Il y a un peu plus d’un an et demi, Antelope présentait les Discrete, une nouvelle série d’interfaces Thunderbolt et USB à préamplis discrets et toujours dotées de leur fameux module FPGA et de la flopée de modélisations d’effets qui va avec. Retour en juin 2019, et le constructeur ressort sa Discrete 4 en intégrant cette fois-ci deux DSP en plus du FPGA. Coup marketing ou véritable avancée ?
Première constatation, la Discrete 4 Synergy Core est une Discrete 4. Elle reprend les mêmes traits, les mêmes dimensions (261 × 44 × 208 mm pour 1,7 kg), le même écran, les mêmes potards (qui passent du noir au gris métallisé) ainsi que la même connectique. Finalement, seule la sérigraphie change, avec l’apparition du logo « Synergy Core ».
On retrouve donc sur la face avant les deux premières entrées dotées de prises combo XLR/Jack 6,35 mm et capables d’accepter des signaux au niveau ligne, micro et instrument. Les deux autres entrées analogiques sont placées derrière et n’acceptent quant à elles que les niveaux ligne et micro. À droite nous retrouvons pas moins de 4 sorties casque, ce qui est assez rare pour être souligné, d’autant plus que ces sorties seront indépendantes, tant en termes de volume que de provenance du signal. Au milieu se trouvent l’écran doté d’une résolution assez fine, les trois boutons et le gros potard cranté et cliquable. Tout ce petit monde vous permettra d’ajuster les niveaux en entrée (les quatre préamplis) et en sortie (les quatre sorties casques et les sorties analogiques Monitor et ligne) et d’avoir un aperçu global des niveaux de gain des quatre entrées et de leurs niveaux, de l’état de synchronisation de l’horloge et de la fréquence d’échantillonnage. Tout ça est très complet même s’il est un peu plus chronophage de passer par des menus pour régler telle entrée ou sortie que d’avoir des potards dédiés. Il faut cependant rester honnête, c’est aussi grâce à ce système que l’interface peut garder sa taille compacte.
À l’arrière, pas de surprise non plus, avec les deux entrées analogiques citées plus haut, les trois paires de sorties stéréo au format Jack TRS (quatre Line Out et une Monitor), l’entrée/sortie Wordclock au format BNC, la prise USB 2, la prise Thunderbolt 2, l’entrée/sortie ADAT et l’entrée/sortie S/PDIF. L’alimentation externe dispose d’un connecteur qui se visse à l’interface afin d’éviter tout débranchement intempestif. Dernière chose à savoir, la Discrete 4 n’a pas de bouton d’alimentation, ce qui peut-être gênant pour certains.
Gros plan sur la partie logicielle
Pour la partie logicielle, rien ne vaut une petite vidéo afin de vous montrer l’interface graphique et les possibilités offertes par la Discrete 4 Synergy Core.
Hard-Core
La grosse nouveauté de la Synergy Core, c’est l’ajout de deux DSP afin d’épauler le FPGA qui était déjà présent dans la Discrete 4 « tout court ». Après avoir questionné le constructeur sur l’intérêt de la chose, ces derniers nous ont expliqué qu’ils se sont retrouvés confrontés à des temps de développement très longs lorsqu’il s’agissait de développer sur le puissant FPGA. S’ils arrivaient à obtenir des résultats satisfaisants sur les égaliseurs, préamplis et compresseurs, programmer un réverbe comme l’Auraverb leur prit beaucoup de ressources humaines et c’est aussi pourquoi on ne retrouvait pas d’effets à modulation dans leur catalogue de plug-ins. Le passage au DSP leur permettra à l’avenir de proposer un catalogue de traitements plus grand et plus diversifié, grâce à un temps de développement plus court, voire d’intégrer des plug-ins d’éditeur tiers. Il reste à noter que le constructeur n’est à l’heure actuelle qu’à l’étape de promesse et que les futurs potentiels acheteurs feront un pari sur l’avenir. Néanmoins, Antelope promet une première livraison de plug-ins à la fin du mois (Mise à jour au 21/11/19 : 3 effets sont désormais disponibles, le Vari-speed Tremolo, la Space Flanger et l’Opto 2A. D’autres devraient arriver, notamment l’Autotune en parternariat avec l’éditeur Antares) et vous aurez déjà de quoi faire avec les 36 effets inclus, même s’il y a principalement des compresseurs, des égaliseurs, des préamplis micro et des simulateurs d’amplis de guitare. Ces derniers sont bons sans pour autant remplacer dans notre cœur ce que l’on peut retrouver chez Positive Grid, par exemple. Les égaliseurs et compresseurs restent en revanche une valeur sûre, et nous les utilisons d’ailleurs dans notre podcast mensuel et en direct. Antelope propose aussi des plug-ins à l’achat, et on se rapproche des prix assez onéreux d’un Universal Audio (250 à 300 €). C’est apparemment le prix à payer pour des effets intégrés aux interfaces audio…
On peut aussi noter la présence de la réverbe Auraverb qui rendra bien des services, même si on sera limité par une seule instance. Un master de-esser ainsi qu’un plug-in dénommé Afx2daw sont aussi disponibles dans le store. Ce dernier permettra d’utiliser les effets Antelope dans votre STAN préférée (jusqu’à 16 instances, 4 plug-ins par instance), ce qui est une super nouvelle. En revanche seuls les possesseurs de Mac et Thunderbolt pourront en profiter et son prix reste assez élevé (195 €). Dommage !
Benchmark
Nous avons réglé la mémoire tampon au minimum (32 échantillons) afin d’obtenir la meilleure latence : 0,96 ms en entrée et 0,96 ms en sortie (en 96 kHz). C’est un excellent résultat, merci le Thunderbolt !
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux lignes, à 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,171 dB, la Discrete 4 Synergy Core se place plutôt bien rapport à son prix et le nombre d’entrées/sorties qu’elle propose. On peut retrouver de meilleurs résultats ailleurs (la dernière Apollo a obtenu ±0,097 dB), mais c’est souvent pour un prix largement supérieur (2,5 fois plus cher pour 4 préamplis intégrés). Ce résultat nous semble donc tout à fait normal, et l’on notera juste une très légère atténuation dans le haut du spectre (on parle ici en dixième de dB…).
La distorsion reste quant à elle toujours sous le seuil des 0,002 %, quelle que soit la fréquence. Ce résultat est aussi très bon pour le prix, on pourra retrouver mieux ailleurs, mais souvent pour plus cher.
Voici les résultats en niveau micro avec le gain réglé sur 34 dB :
La déviation nous fait la surprise de devenir légèrement meilleure (±0,138 dB), ce qui est très agréable, et on notera le même profil avec une légère atténuation dans le haut du spectre. La distorsion reste identique au niveau ligne, avec moins de 0,002 % sur tout le spectre. Ces deux résultats prouvent que les préamplis micro intégrés sont très transparents, ce qui est une bonne chose, surtout quand le constructeur propose des simulateurs de préamplis à son catalogue.
Au niveau du bruit de fond, on est, avec le gain à 34 dB, à 93 dB de signal/bruit, ce qui reste honnête pour le prix.
Nous avons aussi testé la sortie casque et les résultats sont tout à fait satisfaisants, avec une déviation quasiment identique de ±0,144 dB, une distorsion à moins de 0,003 % (à volume maximum), un rapport signal/bruit de 95 dB et une puissance de 7,9 Vrms, ce qui n’est pas énorme mais largement suffisant avec la majorité des casques.
Pour résumer, les performances audio nous semblent tout à fait correctes au vu du prix et du nombre d’entrées/sorties. C’est d’ailleurs souvent le point fort d’Antelope.
Conclusion
Antelope ajoute une nouvelle corde à l’arc de sa Discrete 4 avec l’adjonction de deux DSP promettant un avenir radieux côté plug-ins. La promesse du constructeur est de proposer des traitements plus diversifiés (réverbes, effets de modulation) et en plus grand nombre, même si le catalogue offert est déjà conséquent (36 traitements !). On espère que parole sera tenue (MAJ : déjà trois sont disponibles au 21/11/19), car la Discrete 4 Synergy est une interface qui le mérite, avec son bon rapport qualité/prix.