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Test de la Gibson J-29 Rosewood - J-45 - 16 ?

6/10

Ce n'est pas tous les jours que nous avons l'occasion de tester une "nouvelle" guitare folk chez Gibson. Voici donc la J-29, cousine de la très connue J-45...

Gibson ne s’en cache pas, la J-29 est bien une J-45 Round Shoul­der (enten­dez épaules arron­dies) en sapin de Sitka, comme pas mal de guitares actuelles de chez Martin, Taylor. La belle est livrée dans son (superbe) étui custom avec tous les acces­soires (un jeu de cordes, un média­tor et un porte-clés) et une garan­tie construc­teur « Gold », à vie. Un service et une qualité qu’a su mettre en place la marque depuis de nombreuses années. Il n’y a pas à le contes­ter, et c’est encore valable aujour­d’hui, ache­ter une guitare Gibson est toujours consi­déré comme une acqui­si­tion d’un produit « de luxe ».

Un peu d’his­toire

Pour reve­nir à la J-45, puisqu’il s’agit ici d’une J-45, ses origines célèbres remontent à Bob Dylan. À l’an­née 1942 plus préci­sé­ment, en rempla­ce­ment de la J-35 (modèle concur­rent de la Dread­nought de Martin). Cette guitare possé­dait déjà des épaules arron­dies et n’était rien d’autre qu’une guitare de travail que l’on pouvait ache­ter pour quelques dizaines de dollars. Son histoire a aussi été écrite avec John Lennon, qui l’af­fec­tion­nait parti­cu­liè­re­ment. Autant d’ama­teurs du finger picking à la basse précise et claire. Ce modèle a donc traversé les âges et Gibson propose aujour­d’hui 2 modèles, la J-15 et la J-29, direc­te­ment inspi­rés de la J-45. Avec des éclisses et une touche en palis­sandre, ce qui la diffé­ren­cie de la J-15, la J-29 est censée retrou­ver des spéci­fi­ci­tés « vintage »… 

Nous étions jeunes et ronds des épaules

Pour faire un tour d’ho­ri­zon de la guitare, il est impor­tant de noter que, outre la table en sapin de Sitka massif, le fond, les éclisses et la touche en palis­sandre, le manche est en acajou avec 19 frettes (14 jusqu’à la table). Le diapa­son est de 628 mm, les méca­niques sont des Grover, tandis qu’un système de micro L.R. Baggs (nous en repar­le­rons) et un barrage X-Braced (brevet 1930 Gibson) sont dispo­sés à l’in­té­rieur de la caisse. La couleur natu­relle est très claire et le tout est bien entendu fabriqué aux États-Unis. Sur le papier, ce sont des carac­té­ris­tiques flat­teuses, mais plutôt clas­siques.

Gibson J-29 Rosewood

Gibson nous propose une fois de plus une guitare de très bonne facture, à l’ac­tion parfai­te­ment réglée pour les guita­ristes aux doigts fragiles que nous sommes. Elle s’ins­tal­lera confor­ta­ble­ment sur votre genou grâce à sa forme, qui ne nous semble cepen­dant pas des plus gracieuses, ques­tion de goût sans doute.  La fini­tion est de grande qualité, le vernis lisse et uniforme, l’in­té­rieur est conçu de manière très propre. Rien en tout cas qui vienne pertur­ber notre œil (un peu) obses­sion­nel…

Ache­ter un objet de luxe comme une guitare Gibson neuve provoque forcé­ment une exigence esthé­tique chez l’ache­teur. Et pour cela, la firme améri­caine met géné­ra­le­ment le paquet. On a pour­tant eu vent d’ex­pé­riences plus malheu­reuses avec des guitares mal vernies (et les clients par la même occa­sion), parfois mal réglées (le trans­port doit forcé­ment contri­buer à ce que l’ins­tru­ment bouge un peu)… Rien de tel avec la J-29 que nous avons reçue. Elle est plutôt belle et esthé­tique­ment irré­pro­chable. Au détri­ment du son ? 

Et sous les doigts ?

Gibson J-29 Rosewood

Nous l’avons donc immé­dia­te­ment testée : c’est une guitare qui projette plutôt bien et le palis­sandre n’y est pas complè­te­ment étran­ger. Les basses sont précises et les aigus clairs. Des médiums pas enva­his­sants viennent complé­ter le spectre. L’équi­libre de la guitare saute aux oreilles. Elle est vrai­ment plai­sante à jouer et réagit bien sous les doigts. La projec­tion provoquée par la table en épicéa est assez agréable et vient direc­te­ment flat­ter le musi­cien. L’ac­cès aux cases de 12 à 14 est assez facile et à noter un petit débat concer­nant le manche au sein de l’équipe, certains le trou­vant un peu trop gros, mais l’avis est partagé. En ça, elle a de qui tenir (J-45 pour ceux qui ne suivent pas). Dépas­ser la 16e case commence à deve­nir assez diffi­cile, comme avec la plupart des guitares sans pan coupé. Notons aussi que les méca­niques Grover offrent une préci­sion appré­ciable (mais néces­saire) dans l’ac­cor­dage. 

Et quand je la branche ?

Le système L.R. Baggs offre des perfor­mances plutôt inté­res­santes quand il est bran­ché. C’est un pickup placé sous le cheva­let avec une commande de volume à l’in­té­rieur de la rosace. Une fois bran­chée, la guitare offre un son avec (un peu de) carac­tère où l’on distingue plutôt bien les nuances. Le son ne semble pas trop compressé et plutôt bien défini.

Il peut fonc­tion­ner donc en live sans bluf­fer l’au­di­toire, mais ne servira que d’ap­point en studio, contrai­re­ment à des systèmes comme ceux propo­sés par DPA Audio, KRK Trinity ou ceux qui équipent les nouvelles Taylor (comme la Taylor Audi­to­rium 814ce que nous avions essayée il y a quelques mois). 

Tests audio

Nous avons effec­tué quelques enre­gis­tre­ments au studio Mont­martre Recor­ding afin de voir ce qu’avait la guitare « dans le ventre ». Nous l’avons compa­rée à une Gibson Doves in Flight Custom Shop 1997. Le proces­sus était le suivant : 

• Micro Neumann U87 placé à 15 cm du manche au niveau de la jonc­tion avec le corps

• Préam­pli Neve 1073

• Conver­tis­seurs Lynx Studio Aurora 16

Pour les enre­gis­tre­ments « en direct » nous nous sommes servis d’une DI Radial.

Exemple 1 : Jeu au doigt, arpèges, enre­gis­tre­ment micro U87

1 J29 Arpege U87
00:0000:23
  • 1 J29 Arpege U87 00:23
  • 1 Dove Arpege U87 00:23

À l’écoute de cet enre­gis­tre­ment on constate que la J29 sonne plutôt équi­li­brée, même si les médiums sont un peu rugueux et les aigus plutôt rentrés et un tout petit peu « acides ». Rien de tel sur la Doves in Flight, qui, avec son excès de basse semble moins équi­li­brée. Par contre le reste du spectre sonne plus soyeux, plus doux et plus musi­cal. Le volume de la caisse n’est clai­re­ment pas le même entre les deux instru­ments (d’où l’ex­cès de basse sur la Doves in Flight). Le grain est clai­re­ment diffé­rent, même si sur ce para­mètre seul le goût peut permettre de juger qui est la meilleure. 

Exemple 2 : Jeu au media­tor, enre­gis­tre­ment micro U87

2 J29 Media­tor U87
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  • 2 J29 Media­tor U87 00:35
  • 2 Dove Media­tor U87 00:35
Gibson J-29 Rosewood

Constat simi­laire sur les enre­gis­tre­ments du jeu au média­tor. 

La J29 sonne rela­ti­ve­ment équi­li­brée même si elle donne une impres­sion de « dureté » et « d’âpreté » dans le son. La Doves, une fois de plus, sonne plus soyeuse, avec encore un bas un peu trop prédo­mi­nant. À ce niveau-là, il est clair que la projec­tion est diffé­rente entre les deux instru­ments. Le rendu provoqué par la proxi­mité du micro ne permet pas réel­le­ment de juger de la valeur de l’un ou de l’autre. Pour ce type de jeu, la guitare doit être prise de plus loin pour être plus équi­li­brée, ce qui devrait avan­ta­ger la Doves in Flight. C’est d’ailleurs le proces­sus effec­tué en prise de son pour ce type de jeu. 

Encore une fois c’est une ques­tion de goût, et il est probable que la J-29 ressor­tira mieux (sans trai­te­ment) dans un mix grâce à la dureté de certaines parties de son spectre. La Doves in Flight devra être égali­sée surtout dans le bas pour ne pas enva­hir cette zone.  

Exemple 3 : Jeu au doigt, enre­gis­tre­ment DI

3 J29 Doigt DI
00:0000:15
  • 3 J29 Doigt DI 00:15
  • 3 Dove Doigt DI 00:15

Dans ce test il est ques­tion de tester le système LR Baggs en compa­rai­son du pickup du système Trinity de chez K&K Sound dont est équi­pée la Gibson Doves in Flight. Dès la première écoute on ressent l’aci­dité du pickup, le bas compressé plutôt en retrait de la J-29 (c’est souvent le cas avec un pickup). Le son de la Doves in Flight est beau­coup plus medium, toujours avec un bas un peu effacé. Compte tenu des carac­té­ris­tiques des deux guitares, on peut tout de même vanter les quali­tés du pickup de la J-29 dont le rendu est quand même de qualité et peut se suffire à lui même.

Ajou­tons, pour ne pas trop déni­grer le système Trinity, que le pickup de la Doves in Flight s’ac­com­pagne géné­ra­le­ment du micro statique dont est pourvu le système, qui reste une réfé­rence dans le domaine de la sono­ri­sa­tion d’ins­tru­ments acous­tiques.

Exemple 4 : Jeu au media­tor, enre­gis­tre­ment DI

4 J29 Media­tor DI
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  • 4 J29 Media­tor DI 00:16
  • 4 Dove Media­tor DI 00:16

On retrouve, un peu comme dans l’exemple précé­dent, les mêmes conclu­sions. Même si, cette fois-ci, le bas de la Doves revient au premier plan. Le son des deux guitares semble tout de même moins équi­li­bré avec ce mode de jeu. Celui de la J-29 est plutôt pincé, âpre, rétréci, sec et manquant cruel­le­ment de carac­tère. Celui de la Doves, dans son genre, n’est pas fameux non plus. Outre le bas enva­his­sant, on a un sérieux manque d’ai­gus et un son qui se concentre prin­ci­pa­le­ment dans les médiums.

Conclu­sion

La Gibson J-29 Rose­wood est donc un instru­ment plutôt poly­va­lent, facile à jouer et d’as­pect plutôt luxueux. Son système LR Baggs est assez honnête, même si nous ne pouvons pas réel­le­ment dire qu’il apporte un « plus » à l’ins­tru­ment. Certains détails font qu’elle manque légè­re­ment de person­na­lité, et pour son prix (envi­ron 1700 €), nul doute qu’elle trou­vera de sérieux concur­rents sur sa route.

 

Notre avis : 6/10

  • Finition irréprochable
  • Aspect luxueux
  • L’équilibre entre les bas, les médiums et les aigus (en acoustique).
  • La facilité de jeu et prise en main immédiate
  • Le prix
  • Le manque de personnalité
  • La qualité du préampli pour une guitare de ce prix-là


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