C’est l’arlésienne des synthés virtuels. Plus de 25 ans après la première version et plus de 16 ans après les débuts de la version 5, Absynth revient enfin en version 6. Pendant tout ce temps, la concurrence n’a pas chômé. Absynth a-t-il toujours sa place dans un marché plus saturé que jamais ?
Absynth a longtemps été un pilier du sound design. À ses débuts, au tournant des années 2000, ce synthétiseur semi-modulaire créé par Brian Clevinger a marqué l’univers des instruments virtuels par ses textures évolutives et sa souplesse hors pair.
Clevinger, ingénieur et compositeur, fonde sa société Rhizomatic Software et lance Absynth en indépendant avant de s’associer à Native Instruments en 2001. Pendant des années, ce synthé a été salué pour la profondeur de sa synthèse et sa capacité à générer des ambiances complexes. Alors que tout le monde pensait que son développement était arrêté, voici finalement le retour d’Absynth en version 6. Cette nouvelle mouture cherche à moderniser des aspects clés, comme l’explorateur de présets ou l’expressivité, tout en préservant l’esprit du synthé historique.
Tour du propriétaire d’Absynth 6 : interface, formats plug-ins et organisation générale

Browser d’Absynth 6 : nouveau mode Explorer et navigation dans les présets

L’un des points importants à signaler, surtout pour les personnes qui envisagent de réutiliser leurs anciens projets, est la compatibilité ascendante. Absynth 6 peut charger des présets provenant de n’importe quelle version antérieure, depuis la toute première mouture sortie en 2000. C’est un choix appréciable dans un contexte où la durée de vie des projets devient de plus en plus longue.
Le Mutator, outil historique d’Absynth, est évidemment de retour. Il sert à générer rapidement des variations d’un préset en jouant sur la profondeur des changements et la part d’aléatoire. C’est un moyen d’explorer des pistes sonores sans modifier chaque paramètre à la main, tout en conservant la possibilité d’ajuster ensuite chaque résultat dans le détail.
La banque de présets, réalisée par différents·es sound designers, est largement fournie. Il y en a pour tous les goûts, même si la part belle est faite aux sonorités sur lesquelles Absynth a toujours excellé : les nappes atmosphériques, les ambiances numériques évolutives et les séquences électroniques réalisées sans séquenceur ni arpégiateur, mais grâce aux enveloppes multipoints. On remarque vite qu’Absynth reste fidèle à son identité : les amateur·ices de sonorités typées analogiques passeront leur chemin.

- 01 – Absynth 6 – Nappe02:40
- 02 – Absynth 6 – Absolute01:31
- 03 – Absynth 6 – Dirty Pad01:29
- 04 – Absynth 6 – Abysyn01:37
- 05 – Absynth 6 – Bass 101:12
- 06 – Absynth 6 – Bass 200:47
- 07 – Absynth 6 – Bass 300:35
- 08 – Absynth 6 – Bass 400:44
- 09 – Absynth 6 – Siphons in the sky01:18
- 10 – Absynth 6 – Astral key02:07
- 11 – Absynth 6 – Wavepad01:19
- 12 – Absynth 6 – Sequences07:19
Structure semi-modulaire d’Absynth 6 : architecture du moteur de synthèse et des effets

Le cœur du dispositif s’articule autour de trois channels, chacun doté d’un générateur (oscillateur ou source) suivi de deux étages de filtrage.
Les générateurs couvrent un large éventail : simple oscillateur, version double, FM, ring mod, Fractalize, oscillateur granulaire, lecteur de sample ou encore entrée audio.
Les filtres, eux, proposent aussi bien des traitements classiques, comme les low-pass ou high-pass, que des modules plus particuliers, tels que les filtres comb, Cloud, Ring Mod ou encore un waveshaper.
Les générateurs, eux, couvrent un large éventail : simple oscillateur, version double, FM, ring mod, Fractalize, oscillateur granulaire, lecteur de sample ou encore entrée audio.
Les trois channels convergent ensuite vers deux filtres master, qui offrent les mêmes types de traitements que les filtres de canal, puis vers un effet d’insert global. Ce dernier peut être choisi parmi six traitements : Aetherizer, Multicomb, Pipe, Resonators, Echoes ou Multitap.
Page Wave d’Absynth 6 : création et édition avancées de formes d’onde

Modulations, enveloppes multipoints et effets intégrés d’Absynth 6

Chaque note peut être modulée indépendamment grâce à la prise en charge du MPE et du polyphonic aftertouch. Comme Absynth excelle dans la conception de textures numériques ou hybrides acoustique-électronique, cette expressivité supplémentaire sera sans aucun doute très utile pour les utilisateur·rices de contrôleurs compatibles.
Les 16 nouveaux macros, auxquels on peut assigner de nombreux paramètres (mais pas tous !), sont très pratiques pour l’automation et pour regrouper les réglages essentiels en performance.
Absynth a toujours été salué pour la qualité de ses effets. Peu d’évolutions ici : ils sont toujours six (Aetherizer, Multicomb, Pipe, Resonators, Echoes et Multitap) et restent très efficaces pour ajouter de la profondeur ou de l’espace, tout en pouvant être placés précisément dans une configuration surround. Pourtant, il est toujours impossible d’en utiliser plusieurs en même temps. À l’heure où beaucoup de synthétiseurs virtuels offrent nombres d’effets à placer en série ou en parallèle, cela paraît un peu mince.













