Sujet Commentaires sur le dossier : Qu’est-ce que le Gear Acquisition Syndrome ? D'où vient-il ? Comment lutter contre ?
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Los Teignos
9707
Administrateur·trice du site
Membre depuis 22 ans
Sujet de la discussion Posté le 13/02/2023 à 16:40:39Commentaires sur le dossier : Qu’est-ce que le Gear Acquisition Syndrome ? D'où vient-il ? Comment lutter contre ?
Cette nouvelle pédale d’effet originale ou ce nouveau plug-in trop cool, il vous les faut absolument ! Et pourtant, votre compte est dans le rouge à cause de la vingtaine d’achats que vous avez faits lors du dernier Black Friday… Regardons les choses en face : vous avez tout l’air d’être en pleine crise de GAS, un phénomène qui n’est pas forcément bon ni pour vos finances, ni pour vous, ni pour l’environnement.
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
hallucinoze
297
Posteur·euse AFfamé·e
Membre depuis 20 ans
31 Posté le 13/02/2023 à 21:24:03
Salut,
et si on commencait par parler d'instruments et non de produits ?
Ce mot issu du monde du commerce ou de la dépendance, c'est pas le notre.
et si on commencait par parler d'instruments et non de produits ?
Ce mot issu du monde du commerce ou de la dépendance, c'est pas le notre.
Hakim+K
2174
AFicionado·a
Membre depuis 19 ans
32 Posté le 13/02/2023 à 21:46:36
"Les choses me donnent une identité" dixit ce bon vieux JJ, kitch à souhait, un peu comme ce sujet.
[ Dernière édition du message le 13/02/2023 à 21:48:27 ]
soissons
200
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 17 ans
33 Posté le 13/02/2023 à 22:42:11
Sujet super intéressant !
Bravo
C'est vrai que de nos jours avec les déferlantes de nouveautés niveau matos (en tous cas, genre synthé et autres boîte-boîte a son, pour les gratteux ou autres j'imagine que c'est pareil...) , Du "teasing" et ensuite des vidéos dans tous les sens sur youtube...on est cerné comme le dit Mr Teignos
Et hop on se dit...ah ouais nikel..comment sa sonne...il me le/la faut absolument(en vrai non... ), le GAS est enclenché...
Quasi toutes les machines Elektron je les ait achetées avec ce genre de processus...pour au final me rendre compte que je suis "allergique" à leur workflow, incapable de sortir un truc potable avec
Le pire c'est que je suis tombé un temps dans l'eurocrack (j'ai réussi à m'en sortir in-extremis ) je passais un temps infini a choisir, comparer...mater des vidéos de tel ou tel module...économiser...pour au final faire très peu de zic...un comble.
J'ai tout revendu pour revenir à une groovebox mc707...je l'allume et c'est parti je fait de la zic, j'ai quasi pas besoin de plus (bon je cracherais pas sur un petit Korg ms20 va pour accompagner tout ça... )
Du coup limiter son setup "artificiellement" histoire de se forcer à maitriser ses machines, ça me va bien
Bravo
C'est vrai que de nos jours avec les déferlantes de nouveautés niveau matos (en tous cas, genre synthé et autres boîte-boîte a son, pour les gratteux ou autres j'imagine que c'est pareil...) , Du "teasing" et ensuite des vidéos dans tous les sens sur youtube...on est cerné comme le dit Mr Teignos
Et hop on se dit...ah ouais nikel..comment sa sonne...il me le/la faut absolument(en vrai non... ), le GAS est enclenché...
Quasi toutes les machines Elektron je les ait achetées avec ce genre de processus...pour au final me rendre compte que je suis "allergique" à leur workflow, incapable de sortir un truc potable avec
Le pire c'est que je suis tombé un temps dans l'eurocrack (j'ai réussi à m'en sortir in-extremis ) je passais un temps infini a choisir, comparer...mater des vidéos de tel ou tel module...économiser...pour au final faire très peu de zic...un comble.
J'ai tout revendu pour revenir à une groovebox mc707...je l'allume et c'est parti je fait de la zic, j'ai quasi pas besoin de plus (bon je cracherais pas sur un petit Korg ms20 va pour accompagner tout ça... )
Du coup limiter son setup "artificiellement" histoire de se forcer à maitriser ses machines, ça me va bien
[ Dernière édition du message le 13/02/2023 à 22:43:42 ]
benbao
105
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 18 ans
34 Posté le 13/02/2023 à 23:09:01
Citation :
Ne pas tenir compte du prix du produit pour ne considérer que le seul besoin qu’il remplit : même s’il vaut un euro, c’est un euro de perdu s’il ne vous sert à rien…
Heuu...c'est pas une incitation au GAS ?
Quitte à finir le mois à manger exclusivement des pâtes.
Depart sa nature primitive et son instinct de collectionite aigu, le guitariste ne peut pas lutter. Certe on peut retarder ce grand moment de faiblesse, mais la frustration s'accumulant le GAS suivant sera d'une toute autre ampleur.
Pourquoi ne pas orienter l'approche sur le GAs S éthique et responsable ?
Anonyme
35 Posté le 13/02/2023 à 23:25:58
J'aime l'absurdité de cet enchaînement d'articles : un article sur le GAS et en dessous, une série de tests en carrousel. C'est un peu comme faire un article sur la junk food et enchaîner en dessous des articles genre : on a testé le dernier Big Mac
Ça n'enlève rien à l'intérêt de l'article hein, mais c'est drôle.
P.S : l'écriture avec un point médian n'est pas inclusive : elle exclut un certain nombre de troubles dys, de personnes avec des difficultés de lecture en général... Si vous voulez vraiment être inclusifs essayez l'écriture épicène (par exemple : "les guitaristes" ), prenez le temps d'énoncer le masculin et le féminin, par exemple : "vous avez toutes et tous..." Sans systématiser pour ne pas alourdir... Vous respecterez vos convictions et vous n'exclurez pas les personnes en difficulté...
Ça n'enlève rien à l'intérêt de l'article hein, mais c'est drôle.
P.S : l'écriture avec un point médian n'est pas inclusive : elle exclut un certain nombre de troubles dys, de personnes avec des difficultés de lecture en général... Si vous voulez vraiment être inclusifs essayez l'écriture épicène (par exemple : "les guitaristes" ), prenez le temps d'énoncer le masculin et le féminin, par exemple : "vous avez toutes et tous..." Sans systématiser pour ne pas alourdir... Vous respecterez vos convictions et vous n'exclurez pas les personnes en difficulté...
Los Teignos
9707
Administrateur·trice du site
Membre depuis 22 ans
36 Posté le 13/02/2023 à 23:27:06
J'ai corrigé pour mettre "Ne pas tenir compte du faible prix d’un produit", l'idée étant que quand on en a pas besoin, c'est toujours trop cher quel que soit le prix, même gratuit...
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
Ccdd
109
Posteur·euse AFfiné·e
Membre depuis 18 ans
37 Posté le 13/02/2023 à 23:43:36
Il n’y a qu’à voir le nombre d’annonces d’occasion sur ce site avec les mentions « jamais servi »… « encore le plastic de protection »… « fait doublon » etc…
Alex Plosion
1393
AFicionado·a
Membre depuis 18 ans
38 Posté le 13/02/2023 à 23:51:57
Très bon article! Les contradictions inhérentes au réel sont bien exposées. L'écriture inclusive est une belle surprise. Ne lâchez rien!
iktomi
14698
Drogué·e à l’AFéine
Membre depuis 5 ans
39 Posté le 14/02/2023 à 01:14:10
Belle synthèse des travaux évoqués, c'est cool, et j'espère que ça aidera à diffuser ces notions au plus grand nombre.
Je me permettrais ceci dit une petite correction : L'exemple donné pour l'aversion à la perte n'en est pas un, c'est un exemple du biais des couts irrécupérables : continuer dans une mauvaise voie pour pas gâcher ce qu'on a déjà investit.
L'aversion à la perte, c'est le biais qui nous fait préférer ne rien faire (comme avoir une chance de gagner un truc) si on risque de perdre quoi que ce soit. (l'exemple le plus courant étant un jeu de hasard nous proposant de gagner une somme au risque de perdre cette même somme. 50/50, et bien la plupart des gens préfèreront ne pas jouer, car on a plus peur de perdre qu'on n'espère gagner).
Et concernant ces heuristiques de jugement, ce ne sont pas des "bugs", on les a bel et bien développés avec l'évolution pour gagner du temps et de l'énergie dans des situations critiques. Juste qu'elle ne sont plus adaptées au monde d'aujourd'hui.
(Tout comme notre aptitude à ne dépenser de l'énergie que pour ce qui compte -chercher à manger, se défendre, fuir, se reproduire- ce qui fait de nous des fainéants "par survie", aptitude contre-productive et mortifère dans une société de profusion sédentarisée)
Je pourrais aussi faire un point sur la gratification instantanée : L'opposé existe (il avance encore plus masqué) et repose sur l'escalade d'engagement, l'ancrage, le pied dans la porte et tout ça, et qui se traduit souvent par ce qu'on appelle un "tunnel de vente", et ça fonctionne notamment hyper bien pour les coach en tout et les formateurs en rien.
Et pour illustrer le fait que même bosser dans et avec ces outils de manipulation, le connaitre par cœur, n'en immunise personne :
(cela va peut-être sembler hors sujet à certains, mais on parle bien des exacts même outils de manipulation et des mêmes finalités)
Et sinon pour le graphique des biais cognitifs, voici la version interactive.
Avec un "petit" guide imprimable.
- - -
Et bien si pourtant (au moins en partie, on parle de plein de mécanismes différents qui s’additionnent), j'irais même plus loin en disant qu'on retrouve la même chose pour le piratage : combien parmi nous ont téléchargé des discographies complètes, des films, séries ou jeux par palettes, et n'ont même pas écouté / regardé la moitié ?
Ou pourquoi le principe du "loot" fonctionne aussi bien dans autant de jeux vidéos ?
Je me permettrais ceci dit une petite correction : L'exemple donné pour l'aversion à la perte n'en est pas un, c'est un exemple du biais des couts irrécupérables : continuer dans une mauvaise voie pour pas gâcher ce qu'on a déjà investit.
L'aversion à la perte, c'est le biais qui nous fait préférer ne rien faire (comme avoir une chance de gagner un truc) si on risque de perdre quoi que ce soit. (l'exemple le plus courant étant un jeu de hasard nous proposant de gagner une somme au risque de perdre cette même somme. 50/50, et bien la plupart des gens préfèreront ne pas jouer, car on a plus peur de perdre qu'on n'espère gagner).
Et concernant ces heuristiques de jugement, ce ne sont pas des "bugs", on les a bel et bien développés avec l'évolution pour gagner du temps et de l'énergie dans des situations critiques. Juste qu'elle ne sont plus adaptées au monde d'aujourd'hui.
(Tout comme notre aptitude à ne dépenser de l'énergie que pour ce qui compte -chercher à manger, se défendre, fuir, se reproduire- ce qui fait de nous des fainéants "par survie", aptitude contre-productive et mortifère dans une société de profusion sédentarisée)
Je pourrais aussi faire un point sur la gratification instantanée : L'opposé existe (il avance encore plus masqué) et repose sur l'escalade d'engagement, l'ancrage, le pied dans la porte et tout ça, et qui se traduit souvent par ce qu'on appelle un "tunnel de vente", et ça fonctionne notamment hyper bien pour les coach en tout et les formateurs en rien.
Et pour illustrer le fait que même bosser dans et avec ces outils de manipulation, le connaitre par cœur, n'en immunise personne :
(cela va peut-être sembler hors sujet à certains, mais on parle bien des exacts même outils de manipulation et des mêmes finalités)
Et sinon pour le graphique des biais cognitifs, voici la version interactive.
Avec un "petit" guide imprimable.
- - -
Citation de BBmiX :
je ne suis pas sur que c'est le même Phénomène pour les freewares ( il n'y a pas l'achat, et la revente au cas ou ...).
Et bien si pourtant (au moins en partie, on parle de plein de mécanismes différents qui s’additionnent), j'irais même plus loin en disant qu'on retrouve la même chose pour le piratage : combien parmi nous ont téléchargé des discographies complètes, des films, séries ou jeux par palettes, et n'ont même pas écouté / regardé la moitié ?
Ou pourquoi le principe du "loot" fonctionne aussi bien dans autant de jeux vidéos ?
[ Dernière édition du message le 14/02/2023 à 02:12:26 ]
Calagan
1050
Modérateur·trice généraliste
Membre depuis 19 ans
40 Posté le 14/02/2023 à 06:25:39
ah ah ah... Bravo Audiofanzine. Vous parlez malheureusement d'un mal dont peu d'entre nous peuvent se vanter d'y échapper.
Consulter Audiofanzine et y avoir un compte est déjà un premier pas vers le vice...
L'article est très complet et c'est très intéressant qu'il soit documenté de façon aussi rigoureuse.
Cela dit, il me semble qu'il y a un aspect psychologique au GAS que vous n'avez pas évoqué (ou alors ça m'a échappé) : l'angoisse de ne pas assurer sans la dernière pièce de matos que tout le monde loue sur les réseaux.
Je m'explique : la musique (quand on en vit) est un des milieux les plus concurrentiels qui existe, et en plus de cela elle nous engage directement en tant que personne. Si on est auteur-compositeur ou autrice compositrice, un morceau mal reçu (qui n'est pas vu, pas liké, pas streamé) est une blessure narcissique. Qui se double d'une angoisse matérielle bien concrète, puisque cela engage aussi les revenus qu'on peut attendre de la musique : contrairement au métier d'expert comptable, dans la musique on peut perdre tous ses revenus du jour au lendemain simplement parce que le dernier album ne marche pas fort et qu'on est lâché par les "partenaires" (de toutes façons, il y a 250 groupes qui attendent juste derrière). Il n'y a qu'à constater le turn-over délirant des groupes "en développement" (par exemple, on peut analyser les sélections du FAIR chaque année et constater qui a survécu et qui a disparu brutalement dans les limbes après avoir passé 2 ans à faire des tournées de 40 dates - en général, on cumule alors burn-out et dépression. Un métier de rêve, vraiment).
C'est une analyse connue que la plupart des musiciens qui sont morts jeunes d'overdose n'avaient pas un usage uniquement "récréatif" de la drogue : en fait, la drogue les aidait à supporter le manque d'argent et de reconnaissance et/ou la violence symbolique exercée sur eux en tant que produit quand l'argent et la reconnaissance arrivait (il faut assurer, être beau, sortir des disques qui marchent, faire des concerts géniaux, ne pas se répéter, mais aussi ne pas perdre ses fans, écouter les super conseils du producteur qui n'y connait rien etc. etc.).
C'est un peu pareil (mais c'est moins violent) si on est musicien ou musicienne de scène, ou encore si on mixe/masterise. Et dans ce dernier cas (si on est technicien ou technicienne), c'est le matos qui va être investi plutôt que la drogue (d'autant que mixer défoncé est vraiment une idée encore pire que jouer de la musique défoncé).
En tant que technicien, je suis toujours stressé quand je commence un projet parce que je me dis toujours que je ne serais pas à la hauteur (même si ça se passe toujours bien). Et je ne suis moi-même jamais complètement satisfait du résultat (quelques soient les retours).
Acheter du matos, et là je parle pour moi (il s'agit dans mon cas essentiellement de plugins, le plus souvent pas trop chers) mais je pense que ça se passe un peu de la même façon pour d'autres, c'est se rassurer en se disant "bon, si jamais je suis confronté à un problème de bruit de fond trop important dans ces pistes de voix, il faut vraiment que je m'en sorte mieux que la dernière fois avec le plugin x. Je crois que le plugin y va m'apporter une grosse plus value et une meilleure qualité". Ou encore "bon, je ne suis vraiment pas content de la façon dont mes plugins de saturation x, y et z impactent les basses. Je crois bien que ce plugin w en promo à 29€ va me permettre de régler ce problème."
Et parfois, on se dit que vraiment il nous fait ce 12e plugn de réverbération, puisque tout le monde semble dire qu'il est génial (alors que très clairement, personne n'entendra la différence dans un mix si la reverb est bien dosée).
Le pire, c'est qu'évidemment en ayant 5 plugins de saturation différents, on a quand même 5 couleurs et 5 manières différentes de régler un problème ou d'atteindre un objectif. Donc c'est évidemment un plus, et je pense sincèrement que je mixerais moins bien sans certains plugins. Mais en même temps, j'ai un nombre incalculable de plugins qui n'apportent clairement pas grand chose et pourraient être remplacés par un autre que j'ai déjà (ou que j'avais déjà dans ma STAN).
Voilà voilà, juste pour apporter ma contribution, et aborder aussi le cas de l'insécurité existentielle des gens qui vivent de la musique et des conséquences que cela peut avoir sur le GAS.
P.S. : d'ailleurs, je remarque quelque chose chez les techniciens du cinéma. En tout cas chez ceux que je connais (un panel super représentatif d'une demi-douzaine de personnes ah ah) il me semble qu'ils sont beaucoup moins touchés que les technciens de la musique par le GAS, sans doute parce qu'ils vivent beaucoup plus confortablement de leur métier et sont dans une précarité moindre (en tout cas, c'est ce que je constate). Ils sont plus sereins et n'ont pas besoin de se rassurer avec toutes nos conneries de musiciens. Bon, peut-être aussi parce que le cinéma (ou la vidéo) est plus naturaliste comme esthétique et qu'on a pas besoin tous les jours de 6 plugins de saturation et de multi-effets chorus/phasers/flanger/modulation etc. etc.
Consulter Audiofanzine et y avoir un compte est déjà un premier pas vers le vice...
L'article est très complet et c'est très intéressant qu'il soit documenté de façon aussi rigoureuse.
Cela dit, il me semble qu'il y a un aspect psychologique au GAS que vous n'avez pas évoqué (ou alors ça m'a échappé) : l'angoisse de ne pas assurer sans la dernière pièce de matos que tout le monde loue sur les réseaux.
Je m'explique : la musique (quand on en vit) est un des milieux les plus concurrentiels qui existe, et en plus de cela elle nous engage directement en tant que personne. Si on est auteur-compositeur ou autrice compositrice, un morceau mal reçu (qui n'est pas vu, pas liké, pas streamé) est une blessure narcissique. Qui se double d'une angoisse matérielle bien concrète, puisque cela engage aussi les revenus qu'on peut attendre de la musique : contrairement au métier d'expert comptable, dans la musique on peut perdre tous ses revenus du jour au lendemain simplement parce que le dernier album ne marche pas fort et qu'on est lâché par les "partenaires" (de toutes façons, il y a 250 groupes qui attendent juste derrière). Il n'y a qu'à constater le turn-over délirant des groupes "en développement" (par exemple, on peut analyser les sélections du FAIR chaque année et constater qui a survécu et qui a disparu brutalement dans les limbes après avoir passé 2 ans à faire des tournées de 40 dates - en général, on cumule alors burn-out et dépression. Un métier de rêve, vraiment).
C'est une analyse connue que la plupart des musiciens qui sont morts jeunes d'overdose n'avaient pas un usage uniquement "récréatif" de la drogue : en fait, la drogue les aidait à supporter le manque d'argent et de reconnaissance et/ou la violence symbolique exercée sur eux en tant que produit quand l'argent et la reconnaissance arrivait (il faut assurer, être beau, sortir des disques qui marchent, faire des concerts géniaux, ne pas se répéter, mais aussi ne pas perdre ses fans, écouter les super conseils du producteur qui n'y connait rien etc. etc.).
C'est un peu pareil (mais c'est moins violent) si on est musicien ou musicienne de scène, ou encore si on mixe/masterise. Et dans ce dernier cas (si on est technicien ou technicienne), c'est le matos qui va être investi plutôt que la drogue (d'autant que mixer défoncé est vraiment une idée encore pire que jouer de la musique défoncé).
En tant que technicien, je suis toujours stressé quand je commence un projet parce que je me dis toujours que je ne serais pas à la hauteur (même si ça se passe toujours bien). Et je ne suis moi-même jamais complètement satisfait du résultat (quelques soient les retours).
Acheter du matos, et là je parle pour moi (il s'agit dans mon cas essentiellement de plugins, le plus souvent pas trop chers) mais je pense que ça se passe un peu de la même façon pour d'autres, c'est se rassurer en se disant "bon, si jamais je suis confronté à un problème de bruit de fond trop important dans ces pistes de voix, il faut vraiment que je m'en sorte mieux que la dernière fois avec le plugin x. Je crois que le plugin y va m'apporter une grosse plus value et une meilleure qualité". Ou encore "bon, je ne suis vraiment pas content de la façon dont mes plugins de saturation x, y et z impactent les basses. Je crois bien que ce plugin w en promo à 29€ va me permettre de régler ce problème."
Et parfois, on se dit que vraiment il nous fait ce 12e plugn de réverbération, puisque tout le monde semble dire qu'il est génial (alors que très clairement, personne n'entendra la différence dans un mix si la reverb est bien dosée).
Le pire, c'est qu'évidemment en ayant 5 plugins de saturation différents, on a quand même 5 couleurs et 5 manières différentes de régler un problème ou d'atteindre un objectif. Donc c'est évidemment un plus, et je pense sincèrement que je mixerais moins bien sans certains plugins. Mais en même temps, j'ai un nombre incalculable de plugins qui n'apportent clairement pas grand chose et pourraient être remplacés par un autre que j'ai déjà (ou que j'avais déjà dans ma STAN).
Voilà voilà, juste pour apporter ma contribution, et aborder aussi le cas de l'insécurité existentielle des gens qui vivent de la musique et des conséquences que cela peut avoir sur le GAS.
P.S. : d'ailleurs, je remarque quelque chose chez les techniciens du cinéma. En tout cas chez ceux que je connais (un panel super représentatif d'une demi-douzaine de personnes ah ah) il me semble qu'ils sont beaucoup moins touchés que les technciens de la musique par le GAS, sans doute parce qu'ils vivent beaucoup plus confortablement de leur métier et sont dans une précarité moindre (en tout cas, c'est ce que je constate). Ils sont plus sereins et n'ont pas besoin de se rassurer avec toutes nos conneries de musiciens. Bon, peut-être aussi parce que le cinéma (ou la vidéo) est plus naturaliste comme esthétique et qu'on a pas besoin tous les jours de 6 plugins de saturation et de multi-effets chorus/phasers/flanger/modulation etc. etc.
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