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Test de Cherry Audio Trident MkIII - La cerise sur le Trident

6/10

Les plug-ins de Cherry Audio se multiplient à un rythme impressionnant, et leur dernier projet revisite le Korg Trident, synthétiseur mythique du début des années 1980. Reste à savoir si cette émulation tient ses promesses et si elle parvient à restituer le caractère singulier de l’original.

Test de Cherry Audio Trident MkIII : La cerise sur le Trident

Depuis quelques années, Cherry Audio impres­sionne par la régu­la­rité de ses sorties de nouveaux plugins. Quand on mesure le temps néces­saire pour conce­voir, analy­ser et modé­li­ser fidè­le­ment un synthé­ti­seur vintage, cette cadence force l’ad­mi­ra­tion… et suscite quelques ques­tions. Il faut recon­naître que les produc­tions de l’édi­teur n’ont pas toujours su nous convaincre tota­le­ment, même si elles se distinguent par des inter­faces attrac­tives et une prise en main aisée. Parmi ses repro­duc­tions, on trouve les clas­siques évidents, comme le Mini­moog, le Juno ou l’ARP 2600, mais égale­ment des propo­si­tions plus origi­nales telles que le Chroma, l’Oc­tave Cat, le Crumar Spirit… et aujour­d’hui le Korg Trident Mk I et Mk II, dont la seule émula­tion connue jusqu’ici était celle de Full Bucket, distri­buée en free­ware.
Avec ce nouveau plugin, l’édi­teur propose non seule­ment de repro­duire le son du Trident, mais aussi d’of­frir de nouvelles possi­bi­li­tés créa­tives grâce à l’ajout de nouvelles fonc­tion­na­li­tés et d’une section d’ef­fets. Une approche désor­mais bien ancrée chez de nombreux éditeurs.

Instal­la­tion, ergo­no­mie et utili­sa­tion

Trident Mk3 1Le Trident Mk III est dispo­nible aux formats VST, AU, AAX ainsi qu’en version stan­da­lone pour Windows et macOS. L’ins­tal­la­tion se révèle simple et rapide : après télé­char­ge­ment depuis le site de Cherry Audio, l’uti­li­sa­teur n’a qu’à acti­ver le plug-in avec les iden­ti­fiants de son compte Cherry Audio, une pratique qui néces­site une connexion inter­net. L’er­go­no­mie du Trident Mk III est claire et bien pensée, et l’in­ter­face graphique très agréable, tout semble à sa place. Comme sur le modèle origi­nal, chaque moteur sonore est aisé­ment iden­ti­fiable. L’in­ter­face est redi­men­sion­nable et un mode Focus permet de zoomer sur celle-ci. Une fonc­tion qui se révèle utile compte tenu du nombre de para­mètres affi­chés à l’écran, qui peuvent donner l’im­pres­sion d’une inter­face surchar­gée sur un petit écran. Il est possible de masquer la partie infé­rieure de l’in­ter­face pour se concen­trer sur la section de synthèse. Le navi­ga­teur de présets, pratique, regroupe plus de 380 sons clas­sés par type. Il offre une fonc­tion de recherche et la possi­bi­lité d’ajou­ter des favo­ris, mais ne propose en revanche pas de système de tags.

Pendant toute la durée de ce test, le plug-in s’est révélé stable, mais égale­ment un peu gour­mand en ressources, surtout lorsqu’on exploite plei­ne­ment la poly­pho­nie et les effets inté­grés. Quatre modes d’over­sam­pling sont toute­fois dispo­nibles afin de s’adap­ter à diffé­rentes utili­sa­tions et confi­gu­ra­tions maté­rielles. Dans le cas d’un réglage mini­mal, la qualité sonore s’en ressent, avec une légère perte de défi­ni­tion et de clarté, parti­cu­liè­re­ment dans les aigus. Le manuel d’uti­li­sa­tion, proposé en PDF et en version en ligne, se montre complet et clair. Il n’hé­site pas à prendre l’uti­li­sa­teur par la main et à se montrer péda­go­gique, par exemple en expliquant la diffé­rence entre un fonc­tion­ne­ment poly­pho­nique et para­pho­nique. La version en ligne est acces­sible direc­te­ment depuis l’in­ter­face du logi­ciel.

Le son et l’es­prit du Trident ?

Trident Mk3 2Si le son du Trident Mk III évoque celui du Korg d’ori­gine, le carac­tère n’y est pas tota­le­ment retrans­crit. L’ému­la­tion sonne bien, indé­nia­ble­ment, mais elle reste trop lisse, trop propre, et peine à retrou­ver cette petite rugo­sité orga­nique qui faisait le charme du Trident analo­gique. Les sections Strings et Brass resti­tuent les timbres carac­té­ris­tiques, mais sans la profon­deur et la chaleur légè­re­ment impré­vi­sibles de l’ins­tru­ment origi­nal. Il manque cette imper­fec­tion subtile, cette espèce de vibra­tion, qui donnait au Trident son iden­tité si parti­cu­lière.

Trident Mk3 _ Ethe­real PAd
00:0001:50
  • Trident Mk3 _ Ethe­real PAd01:50
  • Trident Mk3 _ PhaseS­trings01:04
  • Trident Mk3 _ Crys­tal Dawn01:29
  • Trident Mk3 _ Poly00:43
  • Trident Mk3 _ Brass00:49
  • Trident Mk3 _ Strung00:43
  • Trident Mk3 _ Synth­bass00:59
  • Trident Mk3 _ Sbass00:43
  • Trident Mk3_Ashes Short­bass00:45
  • Trident Mk3_Ashes key00:39
  • Trident Mk3_Ashes Strings00:44
  • Trident Mk3_Cold Poly­strings00:46
  • Trident Mk3_Stringy Dreams02:35
  • Trident Mk3_Synth­bass repea­ter01:00
  • Trident Mk3_Cham­pagne lead 100:21
  • Trident Mk3_Cham­pagne lead 300:23
  • Trident Mk3_Rumours Keys01:08
  • Trident Mk3_Motion layers00:47

Avec le temps, il faut toute­fois recon­naître que Cherry Audio a amélioré la qualité sonore de ses instru­ments. On est désor­mais loin des premières émula­tions, comme celle de l’ARP 2600, qui entre­te­naient un rapport assez loin­tain avec l’ins­tru­ment d’ori­gine. Le Trident Mk III, sans être une réplique exacte, s’en sort hono­ra­ble­ment et rendra de fiers services à de nombreux musi­ciens, qu’ils recherchent un synthé inspiré du vintage ou un instru­ment poly­va­lent et moderne.

La section synthé poly­pho­nique du Mk III se montre d’ailleurs très capable : elle produit de bonnes basses, des leads inci­sifs et des pads soyeux, mais bien plus sages que ceux du Korg. Les sections Brass et Strings, toutes deux para­pho­niques, s’en sortent de manière simi­laire, offrant largeur et expres­si­vité, avec un carac­tère « vintage-moderne », un peu « harsh », qui trou­vera tout de même sa place dans de nombreuses prods. 

En défi­ni­tive, le Trident Mk III capture une partie de l’es­prit du synthé origi­nal, sans parve­nir à en repro­duire tota­le­ment la person­na­lité. L’en­semble sonne cohé­rent et équi­li­bré, mais on reste à une certaine distance du grain du Trident d’époque. En ce qui concerne la modé­li­sa­tion des circuits analo­giques, force est de recon­naître que de nombreux déve­lop­peurs font mieux que Cherry Audio.

Séquen­ceur et arpé­gia­teurs : tout le néces­saire pour faire bouger vos sons

Trident Mk3 Motion3L’un des ajouts les plus inté­res­sants du Trident Mk III réside dans sa section Motion, qui combine à la fois un séquen­ceur, deux arpé­gia­teurs et la gestion des trois parties de synthèse, que l’on peut assi­gner libre­ment à tout ou partie du clavier. On y trouve égale­ment des confi­gu­ra­tions prêtes à l’em­ploi, permet­tant de gagner en rapi­dité.

Le séquen­ceur poly­pho­nique permet de program­mer deux motifs simul­ta­nés, chacun pouvant être affecté aux diffé­rentes sections sonores. On dispose d’un contrôle sur la vélo­cité, les accents et les ties, ce qui permet de créer des séquences plus riches et expres­sives.

Les deux arpé­gia­teurs, tota­le­ment indé­pen­dants, peuvent être assi­gnés à n’im­porte quelle section du synthé. Ils proposent plusieurs modes de lecture — Arp, Leap, Order ou Random — ainsi que des fonc­tions comme Swing, Chance ou Feel, qui apportent du mouve­ment, du groove et une certaine huma­nité aux motifs géné­rés. Synchro­ni­sés avec l’hor­loge du DAW, le séquen­ceur et les arpé­gia­teurs se révèlent être de véri­tables outils de compo­si­tion, capables de produire des textures ryth­miques et harmo­niques que le Trident d’ori­gine aurait été bien inca­pable de géné­rer.

Effets et autres ajouts pour aller plus loin

Trident Mk3 FXLe Trident Mk III dispose d’une section d’ef­fets struc­tu­rée autour de quatre bus distincts : un pour chaque moteur sonore (Synth, Brass, Strings) et un bus global. Cette archi­tec­ture permet de trai­ter chaque section indé­pen­dam­ment ou d’ap­pliquer des effets à l’en­semble du mix.
Les trai­te­ments incluent les clas­siques du Trident origi­nal, à savoir le flan­ger et le chorus/ensemble, ainsi que plusieurs effets supplé­men­taires avec, par exemple, une réver­bé­ra­tion, un délai, un phaser ou un compres­seur. Chaque effet possède son propre réglage de mix dry/wet et peut être modulé grâce à un inté­res­sant module géné­ral, Effects Modu­la­tor. Les confi­gu­ra­tions peuvent être sauve­gar­dées avec les présets, et peuvent être verrouillées lors de leur chan­ge­ment. L’ordre des effets est modi­fiable par glis­ser-dépo­ser, des bypass sont dispo­nibles pour chaque section ainsi que globa­le­ment, et il est possible de sauve­gar­der les chaînes d’ef­fets. Le rendu et la qualité sonore des effets sont corrects, sans plus.
Cherry Audio compense ainsi la légère neutra­lité du Trident Mk III par une section d’ef­fets complète, qui joue un rôle impor­tant dans la mise en relief et la richesse sonore de l’ins­tru­ment.

En plus de cela, Cherry Audio a ajouté plusieurs fonc­tions modernes, comme une gestion MIDI complète, permet­tant d’as­si­gner pratique­ment tous les para­mètres à des contrô­leurs externes via MIDI Learn.

Le plug-in propose égale­ment un unis­son à plusieurs modes, absent sur le modèle origi­nal, ainsi que la gestion de la vélo­cité et de l’af­ter­touch. Celui-ci reste toute­fois mono, sans support de l’af­ter­touch poly­pho­nique ni du MPE. La poly­pho­nie est éten­due jusqu’à 16 voix, là où le Trident maté­riel se limi­tait à huit voix. 

  • Trident Mk3 1
  • Trident Mk3 Motion
  • Trident Mk3 Motion3
  • Trident Mk3 FX
  • Trident Mk3 FX2
  • Trident Mk3 FX3
  • Trident Mk3 FX4
  • Trident Mk3 browser
  • Trident Mk3 2

 

Notre avis : 6/10

Le Cherry Audio Trident Mk III propose une réin­ter­pré­ta­tion moderne du Korg Trident, qui ne nous a pas entiè­re­ment convain­cus en termes de fidé­lité au son de l’ori­gi­nal. Le rendu reste plus propre et moins impré­vi­sible que celui du Trident maté­riel. Malgré tout, le son demeure agréable et cohé­rent, mais on peut se deman­der si c’est vrai­ment ce que l’on attend d’une émula­tion d’un Korg Trident. La poly­pho­nie éten­due, les arpé­gia­teurs, le séquen­ceur et la section d’ef­fets offrent en revanche une flexi­bi­lité et une puis­sance créa­tive large­ment supé­rieures à celles de l’ins­tru­ment des années 1980.
Stable et effi­cient, le plug-in s’in­tègre faci­le­ment dans un envi­ron­ne­ment de produc­tion moderne. Les ajouts tels que le contrôle MIDI complet, la gestion de la vélo­cité, de l’af­ter­touch mono et de l’unis­son, ainsi que la possi­bi­lité de sauve­gar­der les presets, restent utiles dans un cadre contem­po­rain.
Parmi les points à noter, on peut mention­ner l’ab­sence regret­table du MPE, plutôt utile pour des strings et pads expres­sifs, une consom­ma­tion CPU parfois élevée, surtout avec des valeurs d’over­sam­pling impor­tantes, et un navi­ga­teur de presets un peu daté.
En résumé, le Trident Mk III pourra séduire par ses sono­ri­tés propres et qui s’in­sèrent bien dans un mix. Les timbres obte­nus seront certai­ne­ment utiles à de nombreux utili­sa­teurs, mais pour ce qui est de se rappro­cher fidè­le­ment des sono­ri­tés d’un Trident origi­nal, ce n’est pas encore le cas ici.

  • Son propre et moderne
  • Polyvalence
  • Section Motion interessante
  • Section effets puissante
  • Mode d'emploi clair et complet

  • Fidélité au son du Korg Trident
  • Pas de tags dans le navigateur de presets
  • Système d'autorisation nécessitant une connexion internet
  • Consommation CPU lors de certaines utilisations
  • Pas de MPE
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