Dévoilée en juin dernier, cette nouvelle génération des célèbres BX de M-Audio semble rester dans une certaine tradition pour un prix toujours aussi plancher : la version de 8 pouces que nous testons aujourd’hui ne coûte que 300 € la paire…
Trois billets verts pour une paire d’enceintes de monitoring amplifiées dotées d’un boomer de 8 pouces, c’est simple, personne n’a réussi à faire mieux. Certaines marques comme Samson ou Prodipe arrivent néanmoins à proposer des prix similaires afin de concurrencer comme il se doit le constructeur américain. Nous sommes donc ici en présence d’une véritable enceinte d’entrée de gamme qui ouvrira les portes du monitoring aux débutants et home-studistes moins fortunés.
Visuellement, on ne peut pas dire que l’enceinte de deux voies BX8-D3 brille par son originalité : un tweeter de type dôme de soie de 1,25 pouce, un boomer de 8 pouces en kevlar avec blindage magnétique, une caisse en MDF recouverte de vinyle gris foncé… Les enceintes auront au moins l’avantage de ne pas se faire remarquer et le look, même s’il demeure tout à fait lambda, reste réussi. Aucune faute de goût à l’horizon ! À l’intérieur, on retrouve deux amplis, chacun assigné à un transducteur, de 80 et 70 W. Le filtre de crossover est placé à 2 kHz afin de distribuer le signal vers le boomer et le tweeter. Côté entrées, on retrouve une prise XLR et un jack TRS (qui accepte aussi de l’asymétrique), et pour les mensurations, le constructeur parle de 10,5 kg pour 250 × 302 × 384 mm.
On termine avec les réglages qui sont spartiates, entrée de gamme oblige : un filtre afin d’atténuer le bas du spectre (à partir de 1 kHz, voir mesures ci-dessous) si jamais vous positionnez les enceintes près d’un mur ou dans un coin de la pièce, et un réglage de volume. On espère donc que l’enceinte soit équilibrée, car on ne pourra toucher ni aux hautes, ni aux moyennes fréquences. Enfin, sachez que l’interrupteur de mise sous tension se situe à l’arrière et qu’une LED à l’avant, située entre le tweeter et le boomer, brille d’une lumière bleue lorsque l’enceinte est allumée.
Écoute
Afin de tester ces BX8 D3, nous allons les comparer à un modèle certes plus cher (500 € contre 300 € la paire), mais que nous connaissons bien, les Eris E8 de PreSonus. S’il faut garder en tête la différence de prix, cette écoute nous permettra de mettre le doigt sur les éventuels défauts et qualités de ces enceintes M-Audio.
Johnny Cash – Hurt
Dès l’introduction avec la guitare acoustique Martin, on entend une nette différence dans la moitié haute du spectre, dès les moyennes fréquences. Sur les BX8, il y a un léger déséquilibre entre le corps de l’instrument, le son provenant de la rosace, et le son provenant des cordes et du manche. Le rendu nous parait plus étouffé et forcément moins précis que sur les Eris E8 qui jouissent d’un bon équilibre à ce niveau-là. Quand la voix débarque, on se retrouve un peu face au même problème, avec un coffre plus développé que le reste des fréquences qui composent le timbre. Ainsi, les fréquences nasales et les sibilances semblent mises en retrait, ce qui a pour conséquence un rendu plus fermé. Un peu comme si Cash avait chanté avec la main placée à cinq centimètres de sa bouche. Il y a clairement un déséquilibre entre le bas du spectre (moins de 500 Hz) et le haut, même si à l’intérieur de ces zones distinctes cela reste relativement uniforme. Côté dynamique et respect de la stéréo, cela nous semble très bien, de plus le sweet spot reste assez large.
Michael Jackson – Liberian Girl
Sur l’intro des nappes, on obtient plus d’air sur les Eris, ce qui n’est guère surprenant, mais le timbre reste assez équivalent, ce qui prouve que les BX8-D3 sont homogènes dans le haut du spectre. Dès que la basse et la batterie entrent en scène, on constate que les M-Audio se débrouillent bien dans le bas du spectre, elles sont au même niveau que les Eris, seul l’équilibre avec le reste du spectre mange un peu les attaques de ces instruments et rend le tout un peu plus mou.
Les hautes fréquences manquent clairement à la basse et à la batterie. Sur les voix, on garde un peu le même voile, qui tend à masquer les sibilances et autres bruits de bouche. Quand on passe d’une paire à l’autre, c’est un peu comme si on fermait et ouvrait une boite en carton avec un haut-parleur à l’intérieur. D’un côté ça sonne boxy, et de l’autre on a de l’air et du détail.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Grâce à cette chanson, on peut confirmer que le bas des BX8 D3 se comporte très bien, tout reste lisible et rien ne traine dans le temps. C’est très sec et l’enceinte ne tente pas d’en faire trop, ce qui est un point très positif que l’on retrouve trop peu souvent avec les modèles d’entrée de gamme. Pour le reste, on garde un effet téléphone sur la voix un peu atténuée par rapport aux Eris et tout comme les morceaux précédents, une sorte de voile qui atténue un peu trop les moyennes et hautes fréquences. Ce déséquilibre en forme de bascule (tilt) est peut-être le seul véritable défaut de ces enceintes qui gardent des qualités importantes comme un bas du spectre très propre et peu d’accidents sur le parcours fréquentiel.
Pour résumer ces écoutes, nous avons été agréablement surpris par la linéarité de l’enceinte entre 700/800 Hz et 20 kHz, il y a peu d’accidents et c’est plutôt rare sur une enceinte d’entrée de gamme. Le seul véritable défaut à relever, c’est le déséquilibre entre les basses fréquences et le reste, qu’on pourra cependant atténuer grâce au seul filtre disponible.
Conclusion
Il n’y a pas grand-chose à reprocher à cette enceinte proposée à 300 € la paire. La linéarité dans la partie haute du spectre est bonne, la construction et le look sont tout à fait honnêtes et l’on reprochera juste la proportion des basses par rapport au reste du spectre. Il faudra donc faire attention au placement des enceintes dans la pièce afin de ne pas aggraver ce défaut et de régler comme il faut le seul réglage disponible. Le rapport qualité/prix est vraiment excellent !