractéristiques des Adam Audio D3V
On déballe donc les deux moniteurs de leur unique carton et on retrouve l’allure caractéristique de chez Adam. Le modèle qu’on a reçu est noir, mais la paire existe aussi en blanc. L’ensemble est très léger, 3,58 kg au total, et les dimensions réduites : 200 mm x 115 mm x 150 mm pour chaque boîte, qu’on peut aisément prendre à une main. À l’image d’autres systèmes compacts que nous avions pu tester, une seule des enceintes, la gauche, reçoit l’alimentation électrique, mais aussi les entrées audio. C’est sur cette enceinte qu’on trouve également l’ensemble des contrôles et des réglages. Les enceintes ont deux voies, un tweeter à ruban D-ART, spécialité et grande fierté de la marque, et un haut-parleur 3,5 pouces en aluminium. Ce fameux tweeter, c’est la signature visuelle et sonore de chez Adam qui rend leurs modèles reconnaissables entre tous. Les côtés des moniteurs sont exploités, puisque s’y trouvent des « radiateurs », membranes passives ayant pour vocation de renforcer les fréquences graves.
Cette petite paire offre deux possibilités pratiques pour leur disposition : pour une utilisation sur le bureau, les moniteurs sont accompagnés de petits socles, dans lesquels ils s’emboîtent, qui permettent de les incliner de 15 degrés vers le haut, tout en les isolant légèrement de la surface sur laquelle ils reposent. Autre possibilité très bienvenue, chaque moniteur a dans sa surface inférieure un insert fileté permettant de le fixer tout simplement sur un pied de micro classique, comme on en trouve dans tous les studios ou salles de répétition. Le système de monitoring D3V s’adresse de manière évidente à des producteurs de musique en recherche d’une installation minimaliste, mobile, pour une utilisation en dehors du studio. Dans cette idée, en plus des classiques connectiques analogiques pour recevoir du son depuis des convertisseurs ou une console, le moniteur de gauche peut également recevoir un signal numérique, en USB-C, directement depuis un ordinateur portable, par exemple. Adam ayant largement investi le domaine du DSP et du réglage numérique dans ses séries plus haut de gamme, on s’attendait encore à ce que ce soit le cas ici. Cette fois, c’est un peu moins sophistiqué, avec l’absence de logiciel dédié pour un contrôle avancé, mais on a tout de même accès à un certain nombre de préréglages, principalement liés à la pièce et à la disposition des moniteurs.
Sur le panneau arrière de l’enceinte gauche, on trouve trois petits sélecteurs en haut. Celui de droite propose trois options, en fonction de l’acoustique de la pièce : traitée, modérément traitée ou non traitée. Le suivant concerne le support bureau sur lequel les enceintes peuvent être posées ou non, sa taille le cas échéant, et enfin, le sélecteur de gauche concerne le positionnement des moniteurs dans la pièce, leur éventuelle proximité avec un mur ou un angle. En fonction des options sélectionnées, des préréglages d’égalisations vont être appliqués pour compenser les effets indésirables de l’acoustique de l’espace dans lequel le système D3V est utilisé. La documentation fournie par Adam montre assez clairement, avec des représentations graphiques, les filtres qui sont appliqués pour chaque réglage. Le filtre nommé Room agit légèrement sur les fréquences aiguës, autour de 7 kHz, puis un peu plus au-delà de 10 kHz, les diminuant de 1,5 dB ou 3 dB environ si la pièce est modérément ou non traitée. Les égalisations proposées pour le Desk creusent des bandes de fréquences médiums : deux légers retraits autour de 350 Hz et de 1,1 kHz dans le cas d’un petit bureau, deux retraits plus conséquents pour un large bureau, de plus de 5 dB autour de 200 Hz et de 3 dB à peu près autour de 1050 Hz. Enfin, le filtre lié à la Position consiste en un classique shelf pour les fréquences graves, qui agit très haut : progressivement à partir de 600 Hz, et assez franchement en dessous de 200 Hz. La soustraction à 100 Hz est d’environ 3 dB pour la position Wall et 6 dB pour la position Corner.
Pour poursuivre sur le panneau arrière, on y trouve la prise d’alimentation, les connectiques d’entrée en Jack TRS ou en numérique USB-C, ainsi qu’une prise à 4 broches pour le câble spécifique dédié à l’envoi du canal droit vers son enceinte, depuis le moniteur gauche. Ce câble est évidemment livré avec le système, ainsi que le transformateur d’alimentation vers une entrée en 24 V et un câble USB pour connecter directement une source numérique au D3V. La marque a même pensé à ajouter un petit adaptateur USB C/USB A, ce qui est assez appréciable. Toujours sur le moniteur de gauche, on trouve sur le panneau avant un voyant lumineux qui nous indique quand le système est annulé, un rotatif de volume à la course non crantée et aux valeurs non mesurées, indiquées par des points, et enfin une prise casque en Jack 3,5 mm. Le casque branché se présente comme une alternative aux moniteurs qui seront alors muets. L’amplification proposée pour cette prise casque a pour particularité de générer beaucoup de graves, ce qui peut être vu comme une proposition complémentaire intéressante à ce très petit système ; en tout cas, il faut l’avoir en tête quand on connecte son casque de référence.
Une solution mobile pour les producteurs en déplacement
Soyons clairs, cette paire de moniteurs n’a pas vocation à être utilisée dans un gros studio, ni à être comparée à des moniteurs de mixage professionnels. Il s’agit plutôt d’un système qu’un producteur pourrait emporter avec lui sur la route, installer rapidement là où il se trouve, pour composer ou arranger. On peut également l’imaginer chez des musiciens amateurs qui travaillent dans leur chambre ou dans un coin du salon. On va donc tester le D3V pour ce qu’il doit faire, dans le salon plutôt que dans le studio, posé sur la table à manger et connecté directement en numérique depuis un ordinateur portable.
Test sonore avec « 15 Step » de Radiohead : performances en situation
Sur ce morceau, qui nous sert régulièrement de référence pour écouter de nouveaux systèmes, on va essayer de trouver le réglage adéquat et jauger la pertinence de ces petites boîtes. On perçoit assez rapidement les limites du système, qui en a forcément par sa dimension, mais le dosage des fréquences graves et des bas médiums est plutôt honorable. On est donc dans une pièce non traitée, la consigne serait d’appliquer le filtre prévu à cet effet, qui baisse les fréquences aiguës, mais on n’a pas vraiment le sentiment que c’est la bonne direction : les moniteurs nous semblent déjà manquer légèrement d’ouverture, et les transitoires ne sont pas aussi saillantes qu’à notre habitude sur ce titre. On écoute tout de même le filtre, on confirme qu’on n’a aucune envie de le laisser au plus bas, et on hésitera probablement en fonction de la pièce entre la position intermédiaire et la courbe naturelle. Évidemment, chaque pièce non traitée aura par définition ses caractéristiques, donc le filtre ne répondra pas à toutes les situations. Les moniteurs étant posés sur une table, on essaie le filtre médium prévu pour limiter les bandes de fréquences habituellement amplifiées par le plan de travail.
Analyse sonore avec « Alright » de Kendrick Lamar : les limites basses
Les fréquences médiums sont effectivement un peu denses dans cette disposition, et on est en droit de vouloir les limiter. Le premier niveau du filtre convient assez bien et on gagne en homogénéité. Le second niveau, qui correspond au « Large » bureau nous convainc moins, car on perd un peu la substance de la voix, qui nous plaisait bien sur ces deux premières écoutes. Sur ce titre, on se rend bien compte des limites de ce petit système dans les graves : la ligne de basse est assez disjointe, clairement dissociée du reste de l’arrangement, et, dans cette écoute, on perd les notes les plus basses. On est obligé de poser les mains ou les coudes sur la table pour les ressentir un peu plus. On voit bien, pourtant, les radiateurs latéraux se démener, mais, pour certaines fréquences, il vaudra mieux brancher le casque. Vous l’aurez compris, on ne va pas avoir besoin d’utiliser le troisième filtre qui baisse les fréquences graves dans les grandes largeurs, mais cela ne veut en aucun cas dire qu’il n’est pas utile… Pour l’avoir testé, on peut vous dire qu’il est très efficace, et en fonction de la disposition puis de l’acoustique de la pièce, il pourra probablement répondre à certains besoins.
Performance des Adam D3V sur « Teardrop » de Massive Attack
De la même manière que pour les autres morceaux écoutés, la présence de la voix est très plaisante. L’image stéréo est précise, et le mixage de ce morceau en joue assez largement. Sur le plan de la profondeur, en revanche, c’est un peu plus limité, comme on pouvait s’y attendre. Il y a encore un petit surplus dans le médium, mais, franchement, pour la catégorie dans laquelle boxent les D3V, la réponse en fréquences est plutôt satisfaisante.
Test en studio : les Adam D3V dans un environnement contrôlé
Pour aller au bout du test et s’assurer une écoute plus précise, on installe cette fois les moniteurs dans le studio, donc une pièce traitée et relativement neutre, sur des pieds de micros à bonne distance de tout mur ou angle. Première remarque, cette possibilité d’installation est très pratique : en se projetant dans une régie mobile, qui doit être installée et rangée rapidement, c’est une solution vraiment intéressante pour placer de manière optimale les moniteurs dans une pièce. On peut ainsi comparer le D3V avec nos écoutes de référence, dont des A7X pour rester chez Adam. Nos impressions sont confirmées, notamment les limites évidentes dans les fréquences basses, tout à fait logiques au vu du format. On retrouve dans les aigus une vraie signature de la marque, des transitoires qui ne sont pas aussi saillants que ce dont on a l’habitude avec d’autres moniteurs (on utilise très souvent des Genelec et des Neumann pour situer la comparaison). La présence et la substance des voix est toujours assez séduisante, de même que l’image stéréo.
FAQ
1. Les Adam Audio D3V sont-elles adaptées au mixage professionnel ?
Non, ces moniteurs sont conçus pour une utilisation mobile ou dans des espaces réduits. Pour le mixage professionnel, mieux vaut opter pour des modèles plus grands comme les Adam A7X.
2. Quels types de connectiques sont disponibles sur les D3V ?
Les moniteurs disposent de connexions analogiques (Jack TRS) et numériques via USB-C, ce qui les rend compatibles avec des ordinateurs portables.
3. Les Adam D3V incluent-elles un logiciel de réglages ?
Non, elles proposent des préréglages physiques sur l’enceinte pour s’adapter à l’acoustique et à la disposition de la pièce.
4. Les Adam D3V sont-elles compatibles avec un pied de micro ?
Oui, elles disposent d’un filetage compatible avec les pieds de micro classiques.
5. Combien coûtent les Adam Audio D3V ?
Le prix de lancement est d’environ 330 €, ce qui les positionne légèrement au-dessus des concurrents comme KRK ou IK Multimedia.
Caractéristiques techniques
- Dimensions : 200 mm x 115 mm x 150 mm.
- Poids : 3,58 kg (paire).
- Haut-parleurs : tweeter à ruban D-ART, woofer 3,5 pouces en aluminium.
- Type : moniteurs actifs de bureau.
- Connectiques :
- Entrée analogique (Jack TRS).
- Entrée numérique (USB-C).
- Sortie casque (Jack 3,5 mm).
- Réglages intégrés :
- Préréglages acoustiques (Room, Desk, Position).
- Accessoires inclus : socles inclinables, adaptateur USB-C/USB-A, câble USB et alimentation.
- Prix : environ 330 €.
- Pays de fabrication : Chine.