Tannoy, célèbre constructeur de moniteurs pour studio, profite de cette rentrée 2010 pour mettre à jour sa série Reveal, représentant l’entrée de gamme de son catalogue. Nous avons pu tester la Reveal 601a, modèle amplifié et équipé d’un haut-parleur de 6,5 pouces...
La marque anglaise, désormais basée en Écosse et appartenant au groupe TC, est présente sur le marché des enceintes Public Address et Studio depuis les années 30, une éternité donc, et a su fonder sa renommée grâce notamment à ses fameux haut-parleurs concentriques, permettant de placer un tweeter au centre d’un haut-parleur de graves ou de médiums. Néanmoins, cette technologie est utilisée sur la gamme Precision, mais pas sur la Reveal qui nous intéresse aujourd’hui. Nous sommes donc curieux de voir comment la marque se défend sur le terrain de l’entrée de gamme.
Avec ses nouvelles Reveal, Tannoy fait table rase du passé, en concevant une nouvelle enceinte plus rigide et en y intégrant un haut-parleur lui aussi tout neuf. En jetant un coup d’oeil au catalogue, on s’aperçoit que la marque propose trois modèles : deux amplifiés, les 501a et 601a, équipés respectivement de haut-parleur 5 et 6,5 pouces, et un modèle non amplifié équipé d’un HP de 6,5 pouces, la 601p, calqué sur la 601a. Nous avons pu nous procurer la 601a et la comparer à quelques autres enceintes…
Mais tout d’abord, faisons le tour du propriétaire.
La relève des Reveal
À la sortie du carton, nous nous retrouvons face à une enceinte de taille assez conventionnelle (341 × 210 × 273 mm) pour un poids de 8,3 kg. La finition est noire mate, et les angles de la face avant sont coupés, afin d’éviter, d’après le constructeur, les diffractions indésirables. L’enceinte intègre deux transducteurs : un tweeter un pouce de type dôme au néodyme ainsi qu’un haut-parleur de 6,5 pouces en pâte à papier multifibres. La face avant est équipée d’un évent bass reflex, de bon augure pour ceux désirant placer les enceintes juste devant un mur, tandis que la face arrière présente les réglages et la connectique. Autre chose pratique à savoir pour les futurs acquéreurs : à cause du champ magnétique généré par l’enceinte non blindée, le constructeur déconseille de placer les Reveal 601a à moins d’un mètre d’un écran à tube cathodique. Pour ceux utilisant un écran LCD, aucun problème à craindre. Enfin, une petite LED bleutée indiquera la mise sous tension du bazar, c’est mignon.
En retournant l’enceinte, nous faisons face à la prise d’alimentation, au switch de mise sous tension et aux deux entrées : une symétrique au format XLR et une asymétrique en jack 6,35 mm. Enfin, un potentiomètre permettra de régler le volume de l’enceinte et un switch sera l’unique réglage qui permettra d’ajouter ou de retirer 1,5dB sur le tweeter, à noter que ce dernier prend le relais à partir de 2,3kHz. C’est une peu chiche côté réglages, mais à ce prix on peut difficilement demander plus.
L’enceinte est un modèle deux voies, et comprend deux amplis : un de 60 Watts RMS pour le woofer et un de 30 Watts RMS pour le tweeter. La 601a consommera au maximum 180 Watts et pourra atteindre un niveau de pression sonore de 111dB (Maximum SPL) tout en maintenant la distorsion sous la barre des 0,5%. Enfin, sachez que le constructeur attribue à son enceinte une réponse en fréquence (+/- 3dB) allant de 60Hz à 30kHz, votre chien vous remerciera! Blague à part, le fait que la réponse grimpe jusqu’à 30 kHz améliorerait la phase et l’image stéréo, toujours d’après le constructeur.
Il ne nous reste plus qu’à les brancher, écouter nos morceaux de prédilection et les comparer à d’autres modèles en notre possession.
Écoute
Afin de tester ces enceintes, nous avons écouté quelques morceaux que nous connaissons bien, et nous avons comparé les Tannoy avec les M-Audio DSM1, testées précédemment sur AudioFanzine. Ces dernières sont un peu plus chères, mais nous ont permis d’avoir un bon point de référence et de mieux cerner les caractéristiques des Tannoy. Nous avons aussi utilisé ces dernières en mixage, afin de voir si elles restent fiables à ce niveau.
Voici donc le compte rendu comparatif entre ces deux enceintes.
On commence par la chanson « Hurt » interprétée par Johnny Cash, écrite par Trent Reznor de Nine Inch Nails et issue de l’album American IV : The Man Comes Around. Cet album regroupe toute une série de reprises et a été enregistré sous la tutelle de Rick Rubin. La chanson est composée de deux montées en puissance et met en avant la guitare acoustique Martin et la voix de Cash. Dès le début du morceau, on peut s’apercevoir que la guitare est retranscrite très différemment sur les deux paires d’enceintes. Les hautes fréquences sont beaucoup plus en avant sur les M-Audio, tandis que les Tannoy laissent plus de champ libre au corps de l’instrument. Globalement, les Tannoy sonnent forcément plus chaleureuses et les M-Audio qui restent plus froides, mais plus analytiques. Lorsque la voix arrive, les M-Audio ne laissent quasiment passer que la bouche du chanteur, alors que les Tannoy nous laissent sentir le coffre de Cash. Ces dernières donnent aussi un effet de proximité plus appuyé que les M-Audio, qui laissent l’impression que la voix du chanteur passe dans un tuyau. Cela est principalement dû au fait que les hautes fréquences soient beaucoup plus en avant sur les DSM1, donnant au passage l’impression d’un son plus creusé que sur les Tannoy qui sonnent plus compacte.
On passe maintenant au titre « Angel » de Massive Attack, aux basses fréquences (voir très basses fréquences !) plus que généreuses. Sur cette chanson issue de l’album Mezzanine sorti en 1998, la différence entre les deux enceintes est flagrante. Les basses passent quasiment à la trappe sur les DSM, alors qu’elles restent relativement propres et sèches sur les Tannoy, ce qui est plutôt de bon augure pour des enceintes de ce prix et de cette taille ! Le charley est plus marqué sur les M-Audio, et les détails sont un peu plus mis en avant sur ces dernières, même si l’on ne rate rien sur les Tannoy. Les guitares électriques qui arrivent au tiers du morceau sont plus étouffées sur les Reveal et donnent le sentiment d’être plus éloignées que sur les M-Audio. Le flanger sur le charley à la fin du morceau ressort plus sur les M-Audio qui sont de manière générale plus détaillées dans le haut du spectre au détriment d’un bas sacrifié.
On continue avec un morceau plus rock : « Consoler of the Lonely » de The Raconteurs, groupe de Jack White et ses potes. Là-dessus, les M-Audio affirment leur supériorité avec des guitares plus précises et une meilleure image stéréo. Le son est plus boxy, plus médium et plus fermé sur les Tannoy qui laissent plus de place à la basse et au kick de la batterie assez monstrueuse de ce morceau. La basse est quasiment dénuée de corps sur les DSM : il est clair que les deux paires se démarquent totalement, avec un son plus détaillé, mais plus creusé sur les DSM, et des basses et moyennes fréquences plus généreuses sur les Tannoy.
La prochaine chanson, « Liberian Girl » est signée par Bamby, alias Michael Jackson, et figure sur l’album « Bad » sorti en 1987 et produit par Quincy Jones. Cette chanson est le 9e single (!) issu de l’album et a la particularité d’être l’une des seules chansons downtempo du disque. Pour la petite histoire, la Liberian Girl en question n’est autre qu’Elizabeth Taylor. Sur l’introduction toute en douceur, une partie de nappe à droite du mix passe totalement à la trappe sur les Tannoy alors qu’elle reste très audible sur les M-Audio. La réverbe sur le rimshot de la batterie ressort plus sur les M-Audio, mais le kick se fait totalement manger sur cette dernière, seul le haut du spectre de la basse émerge timidement. Les DSM donnent toujours l’impression d’avoir plus d’air dans les voix, tout en gommant cet effet de proximité qui donne une chaleur agréable à Michael Jackson et sa chanteuse sud-africaine. On arrive cependant à discerner plus de détails sur les M-Audio, notamment le doublage des voix, grâce aux sibilantes mises en exergue et à une plus large image stéréo.
Place maintenant au métal, avec Metallica et leur tube « Enter Sandman », issu du fameux Black Album sorti en 1991. Sur l’introduction, le haut du spectre met en avant l’attaque des guitares, ce qui permet de mieux discerner les différentes pistes de six cordes. Lorsque la batterie débarque, la résonance des toms se fait un peu désirer sur les M-Audio, alors que les Tannoy lui rendent justice. Sur le reste du morceau, il est plus aisé de discerner de manière générale les différentes guitares ainsi que les backtracks vocaux sur les DSM, mais le son creusé casse un peu trop le bloc de puissance formé par le mur de guitares. Il est tout de même à noter que si les DSM détachent plus facilement les multiples couches d’instruments, ces dernières restent audibles sur les Tannoy.
Les mêmes remarques reviennent sur le prochain morceau de Lou Reed, « Walk on the Wild Side » issu de l’album Transformers de 1972 et produit par David Bowie et Mick Ronson. Les guitares se détachent plus facilement sur les DSM, toujours grâce au haut du spectre et à la meilleure image stéréo, mais la contrebasse est un peu rachitique alors qu’elle regagne toute sa rondeur sur les Tannoy. De même, la réverbe du saxophone à la fin du morceau est plus discernable sur les enceintes M-Audio.
On passe par la case Jazz avec le fabuleux morceau de Miles Davis, « So Near, So Far » de l’album Seven Steps to Heaven sorti en 1963. Le son de la trompette est vraiment magique. Les Tannoy retranscrivent d’ailleurs à merveille l’instrument de Miles, beaucoup plus nasillard et agressif sur les DSM. Ces dernières donnent néanmoins un sentiment d’espace agréable sur l’ensemble du mix, avec toujours un peu plus d’air, mais la contrebasse reste toujours un peu étriquée par rapport aux Tannoy.
On termine avec « Ainsi parlait Zarathoustra », le poème symphonique composé par Richard Strauss. Les deux paires d’enceintes ont du mal à se démarquer sur l’introduction, mais à l’arrivée des cuivres, la réverbération est plus audible sur les M-Audio. Les percussions, dont on n’entend quasiment que la peau sur les DSM, retrouvent du corps sur les Tannoy. L’orgue final résume bien la situation : plus de bas sur les Tannoy et plus de hautes fréquences sur les DSM.
Pour résumer, les Tannoy possèdent un bas assez impressionnant pour des enceintes de cette taille, qui descend jusqu’à 50 Hz même si ça commence un peu à talonner à partir de là (rappelons que les M-Audio ont du mal en dessous de 70 Hz). Le son est moins creusé, mais aussi un peu moins détaillé que sur les DSM dans le haut du spectre, les enceintes signées M-Audio ont en effet un creux dans le haut médium assez perceptible. En comparaison avec des modèles plus onéreux, les Tannoy s’en sortent donc très bien, avec des basses généreuses qui ne bavent pas trop, et une courbe relativement linéaire. On pourra juste leur reprocher ce haut du spectre un peu trop timide parfois.
Conclusion
Tannoy revient en force avec le renouvellement de ses enceintes de monitoring d’entrée de gamme. Le rapport qualité/prix (environ 500€ la paire) est vraiment très bon, les enceintes délivrant un son équilibré et des basses bien présentes qui ne masquent pas pour autant le reste du spectre. On pourra juste émettre quelques réserves sur le haut du spectre qui peut être un peu en retrait suivant les situations. Mis à part cela, les Reveal 601a ont l’air solide et l’assemblage est très sérieux. Ajoutez à cela un look sympa et une réserve de puissance importante, et vous obtiendrez une paire d’enceintes de monitoring actives très recommandables et surtout abordables.
- Rapport qualité/prix
- Look sympa
- Construction solide
- Bon équilibre sonore
- Des basses présentes, mais pas baveuses
- Puissance
- Haut du spectre légèrement en retrait