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Test du Native Instruments Absynth 6 - Les profondeurs de la synthèse

7/10

C’est l’arlésienne des synthés virtuels. Plus de 25 ans après la première version et plus de 16 ans après les débuts de la version 5, Absynth revient enfin en version 6. Pendant tout ce temps, la concurrence n’a pas chômé. Absynth a-t-il toujours sa place dans un marché plus saturé que jamais ?

Test du Native Instruments Absynth 6 : Les profondeurs de la synthèse

Absynth a long­temps été un pilier du sound design. À ses débuts, au tour­nant des années 2000, ce synthé­ti­seur semi-modu­laire créé par Brian Clevin­ger a marqué l’uni­vers des instru­ments virtuels par ses textures évolu­tives et sa souplesse hors pair.

Clevin­ger, ingé­nieur et compo­si­teur, fonde sa société Rhizo­ma­tic Soft­ware et lance Absynth en indé­pen­dant avant de s’as­so­cier à Native Instru­ments en 2001. Pendant des années, ce synthé a été salué pour la profon­deur de sa synthèse et sa capa­cité à géné­rer des ambiances complexes. Alors que tout le monde pensait que son déve­lop­pe­ment était arrêté, voici fina­le­ment le retour d’Ab­synth en version 6. Cette nouvelle mouture cherche à moder­ni­ser des aspects clés, comme l’ex­plo­ra­teur de présets ou l’ex­pres­si­vité, tout en préser­vant l’es­prit du synthé histo­rique.

Tour du proprié­taire d’Ab­synth 6 : inter­face, formats plug-ins et orga­ni­sa­tion géné­rale

Absynth6 2Absynth 6 est un instru­ment virtuel dispo­nible pour Windows et macOS et se présente sous les formats VST3, AU et AAX. En décou­vrant la fenêtre du logi­ciel, les personnes qui ont déjà travaillé avec Absynth, quelle que soit la version, ne seront pas dérou­tées. Par contre, les personnes qui le découvrent risquent d’être un peu perdues si elles sont habi­tuées à des logiques ergo­no­miques plus récentes, comme celles de Pigments par exemple. L’in­ter­face a été retra­vaillée, mais elle reste touf­fue. On note tout de même l’ef­fort porté sur la lisi­bi­lité. Les textes sont bien visibles, même sur des réso­lu­tions modestes, et l’in­ter­face redi­men­sion­nable va dans le même sens. L’en­semble est orga­nisé en plusieurs pages, acces­sibles depuis un bandeau situé en haut de la fenêtre. On note ici une légère réor­ga­ni­sa­tion. Par exemple, l’on­glet Perform a disparu, tandis que celui Attri­butes est remplacé par Assign. On y trouve donc main­te­nant, dans l’ordre, les onglets Brow­ser, Patch, Effects, Waves, Enve­lopes, LFO et enfin Assign. Le centre de la fenêtre est occupé par la visua­li­sa­tion de la page défi­nie par l’on­glet sélec­tionné. Tout en bas, on trouve seize commandes macro, orga­ni­sées en deux groupes de huit. Cette struc­ture en onglets, effi­cace, permet de navi­guer d’un bloc de para­mé­trage à l’autre sans trop se perdre dans les profon­deurs de la program­ma­tion. 

Brow­ser d’Ab­synth 6 : nouveau mode Explo­rer et navi­ga­tion dans les présets

Absynth6 24 ExplorerLe navi­ga­teur de présets évolue surtout grâce au nouveau mode Explo­rer. Cette vue propose une orga­ni­sa­tion diffé­rente de la biblio­thèque, et repose sur une analyse auto­ma­tique réali­sée par un modèle d’ap­pren­tis­sage auto­ma­tique qui iden­ti­fie les carac­té­ris­tiques du son et orga­nise la biblio­thèque en consé­quence. Le dépla­ce­ment dans cet espace permet de décou­vrir des variantes ou des familles de sons que l’on n’au­rait peut-être pas consul­tées en parcou­rant une simple liste. Ce système, qui peut rappe­ler certains explo­ra­teurs de présets ou de samples que l’on rencontre chez quelques concur­rents (XLN Audio, par exemple), complète la vue stan­dard en liste avec ses tags et son moteur de recherche inté­grés. Préci­sons égale­ment qu’un pratique système de pré-écoute est inté­gré.

L’un des points impor­tants à signa­ler, surtout pour les personnes qui envi­sagent de réuti­li­ser leurs anciens projets, est la compa­ti­bi­lité ascen­dante. Absynth 6 peut char­ger des présets prove­nant de n’im­porte quelle version anté­rieure, depuis la toute première mouture sortie en 2000. C’est un choix appré­ciable dans un contexte où la durée de vie des projets devient de plus en plus longue.

Le Muta­tor, outil histo­rique d’Ab­synth, est évidem­ment de retour. Il sert à géné­rer rapi­de­ment des varia­tions d’un préset en jouant sur la profon­deur des chan­ge­ments et la part d’aléa­toire. C’est un moyen d’ex­plo­rer des pistes sonores sans modi­fier chaque para­mètre à la main, tout en conser­vant la possi­bi­lité d’ajus­ter ensuite chaque résul­tat dans le détail.

La banque de présets, réali­sée par diffé­rents·es sound desi­gners, est large­ment four­nie. Il y en a pour tous les goûts, même si la part belle est faite aux sono­ri­tés sur lesquelles Absynth a toujours excellé : les nappes atmo­sphé­riques, les ambiances numé­riques évolu­tives et les séquences élec­tro­niques réali­sées sans séquen­ceur ni arpé­gia­teur, mais grâce aux enve­loppes multi­points. On remarque vite qu’Ab­synth reste fidèle à son iden­tité : les amateur·ices de sono­ri­tés typées analo­giques passe­ront leur chemin.

01 – Absynth 6 – Nappe
00:0002:40
  • 01 – Absynth 6 – Nappe02:40
  • 02 – Absynth 6 – Abso­lute01:31
  • 03 – Absynth 6 – Dirty Pad01:29
  • 04 – Absynth 6 – Abysyn01:37
  • 05 – Absynth 6 – Bass 101:12
  • 06 – Absynth 6 – Bass 200:47
  • 07 – Absynth 6 – Bass 300:35
  • 08 – Absynth 6 – Bass 400:44
  • 09 – Absynth 6 – Siphons in the sky01:18
  • 10 – Absynth 6 – Astral key02:07
  • 11 – Absynth 6 – Wave­pad01:19
  • 12 – Absynth 6 – Sequences07:19

Struc­ture semi-modu­laire d’Ab­synth 6 : archi­tec­ture du moteur de synthèse et des effets

Absynth6 21 PatchLe moteur d’Ab­synth repose toujours sur une archi­tec­ture semi-modu­laire. Dans l’on­glet Patch, la struc­ture est repré­sen­tée graphique­ment avec ses modules, qui peuvent se désac­ti­ver, et les connexions. Cette logique a fait ses preuves depuis long­temps et se révèle très intui­tive à l’usage. Elle permet d’em­pi­ler et de combi­ner des synthèses très diffé­rentes tout en conser­vant une orga­ni­sa­tion claire, sans passer par un système de patchs complexe.
Le cœur du dispo­si­tif s’ar­ti­cule autour de trois chan­nels, chacun doté d’un géné­ra­teur (oscil­la­teur ou source) suivi de deux étages de filtrage.

Les géné­ra­teurs couvrent un large éven­tail : simple oscil­la­teur, version double, FM, ring mod, Frac­ta­lize, oscil­la­teur granu­laire, lecteur de sample ou encore entrée audio.

Les filtres, eux, proposent aussi bien des trai­te­ments clas­siques, comme les low-pass ou high-pass, que des modules plus parti­cu­liers, tels que les filtres comb, Cloud, Ring Mod ou encore un wave­sha­per.
Les géné­ra­teurs, eux, couvrent un large éven­tail : simple oscil­la­teur, version double, FM, ring mod, Frac­ta­lize, oscil­la­teur granu­laire, lecteur de sample ou encore entrée audio.
Les trois chan­nels convergent ensuite vers deux filtres master, qui offrent les mêmes types de trai­te­ments que les filtres de canal, puis vers un effet d’in­sert global. Ce dernier peut être choisi parmi six trai­te­ments : Aethe­ri­zer, Multi­comb, Pipe, Reso­na­tors, Echoes ou Multi­tap.

Page Wave d’Ab­synth 6 : créa­tion et édition avan­cées de formes d’onde

Absynth6 3L’on­glet Wave est dédié à la créa­tion et à l’édi­tion des formes d’onde utili­sées par certains oscil­la­teurs d’Ab­synth. Comme dans les versions précé­dentes, on y sculpte direc­te­ment la struc­ture harmo­nique d’un signal grâce à un éditeur graphique très détaillé. Plutôt que de se limi­ter à des wave­tables prédé­fi­nies, l’uti­li­sa­teur·­ice peut aussi dessi­ner, lisser, morpher ou réor­ga­ni­ser les partiels d’une onde, voire en géné­rer de nouvelles à partir de fonc­tions internes. L’ou­til permet aussi de travailler sur plusieurs cycles, ce qui faci­lite la mise en place de varia­tions timbrales au sein d’une même forme d’onde. Si ce prin­cipe est aujour­d’hui utilisé dans d’autres logi­ciels, l’on­glet conserve le rôle qui a long­temps fait sa répu­ta­tion, celui d’un véri­table atelier de micro-synthèse, permet­tant d’ob­te­nir des résul­tats très spéci­fiques et d’al­ler bien au-delà d’une synthèse basée sur des tables d’ondes clas­siques. 

Modu­la­tions, enve­loppes multi­points et effets inté­grés d’Ab­synth 6

Absynth6 18 EnvEn plus de ses trois LFO dotés de nombreuses formes d’onde, Absynth 6 conserve son géné­ra­teur d’en­ve­loppes multi­points, capable d’al­ler jusqu’à 68 segments. Ce système permet de mode­ler des évolu­tions très fines dans le temps. Ces enve­loppes sont très utiles pour les textures évolu­tives, les sons complexes et même pour des séquences.

Chaque note peut être modu­lée indé­pen­dam­ment grâce à la prise en charge du MPE et du poly­pho­nic after­touch. Comme Absynth excelle dans la concep­tion de textures numé­riques ou hybrides acous­tique-élec­tro­nique, cette expres­si­vité supplé­men­taire sera sans aucun doute très utile pour les utili­sa­teur·­rices de contrô­leurs compa­tibles.

Les 16 nouveaux macros, auxquels on peut assi­gner de nombreux para­mètres (mais pas tous !), sont très pratiques pour l’au­to­ma­tion et pour regrou­per les réglages essen­tiels en perfor­mance.

Absynth a toujours été salué pour la qualité de ses effets. Peu d’évo­lu­tions ici : ils sont toujours six (Aethe­ri­zer, Multi­comb, Pipe, Reso­na­tors, Echoes et Multi­tap) et restent très effi­caces pour ajou­ter de la profon­deur ou de l’es­pace, tout en pouvant être placés préci­sé­ment dans une confi­gu­ra­tion surround. Pour­tant, il est toujours impos­sible d’en utili­ser plusieurs en même temps. À l’heure où beau­coup de synthé­ti­seurs virtuels offrent nombres d’ef­fets à placer en série ou en paral­lèle, cela paraît un peu mince.

  • Absynth6 4 Explorer
  • Absynth6 6 Browser
  • Absynth6 5 Patch
  • Absynth6 7 FX Aetherizer
  • Absynth6 8 FX Multicomb
  • Absynth6 9 FX Resonators
  • Absynth6 10 Pipe
  • Absynth6 11 Echoes
  • Absynth6 12 Multitap
  • Absynth6 13 Wave
  • Absynth6 14 Wave
  • Absynth6 16 Env
  • Absynth6 19 LFO
  • Absynth6 20 Assign

 

Notre avis : 7/10

Alors, que penser d’Ab­synth 6 ? Le nouvel explo­ra­teur de presets est une bonne surprise, et l’ar­ri­vée du MPE consti­tue une excel­lente nouvelle. Absynth pour­rait ainsi deve­nir un allié précieux pour les utili­sa­teur·­rices de contrô­leurs compa­tibles. Les musi­cien·nes à l’image, eux, profi­te­ront à nouveau d’un synthé taillé pour les ambiances froides et ciné­ma­to­gra­phiques, avec une gestion du surround pous­sée.

Quant aux utili­sa­teur·­i­ce·­s histo­riques, ils retrou­ve­ront avec plai­sir un outil qu’ils connaissent bien et ne seront pas perdu·es face à une inter­face et une ergo­no­mie qui, si elles ont fait leurs preuves, restent datées et peu enga­geantes. Ainsi, pour les nouveaux·elles venu·es, l’en­thou­siasme est plus mesuré. Des synthé­ti­seurs virtuels tout aussi puis­sants, voire davan­tage, existent aujour­d’hui avec une convi­via­lité nette­ment supé­rieure. D’au­tant plus que, malgré sa richesse, Absynth 6 n’est fina­le­ment pas très poly­va­lent. S’il excelle dans les sono­ri­tés évolu­tives et les textures numé­riques complexes, il reste diffi­cile d’y program­mer, par exemple, des timbres chaleu­reux, et encore moins des couleurs fran­che­ment analo­giques.

La consom­ma­tion CPU, dans cette version bêta (qui pourra donc être opti­mi­sée), paraît égale­ment un peu élevée, surtout avec une poly­pho­nie impor­tante.

  • Toujours redoutable pour programmer des sons évolutifs
  • Nouvel explorateur de presets sympathique
  • Puissance toujours aussi impressionnante
  • Compatibilité MPE
  • Effets de qualité

  • Ergonomie un peu datée ?
  • Prise en main pour les débutants
  • Consommation CPU
  • Malgré la puissance, pas très polyvalent
  • Un seul effet en même temps
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