Les plug-ins de Cherry Audio se multiplient à un rythme impressionnant, et leur dernier projet revisite le Korg Trident, synthétiseur mythique du début des années 1980. Reste à savoir si cette émulation tient ses promesses et si elle parvient à restituer le caractère singulier de l’original.
Depuis quelques années, Cherry Audio impressionne par la régularité de ses sorties de nouveaux plugins. Quand on mesure le temps nécessaire pour concevoir, analyser et modéliser fidèlement un synthétiseur vintage, cette cadence force l’admiration… et suscite quelques questions. Il faut reconnaître que les productions de l’éditeur n’ont pas toujours su nous convaincre totalement, même si elles se distinguent par des interfaces attractives et une prise en main aisée. Parmi ses reproductions, on trouve les classiques évidents, comme le Minimoog, le Juno ou l’ARP 2600, mais également des propositions plus originales telles que le Chroma, l’Octave Cat, le Crumar Spirit… et aujourd’hui le Korg Trident Mk I et Mk II, dont la seule émulation connue jusqu’ici était celle de Full Bucket, distribuée en freeware.
Avec ce nouveau plugin, l’éditeur propose non seulement de reproduire le son du Trident, mais aussi d’offrir de nouvelles possibilités créatives grâce à l’ajout de nouvelles fonctionnalités et d’une section d’effets. Une approche désormais bien ancrée chez de nombreux éditeurs.
Installation, ergonomie et utilisation

Pendant toute la durée de ce test, le plug-in s’est révélé stable, mais également un peu gourmand en ressources, surtout lorsqu’on exploite pleinement la polyphonie et les effets intégrés. Quatre modes d’oversampling sont toutefois disponibles afin de s’adapter à différentes utilisations et configurations matérielles. Dans le cas d’un réglage minimal, la qualité sonore s’en ressent, avec une légère perte de définition et de clarté, particulièrement dans les aigus. Le manuel d’utilisation, proposé en PDF et en version en ligne, se montre complet et clair. Il n’hésite pas à prendre l’utilisateur par la main et à se montrer pédagogique, par exemple en expliquant la différence entre un fonctionnement polyphonique et paraphonique. La version en ligne est accessible directement depuis l’interface du logiciel.
Le son et l’esprit du Trident ?


- Trident Mk3 _ Ethereal PAd01:50
- Trident Mk3 _ PhaseStrings01:04
- Trident Mk3 _ Crystal Dawn01:29
- Trident Mk3 _ Poly00:43
- Trident Mk3 _ Brass00:49
- Trident Mk3 _ Strung00:43
- Trident Mk3 _ Synthbass00:59
- Trident Mk3 _ Sbass00:43
- Trident Mk3_Ashes Shortbass00:45
- Trident Mk3_Ashes key00:39
- Trident Mk3_Ashes Strings00:44
- Trident Mk3_Cold Polystrings00:46
- Trident Mk3_Stringy Dreams02:35
- Trident Mk3_Synthbass repeater01:00
- Trident Mk3_Champagne lead 100:21
- Trident Mk3_Champagne lead 300:23
- Trident Mk3_Rumours Keys01:08
- Trident Mk3_Motion layers00:47
Avec le temps, il faut toutefois reconnaître que Cherry Audio a amélioré la qualité sonore de ses instruments. On est désormais loin des premières émulations, comme celle de l’ARP 2600, qui entretenaient un rapport assez lointain avec l’instrument d’origine. Le Trident Mk III, sans être une réplique exacte, s’en sort honorablement et rendra de fiers services à de nombreux musiciens, qu’ils recherchent un synthé inspiré du vintage ou un instrument polyvalent et moderne.
La section synthé polyphonique du Mk III se montre d’ailleurs très capable : elle produit de bonnes basses, des leads incisifs et des pads soyeux, mais bien plus sages que ceux du Korg. Les sections Brass et Strings, toutes deux paraphoniques, s’en sortent de manière similaire, offrant largeur et expressivité, avec un caractère « vintage-moderne », un peu « harsh », qui trouvera tout de même sa place dans de nombreuses prods.
En définitive, le Trident Mk III capture une partie de l’esprit du synthé original, sans parvenir à en reproduire totalement la personnalité. L’ensemble sonne cohérent et équilibré, mais on reste à une certaine distance du grain du Trident d’époque. En ce qui concerne la modélisation des circuits analogiques, force est de reconnaître que de nombreux développeurs font mieux que Cherry Audio.
Séquenceur et arpégiateurs : tout le nécessaire pour faire bouger vos sons

Le séquenceur polyphonique permet de programmer deux motifs simultanés, chacun pouvant être affecté aux différentes sections sonores. On dispose d’un contrôle sur la vélocité, les accents et les ties, ce qui permet de créer des séquences plus riches et expressives.
Les deux arpégiateurs, totalement indépendants, peuvent être assignés à n’importe quelle section du synthé. Ils proposent plusieurs modes de lecture — Arp, Leap, Order ou Random — ainsi que des fonctions comme Swing, Chance ou Feel, qui apportent du mouvement, du groove et une certaine humanité aux motifs générés. Synchronisés avec l’horloge du DAW, le séquenceur et les arpégiateurs se révèlent être de véritables outils de composition, capables de produire des textures rythmiques et harmoniques que le Trident d’origine aurait été bien incapable de générer.
Effets et autres ajouts pour aller plus loin

Les traitements incluent les classiques du Trident original, à savoir le flanger et le chorus/ensemble, ainsi que plusieurs effets supplémentaires avec, par exemple, une réverbération, un délai, un phaser ou un compresseur. Chaque effet possède son propre réglage de mix dry/wet et peut être modulé grâce à un intéressant module général, Effects Modulator. Les configurations peuvent être sauvegardées avec les présets, et peuvent être verrouillées lors de leur changement. L’ordre des effets est modifiable par glisser-déposer, des bypass sont disponibles pour chaque section ainsi que globalement, et il est possible de sauvegarder les chaînes d’effets. Le rendu et la qualité sonore des effets sont corrects, sans plus.
Cherry Audio compense ainsi la légère neutralité du Trident Mk III par une section d’effets complète, qui joue un rôle important dans la mise en relief et la richesse sonore de l’instrument.
En plus de cela, Cherry Audio a ajouté plusieurs fonctions modernes, comme une gestion MIDI complète, permettant d’assigner pratiquement tous les paramètres à des contrôleurs externes via MIDI Learn.
Le plug-in propose également un unisson à plusieurs modes, absent sur le modèle original, ainsi que la gestion de la vélocité et de l’aftertouch. Celui-ci reste toutefois mono, sans support de l’aftertouch polyphonique ni du MPE. La polyphonie est étendue jusqu’à 16 voix, là où le Trident matériel se limitait à huit voix.






