Il y a un an et demi, Focusrite sortait la deuxième itération de leur best-seller, la Scarlett 2i2, et c’est avec curiosité que nous accueillons aujourd’hui la troisième version dont les nouveautés restent peu nombreuses, mais intéressantes. Focus sur la petite Scarlett.
La 2i2 de deuxième génération nous avait déjà plu à l’époque, avec son look sympathique et son format compact. Et première bonne surprise avec cette 3e génération, l’interface est encore plus petite. Elle reste aussi haute et large, mais moins profonde, ce qui peut avoir son intérêt sur un bureau surchargé comme celui de Los Teignos. Côté look et finition, nous avons noté aussi une amélioration, même si les goûts personnels rentrent en compte ici. La petite 2i2 est vraiment sexy et la face avant un peu plus soignée. On apprécie, surtout sur une interface de ce prix, qui augmente un peu par rapport à la 2nd génération, mais reste contenu (170€ en magasin).
Côté fonctionnalité, il y a aussi du nouveau, avec deux modes pour le direct monitor. On peut désormais choisir entre le mode mono (les deux entrées seront placées au centre) et le mode stéréo (une à gauche et l’autre à droite). Ça peut paraitre idiot, mais c’est parfois utile quand on enregistre une source stéréo !
La deuxième nouveauté concerne le mode « AIR » hérité de la série Clarett. Cela permet de modifier la réponse en fréquence des préamplis afin de modéliser les caractéristiques de ceux à transformateurs, les modèles ISA de la marque anglaise. Comme sur les Clarett, cela boost les hautes fréquences à partir de 1 kHz (jusqu’à 2,2 dB à 10 kHz) et diminue les basses fréquences en dessous (jusqu’à –2 dB à 30 Hz), le tout saupoudré de distorsion en bas et milieu de spectre. Nous avons mesuré tout ça :
La dernière nouveauté concerne le connecteur USB qui passe au format USB-C, mais pas de panique, un câble USB-C vers USB « classique » est glissé dans la boite, et l’interface reste donc compatible avec n’importe quel ordinateur doté de ports USB 2.
Côté spécifications techniques, le constructeur annonce 56 dB de gain sur les préamplis micro au lieu des 50 dB de la 2e génération, ce qui est une bonne nouvelle, car nous avions noté dans le test la légère faiblesse des préamplis. Le constructeur annonce aussi un changement au niveau des convertisseurs, mais nous testerons ça un peu plus bas lors des benchmarks.
Pour le reste, c’est identique, avec deux entrées au format combo XLR/jack 6,35 mm, deux potards de gain dont le pourtour s’illumine en vert, orange ou rouge suivant le niveau en entrée, deux switchs pour passer en niveau instrument et activer le mode AIR et un bouton pour activer le 48 V. La sortie casque dispose de son propre potard de volume, situé juste à droite du gros potard destiné aux sorties enceintes.
Les nouveautés sont donc notables et bienvenues, reste à voir côté performances audio.
Mais avant, un petit mot côté bundle qui reste toujours impressionnant pour une interface de ce prix, avec Pro Tools First Focusrite Creative Pack, Ableton Live Lite, XLN Audio Addictive Keys, Softube Time and Tone Bundle, Focusrite Red Plug-in Suite et Focusrite Plug-in Collective. Ce n’est pas une nouveauté, mais c’est un argument de poids pour la 2i2.
Benchmark
Avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 3,58 ms en entrée et 2,34 ms en sortie (à 96 kHz). C’est exactement les mêmes résultats que pour la génération précédente et très classique pour une interface d’entrée de gamme USB, il n’y a donc rien à redire là-dessus.
Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux ligne, à 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,027 dB, la 2i2 fait un excellent résultat, d’autant plus dans sa catégorie de prix. On observe une très légère bosse dans les extrémités du spectre, mais on est du niveau des meilleures. C’est mieux que la précédente génération qui avait une déviation de ±0,127 dB.
La distorsion, quant à elle, ne dépasse pas 0,01 %, ce qui reste un peu plus loin des interfaces haut de gamme plutôt situées autour de 0,001 % et équivalent à la précédente génération de Scarlett 2i2. Par comparaison, c’est mieux que l’UR22 de Steinberg (0,02 %), un peu mieux que l’iD4 d’Audient (jusqu’à 0,015 %), l’U44 de Zoom et l’Audiobox iOne de PreSonus (entre 0,01 et 0,02 %), mais moins bon que la M-Audio M-Track 2X2 (moins de 0,003 %).
Côté préamplification, on note un gain maximal de 56 dB, ce qui donne 6 dB de rabe par rapport à la précédente génération. Vu que c’était une des limites pointées du doigt, c’est une très bonne chose !
Avec le gain à 34 dB, la déviation est de ±0,023 dB, ce qui est toujours un excellent résultat. La distorsion ne bouge pas non plus, ce qui prouve que les préamplis sont très transparents. C’est un sans faute.
La rapport signal/bruit obtenu avec ce réglage de gain est de 98 dB, ce qui est aussi un excellent résultat dans cette gamme de prix, on retrouve pas mal d’interfaces moyenne gamme avec des performances équivalentes. Le résultat fait un gros bon en avant par rapport à la génération précédente (87,5 dB), les préamplis, en plus de proposer plus de gain, sont donc beaucoup plus silencieux.
Nous avons aussi testé l’entrée DI qui présente une déviation de ±0,035 dB et une distorsion à 0,015 %, ce qui reste conforme à ce que l’on peut attendre de la 2i2, mais les sorties casques présentent en revanche une atténuation et de la distorsion dans le bas du spectre pour une puissance moins grande que les dernières interfaces haut de gamme testées. Rien de dramatique, mais veillez à utiliser un casque avec une impédance pas trop élevée. On touche ici au petit point faible de l’interface, mais ne faisons pas la fine bouche, car le reste des performances audio est tout bonnement excellent.
Conclusion
La Scarlett 2i2 revient dans une troisième mouture, et si la génération précédente était très bonne, nous arrivons ici à une certaine excellence pour cette gamme de prix (170€ en magasin). Les préamplis offrent désormais une réserve de gain suffisante tout en améliorant le rapport signal/bruit, les convertisseurs font un bon en avant, la fonction AIR fait son apparition, la fonction direct monitor s’améliore, et la petite trouve encore le moyen d’être plus jolie et compacte. Le tableau est presque parfait, ce qui lui fait gagner une demi-étoile et un award valeur sûre. À acheter les yeux fermés.