Avec Serum 2, Xfer Records transforme son synthétiseur à tables d’ondes en un instrument ultra-complet, intégrant synthèses granulaire et spectrale, modulations avancées, effets et puissant séquenceur. Après quelques mois de tests intensifs, il est temps de le passer au crible.
Depuis sa sortie initiale, Serum, premier du nom, de Xfer Records, s’est imposé comme l’un des synthétiseurs virtuels les plus influents du marché. Son moteur sonore, reposant sur la synthèse à tables d’ondes, et son interface graphique intuitive malgré une puissance impressionnante en ont fait un outil incontournable, particulièrement prisé dans la production musicale électronique, et ont rallié une large communauté d’aficionados.
Dix ans plus tard, la concurrence n’a pas chaumé et Serum 2 arrive non seulement avec la lourde tâche de se remettre à niveau face à celle-ci, mais aussi de succéder à un instrument devenu culte. Avec cette nouvelle version, Xfer Records fait évoluer le moteur sonore, introduit de nouveaux modes de synthèse (granulaire, spectrale), enrichit les possibilités de modulation déjà nombreuses, propose une section d’effets largement augmentée, et ajoute un arpégiateur ainsi qu’un séquenceur de type piano roll. Ce test se focalise sur les principales nouveautés de Serum 2, il peut être utile de lire, ou de relire, celui consacré à la première version.
De Serum à Serum 2 : pourquoi cette mise à jour change l’instrument

Lorsqu’il arrive, il bouscule un marché saturé. Son puissant moteur sans aliasing à base de wavetables, son interface visuelle et sa flexibilité de modulation séduisent immédiatement. Devenu l’arme secrète des producteurs d’EDM, de dubstep et de trap, il s’invite rapidement dans la pop, le hip-hop et la musique de film. La communauté joue un rôle majeur dans cette ascension en partageant des présets, des tables d’ondes et des tutoriels. Serum devient rapidement un standard du petit monde des synthétiseurs virtuels. Sa suite était donc inévitable, et Serum 2 vient répondre à une attente immense.
Installation, formats et interface : ce qui change au premier lancement

À l’ouverture du plugin, les habitués ne seront pas dépaysés : Serum 2 reprend en grande partie les principes ergonomiques de son prédécesseur. Tout en haut, on retrouve une barre d’outils qui permet d’accéder aux principales pages d’édition : OSC (en fait, les fonctions essentielles du moteur de synthèse, pas uniquement les oscillateurs), FX, MATRIX, GLOBAL, et la nouvelle page MIX. Sur cette même barre d’outils figurent aussi la fonction d’annulation/rétablissement, le menu général, la sauvegarde et l’accès aux présets.
Quelques mots à ce sujet : le navigateur de présets a été largement amélioré. En plus des catégories, il gère désormais les tags (avec possibilité de créer les siens), les notations, les commentaires, ainsi que des fonctions de recherche et de pré-écoute. Figurent également huit macros pour interagir directement avec les patches. Les présets fournis de base avec Serum 2 offrent un excellent aperçu de ses capacités. Il y a un peu de tout, et l’on sent que l’un des objectifs de cette sélection était de ne pas cantonner Serum 2 au seul style EDM ou trap, mais de démontrer sa polyvalence. On y trouve ainsi des sons plus classiques pour la pop, des paysages sonores pour l’habillage, ou encore des loops prêts à l’emploi. Elle est aussi pensée pour exploiter pleinement les nouveaux moteurs de synthèse et les effets retravaillés. Enfin, bonne nouvelle : les présets de Serum 1 sont compatibles.

- Serum 2 – 01 – A Beauty00:29
- Serum 2 – 02 – Pluxis00:36
- Serum 2 – 03 – Trancer00:22
- Serum 2 – 04 Breakwave00:53
- Serum 2 – 05 – Big Convolver01:30
- Serum 2 – 06 – Bacan trap01:46
- Serum 2 – 07 – Downtempo cave01:15
- Serum 2 – 08 – The Number Experiment00:47
- Serum 2 – 09 – Appolo Aria01:33
- Serum 2 – 10 – New dawn00:41
- Serum 2 – 11 – Balafon Dream00:53
- Serum 2 – 12 – Blue warm01:00
- Serum 2 – 13 – Penny Interstellar01:31
- Serum 2 – 14 – Fool on the piano00:44
- Serum 2 – 15 – 808 Heavy drums00:12
- Serum 2 – 16 – Machine Basic Kit00:14
- Serum 2 – 17 – Mental Drum00:21
- Serum 2 – 18 – Echoes of the past02:16
- Serum 2 – 19 – Blessings of peace04:16
Sur la page OSC, sont regroupés, dans la partie supérieure de l’interface, les oscillateurs — désormais au nombre de trois — ainsi que le Sub et le lecteur de samples Noise, soit cinq sources au total, ainsi que deux filtres (contre un seul dans Serum 1). Dans la partie inférieure centrale se trouvent les principales sources de modulation : huit macros, suivies de quatre enveloppes et jusqu’à dix LFO, qui intègrent des fonctions aléatoires et chaotiques. Tout en bas se trouvent le clavier et les fonctions associées, ainsi que la gestion des clips et des arpégiateurs. Nous y reviendrons.
Nouvelles sources sonores : sample, granulaire et mode spectral en pratique

L’oscillateur sample se propose de charger directement des fichiers audio et de les utiliser comme matière première pour la synthèse. Il est possible de charger des échantillons, définir des zones de lecture précises, créer des boucles et utiliser la fonction slicing pour découper automatiquement le sample en segments individuels. La lecture peut être ajustée en vitesse et en direction, et être modulée avec les LFOs, enveloppes et macros de Serum.
Serum 2 inclut également un oscillateur multisamples, compatible avec le format SFZ, qui permet de charger plusieurs échantillons et de les assigner à une plage de notes spécifique, à une vélocité particulière ou à des zones définies sur le clavier, offrant un contrôle extrêmement fin sur la répartition des timbres. Le moteur multisamples conserve toutes les possibilités de modulation et d’effets de Serum : chaque échantillon peut être affecté individuellement par les LFOs, enveloppes, macros et bus d’effets, ce qui permet de créer des textures polyphoniques complexes et évolutives. Cette approche est particulièrement adaptée aux instruments acoustiques, électriques ou orchestraux, aux pads complexes ou aux sons hybrides acoustique/synthétique.

Pour finir, Serum 2 introduit un mode spectral qui, contrairement à la synthèse classique, qui agit directement sur la forme d’onde, travaille sur le contenu fréquentiel du son, en le décomposant en ses composantes harmoniques et inharmoniques. Cela permet de modeler le timbre avec une précision chirurgicale : ajout ou suppression d’harmoniques spécifiques, mise en avant de certaines bandes de fréquences, ou encore morphing spectral progressif qui fait évoluer le son d’une texture à l’autre. En pratique, ce moteur ouvre un champ d’exploration assez intéressant capable de produire aussi bien des timbres d’inspiration acoustique que des paysages sonores totalement abstraits. Les possibilités de transformation dynamique, comme l’isolation de fréquences particulières, le filtrage spectral en temps réel ou le glissement des partiels, permettent des évolutions difficiles à obtenir avec d’autres approches de synthèse. Tout comme l’oscillateur granulaire, cet oscillateur peut se montrer gourmand en ressources CPU.

Les cinq sources sonores (OSC A, B, C, Sub et Noise), ainsi que l’arpégiateur, peuvent être mappées sur le clavier. La fenêtre Mix permet ensuite de combiner tous ces éléments plus les filtres et les bus d’effets à l’aide d’une table de mixage traditionnelle, offrant un contrôle précis du niveau et du panoramique de chaque sources.
Séquenceur, arpégiateur et modulation
Autre nouveauté majeure : Serum 2 introduit un séquenceur polyphonique intégré de type piano roll. Il est possible de dessiner les notes à la souris ou d’enregistrer une séquence jouée sur un clavier MIDI. Un mode d’enregistrement en overdub est inclus. Comme sur le piano roll d’un DAW, il intègre un volet inférieur permettant de gérer la vélocité ainsi que la modulation de paramètres de synthèse.
Il est également possible, entre autres, de configurer le sens de lecture (avant, arrière, aléatoire, etc.) ainsi que la vitesse. Douze clips peuvent être intégrés dans un patch et répartis sur une octave de clavier afin de pouvoir les rappeler pendant le jeu.
Il est bien entendu possible de sauvegarder des séquences pour se constituer une banque de motifs prêts à l’emploi. Les séquences peuvent être exportées par glisser-déposer directement dans l’arrangement du DAW hôte ou dans une fenêtre de dossier, tout comme il est possible d’importer une séquence au format MIDI file dans la fenêtre de Serum 2.
Sur le même schéma (12 séquences réparties sur une octave), un arpégiateur, plus classique mais lui aussi riche en fonctionnalités (repeat, chance, offset…), est inclus.

Une section d’effets enrichie










