Il y a un peu moins de deux ans, nous testions l’iD22, première interface audio de la marque anglaise Audient, plutôt connue pour ses consoles et préamplis micro. Le passage à l’outil informatique s’étant plutôt bien passé, les grands Bretons ont décidé d’emboîter le pas, avec une deuxième interface, plus petite et moins onéreuse. L’iD14 garde-t-elle les qualités de sa grande sœur ?
L’iD14 est bien une Audient, et il y a clairement un air de famille avec l’iD22 testée il y a presque deux ans. À l’instar de sa grande sœur, la qualité de construction est excellente et l’interface semble prête à encaisser les coups grâce à sa carcasse en aluminium. Son poids nous semble parfait, assez conséquent pour qu’elle reste bien ancrée sur le bureau et pas trop important pour que le transport ne soit pas pénible.
Des prises à leur place
Côté connectique, Audient semble avoir appris de ses erreurs et a eu cette fois-ci la bonne idée de placer la sortie casque et l’entrée instrument sur la face avant (c’était un des points faibles de l’iD22). Aussi, les Anglais ont augmenté le nombre de LEDs permettant de visualiser les niveaux (2×8 contre 2×4 sur l’iD22). L’iD14 n’est donc pas une iD22 au rabais, la petite se permettant de corriger certaines erreurs de sa grande sœur. Nous saluons donc Audient qui semble être à l’écoute des critiques.
Il n’y a en revanche toujours de pas de switch on/off, mais cela est ici moins critique, car l’iD14 peut être alimentée par l’USB (sauf si vous comptez utiliser l’alimentation fantôme) et elle s’éteindra donc automatiquement lorsque votre ordinateur ira faire dodo.
À l’arrière de l’interface, on retrouve les deux entrées au format combo XLR/Jack TRS afin d’accepter des niveaux lignes et micros. Les deux sorties permettant de brancher vos enceintes se trouvent juste à côté et sont quant à elles au format Jack TRS. Enfin, bonne surprise, une entrée ADAT est disponible juste à côté du connecteur USB, ce qui est une très bonne nouvelle pour ceux désirant rajouter plus tard (ou pourquoi pas maintenant, soyons fous) un préampli afin de hausser le nombre d’entrées micro disponibles ! D’ailleurs, Audient propose l’ASP880 qui semble parfait pour jouer ce rôle. On apprécie vraiment cette possibilité d’évolution, surtout sur une interface aussi compacte.
Aux commandes
La partie supérieure de l’iD14 est assez simple à apprivoiser. Les deux préamplis micros disposent chacun d’un potard de gain et d’un sélecteur activant l’alimentation fantôme 48 V. Le reste (opposition de phase, PAD et coupe-bas) sera dorénavant logiciel, ce qui est compréhensible vu la taille de l’interface, et pas vraiment gênant en pratique.
Sur la partie droite, on aperçoit le gros encodeur rotatif cranté et cliquable permettant de contrôler les volumes des enceintes et du casque, mais aussi plein d’autres choses grâce au mode « iD ». En effet, ce dernier nous laisse choisir entre plusieurs actions. Le ScrollControl permettra d’utiliser l’encodeur comme une molette de souris. Ainsi, une fois le curseur de votre souris/trackpad placé au-dessus d’un potard virtuel, l’encodeur permettra de modifier la valeur de celui-ci. Certains pourront trouver ça plus naturel que la molette de la souris ou le défilement « à deux doigts » du trackpad. Une bonne idée toute simple comme on les aime. Si cette fonction ne vous plait pas, vous pourrez toujours utiliser ce bouton iD pour activer le mode mono, mono+polarity (annule ce qu’il y a au centre du mix), le dim (-15 dB) ou encore le talkback (il ne vous restera plus qu’à choisir la source pour le micro). Nous avons donc accès à différents contrôles très pratiques, que ce soit pendant l’enregistrement (talkback) ou le mixage (mono, mono+polarity et dim).
On a pas iD
Pas trop de surprises non plus côté logiciel, car on se retrouve devant la même chose que l’iD22. Ce n’est pas plus mal, car cette petite console virtuelle nous avait bien plu. C’est joli et fonctionnel, et il n’y a pas grand-chose à redire.
On retrouve les deux entrées analogiques, les entrées numériques et les retours logiciels. Pour chacun on dispose de réglages du panoramique, et d’un envoi vers le bus « Cue » qui est un mix alternatif généralement destiné au musicien via la sortie casque. On dispose pour les entrées d’un solo, d’un mute, d’un boost de 10 dB (mais numérique) et d’un inverseur de phase.
La section Master représente les deux potards de volume (enceintes et casque) ainsi que les boutons mono, inversion de phase et talkback. Dans le panneau « channel view » on pourra simplifier visuellement la petite console en masquant certaines entrées (analogiques, numériques ou les retours STAN). Enfin, on retrouve un Master pour le mix « Cue » et un bouton Solo afin d’écouter rapidement le mix que vous allez envoyer à votre musicien.
On termine enfin avec la partie « system » permettant de choisir entre l’ADAT et le S/PDIF pour l’entrée numérique, la source pour l’horloge numérique, la source pour le talkback, et le canal pour le mode mono (L, R ou C). Pour les sorties enceintes et casque, on pourra aussi choisir la source (mix main, cue ou le retour de votre STAN). Pour terminer, vous pourrez enregistrer et rappeler votre config simplement via les boutons save et load.
Vous l’aurez compris, la partie logicielle est très plaisante et complète. En plus, le manuel est très bien fait, ce qui ne gâche rien.
Benchmark
Une fois l’iD14 raccordée à notre MacBook Pro, nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 2,93 ms en entrée et 2,59 ms en sortie (en 96 kHz). Ces résultats sont plutôt bons pour une interface USB, même si forcément un peu moins que les dernières interfaces Thunderbolt que nous avons eues entre les mains…
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, en 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,116 dB, l’iD14 a un score qui reste loin des ténors du genre (plutôt aux alentours de ±0,03/0,05 dB), presque identique à la Focusrite Scarlett Solo qui coûte moins de 100 €, mais globalement bien meilleur que le reste des entrées de gamme que nous testons généralement (plutôt aux alentours de ±0,5 dB). Le score nous semble donc honnête, mais sans plus, la petite Scarlett étant assez exceptionnelle à ce niveau pour le prix.
Du côté de la distorsion, elle est très bonne dans le bas du spectre, et remonte un peu dans le haut. Dans sa globalité, c’est honnête encore fois, sans crever le plafond non plus. Les interfaces d’entrée de gamme oscillent entre 0,01 et 0,02 % et les meilleures restent généralement sous la barre des 0,002 %.
Les préamplis intégrés disposent d’un gain de 56 dB (plus un boost de +10dB logiciel), ce qui est bien.
Heureusement, Audient sait faire des préamplis, et ça se voit. Côté déviation, avec le gain réglé sur 34 dB, on a quasiment le même résultat que pour les entrées ligne, avec ±0,122 dB. Les préamplis équipant l’iD14 sont donc transparents, ce qui est une très bonne chose.
Pour la distorsion, c’est un peu la même histoire, avec des résultats très proches des entrées lignes. Ceci nous confirme que la marque anglaise sait ce qu’elle fait quand il s’agit de préamplification.
Avec un rapport signal/bruit de 100 dB lorsque le gain est réglé sur 34 dB, on peut dire que les préamplis soufflent peu, et sans pour autant rivaliser avec les Apollo 8 ou MOTU 1248 que nous avons testées dernièrement (108 dB), elle reste dans le haut du panier. Pour une interface coûtant environ 270 € en magasin, c’est plutôt un bon résultat !
Pour résumer cette séance de benchmark, on peut dire que l’iD14 est doté de convertisseurs « bons mais sans plus » et de préamplis silencieux et transparents.
Conclusion
Pour environ 270 €, Audient nous propose une interface solide, pratique, peu encombrante, dotée de préamplis silencieux et transparents et d’une entrée numérique. La console virtuelle est vraiment jolie et très simple à utiliser, et le format desktop permet d’accéder facilement à l’encodeur, aux potards et aux boutons, notamment le très pratique petit « iD ». L’iD14 a le bon goût de corriger les quelques défauts de l’iD22 que nous avions recensés lors de son test, comme le nombre de LEDs sur le vumètre ou encore l’emplacement des sorties casque et entrée instrument. Vous l’aurez compris, il ne reste plus grand-chose à redire à propos de l’iD14, mise à part le manque de traitement interne (bien que pour le prix…) et l’obligation de la brancher sur le secteur afin de profiter de l’alimentation fantôme. Si vous cherchez une interface audio USB dotée de deux préamplis et que votre budget vous permet d’aller un peu plus loin que l’entrée de gamme, l’iD14 peut être une bonne solution durable.
Téléchargez les benchmarks micro et ligne