Nous avions testé, il y a maintenant plus de 3 ans, les Reveal 601a, des enceintes au rapport qualité/prix indéniable. Mais la concurrence dans ce secteur est sans pitié et Tannoy se devait de mettre à jour sa gamme d’enceintes de monitoring d’entrée de gamme. C’est désormais chose faite avec les Reveal 402, 502 et 802, dotées respectivement de boomers de 4, 5 et 8 pouces. Les Reveal sont-elles toujours dans le coup ?
Des paires d’enceintes dotées de boomer de 8 pouces et à 500 € la paire, il y en a un paquet sur le marché, et leur qualité globale augmente année après année, pour le plus grand bonheur des home-studistes. Nous avons testé dernièrement les KRK Rokit 8 G3, les PreSonus Eris E8, les M-Audio M3–6 (bon, OK, ce sont des trois voies avec un 6 pouces, mais le prix est le même), moins récemment les Mackie MR8, et les Yamaha HS8 sont les prochaines sur la liste. Il y a donc du beau monde, et les Eris ont pour le moment notre faveur. Ces nouvelles Tannoy arriveront-elles à les détrôner ?
Here comes a new challenger
Au déballage, les Reveal 802 font plutôt bon effet. Avec la finition grise mate et foncée de la boîte en MDF et leur cône gris clair, elles sont à la fois passe-partout et jolies. Leurs dimensions sont dans la bonne moyenne : 390 × 254 × 300 mm, l’évent bass reflex est situé à l’avant, juste sous le boomer de 8 pouces « multi fibre ». Le tweeter est un dôme de soie d’une taille de un pouce, ce qui reste assez classique. Tout cela est alimenté par deux amplis de 75 et 25 W RMS. Petit point faible : il n’y a rien qui indique sur la face avant si l’enceinte est sous tension. De plus, le switch est, malheureusement comme souvent, à l’arrière. On apprécie en revanche la fine couche de mousse située sous l’enceinte, même si on garde quelques doutes sur son efficacité acoustique… Vous éviterez quand même de rayer votre bureau et vos enceintes en les posant.
Le panneau arrière semble assez vide, avec une entrée XLR et une entrée Jack 6,35 mm (asymétrique). Pas de RCA, mais une entrée mini-jack stéréo et une sortie « Monitor Link » pour envoyer le signal à l’autre enceinte (le constructeur fournit le petit câble). Il faudra juste indiquer à l’enceinte si elle est à droite ou gauche via un petit switch. Ce système est assez pratique et ravira ceux qui veulent brancher leur baladeur ou téléphone directement sur leur enceinte.
Côté corrections, c’est assez pauvre avec un seul et unique réglage pour les aigus (+ ou – 1,5 dB), le constructeur ne communiquant pas plus dessus. On imagine que cela affecte le volume du tweeter qui prend le relai à 1,8 kHz. Face à la concurrence, cette face arrière est assez décevante, avec son unique réglage, là où les Eris en proposent quatre. Il n’y a plus qu’à espérer que les enceintes sonnent bien !
Écoute
Pour tester ces Tannoy Reveal 802, nous les avons mises en face des Eris E8, qui restent jusqu’à présent notre référence dans cette gamme (les 8 pouces à 500 € la paire). Nous avons écouté une série de fichiers non compressés via notre Metric Halo ULN-8.
Johnny Cash — Hurt
Dès les premières notes, on remarque que l’équilibre basses/médiums-aigus est différent sur les deux enceintes. Aussi, les Tannoy ont légèrement plus de basses entre 100 et 200 Hz, sans pour autant descendre plus bas que les Eris. Les moyennes et hautes fréquences sont aussi plus en retrait sur les Reveal, ce qui a pour conséquence de paraitre moins précises que les Eris, avec une voix et une guitare acoustique moins présentes et globalement un peu moins d’attaque. Les Reveal restent cependant relativement équilibrées sur le haut du spectre (haut médium et aigus). L’image stéréo est bien retranscrite.
Michael Jackson — Liberian Girl
Notamment sur l’intro de ce titre, les Eris recréent mieux l’espace, et lorsque la voix arrive, elle reste plus présente sur les enceintes de PreSonus. Les Tannoy demeurent plus « boxy », comme enfermées dans une boîte, ce qui donne l’impression de perdre en détail. Les basses sont en revanche à la hauteur, légèrement plus accentuées que sur les Eris, mais propres et lisibles. Un bon point. Sur ce titre, les Tannoy sont un peu desservies par le déséquilibre basse/médium-aigus, même si la dynamique du morceau est respectée.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Le bas du spectre des Tannoy est bien mis en valeur sur ce titre : c’est propre et précis, à la hauteur de ce que l’on obtient sur les Eris. En revanche, on perd toujours en détail et présence, notamment sur le refrain qui fourmille de petits bruits situés dans le haut du spectre. Il en va de même pour les voix, parlées ou chantées, et sur l’espace et les réverbes.
The Raconteurs – Consoler of the lonely
Les guitares électriques de ce morceau dessinent bien les différences dans le registre des médiums entre ces deux enceintes. Les Tannoy ne donnent pas assez de présence et de précision, que ce soit sur les guitares ou les voix. Les cymbales tendent aussi à disparaitre un petit peu sur les Reveal.
Ainsi parlait Zarathustra
On termine avec ce morceau de classique. Sur l’introduction, les deux enceintes se valent à peu près, les Eris descendant un peu plus bas. Après, on retrouve les mêmes caractéristiques que sur les morceaux précédents : une meilleure présence et un espace mieux retranscrit sur les Eris. Les peaux des timbales sont plus en avant sur les enceintes de PreSonus et sonnent plus mou sur les Reveal.
Pour conclure sur cette série d’écoutes, on peut dire que les Reveal possèdent un bas du spectre propre et lisible, légèrement plus en avant entre 100 et 200 Hz et descendant un peu moins bas que les Eris, mais tout à fait convenable. C’est dans l’équilibre du bas du spectre par rapport aux médiums et aigus que la plus grande différence se fait ressentir, avec par conséquent un peu moins de présence et de détails sur les Reveal 802, que ce soit sur les instruments principaux (voix, guitares, cuivres…) que sur les réverbes. Malgré tout, les Reveal restent assez neutres dans le haut du spectre, même si d’après nous, elles ne détrônent pas les Eris qui demeurent nos enceintes favorites dans cette gamme de prix.
Conclusion
Ces Reveal gardent le même profil que les anciennes que nous avions testées il y a quelques années, à savoir une construction sans faille, une belle linéarité dans le haut du spectre, mais un déséquilibre avec le bas un peu trop prononcé à notre goût. Cela a pour effet de masquer quelques détails et la présence de certains instruments, il en va de même pour les réverbes qui restent trop en retrait. Cela peut-être pénalisant lors de séances de mixage. Nous avons aimé le fait de disposer d’une entrée AUX au format mini-jack, mais cela n’est pas suffisant pour détrôner les Eris E8 de Presonus qui restent d’après nous les références dans le domaine.